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12 juin 2023

LA STÈLE DU CAVALIERE

Gabriel Nerciat

Les sarcasmes et les sermons plus ou moins minables dont la plupart des commentateurs français – et pas seulement de gauche – accablent Silvio Berlusconi le jour de sa mort ne me surprennent pas, mais justifient à mes yeux que la moitié au moins des Italiens le pleurent sincèrement aujourd'hui.
En ce qui me concerne, je n'étais certes pas un admirateur du Cavaliere, dont la vulgarité assumée, les compromissions peut-être mafieuses et le tapageur goût du luxe avaient tout pour me déplaire, mais en tant que Premier ministre je l'ai néanmoins toujours trouvé très supérieur à Nicolas Sarkozy, auquel l'opinion éclairée de ce côté-ci des Alpes le comparait souvent (à tort), comme à Jacques Chirac qui pourtant devait fort apprécier certaines de ses soirées milanaises.
Lui au moins n'a pas donné dans la blague du cordon sanitaire antifasciste, ce dont Giorgia Meloni bénéficie aujourd'hui – pour des résultats politiques assez minces sinon nuls, il faut bien le dire.
Berlusconi, d'une certaine manière, c'était l'anti-Macron : un vrai capitaliste, lui, et pas un technocrate déguisé en banquier d'affaires, mais qui a obstinément refusé, pendant presque quinze ans, de mener les contre-réformes ordo-libérales que la Commission de Bruxelles et Berlin exigeaient de lui (notamment sur les retraites, les politiques d'austérité ou la flexibilité du travail) et qui lui ont finalement valu d'être poignardé dans le dos par ses propres députés – mais pas par ses électeurs.
Et puis, j'ai plutôt tendance à croire qu'un chef d'État notoirement débauché est moins dangereux, ou plus inoffensif, qu'un puritain scandinave ou un conjoint fidèle. Ne me demandez pas pourquoi, je ne vous le dirai pas – pour ne pas faire de la peine à Jean-Jacques et à Kant.
En fait, pour tout vous avouer, ce n'est pas tant le départ de Berlusconi qui me contriste, mais de savoir que Sanna Marin, Emmanuel Macron, Sandrine Rousseau, Clémentine Autain ou Sophie Binet vont lui survivre – longtemps.


Henri et l’étrange polémique

Maxime Tandonnet


Henri est le prénom de l’homme de 24 ans qui a mis en fuite le tortionnaire à l’opinel de quatre bambins dans un jardin public à Annecy. Son nom est sur toutes les lèvres depuis trois jours. Henri se trouvait là par hasard alors qu’il effectuait un tour de France pour visiter les cathédrales. Nombre de discours l’ont présenté en héros providentiel, « un ange » ai-je même lu quelque part. D’autres se sont ouvertement moqué de lui au prétexte qu’il se disait catholique et animé par la foi, comme cet article immonde dont le titre le caricature en « Henri d’Arc ». Bref, la polémique a tenu tout le week-end. Elle est un signe d’immaturité ou de la sottise de la France dite d’en haut. Henri a fait preuve de courage en intervenant contre un homme armé. Mais ce courage est normal. C’est le contraire qui eût été anormal. Voir un tortionnaire juste à côté en train de poignarder quatre bambins de 3 ans, dont un dans un landau, et ne rien faire, serait criminel. Henri a été courageux, mais il a fait son devoir, comme chacun de nous devrait le faire. Ne pas bouger en de telles circonstances est un crime: non assistance à personne en danger. Finalement, ce qui est inquiétant, c’est le séisme polémique que provoque son intervention courageuse. Si la France d’en haut s’étonne autant de ce courage, en le magnifiant ou en le ridiculisant, c’est probablement qu’elle sent bien qu’il est exceptionnel à ses yeux. Et donc qu’à ses yeux, la non intervention eût été le comportement normal. Pour moi, un être normal, qui serait resté sans bouger pendant que 4 bambins sont déchiquetés juste à côté sous ses yeux à l’opinel, ne devrait plus pouvoir se regarder dans un miroir pendant toute sa vie. L’intervention de Henri est courageuse. Elle est aussi normale. Il a fait son devoir et le devoir comporte parfois un risque. Le courage devrait être normal. Mais ne vous méprenez pas sur mon propos. Je ne minimise pas son geste. J’affirme qu’il est courageux et exemplaire. Mais qu’il relève du devoir. C’est le contraire qui eût été anormal.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2023/06/12/henri-et-letrange-polemique/

Voilà qui tombe à pic : une nouvelle claque pour l’immo en France !

H16

Bien que la France soit, on le sait, un pays de cocagne où coulent le miel et le lait (à tel point qu’on vient de tous les points du monde pour y planter une tente ou un bébé, littéralement), il arrive parfois que certains aspects soient un peu plus tendus que d’autres. Ainsi, en matière de logement, le Français moyen a bien du mal à trouver chaussure à son pied…

À tel point d’ailleurs qu’on évoque à présent une véritable crise dans le domaine de l’immobilier : non seulement, les prix sont hauts (ce n’est pas nouveau) mais en plus, les taux d’emprunts sont remontés en flèche limitant brutalement l’accession à la propriété d’un nombre croissant de Français.

Heureusement, le gouvernement – qui entend les petits couinements du peuple et sait se montrer à l’écoute de tous les lobbies bien en fonds – n’a pas manqué d’appréhender récemment la question en lançant non pas un Grenelle ni un numéro vert (traditions républicaines) mais un “Conseil national” (autre tradition, moins récente mais tout aussi employée qu’utile) dont les conclusions ont été soigneusement étudiées.


Pourtant, la situation n’est pas exactement rose et pourrait laisser penser qu’elle ne ménage guère de marges de manœuvre.

Ainsi, le nombre de nouveaux chantiers de constructions immobilières est en chute libre. Avec seulement 16 912 programmes commerciaux lancés en France au premier trimestre 2023, on atteint un plus bas depuis 2010. Les ventes aux particuliers ont en outre reculé de 52,3%.


Ainsi, la location montre elle aussi des signes de faiblesse : entre l’accroissement des contraintes pour rendre un bien éligible à la location (notamment sur le plan énergétique), et le resserrement des conditions de crédit qui imposent aux actuels locataires de le rester, en passant par l’absence de nouveaux logements disponibles (eh oui : la construction est aussi en baisse), tous les ingrédients sont réunis pour que le marché locatif gèle. Ce n’est pas comme si cela n’avait pas été prévu…

Bref, les mal-logés en France (qui représentent actuellement 4,1 millions de personnes) ne sont pas prêts de s’évaporer autrement que dans les statistiques finement ouvragées présentées dans la propagande d’État…

On aurait donc pu s’attendre, à la suite de ce Conseil national, à un effort marqué en faveur des propriétaires ou des constructeurs.

Que nenni, c’est même le contraire : le gouvernement, superbement représenté par ce frétillant renflement gris de Bruno Le Maire, a estimé nécessaire pour ses finances de supprimer le “dispositif Pinel”. Pour rappel, il s’agit d’une réduction d’impôts sur les biens neufs construits dans le collectif et mis en location sous certaines conditions de prix.

Cette suppression, au moment où les taux d’emprunt explosent à la hausse, accroît encore davantage les difficultés pour les jeunes désirant accéder à la propriété privée.

Couplée avec la réduction drastique du PTZ (prêt à taux zéro) – qui est, lui, prolongé jusqu’en 2027 mais avec un champ d’application bien plus resserré (et qui ne concerne plus les maisons individuelles), tout ceci devrait se traduire par une nette baisse de la mise en vente de logements neufs. Les professionnels du secteur évoquent 200.000 logements neufs perdus (ce qui reviendrait à 60 milliards d’euros d’activité en moins sur le territoire, et environ 150.000 emplois supprimés).

Et pour les Français les plus “chanceux” qui auront le privilège de subir la capitale, le nouveau PLU parisien va ajouter un peu de sel sur ces amusantes plaies fiscales et immobilières : au-delà des 40% de logements sociaux qui promettent à la ville de rendre certains de ses quartiers encore plus sensibles émotifs, l’équipe municipale promet de fournir 300 hectares d’espaces verts supplémentaires ce qui, compte-tenu de l’historique de la Dream Team actuellement au pouvoir, peut faire froid dans le dos. L’objectif d’avoir “40% de l’espace public désimperméabilisé d’ici 2050” (comprenez : on va joyeusement faire sauter l’asphalte) permettra de parfaire un tableau vitaminé où les surmulots y trouveront leur compte.


Dans cette trajectoire déjà délicieuse, le récent projet d’une interdiction des chaudières à gaz sur tout le territoire (prends ça, Poutine !) ressemble presque à la proverbiale cerise sur un gâteau de réjouissances immobilières appétissantes : pour l’un des pays les moins polluant du monde et dont l’impact, en matière de CO2 ou du reste, est absolument microscopique, saborder ainsi tout un secteur marchand et des emplois par milliers est une belle preuve du sens du sacrifice des autres par nos dirigeants.


L’État n’a pas arrêté de s’introduire dans le marché de l’immobilier en accroissant chaque année le nombre de lois contraignantes pour les propriétaires, en donnant toujours plus de latitudes aux locataires et en compliquant la vie des promoteurs, des constructeurs et de tous les professionnels du domaine par une bureaucratie maintenant complètement hors de contrôle.

Pire encore, l’État est directement responsable des tensions tant sur les taux des crédits bancaires (pour rappel, c’est l’État qui est censé avoir le contrôle de la monnaie) que sur le taux d’inflation suite à une série historique de décisions géopolitiques débiles et de distribution prodigue d’argent gratuit des autres qu’il imprime comme jamais. Il s’emploie à présent, comme un pompier pyromane hystérique, à en compenser les effets par une série de mesures parfaitement inappropriées en temps et en ampleur.

Pour compenser les effets de bords de plus en plus grands de ses politiques (les pires étant le contrôle des loyers, garantie politique équivalente à un bombardement en terme de résultats sur l’immobilier), le même État s’emploie maintenant à bricoler toujours plus loin et toujours plus fort les lois existantes dans une fuite en avant sans retour : responsable du problème, ses solutions l’aggravent à chaque coup.

Forcément, ça va bien se passer.



9 juin 2023

Le macronisme est un autoritarisme



Sans changer une virgule à la Constitution, Emmanuel MACRON nous révèle, par sa pratique du pouvoir, toutes les tares de la Vème République.

Sa loi sur les retraites est une maltraitance démocratique tout autant que sociale. Il l’impose contre une très large majorité des Français et contre l’Assemblée nationale. En effet, toutes les dispositions tirées de la Constitution de 1958, dont le projet était d’instaurer un « parlementarisme rationnalisé » auront été utilisées, aboutissant de fait à un parlementarisme muselé.

« Le Parlement vote la loi. Il contrôle l’action du Gouvernement. Il évalue les politiques publiques. » énonce l’article 24 de la Constitution. « Nous empêcherons un vote à tout prix » ont trompeté plusieurs responsables du parti présidentiel Renaissance ces dernières semaines à propos de la proposition de loi portée par le groupe LIOT, dont l’article 1er propose l’abrogation de la loi retraites du 14 avril 2023. Les fondamentaux sont attaqués.

Les députés du parti présidentiel ont brandi contre la proposition de LIOT l’article 40 de la Constitution qui prévoit que « Les propositions et amendements formulés par les membres du Parlement ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique. ». La proposition de loi du groupe LIOT prévoit la compensation, à due concurrence, des charges induites pour les organismes de Sécurité sociale par une taxe sur le tabac ? Elle a été déclarée recevable par le président de la commission des finances, conformément aux prérogatives de ce dernier ? Qu’importe, il fallait éviter un vote « à tout prix » sur l’abrogation !

La présidente de l’Assemblée nationale, après quelques hésitations et après avoir subi de très fortes pressions de l’Élysée, s’est donc résolue à s’asseoir sur les principes démocratiques élémentaires, en s’opposant à ce que la proposition de loi soit débattue en séance plénière, après avoir fait voter la suppression de l’article 1er de la proposition de loi en commission des affaires sociales, et en piétinant le droit d’amendement des parlementaires. La séparation des pouvoirs a rarement été aussi méconnue depuis l’instauration de la République.

Les républicains qui ne se résolvent pas à cette forfaiture doivent se rassembler et proposer des solutions permettant de redonner des perspectives positives à notre démocratie.

Dans l’immédiat, il faut utiliser tous les moyens légaux pour faire vivre les contre-pouvoirs, qu’ils soient institutionnels (motions de censure parlementaires, proposition référendaire au printemps 2024…) ou extra-institutionnels (manifestations, pétitions, grèves, articles de presse…).

Près de 65 ans après son instauration, la Vème République est à bout de souffle. Sa dangerosité initiale montre aujourd’hui toute sa dimension.

Mais avant d’envisager de refonder nos institutions, il nous faut résister ici et maintenant à la dérive autoritaire du pouvoir macroniste.

Denis Collin

En 494 (av. J.C) la plèbe romaine, lassée des manœuvres des patriciens, se retira sur l'Aventin et refusa de prendre part à la défense contre les Volsques. Cette grève du peuple contraignit les patriciens à céder et c'est ainsi que fut créée l'institution des tribuns de la plèbe. Peut-être nos parlementaires pourraient-ils s'inspirer de l'exemple de la plèbe romaine et cessant de participer à cette clownerie qu'est l'Assemblée nationale macronisée, ils pourraient appeler au soulèvement et obliger le pouvoir à céder. Est-il vraiment impossible que les 150 députés NUPES, les 88 députés RN, et tous les autres qui sont opposés à la réforme, comme les 21 députés LIOT, fassent la grève de l'AN et appellent à la mobilisation générale pour que le peuple souverain soit enfin entendu ?
Un peu de courage civique, est-ce vraiment trop demander ?

8 juin 2023

Anne-Sophie Chazaud

J’aurais TELLEMENT de choses à dire au sujet de l’énième attaque au couteau du jour, qui ne seraient TELLEMENT pas en accord avec les "standards de la communauté" facebookienne/woke/inclusif machin et TELLEMENT d’idées pour mettre fin à ces actes, idées qui le seraient encore moins, qu’à la place je vais poster une photo de bébé chaton. C’est mignon les chatons, Facebook aime bien les chatons. Après, j’ai choisi un chaton européen, alors j’espère que ça passera quand même la censure…


7 juin 2023





Maxime Tandonnet

Pour un discours politique de réconciliation et d’apaisement (entretien Atlantico avec M. Bruno Cautrès)


Au sein de la NUPES et de LFI, François Ruffin se démarque. Il l’a encore montré dans une interview à France info. Interrogé sur les mesures sociétales, le député de la Somme a estimé que « le cœur du sujet c’est le travail, le partage des richesses. Il faut de l’apaisement, dans ce cadre-là il ne faudra pas faire tout ce qui nous passe par la tête”. Des propos qu’il a ensuite nuancé sur Twitter. Il a également déclaré : « La gauche doit rassurer, on doit parler à tout le pays et pas seulement à sa ‘fanbase’. Il y a des gens qui ne votent pas pour vous mais ils ne doivent pas vous voir comme des adversaires ». Il a aussi récemment lancé une campagne de levée de fonds. Que cherche à faire François Ruffin ? Est-ce une bonne stratégie ?

Il est difficile de savoir si c’est une bonne stratégie pour lui et son parti. Mais en tout cas, il a des mots justes, rares dans la classe politique française : apaisement, stabilité, passerelles, réconciliation. Des mots qu’on aimerait entendre plus souvent. Il prend acte de l’extrême fracturation de la politique française entre trois blocs grosso modo : Nupes à gauche, RN à droite et macronisme au milieu avec le concours sporadique de la droite LR. Plus la politique est impuissante à améliorer la vie des Français, plus elle se radicalise et sombre dans la haine. Sans se prononcer sur la sincérité des paroles de M. Ruffin, il est clair que les mots qu’il a utilisés sont de simple bon sens. Son appel à l’apaisement voire à la réconciliation des Français est particulièrement opportun. On peut imaginer que ces déclarations sont effectivement dictées par un calcul et une ambition personnelle, notamment présidentielle. Pour atteindre 50% des voix, il faut s’adresser à une large frange de l’opinion. Mais quoi qu’il en soit, ce sont des paroles rafraîchissantes par rapport au contexte de mépris et d’hystérie haineuse qui domine la vie publique française.

La droite LR gagnerait-elle à voir émerger une figure similaire capable notamment de se montrer transgressif par rapport à son parti et à chercher à (re)conquérir un électorat ainsi ?

Bien sûr. Il est regrettable que la droite ne sache plus tenir ce genre de discours populaire de réconciliation des Français. Nous vivons une période dramatique où la fracture démocratique touche à son paroxysme. 80% des Français ont perdu confiance en la parole politique selon CEVIPOF. L’abstentionnisme a atteint 54% aux dernières législatives. La vie politique donne une image détestable entre d’une part les dirigeants au pouvoir qui incarnent l’arrogance intouchable et d’autre part les gesticulations désordonnées des oppositions à l’Assemblée nationale. La droite LR gagnerait à tenir un discours de dépassement des clivages et de réconciliation. Ces derniers temps, elle a fait tout le contraire. Par son soutien au report de l’âge du départ à la retraite à 64 ans, elle a donné le sentiment de choisir le camp du président Macron contre la Nation profondément hostile à une réforme considérée comme inutile et injuste. Elle a cautionné une accumulation vertigineuse de manœuvres pour imposer cette réforme au pays, sans débat ni vote démocratique. Elle a ainsi tourné le dos au peuple.

Qui pourrait être le François Ruffin de la droite ? Y-a-t-il actuellement au sein de LR des figures susceptibles d’incarner ce rôle ?

Quelques rares personnalités de droite ou du centre ont compris que la priorité absolue de la France actuelle (à l’image des propos de M. Ruffin), était de chercher la voie d’une réconciliation des Français et d’un retour à la confiance dans un contexte d’impuissance des politiques et de radicalisation des passions. Nous avons un président et une équipe au pouvoir et ses alliés qui ne cessent de jeter de l’huile sur le feu. Songeons aux provocations, « qu’ils viennent me chercher », « ceux qui ne sont rien », ou « j’ai très envie d’emmerder les non vaccinés ». L’adoption au forceps de cette réforme absurde des 64 ans est aussi une manifestation presque caricaturale du principe d’arrogance. A l’opposé, M. Charles de Courson (sans être LR) a voulu incarner avec son groupe Liot et quelques frondeurs de LR, une sensibilité populaire ou sociale et une voie de réconciliation. Le déchaînement de moqueries et d’insultes dont il fait l’objet de la part de la classe politique bien-pensante pour avoir été le porte-parole d’une sensibilité populaire, donne le vertige.

Quand on regarde les prises de positions de François-Xavier Bellamy sur l’Europe, David Lisnard sur le libéralisme ou d’Aurélien Pradié sur le social, cela pourrait-il être une ébauche ?

Il faut distinguer deux choses. D’une part, la pratique du buzz fait partie des outils politiques modernes. Elle consiste à lancer une petite phrase explosive contre son camp pour faire parler de soi dans les médias. Emmanuel Macron fut un champion dans cet exercice quand il critiquait par exemple les 35 heures, vache sacrée du parti socialiste, en 2015. L’idée est de choquer pour forcer l’attention. M. Ciotti (LR) s’y est essayé récemment en voulant « placardiser » le nom des personnes interpellées pour trafic de drogue. La limite de cet exercice tient dans sa banalisation : les coups de communication sont tellement nombreux qu’ils finissent par ne plus leurrer personne. D’autre part, la volonté d’explorer de nouveaux projets, de nouvelles idées en profondeur est une issue évidente à la crise du politique. Les trois personnes que vous venez de citer correspondent en effet à cette démarche de transgression. (M. David Lisnard ferait mieux de parler de liberté plutôt que de libéralisme – un mot mal connoté en France). Mais il me semble qu’il leur manque à tous les trois encore quelque chose : ils ne me paraissent pas avoir encore trouvé les paroles de l’apaisement, de la réconciliation de de la main tendue au peuple dans son ensemble, du retour à la crédibilité, à la confiance en la démocratie par-delà les clivages.

Nous sommes effectivement en guerre

H16

Avec le récent retrait du plafond de la dette américaine, les États-Unis se sont pour ainsi dire placés en économie de guerre.

Mais vraiment, ce pays serait-il en guerre ? Au vu des relations diplomatiques qu’on pourrait qualifier de tendues avec la Russie et la Chine, et en tenant compte du conflit par procuration en Ukraine, on a en tout cas quelques bases pour affirmer que l’économie américaine s’éloigne chaque jour de celle d’un pays en paix.

Si la question peut être posée outre-Atlantique, elle n’est déjà plus de mise ici en Europe et tout particulièrement en France où, fort officiellement, le pays est en guerre. Certains petits chafouins pourront arguer que l’actuel chef de l’État l’a déclarée ainsi dans une simple figure de style, mais il l’a clairement répétée et d’autres éléments que sa seule parole suffisent à s’en convaincre.


Mettant en avant les délires pandémiques, puis l’hystérie climatique et un nombre grandissant d’âneries mobilisatrices, Macron n’a pas hésité à rappeler la situation particulière qui préoccupait le pays et devait, selon lui, justifier les dépenses consternantes engagées jusqu’à présent (quoi qu’il en coûte, je vous le rappelle).

D’un autre côté, la définition d’une économie de guerre laisse tout de même pas mal de latitude dans laquelle s’inscrit potentiellement l’état actuel du pays : comme le suggère par exemple Charles Gave, une économie de guerre pourrait se traduire par la possibilité de s’endetter sans limite (ce qui est actuellement le cas en France, en Europe et en Occident), et la mise en place de certaines procédures administratives de surveillance des individus, ainsi qu’une liberté assez décontractée de manipuler psychologiquement les citoyens afin qu’ils ne se retournent pas contre le pouvoir en place.

Oui, il y a bien une guerre, qui fut longtemps larvée mais qui est maintenant visible pour tous, celle de l’Occupant Intérieur contre l’occupé, de la classe jacassante contre la majorité silencieuse, de l’administration contre ses assujettis, autrement dit des dirigeants contre le peuple.

Et ce conflit jadis larvé maintenant ouvert explique très bien la constante manipulation des masses par la peur, et la multiplication des agendas contre le peuple, depuis les tentatives de restriction de nourriture (en qualité et en quantité) jusqu’à la lutte ouverte contre les libertés fondamentales comme la propriété privée, le droit de se déplacer avec cette volonté rabique de supprimer la voiture et de circonscrire le citoyen à des ghettos rebaptisés “ville de 15 minutes”, en passant par toutes les petites escarmouches contre les petits commerçants, les artisans et ce qui crée le tissu social indépendant des entités centralisées facilement dirigeables.

Cette guerre de l’occupant intérieur contre le peuple explique aussi l’abandon du régalien (d’où une insécurité galopante que seuls les plus endoctrinés ou les plus veules agents du pouvoir peuvent encore nier), sauf lorsqu’il s’agit de pérenniser le pouvoir de l’Occupant (avec une répression systématique et de plus en plus violente).

C’est aussi cette guerre de l’Occupant intérieur contre le peuple qui explique très bien pourquoi ce premier veut limiter la turbulente population du second : moins nombreux, ils sont plus faciles à canaliser. La démoralisation croissante vers les familles et les couples en âge de procréer (avec une facilité croissante des avortements et des stérilisations) participe de ce mouvement ; l’introduction du wokisme dès le plus jeune âge aussi.

Dans cette guerre, il apparaît indispensable de limiter, par tous les moyens possibles, la liberté d’expression en multipliant les prétextes fallacieux. Les récentes attaques contre twitter n’en sont qu’un exemple récent, mais elles n’ont pas arrêté de se multiplier ces dernières années avec une tendance à l’accélération à mesure que des discours alternatifs apparaissent.


Enfin, le même Occupant intérieur comprend aussi tout l’intérêt de délayer les souverainetés locales dans des institutions supranationales, non élues et n’ayant aucun compte à rendre aux peuples concernés : facilement désignés, ces coupables lointains et jamais facilement atteignables lorsque les choses tournent au vinaigre pour les individus, permettent aux coteries en place de conserver leur pouvoir tout en faisant croire à leur impuissance.

Grâce à ces lointaines institutions internationales, l’Occupant intérieur pourra assouvir son besoin de tout contrôler : prétendant offrir une sécurité de façade aux citoyens, il va mettre en place tous les instruments qui, retournés contre le peuple, formeront les pires technologies de son asservisement : reconnaissance faciale pour les JO, multiplication des radars routiers, crédit social (via le pass vaccinal et, maintenant le pass carbone), contrôle de toutes les transactions financières au travers des “CBDC”…

Certes, on pourrait arguer qu’il n’existe pas de plan général conçu pour consciemment asservir la population. Néanmoins, tout indique une tendance globale des dirigeants pour absolument tout faire afin d’obtenir (éventuellement inconsciemment) exactement ce résultat.

En pratique, le plus incroyable serait de croire que tout est purement fortuit, qu’il n’y a qu’une suite de coïncidences pour expliquer cette tendance à ériger un gouvernement mondial d’une élite finement choisie, avec des restrictions toujours plus fortes sur chaque individu. Il serait aussi invraisemblable d’imaginer que les peuples gobent toute la propagande et se laissent ainsi faire, niais et sans intelligence.

En fait, cette guerre fait d’immenses dégâts, et ses troupes les plus efficaces ne sont pas des soldats, mais les cohortes d’imbéciles qui répètent, sans recul, sans pincettes, sans le moindre doute, les messages officiels, ainsi que les brigades entières de crétins qui, par déni et confort intellectuel, expliquent que “c’est pire ailleurs” (en feignant de croire que cette saillie consternante justifie les dérives).

La grande réussite de ces armées du lavage de cerveau a été de faire croire à la solitude complète de chacun des individus qui constate pourtant, devant ses yeux, l’incroyable distorsion de la réalité face aux discours lunaires qu’il entend chaque jour.

Pourtant, ceux qui ont compris ce qui se passait, à leur échelle, qui ont compris qu’ils se trouvaient au milieu d’une formidable entreprise de création effrénée de “réalités alternatives”, non, ceux-là ne sont pas seuls, loin s’en faut, et ne sont même probablement pas minoritaires.

Tout l’art de l’actuelle propagande, au service du pouvoir en place, aura été de diviser la majorité en sous-groupes aussi nombreux et petits que possibles en multipliant les sujets d’anicroches : quand on ne parle pas d’immigration, on parle bien-être animal, de fêtes religieuses, de retraites, de sécurité sociale ou de cette foultitude de sujets parfois importants, parfois annexes, mais qui, tous, détournent l’attention de la guerre permanente de l’Occupant intérieur sur le peuple, de l’accroissement létal de l’appareil d’État contre lui, du grignotage permanent de ses libertés au profit d’intérêts particuliers largement insérés dans les couloirs dorés de la République.

Jusqu’à présent, cela a très bien marché : la multiplication des sujets de peur, des broutilles montées en épingles, l’écume des jours scrutée au microscope des journaux télé passés en boucle toute la journée ont amplement suffi pour aboutir à ce résultat désastreux.

Oui, nous sommes bel et bien en guerre, contre le plus froid des monstres froids et ceux qui le dirigent, en profitent et voudraient bien que ça continue encore longtemps.


Denis Collin

Les antifas médiatiques, les zheuresombres et autres sont aux abonnés absents. Mme Meloni avait annoncé 2,2 milliards d'euros pour l'intervention d'urgence pour faire face aux catastrophiques inondations en Romagne. Finalement, on apprend qu'il n'y aura que 1,6 milliard. On ne peut pas à la fois envoyer des armes à Zelensky et secourir les Italiens... Mme Meloni n'est pas une fasciste (en tout cas pas plus que ses "collègues" européens). Elle est seulement une politicienne européiste, à genoux devant l'UE et l'OTAN et déterminée à défendre non les Italiens, mais le capital. Son parti s'appelle Fratelli d'Italia. Il va falloir lui trouver un autre nom : Fratelli dell'UE, Fratelli di von der Leyen... ou Fratelli di Ucraina.
Ceux qui en font des tonnes sur la terrible montée de l'extrême droite illibérale pour mieux protéger les Macron et Cie, n'aborderont pas cet aspect gênant.
Que fait Meloni ? Du Macron, ni plus ni moins. Que ferait Mme Le Pen, le cas échéant ? Du Meloni.