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17 juin 2023

Abaya

Denis Collin

Abaya : tout le monde le sait, cette affaire est la énième offensive des intégristes avec des jeunes filles et jeunes femmes comme fer de lance. Comme d'habitude, les défenseurs de "nos-valeurs", à demi-décérébrés, organisent la capitulation dans le désordre et permettent à nos ennemis de marquer des points, encore une fois.
Trouverons-nous un vrai ministre de l'Éducation nationale, capable de dire ce qu'il faut dire : dans les établissements scolaires, ce n'est ni le djihad ni carnaval. Les abayas sont interdites comme les burkas et les autres accoutrements des fanatiques religieux. Pour faire bonne mesure, on établit dans chaque établissement un "code de vêtement" conforme à la vocation de l'école. Pas de claquettes, de shorts et de marcels quand reviennent les beaux jours. Pas de filles montrant leur nombril. Beaucoup de parents d'élèves, l'engeance la plus terrible pour l'école, vont hurler, me dira-t-on. Mais rêvons, nous aurons un jour un ministre de l'EN conscient de la nature de ce qui devrait être son sacerdoce.
Ensuite, on peut revenir à une école qui instruit, des notes qui veulent dire quelque chose, un bac à 70% de réussite, des études surveillées, des années complètes et la fin de tous les prétendus enseignements farces et attrapes.
Voilà le programme minimal si on veut éviter l'effondrement. Malheureusement, il est à craindre que la coalition des lâches, des démagogues et des oligarques ne fasse tout pour éviter qu'on commence d'appliquer un tel programme. Le chaos à l'école, la normalisation islamiste, la déchéance et l'abêtissement de la jeunesse, ils adorent ça. (Je mets évidemment LFI dans la coalition, dont ils forment simplement l'aile gauche pendant que les LR macronisés forment l'aide droite).

16 juin 2023

Ces cryptomonnaies qui contournent les sanctions

H16

Beaucoup n’imaginaient pas la dédollarisation du monde il y a deux ans, pour la réfuter il y a un an puis la minimiser actuellement : petit à petit, la monnaie américaine perd du terrain face aux autres monnaies à mesure que de nouvelles alliances géostratégiques s’installent.

Les causes sont multiples. Ainsi, l’accumulation quelque peu inquiétante de dettes du côté américain ne favorise pas une santé solide du dollar. En outre, militariser sa monnaie en saisissant des avoirs étrangers pour des raisons de politique étrangère ou, comme c’est le cas actuellement, interdire des mouvements de fonds entre pays tiers au prétexte qu’ils utilisent le dollar pour des opérations qui déplaisent ne l’aide absolument pas à conserver sa position privilégiée comme monnaie d’échanges mondiaux.


À la suite des sanctions qui se sont abattues sur les échanges commerciaux entre la Russie et la plupart de ses partenaires, il a fallu trouver d’autres moyens et faire preuve d’inventivité. Avec une surprise finalement modérée et comme le relataient de précédents billets, l’association de pays émergents BRICS, comptant notamment la Russie et à laquelle Macron – imperméable au ridicule – semble vouloir apparaître, s’est donc organisée pour utiliser ses monnaies locales : yuan, roupie, rouble sont maintenant utilisées pour les échanges entre ces différents pays.

Depuis, les alternatives à l’utilisation du dollar pour les échanges internationaux se sont multipliées : par exemple, l’Arabie Saoudite et la Turquie ont ainsi commencé à échanger des roubles, ce qui permet de renforcer un peu la monnaie russe. L’Inde (comme la Chine) achète actuellement des quantités de plus en plus massives de pétrole russe, dont une partie se retrouve d’ailleurs en Europe, et le paye en dirham, en roupies et en roubles… mais plus en dollars.

Bref, l’idée générale qui consiste à utiliser le dollar comme levier pour des sanctions économiques semble toucher ses limites et, pire encore, pousse un nombre croissant de pays à trouver des parades contre cette militarisation dangereuse de la monnaie internationale.

La dernière en date mérite quelques lignes : comme nous l’apprennent quelques titres spécialisés dans le monde des cryptomonnaies, la banque russe Rosbank, jadis filiale de la Société Générale mais depuis séparée de l’entité française suite aux sanctions européennes, est en train d’étudier un mécanisme avec un partenaire en cryptomonnaie, B-crypto, permettant des transactions entre différentes devises en utilisant les cryptomonnaies comme intermédiaire de support.

En substance, le commerçant russe souhaitant acheter des biens ou services étrangers et payer en roubles pourra passer par ce service qui se chargera d’acheter des cryptomonnaies pour le montant souhaité, cryptomonnaies qui seront ensuite déplacées chez le vendeur qui pourra inverser l’opération et récupérer le fruit de la vente dans sa propre devise en vendant les cryptomonnaies ainsi envoyées.

Pour le moment, le mécanisme n’est pas encore transparent pour les différentes parties impliquées dans l’échange mais il fait assez peu de doute que les obstacles techniques seront assez vite maîtrisés, et que les aspects purement légaux seront au besoin aplanis au moins par les autorités russes qui voient dans la manœuvre une façon supplémentaire de contourner les sanctions sur leur devise. L’ironie de l’opération est que les devises étrangères peuvent même compter le dollar parmi elles.


Bien sûr, ce projet pilote ne porte pour le moment que sur des petites transactions (en volume et en montants) ; les marchés des cryptomonnaies n’ont à ce jour pas encore atteint la profondeur nécessaire pour engager de gros montants ou de grands nombres de transactions internationales. Mais le principe est solide sur le plan technique : les cryptomonnaies étant, par construction, indépendantes des banques centrales et des États, elles constituent fondamentalement un moyen d’échange réellement neutre entre individus de pays différents. On doit s’en réjouir : s’assurer que les individus commercent aussi facilement que possible reste une méthode efficace pour éviter les guerres.

Néanmoins, on imagine bien que si ce genre d’applications des cryptomonnaies au commerce international (et au contournement de sanctions) devait se développer, certains pays, à commencer par les États-Unis, en prendraient ombrage tant ceci constitue plus qu’un coup de boutoir aux pouvoirs régaliens qui comprennent celui de frapper monnaie.

C’est d’ailleurs ce qui se passe, plus ou moins discrètement : on peut voir les manoeuvres du gouvernement américain pour tenter de reprendre la main sur les cryptomonnaies derrière les déboires et autres pénibleries subies par la filiale américaine de Binance, l’une des principales plateformes d’échange de cryptomonnaies dans le monde, confrontée aux accusations de différentes malversations par la Security Exchange Commission américaine.

Les autorités américaines pourraient, dans le cas de Binance US, avoir le dernier mot, mais en prenant du recul, on comprend qu’il ne s’agit ici que de gagner un peu de temps dans un jeu finalement dangereux pour elles. D’une part, chaque nouvelle poursuite, chaque nouvelle législation, chaque nouvelle sanction ou contrainte ajoutée accroissent les frictions dans l’usage du dollar et dans les interactions avec le marché américain ; or, avec la croissance actuelle des autres marchés dans le monde, cela peut inciter les commerçants et industriels à modifier leurs centres d’intérêts et leurs affaires pour en diminuer la part américaine. Ceci n’est décidément pas très bon pour les Américains ou pour le dollar.


D’autre part, ce genre d’opération ne fait que pousser les acteurs des cryptomonnaies à limiter leur exposition avec les monnaies étatiques : puisque c’est l’interface entre ces dernières et le monde des cryptos qui donne un levier aux États pour – essentiellement – limiter les libertés des individus, il convient d’en limiter la portée. Absolument rien n’interdit, sur le plan technique, psychologique ou opérationnel, un monde dans lequel les transactions se font avec des cryptomonnaies sans jamais repasser par des monnaies étatiques.

On comprend qu’avant d’en arriver là, le mouvement est clairement complexe et prendra évidemment du temps mais harceler toujours plus les citoyens et les entreprises comme le font les États actuellement n’aide en rien à inspirer confiance dans les monnaies fiduciaires, au contraire. Dans ce contexte, l’introduction de force des CBDC donnera aux citoyens une excellente raison de se passer de l’État dans la création monétaire.

En définitive, la dédollarisation continue et, de façon logique, les cryptomonnaies commencent à trouver leur place dans la nouvelle donne financière internationale qui prend forme sous nos yeux. Les batailles que ces changements imposent promettent d’être épiques.


Suspendus pour des tweets !

Denis Collin

Vous le savez déjà, deux de nos collègues de philosophie sont suspendus sans traitement pendant trois mois par le ministre de l’Éducation nationale à cause de leurs tweets. L’un dans l’académie de Normandie, Franklin Nyamsi ; l’autre dans celle d’Aix-Marseille, René Chiche. Ce dernier est aussi vice-président et porte-parole de notre syndicat Action & Démocratie/CFE-CGC.
Dans les deux cas, c’est uniquement leur expression sur les réseaux sociaux qui est le motif de ces sanctions très lourdes, ni leur enseignement ni leur comportement dans l’exercice de leurs fonctions n’étant mis en cause. Dans les deux cas, leurs propos ne comportent rien de contraire à la loi et leur seule « faute » consiste à rendre publiques des opinions qui déplaisent au pouvoir. Dans le cas de René Chiche, la sanction vise non seulement le professeur mais le responsable syndical puisque c’est aussi à ce titre qu’il s’exprime publiquement, ce qui ajoute encore au scandale. Et, cerise sur cet indigeste gâteau, dans le cas de René Chiche encore, la sanction n’est pas seulement prononcée par le ministre : ce sont en effet les représentants des personnels eux-mêmes, élus SNES-FSU et SIAES siégeant en conseil de discipline, qui ont demandé qu'il soit sanctionné !
Pour Action & Démocratie, le rôle d’un syndicat consiste à défendre les collègues injustement poursuivis, même ceux avec lesquels nous aurions des désaccords.
Nous savions qu'il nous fallait défendre l'école et nos métiers face à une administration en perte de repères, nous découvrons qu'il nous faut aussi composer avec des organisations syndicales prêtes à faire sanctionner des collègues pour des propos qui leur déplaisent !
Nous n’avons décidément pas la même conception du syndicalisme et de la défense des personnels que ces gens-là, et nous en sommes fiers !

« Poissonnière » et alors? (ou l’apothéose du mépris)

Maxime Tandonnet


A l’Assemblée nationale, un abruti à cru bon d’insulter une autre parlementaire en la traitant de « poissonnière ». Celle-ci, tout aussi inintelligente, s’en est offusquée, offensée dans sa dignité de grande dame importante d’être traitée de poissonnière. Elle a porté plainte. Et puis le bureau de l’AN s’en est mêlé, sanctionnant le député insulteur. Pour qu’une telle sanction soit prononcée, dès lors que la liberté d’invective règne en principe dans le débat parlementaire, l’injure devait être effroyable.

Ce qui fait le caractère insupportable de l’insulte « poissonnière », c’est qu’elle renvoie à la France populaire. Une poissonnière, c’est supposé, dans l’esprit des gens importants, être moche, criarde, les mains sales et puantes des tripes du poisson. L’image est honteuse pour ces messieurs et dames importants de l’AN aux mains propres (…). L’insulte rappelle les sans dents, les Gaulois réfractaires, ceux qui ne sont rien et ne peuvent même pas se payer un costume, les fainéants, les illettrées etc. L’exemple du mépris vient de haut.

Pourtant, poissonnière est un beau métier, intermédiaire entre le pêcheur et le consommateur, qui contribue à nourrir les Français. Ce métier est à ce titre (au moins) aussi noble et utile que celui de député, ministre ou président de la république. Oui, oui, je vous assure… Qui plus est, par delà la caricature infâmante, il est souvent des poissonnières jolies, jeunes et charmantes comme le prouve cette illustration.

Et puis il faut rappeler une chose aussi : les députés, les ministres et l’occupant de l’Elysée sont payés avec les impôts des poissonniers et des poissonnières parmi d’autres. Dire cela n’est pas populiste : c’est juste la vérité. L’insulte minable et la réaction offusquée tout aussi minable, puis la sanction toujours aussi minable, sont venues de partis qui se disent inspirés par le peuple. De fait, c’est toute une conception de la politique qui est gangrenée par le mépris au-delà les frontières partisanes et les catégories (législatif, exécutif, etc.). Ce mépris de classe, du puissant dans ses palais dorés pour la France populaire, cette arrogance des gens prétendument d’en haut qui se croient intelligents et importants et donc autorisés à insulter les métiers de la France populaire, nous ne finissons pas d’en crever.

La guerre en Ukraine n'est pas une guerre territoriale (vidéo)

Michel Rosenzweig

Une conférence fondamentale pour comprendre pourquoi et comment nous en sommes arrivés là. Il est essentiel de garder à l'esprit que les USA n'ont jamais voulu que la Russie et l'Europe s'arriment à un projet commun et que leur obsession a été et est restée d'en finir avec la Russie. Cette guerre n'est que le prolongement de la 2ème guerre mondiale après un simulacre de paix européenne au prix de la vassalisation complète du continent européen. L'UE n'est qu'un protectorat des USA et l'Ukraine est l'enjeu de l'extension de ce protectorat au détriment de la Russie.
Nikola Mirkovic, (''Le Martyre du Kosovo", ''Bienvenue au Kosovo'', ''L'Amérique empire'', ''Le Chaos ukrainien''), président de l’association Ouest-Est ;
François Martin, président du Groupement Professionnel HEC Géostratégies & Co-président du Pôle HEC Globalisation, auteur de "L'Ukraine : un basculement du monde".



0:01:08 Question épineuse ukrainienne
0:01:32 Rus der Kiev
0:03:05 Ukraina
0:03:20 XIX siècle - début de l'Ukraine
0:05:17 République socialiste en Ukraine
0:05:11 L'ouest ukrainien en uniforme allemand
0:06:35 Bandera
0:07:09 Peuple ukrainien
0:08:55 Terre d'Ukraine tant convoitée
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0:15:30 Puissance eurasiatique
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0:17:08 Glaziev sur la IIIème guerre mondiale
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0:18:48 Accord entre Gorbatchev et James Baker
0:19:30 1992 Paul Wolfowitz
0:20:50 Poutine en 2000
0:21:00 Yougoslavia
0:22:20 Politique américaine dans les banlieues françaises
0:22:47 Révolution orange
0:23:12 Afghanistan
0:23:30 Est-ce que nous sommes dans le camp du bien?
0:23:54 Pertes colossales des guerres occidentales : 3 millions de morts
0:24:30 Coup d'état de Kiev
0:25:50 L'Europe indépendante et le traité de l'Élysée
0:27:57 Nous sommes un protectorat américain
0:28:33 Cette guerre est à la fois nucléaire, locale et globale
0:30:35 Guerre existentielle
0:31:40 Négociateurs de la paix ukrainiens sont assassinés à Kiev
0:34:40 Partenariats Russie-Ukraine ; EU-Ukraine
0:36:20 Open Society
0:36:50 Victoria Nuland et BHL
0:39:50 Un pays antirusse pas un pays ukrainien
0:41:00 Gouvernement ukrainien
0:43:00 Base de Yavoriv
0:45:40 Socialisme versus capitalisme
0:48:05 Oligarchie ukrainienne
0:50:25 Cette guerre n'est pas une guerre territoriale
0:52:29 Madeleine Albright
0:54:15 Guerre militaire
0:56:50 Afrique
0:58:07 Pacte de Quincy
0:59:21 Fin du pétrodollar
QUESTIONS
1:01:00 Mythe de Zelensky
1:01:56 Les Américains servent toujours des jeunes fanatisés
1:04:17 L'opposition n'existe pas en Ukraine
1:05:00 Polonais et Ukrainiens
1:06:06 Financement de la guerre
1:09:30 C'est une guerre de dévitalisation
1:11:13 Planche à billets
1:12:25 Mauvaise soft power russe
1:14:40 Vision universelle du conflit et la guerre médiatique
1:17:40 Médias dominants
1:22:38 Sociologue turko-américain Timur Kuran ''Private Truths" et "Public Lies''
1:24:19 Déchirure dans le Donbass
1:24:57 Prêtres orthodoxes tabassés en Ukraine
1:25:38 Gestion postguerre
1:26:50 Poutine ne peut pas perdre
1:28:13 Les Américains soutiennent 2 contradicteurs en parallèle pour choisir le meilleur
1:29:10 Guerre américaine contre l'Europe
1:29:45 Novorossia et Transnistrie
1:31:10 Un empire veut conquérir l'ensemble du monde
1:33:45 On est dans un système oligarchique
1:35:50 Où sont les vrais pacifistes?

15 juin 2023

Immigration : nouveau drame en mer

Yann Bizien

Oui. Un cimetière. Mais il y a des responsabilités sur ce nouveau drame de la mer.
Cessons de subventionner le pont maritime voulu par les ONG immigrationnistes pour soutenir les activités illicites des trafiquants d'êtres humains sur les rives sud de la Méditerranée.
Ce pont maritime est d'abord dangereux. Il fait des morts. Les responsables sont en premier lieu tous les trafiquants d'êtres humains. Ce sont ensuite les ONG complices de ces derniers et ceux qui nourrissent des politiques favorables à ces flux.
Les responsables ne sont pas ceux qui, justement, refusent cette immigration invasive et permanente. Ce sont ceux qui contribuent activement à tous ces trafics, qui les subventionnent et qui les favorisent.
Cessons d'importer en France des jeunes étrangers clandestins non assimilables qui génèrent chez nous de la violence, de la délinquance et de la criminalité et ne voudront jamais défendre la France en cas de nécessité et de force majeure.
Disons clairement à tous les prétendants que la France surendettée, saturée, désindustrialisée, délitée et ensauvagée ne peut plus accueillir toute la misère du monde.
Surveillons nos frontières. Mettons y des moyens régaliens.
Enfin, rappelons à tous ces jeunes qu'ils sont en âge de défendre leur pays, qu'ils ont le devoir de le servir et de contribuer à son développement, plutôt que de le fuir et de prendre des risques inutiles et potentiellement mortels en Méditerranée.
Il faut culpabiliser les vrais responsables de ce cimetière.


14 juin 2023

Instagram et pizzagate

H16

Stupeur totale dans la presse française : on découvre, à la suite d’une enquête approfondie du Wall Street Journal et de l’Université de Stanford que le réseau social Instagram sert d’hébergement à de nombreux pédophiles et permet le partage de matériel (photos, vidéos) montrant des abus sexuels sur des enfants.

Oui, vous avez bien lu : Instagram, réseau social et service de partage de photos et de vidéos, permettrait à des pédophiles et pédocriminels d’échanger de façon plus ou moins discrète du matériel dont tout indique qu’il tombe normalement sous le coup de la loi dans à peu près tous les pays du monde. Mais ce qui distingue cette affaire de la plupart des autres, c’est que l’enquête menée par les universitaires et les journalistes du WSJ révèle en surcroît que les algorithmes utilisés par la plateforme favorisent les contenus pédophiles auprès d’autres pédophiles.

Bien évidemment, devant cette nouvelle, toute la presse s’est remplie d’un “bad buzz” qui a fait s’effondrer le cours des actions Meta, la société-mère d’Instagram et… Ah non. Rien de tout cela. En pratique, à part quelques articles discrets relatant l’affaire, l’actualité a rapidement glissé sur ce qui apparaît pourtant comme un énorme lièvre levé par les enquêteurs.

Lièvre d’autant plus énorme que l’enquête montre que certains émojis et certaines dénominations agissent comme une sorte de code : l’utilisation d’une carte (“map” en anglais, comme l’acronyme “MAP” pour “Minor Attracted Person”, euphémisme pour pédophile) ou, plus étonnant encore, d’une pizza au fromage (“cheese pizza” dont les initiales sont les mêmes que “child pornography”, pornographie infantile). Les utilisateurs de ces codes se déclarent souvent “amoureux des petites choses de la vie”, ce qui, là encore, laisse assez peu de doutes planer.


Selon les chercheurs, Instagram permettait même à ces utilisateurs pédophiles de rechercher du contenu avec des hashtags explicites tels que #pedowhore et #preteensex, qui étaient ensuite utilisés pour les mettre en relation avec des comptes qui laissaient sous-entendre la possibilité d’échange ou de vente de ce type de matériel (au moyen des codes précédents, notamment).

Ceux qui douteraient de la réalité de telles allégations (de nos jours, il est sain de douter, surtout de la presse) pourront éplucher le fil de cette enquêtrice sur Twitter.

Au passage, on se rappelle que la plateforme Twitter avait été accusée des mêmes maux juste après la reprise en main par Elon Musk : ce dernier avait notamment révélé que des réseaux pédophiles et pédocriminels utilisaient la plateforme pour échanger vidéos et photos, organiser des rendez-vous, etc. et que le personnel de Twitter normalement compétent (notamment Yoel Roth) pour arrêter et dénoncer ces pratiques n’avaient rien fait et avait même plutôt passé son temps à traquer et bannir les comptes conservateurs.

De même, Facebook a régulièrement été accusé d’héberger (discrètement ou non) des réseaux pédocriminels, et on a reproché à Zuckerberg, son propriétaire, de ne pas faire suffisamment pour empêcher ces réseaux d’apparaître et de prospérer sur sa plateforme.

Or, coïncidence intéressante, Instagram est propriété de Meta (qui est aussi la société mère de Facebook).

Des réseaux pédocriminels et de la pizza ? Tout ceci n’est pas sans rappeler la sulfureuse affaire du Pizzagate qui est comme le rappelle Wikipedia avec lourdeur et insistance, une théorie conspirationniste farfelue, dénuée de fondement et totalement discréditée à de multiples reprises par les journalistes affûtés d’une presse irréprochable, etc.

L’essentiel de l’histoire du Pizzagate est, du reste, bien résumé dans cette petite vidéo :


Fort bien : on devra donc, une fois encore, recourir à l’explication de la coïncidence malheureuse pour expliquer le fait que les réseaux pédocriminels récemment découverts sur Instagram utilisent la même terminologie à base de pizzas que la terminologie employée dans cette étonnante histoire des e-mails fuités de John Podesta dans lesquels, surprise, on trouvait des échanges relativement bizarres entre différents membres de la campagne présidentielle d’Hillary Clinton. On pourra sans mal trouver l’une ou l’autre explication bénigne pour certains de ces e-mails, et pour d’autres, on pourra là encore évoquer coïncidences et termes tout au plus ambigus.

De toute façon, tout ceci est très officiellement démystifié, il n’y a donc aucun lien, aucun complot, aucune réalité tangible.


Cependant, de façon plus générale, est-ce si difficile d’imaginer que de tels réseaux existent bel et bien, et qu’ils sont couverts, en plus ou moins grande partie, par les autorités ? Pour un politicien, pour une personne bien placée dans une administration ou dans certains domaines clés, connaître les pires penchants de ses adversaires ou, mieux encore, de ses acolytes constitue un levier de pouvoir redoutable, par exemple.

Ce qu’on observe ainsi aux États-Unis n’est en réalité que la façon américaine de faire ce qui existe déjà en Europe et en France depuis un moment, et dont les horribles remugles remontent à la surface de temps en temps comme en attestent par exemple les affaires qui font, fugacement, la une des journaux.

Ainsi, que sait-on réellement de l’affaire Dutroux qui défraya la chronique en Belgique ? De nombreux observateurs, chroniqueurs et journalistes avaient noté l’effroyable probabilité que les enfants kidnappés l’avaient été sur commandite, autrement dit pour le compte d’individus bien placés (dans la magistrature, la politique, le show-bizz par exemple)…

Ainsi, que sait-on réellement de l’affaire Duhamel qui a agité quelques colonnes de journaux (et provoqué l’apparition de quelques vidéos) il y a quelques années et qui avait été commodément classée sans suite pour prescription ?

Parfois, des petites bulles sordides d’actualité repoussante éclatent temporairement dans la presse, et plus personne n’en parle ensuite : les enquêtes se font discrètes, les coupables, s’ils sont trouvés, semblent n’avoir rien à dire et les journalistes n’avoir de toute façon rien à leur demander…

En somme, le plus étonnant n’est pas l’existence de tels réseaux (ce serait même leur absence qui serait réellement surprenante), mais bien la constance avec laquelle les médias de grand chemin font absolument tout pour en minimiser l’existence dans leurs colonnes, la pondération et la discrétion dont font systématiquement preuve les autorités concernées, et a contrario l’acharnement de certains à catégoriser comme “complotistes” tous ceux qui en dénoncent l’existence pourtant évidente, comme s’il devenait essentiel d’ignorer ces pratiques, d’en atténuer l’impact et l’importance.



12 juin 2023

LA STÈLE DU CAVALIERE

Gabriel Nerciat

Les sarcasmes et les sermons plus ou moins minables dont la plupart des commentateurs français – et pas seulement de gauche – accablent Silvio Berlusconi le jour de sa mort ne me surprennent pas, mais justifient à mes yeux que la moitié au moins des Italiens le pleurent sincèrement aujourd'hui.
En ce qui me concerne, je n'étais certes pas un admirateur du Cavaliere, dont la vulgarité assumée, les compromissions peut-être mafieuses et le tapageur goût du luxe avaient tout pour me déplaire, mais en tant que Premier ministre je l'ai néanmoins toujours trouvé très supérieur à Nicolas Sarkozy, auquel l'opinion éclairée de ce côté-ci des Alpes le comparait souvent (à tort), comme à Jacques Chirac qui pourtant devait fort apprécier certaines de ses soirées milanaises.
Lui au moins n'a pas donné dans la blague du cordon sanitaire antifasciste, ce dont Giorgia Meloni bénéficie aujourd'hui – pour des résultats politiques assez minces sinon nuls, il faut bien le dire.
Berlusconi, d'une certaine manière, c'était l'anti-Macron : un vrai capitaliste, lui, et pas un technocrate déguisé en banquier d'affaires, mais qui a obstinément refusé, pendant presque quinze ans, de mener les contre-réformes ordo-libérales que la Commission de Bruxelles et Berlin exigeaient de lui (notamment sur les retraites, les politiques d'austérité ou la flexibilité du travail) et qui lui ont finalement valu d'être poignardé dans le dos par ses propres députés – mais pas par ses électeurs.
Et puis, j'ai plutôt tendance à croire qu'un chef d'État notoirement débauché est moins dangereux, ou plus inoffensif, qu'un puritain scandinave ou un conjoint fidèle. Ne me demandez pas pourquoi, je ne vous le dirai pas – pour ne pas faire de la peine à Jean-Jacques et à Kant.
En fait, pour tout vous avouer, ce n'est pas tant le départ de Berlusconi qui me contriste, mais de savoir que Sanna Marin, Emmanuel Macron, Sandrine Rousseau, Clémentine Autain ou Sophie Binet vont lui survivre – longtemps.


Henri et l’étrange polémique

Maxime Tandonnet


Henri est le prénom de l’homme de 24 ans qui a mis en fuite le tortionnaire à l’opinel de quatre bambins dans un jardin public à Annecy. Son nom est sur toutes les lèvres depuis trois jours. Henri se trouvait là par hasard alors qu’il effectuait un tour de France pour visiter les cathédrales. Nombre de discours l’ont présenté en héros providentiel, « un ange » ai-je même lu quelque part. D’autres se sont ouvertement moqué de lui au prétexte qu’il se disait catholique et animé par la foi, comme cet article immonde dont le titre le caricature en « Henri d’Arc ». Bref, la polémique a tenu tout le week-end. Elle est un signe d’immaturité ou de la sottise de la France dite d’en haut. Henri a fait preuve de courage en intervenant contre un homme armé. Mais ce courage est normal. C’est le contraire qui eût été anormal. Voir un tortionnaire juste à côté en train de poignarder quatre bambins de 3 ans, dont un dans un landau, et ne rien faire, serait criminel. Henri a été courageux, mais il a fait son devoir, comme chacun de nous devrait le faire. Ne pas bouger en de telles circonstances est un crime: non assistance à personne en danger. Finalement, ce qui est inquiétant, c’est le séisme polémique que provoque son intervention courageuse. Si la France d’en haut s’étonne autant de ce courage, en le magnifiant ou en le ridiculisant, c’est probablement qu’elle sent bien qu’il est exceptionnel à ses yeux. Et donc qu’à ses yeux, la non intervention eût été le comportement normal. Pour moi, un être normal, qui serait resté sans bouger pendant que 4 bambins sont déchiquetés juste à côté sous ses yeux à l’opinel, ne devrait plus pouvoir se regarder dans un miroir pendant toute sa vie. L’intervention de Henri est courageuse. Elle est aussi normale. Il a fait son devoir et le devoir comporte parfois un risque. Le courage devrait être normal. Mais ne vous méprenez pas sur mon propos. Je ne minimise pas son geste. J’affirme qu’il est courageux et exemplaire. Mais qu’il relève du devoir. C’est le contraire qui eût été anormal.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2023/06/12/henri-et-letrange-polemique/

Voilà qui tombe à pic : une nouvelle claque pour l’immo en France !

H16

Bien que la France soit, on le sait, un pays de cocagne où coulent le miel et le lait (à tel point qu’on vient de tous les points du monde pour y planter une tente ou un bébé, littéralement), il arrive parfois que certains aspects soient un peu plus tendus que d’autres. Ainsi, en matière de logement, le Français moyen a bien du mal à trouver chaussure à son pied…

À tel point d’ailleurs qu’on évoque à présent une véritable crise dans le domaine de l’immobilier : non seulement, les prix sont hauts (ce n’est pas nouveau) mais en plus, les taux d’emprunts sont remontés en flèche limitant brutalement l’accession à la propriété d’un nombre croissant de Français.

Heureusement, le gouvernement – qui entend les petits couinements du peuple et sait se montrer à l’écoute de tous les lobbies bien en fonds – n’a pas manqué d’appréhender récemment la question en lançant non pas un Grenelle ni un numéro vert (traditions républicaines) mais un “Conseil national” (autre tradition, moins récente mais tout aussi employée qu’utile) dont les conclusions ont été soigneusement étudiées.


Pourtant, la situation n’est pas exactement rose et pourrait laisser penser qu’elle ne ménage guère de marges de manœuvre.

Ainsi, le nombre de nouveaux chantiers de constructions immobilières est en chute libre. Avec seulement 16 912 programmes commerciaux lancés en France au premier trimestre 2023, on atteint un plus bas depuis 2010. Les ventes aux particuliers ont en outre reculé de 52,3%.


Ainsi, la location montre elle aussi des signes de faiblesse : entre l’accroissement des contraintes pour rendre un bien éligible à la location (notamment sur le plan énergétique), et le resserrement des conditions de crédit qui imposent aux actuels locataires de le rester, en passant par l’absence de nouveaux logements disponibles (eh oui : la construction est aussi en baisse), tous les ingrédients sont réunis pour que le marché locatif gèle. Ce n’est pas comme si cela n’avait pas été prévu…

Bref, les mal-logés en France (qui représentent actuellement 4,1 millions de personnes) ne sont pas prêts de s’évaporer autrement que dans les statistiques finement ouvragées présentées dans la propagande d’État…

On aurait donc pu s’attendre, à la suite de ce Conseil national, à un effort marqué en faveur des propriétaires ou des constructeurs.

Que nenni, c’est même le contraire : le gouvernement, superbement représenté par ce frétillant renflement gris de Bruno Le Maire, a estimé nécessaire pour ses finances de supprimer le “dispositif Pinel”. Pour rappel, il s’agit d’une réduction d’impôts sur les biens neufs construits dans le collectif et mis en location sous certaines conditions de prix.

Cette suppression, au moment où les taux d’emprunt explosent à la hausse, accroît encore davantage les difficultés pour les jeunes désirant accéder à la propriété privée.

Couplée avec la réduction drastique du PTZ (prêt à taux zéro) – qui est, lui, prolongé jusqu’en 2027 mais avec un champ d’application bien plus resserré (et qui ne concerne plus les maisons individuelles), tout ceci devrait se traduire par une nette baisse de la mise en vente de logements neufs. Les professionnels du secteur évoquent 200.000 logements neufs perdus (ce qui reviendrait à 60 milliards d’euros d’activité en moins sur le territoire, et environ 150.000 emplois supprimés).

Et pour les Français les plus “chanceux” qui auront le privilège de subir la capitale, le nouveau PLU parisien va ajouter un peu de sel sur ces amusantes plaies fiscales et immobilières : au-delà des 40% de logements sociaux qui promettent à la ville de rendre certains de ses quartiers encore plus sensibles émotifs, l’équipe municipale promet de fournir 300 hectares d’espaces verts supplémentaires ce qui, compte-tenu de l’historique de la Dream Team actuellement au pouvoir, peut faire froid dans le dos. L’objectif d’avoir “40% de l’espace public désimperméabilisé d’ici 2050” (comprenez : on va joyeusement faire sauter l’asphalte) permettra de parfaire un tableau vitaminé où les surmulots y trouveront leur compte.


Dans cette trajectoire déjà délicieuse, le récent projet d’une interdiction des chaudières à gaz sur tout le territoire (prends ça, Poutine !) ressemble presque à la proverbiale cerise sur un gâteau de réjouissances immobilières appétissantes : pour l’un des pays les moins polluant du monde et dont l’impact, en matière de CO2 ou du reste, est absolument microscopique, saborder ainsi tout un secteur marchand et des emplois par milliers est une belle preuve du sens du sacrifice des autres par nos dirigeants.


L’État n’a pas arrêté de s’introduire dans le marché de l’immobilier en accroissant chaque année le nombre de lois contraignantes pour les propriétaires, en donnant toujours plus de latitudes aux locataires et en compliquant la vie des promoteurs, des constructeurs et de tous les professionnels du domaine par une bureaucratie maintenant complètement hors de contrôle.

Pire encore, l’État est directement responsable des tensions tant sur les taux des crédits bancaires (pour rappel, c’est l’État qui est censé avoir le contrôle de la monnaie) que sur le taux d’inflation suite à une série historique de décisions géopolitiques débiles et de distribution prodigue d’argent gratuit des autres qu’il imprime comme jamais. Il s’emploie à présent, comme un pompier pyromane hystérique, à en compenser les effets par une série de mesures parfaitement inappropriées en temps et en ampleur.

Pour compenser les effets de bords de plus en plus grands de ses politiques (les pires étant le contrôle des loyers, garantie politique équivalente à un bombardement en terme de résultats sur l’immobilier), le même État s’emploie maintenant à bricoler toujours plus loin et toujours plus fort les lois existantes dans une fuite en avant sans retour : responsable du problème, ses solutions l’aggravent à chaque coup.

Forcément, ça va bien se passer.