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22 juillet 2023

Yann Bizien

Emmanuel Macron s'est exprimé hier comme un monarque de droit divin venant de changer à la marge ses courtisans et s’adressant à sa petite cour. Il est enfermé dans un monde parallèle et dans une déconnexion totale des réalités, des priorités, des attentes du peuple et de ses difficultés.
Son cap est celui de l'indécision. Il esquive toujours le réel. Il ne s'est même pas adressé aux Français. Et il nous tient toujours un double langage, décidant le contraire de ce qu'il affirme, en particulier sur les questions de souveraineté et d'indépendance alors qu'il soumet tous les jours la France à l'Union européenne et à l'OTAN.
Rien de concret sur le problème migratoire, sur les menaces intérieures, sur la délinquance et la criminalité qui explosent, sur le traitement de leurs causes, sur les réparations consécutives aux émeutes, sur les difficultés de la Police et de la Gendarmerie, sur le redressement de l'École, sur le pouvoir d'achat, qui se dégrade toujours, sur les défaillances d'entreprises, sur la fiscalité punitive, sur la réduction de la dette, sur le marché européen de l'énergie.
L'exécutif n’est même plus capable de reprendre le contrôle du prix de l’électricité produite par nos centrales françaises.
Il prétend choisir la continuité et l'efficacité. Depuis six ans, on le voit, nous n'avons ni l'une, ni l'autre. Bien au contraire, la France recule, s'ensauvage et s'effondre.
Ce président s'adresse plus à la caste mondialiste, européiste et atlantiste, à laquelle il appartient, qu'aux Français.
Lola-Jane Brooks

Chers amis, l'heure est graaaaaaaaaaaaaaaaave.
Notre Ministre rasoir de la Santé sous perfusion, François Braun, aura survécu à la 35ème vague covidiste mais pas aux 100 jours de l'apaisement macroniste.
Après avoir dîné aux côtés de Dupont-Dupont, Ministre des bras d'honneur et de la chanson québécoise, notre Être de lumière a estimé qu'il y avait trop de poids lourds dans son gouvernement, et que ça coûtait cher en resto à cause de l'inflation.
Et comme Elisabeth Borne ne mange que des graines, c'est donc Braun qui est marron. Il l'a bien profond dans le QR, ou dans la HAS, comme on dit en anglais.
Rendons ici grasse à notre rasoir Braun qui aura désengorgé les urgences en imposant d'appeler le 15 avant de s'y rendre, puis en imposant d'appeler son médecin traitant avant d'appeler le 15, puis en imposant de prendre un rendez-vous sur Doctolib avant d'appeler son médecin traitant, puis en imposant de mourir avant de prendre un rendez-vous sur Doctolib.
Il fallait y penser, François l'a fait, fidèle à son illustre modèle, Jean Castex, l'Albert Dupontel de la RATP, dont on retiendra cette sage parole : "Le meilleur moyen de soulager l'hôpital, c'est de ne pas tomber malade !"
Nul doute que notre François saura se reconvertir, à l'instar du gros Pelloux, en urgentiste des plateaux télé, pourquoi pas chez Hanouna. Il lui suffira de traverser la rue.
Je tiens néanmoins à vous rassurer, notre nouveau Ministre de la Santé privatisée, Aurélien Rousseau, possède un pedigree à faire rugir de plaisir tous les covidistes derrière leur FFP2.
Il a en effet dirigé l'agence régionale de Santé Île-de-France pendant le Covid.
Sa femme n'est autre que Marguerite Cazeneuve, ancienne conseillère sociale d'Emmanuel Macron, ancienne consultante chez McKinsey pour lequel elle étudiait les comptes de la sécurité sociale française, et actuelle directrice adjointe de l'Assurance maladie.
Elle a assuré le "pilotage de la gestion de la crise du Covid" pour le gouvernement et a bûché sur la réforme des retraites.
Son frère Pierre Cazeneuve, ancien adjoint au chef de cabinet d’Emmanuel Macron, est désormais député.
Le beau-père de notre douanier Rousseau est également député macroniste, tandis que sa belle-mère est l'ancienne directrice de l'entreprise Elly Lilly, un labo pharmaceutique américain coté en bourse, qui a passé un juteux contrat durant le Covid sur les "anticorps monoclonaux".
Assurément, chers amis, nous sommes entre de bonnes mains gel-hydroalcoolisées.
Les méchants vilains complotistes antivax n'ont qu'à bien se tenir.
Denis Collin

Islamophobe ! disent-ils et, pour eux, c'est une injure au moins aussi grave que "fasciste" voire "nazi". On leur rappellera cette lettre de Charb : "Lettre ouverte aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes."
Car évidemment, l'islam n'étant pas une "race", craindre l'islam ou l'islamisme ne peut être assimilé au racisme. Du reste, ceux qui ont passé leur vie à "bouffer du curé" sont-ils des christianophobes qui devraient comme tels être vilipendés ? En vérité, ces braves gens, originaires essentiellement de la gauche, qui ont entrepris de lutter contre l'islamophobie, veulent d'abord restreindre la liberté d'expression et viennent au secours de cette commission de l'ONU qui propose, en gros, de rétablir le délit de blasphème.
Ajoutons tout de même qu'on a quelques raisons de craindre ces mouvements sectaires (Frères musulmans et autres variétés de salafo-wahhabisme) qui veulent imposer leur domination et liquider la laïcité. Que pensent nos contempteurs de l'islamophobie d'une idéologie qui pense que la femme vaut la moitié d'un homme, que la femme est, par nature, soumise à l'homme (son père, son frère, son mari) ? Que pensent-ils de gens qui attaquent les homosexuels aux cris Allahou Akbar ? Ou qui, comme l'égérie du PIR, se réjouissent quand on les pend à Téhéran ? Que pensent-ils d'une idéologie qui considère que la terre entière doit être convertie, de gré ou de force, les athées devant être tués, les Juifs et les Chrétiens soumis et transformés en citoyens de seconde zone ? Que pensent-ils de leurs bons "camarades" islamistes qui détestent par-dessus tout les Juifs, dont la judéophobie est l'affect le plus puissant, même chez les "modérés" ?
La dénonciation de l'islamophobie est une des pièces d'un dispositif qui se met en place avec la bénédiction de l'UE et des USA. Que les sectateurs de la secte mélenchonique fassent partie de cette entreprise n'est pas très étonnant. Les députés LFI sont largement soutenus par les réseaux fréristes...
Il faudra aussi se demander comment cette lutte contre l'islamophobie est financée. Les pétromonarchies sont riches...

21 juillet 2023

René Chiche

La jeunesse des quartiers populaires mérite mieux que la convergence des idioties. Elle mérite mieux que les éléments de langage de la fausse gauche assaisonnés aux points médians. Elle mérite mieux que Médiapart et Libération. Elle mérite mieux que la sollicitude méprisante des Plenel et de Lagasnerie.
Elle mérite le latin, le grec, la géométrie, la philosophie, Montesquieu et Verdi.
Elle mérite ce que toute jeunesse mérite.
Elle mérite le meilleur.
Point final.
Gérard Boyadjian

Pourquoi devrions-nous accabler le rentrant Gabriel Attal, ou même le sortant Pap Ndiaye ? Pourquoi devrions-nous éructer à chaque nomination encore plus calamiteuse que la précédente ?
Pourquoi devrions-nous être en permanence outrés, indignés, violés par l'étalage incommensurable de nullités (Le Maire, Darmanin, Borne, Dupond-Moretti, Schiappa, etc...), d'incompétence flagrante, de décadence assumée par une endogamie consacrée ?
Emmanuel Macron avait déjà tout annoncé et a tout démontré lors de son premier mandat.
En dépit de son bilan. Depuis l'effondrement économique et social incontestable et malgré toutes les évidences qui s'imposaient à nous, nous l'avons réélu. Nous sommes les seuls responsables.
Nous avons mis nos bourreaux à leurs places et ils nous infligent le châtiment que nous méritons.
Et pour être aussi sincère que pessimiste, je ne vois pas pour quelle raison, ils nous épargneraient cette guerre qui se dessine gentiment sous nos yeux. D'autant plus que c'est leur seule issue et notre très probable destinée.
Je ne sais même plus comment chacun d'entre vous perçoit son avenir en France. Ce pays unique qui jadis fut le joyau du monde. Où les gens se précipitaient de tous les coins pour fouler sa terre, respirer son air, vivre sa musique et chanter sa langue...
Aujourd'hui, non seulement le monde ne regarde plus la France, mais même les Français cherchent à s'en échapper.
Désolation absolue.

DU VERTUISME PROFESSIONNEL

Natalia Routkevitch


« Personne ne ment autant que l'homme indigné. »
Friedrich Nietzsche

Le vertuiste professionnel vit d'indignation. « Indignez-vous ! » est son mot d'ordre quotidien. Ainsi, chaque jour, accouche-t-il d’une déclaration tonitruante dont la véhémence aurait, selon son auteur, un pouvoir magique d'abolir ce contre quoi elle s'élève. Cette indignation rituelle et convenue, très différente de la colère morale spontanée, relève d'une posture idéologique qui génère une bonne conscience à toute épreuve.
« I support the current thing » : le vertuiste professionnel soutient – un peu, beaucoup, à la folie, passionnément – la bonne cause du moment.
« Je suis Charlie », « Metoo », « BLM », « Je porte le masque je sauve des vies », « I-stand-with-Ukraine », « Save-the-planet », « Vacciné 2-3-4 fois » – il change frénétiquement son avatar, pour le mettre aux couleurs de la bonne cause de la saison. Ce "virtue-signalling" permanent lui tient lieu de religion civile. La succession ininterrompue de slogans et d'avatars est destinée à combler le vide idéologique et spirituel dans lequel existent les classes moyennes des sociétés sécularisées. La charge idéologique de chacun des "trends de vertu" saisonniers a une durée de vie de quelques mois, puis le CSP+ occidental passe à la bonne cause suivante, qu'il défend à nouveau avec l'ardeur d'un néophyte. Ce furieux puritanisme sans Dieu est un trait particulièrement intéressant des sociétés modernes.
Comme la nuée porte l'orage, l'indignation porte en elle la dénonciation. Notre vertuiste est un dénonciateur passionné : il juge, dénonce, excommunie... Il pratique le signalement sans réserve. Un post où il voit du "complotisme" = un signalement ; un collègue qui a participé à une activité un peu louche à ses yeux = un signalement ; une personne qui a oublié son masque = un signalement ; une blague qu'il n'a pas aimée = un signalement. Il n'est nullement gêné de reconnaître cette manie, il en est même plutôt fier car en le faisant il accomplirait son devoir civique, aidant à purger la société d'éléments "nocifs".
Aux yeux de notre professionnel d’indignation-dénonciation, sont suspects tous ceux qui refusent de dénoncer l'ennemi désigné du moment ou qui ne le dénoncent pas avec suffisamment de vigueur, de régularité et de conformité rhétorique. Par ce trait – et par plein d'autres – le vertuiste a une grande ressemblance avec les inquisiteurs ou les activistes du Komsomol les plus zélés qui étaient capables de vous dénoncer parce que vous ne manifestiez pas d'adhésion suffisamment enthousiaste à la ligne du parti. Antoine de Saint-Exupéry ne s’y est pas trompé lorsqu’il a dit de "l'homme des manifestes" André Breton : "Si vous n’êtes pas l’homme des Bastilles, c’est faute de pouvoir. Mais dans la mesure où votre faible pouvoir peut s’exercer, vous êtes l’homme des camps de concentration spirituels. Votre châtiment ne dispose comme arme que du manifeste, mais vous en usez contre quiconque ne pense pas absolument comme vous. La liberté de penser me paraît formule vide de sens si elle impose le Conformisme intellectuel et spirituel. »
Car oui, le vertusite professionnel prétend détenir le monopole de la vertu et de la lucidité. Il sait ce qu'est l'information et ce qu'est la désinformation. Vous n'avez qu'à lui faire confiance.
L'existence d'un avis contraire le démange, il a du mal à vivre avec ça. Si quelqu'un ne partage pas son point de vue, c'est qu'il est victime d'une éclipse mentale ou d'une corruption morale. Imaginer que l'on puisse tout simplement avoir un point de vue différent du sien est hors de sa portée. Ceux qui pensent différemment doivent être rééduqués, ou, si cela est impossible, écartés, internés, voire exterminés. « Ce qui constitue une république, c’est la destruction totale de ce qui lui est opposé » dixit Saint-Just.
Son point de vue n’a pas besoin d’arguments pour être accepté. "Les importants n'argumentent point ; ils se contentent de dire la même chose, en haussant seulement le ton. Dotés d’un savoir garanti par leur pouvoir les « importants » ne discutent pas, ils affirment et réaffirment leur unique pensée, en quoi ils disent ce qu’il faut penser. Il s’agit de constituer un stock de lieux communs jugés politiquement convenables, puis de les enfiler en phrases" (P.-A. Taguieff).
Quand un expert qui connaît le terrain se pose des questions sur un événement en cours et temporise avec des conclusions, le vertuiste n'a pas besoin de faits ni de connaissances préalables pour savoir e-xac-te-ment ce qui s'est passé. Dans la minute qui suit l'événement, il dégaine un jugement définitif et sort un manifeste bien rodé. Lorsqu'il arrive que, peu de temps après, les faits lui donnent tort, cela ne le décourage point. Il n'a pas besoin de faits, ils ne l'intéressent pas. Lui, il SAIT. L'indignation poseuse lui tient lieu d'analyses précises et de jugements argumentés. C'est pour cette raison que le vertuiste professionnel est l'invité préféré de nos médias qui carburent à l'émotion et n'ont que faire de compétences.
Le feu intérieur qui brûle le vertuiste ne lui permet pas de s'exprimer dans un langage correct, dans le respect des règles linguistiques et des convenances sociales. L’homme indigné laisse tout cela au commun des mortels. Ces posts – le vertuiste s'exprime surtout via des réseaux sociaux (Twitter de préférence) – sont souvent écrits en lettres capitales et ponctués de points d'exclamation et de smileys éloquents. Rituellement, il clôt son manifeste par un "À gerber !", "Les ennemis de la démocratie, quittez mon mur !" ou un autre coup de gueule censé lui donner de l’importance et faire trembler les "complotistes", les "fascistes", "les-agents-du", et autres ennemis du peuple qu’on désigne aujourd’hui sous le nom des « ennemis de la démocratie ». Ainsi, la forme du post permet-elle souvent de reconnaître un vertuiste professionnel et de fuir, s'il est encore temps.
Malheureusement, quitter la page d’un homme/femme indigné(e) ne vous garantit nullement être à l'abri de ses coups de gueule et de son activisme forcené. À l'étroit sur sa page ou les pages de ses amis, il sévit là où bon lui semble. Tel un missionnaire, il a soif du grand large et sème à tout vent... Il s’autorise à se mêler de chaque conversation et de prêcher sa bonne parole là où il veut, sans s’embarrasser d’usages de politesse. Un inconnu pontifiant, condescendant, voire carrément insultant qui vient vous apostropher sur votre page, c’est souvent lui, le vertuiste professionnel.
Le plus souvent, l’homme indigné pense « contre ». Il se nourrit plutôt de haine que d’amour (sauf s’il s’agit d’amour pour lui-même qui, lui, n’est pas à prouver). Le même Saint-Exupéry cité plus haut a écrit au même Breton : "Vous ne pouvez vous habiller qu’en écrivant « contre » quelque chose. « Pour » qui, ou « pour » quoi êtes-vous ? Vous « êtes » pour André Breton résolument et exclusivement. »
Mais alors, objectera-t-on, cet infatigable pourfendeur de tous les totalitarismes, discriminations et fascismes, n'est-il pas un défenseur ardent de la démocratie? La démocratie, ce nom du Bien, ce nouvel absolu de la croyance publique, ce mantra qu'on invoque d'autant plus souvent que l'on vit dans des démocraties curieuses, sans démos, ni de kratos... « Ils sont obsédés par la démocratie depuis qu'il n'y en a plus », disait de Gaulle à Malraux, peu avant sa mort. La fanfare démocratiste, de plus en plus forte et de plus en plus fausse, n'est qu'un cache-misère de "l'éclipse du projet de l'autonomie" (Castoriadis) et de l'incapacité de gouverner et d’être gouverné dont souffrent les sociétés "démocratistes".
Celles mêmes où le vertuiste professionnel a remplacé le savant, l'intellectuel, le philosophe et où il a toute latitude pour infliger sa pensée binaire et son intransigeance sectaire aux concitoyens et à des hommes politiques devenus insignifiants et impuissants.
Radu Portocala

La mort qui est porteuse de silence peut aussi interrompre le silence – celui que je m’étais imposé pour quelques semaines – quand il s’agit de parler d’elle et de celui qu’elle a enlevé.
Je n’ai jamais rencontré Alexandre Adler – dont certains, ces jours-ci, déplorent la disparition ; j’ai parlé une seule fois avec lui, au téléphone. Pourtant, il a joué un rôle profondément négatif dans mon existence.
En octobre 1990, je publiais chez Calmann-Lévy « Autopsie du coup d’État roumain », un livre (suivi de deux autres, en 2009 et 2019) dans lequel je démontrais que ce n’était pas une révolution qui avait renversé Ceausescu, mais un coup d’État dirigé par les services soviétiques. Dans le dernier chapitre, je donnais la liste des membres du gouvernement issu de cette opération. Bien entendu, je citais avant tous les autres le premier ministre Petre Roman, fils de Walter Roman, apparatchik communiste de la première heure, arrivé à Bucarest en août 1944 sur les chars soviétiques et dûment oint par Moscou. Toutes choses archi-connues en Roumanie.
Quelques mois plus tard, Adler m’appela pour me dire qu’il était très fâché contre moi. Comme nous ne nous étions jamais rencontrés, je fus étonné. Il m’expliqua que son énervement venait du fait que j’avais écrit « des choses horribles sur Walter Roman ». Après quelques minutes d’une discussion que je qualifierais de parfaitement stupide – et durant laquelle il essaya de me convaincre que Walter Roman avait été un brave opposant au régime communiste –, je lui demandai d’où il tenait toutes ces absurdités. Il me répondit : « Mais vous ne savez pas ? Walter était mon oncle. Petre est mon cousin. » Et il m’expliqua que, pendant plus d’un an, il s’était occupé de Walter Roman, qui, malade, avait été envoyé à Paris par le Comité central roumain pour se faire soigner. J’essayai de lui montrer que jamais un opposant au régime ne pouvait jouir d’un tel privilège, mais ce fut peine perdue. Il mit fin à l’appel en me disant : « Ça ne restera pas là ! » Autrement dit, en me menaçant.
À l’époque, j’écrivais dans « Le Point » et il arrivait que je sois invité dans des émissions de radio ou de télévision. J’avais un certain nombre d’amis dans la presse. Adler, agissant certainement pour le compte de son lamentable cousin Petre Roman, qui a cherché pendant des années à présenter son père comme un héros, n’a pas tardé à faire une première tentative auprès du « Point ». Il a cherché à persuader la direction du journal que j’avais, jusqu’en 1989, fait de l’espionnage pour les services de Bucarest. On lui rit au nez.
Il eut plus de succès avec la deuxième tentative. En bon délateur doublé d’un mythomane, il informa la direction du « Point » que je fréquentais assidûment les milieux fascistes. Avec une telle accusation, il ne pouvait rater son coup. Le journal m’informa, donc, que ma collaboration n’était plus nécessaire ou souhaitable. En même temps, toutes les rédactions avec lesquelles je pouvais espérer collaborer me fermaient leurs portes. Plus personne ne répondait à mes appels, les articles que j’envoyais n’étaient même pas lus. Mes « amis » journalistes me tournèrent tous le dos – même ceux qui, peu de temps auparavant, s’invitaient à dîner et me commandaient tel ou tel plat roumain. (Si j’étais un tant soit peu mesquin, je pourrais donner ici quelques noms, car certains d’entre eux sont devenus assez connus.)
En somme, Adler, avec l’aide de rédactions stupides, m’a soumis à une censure complète, définitive – comme appliquant une technique apprise dans un manuel du Komintern. Ce qui, d’ailleurs, est assez logique, car il a été membre du Parti communiste – auquel il a adhéré précisément au moment ou nombre d’intellectuels – et pas seulement – le quittaient, c’est-à-dire après l’invasion soviétique de la Tchécoslovaquie, en 1968. Un choix plutôt lamentable.
En 1994, j’obtins un petit poste au « Courrier international ». Je devais dénicher et traduire, de temps à autre, des articles de la presse roumaine. C’était un petit travail, très peu payé. Mais cet argent m’était utile. Un an après le commencement de cette activité, je reçus une lettre m’annonçant en termes pompeux qu’une vaste restructuration de la rédaction « nous oblige de nous séparer de bon nombre de nos collaborateurs ». J’appelai mon chef de service, qui était devenu un ami, et lui demandai combien de malheureux avaient été sacrifiés sur l’autel de cette restructuration. Il me répondit simplement : « Un seul. Toi. » Pourquoi ? Mais parce que Adler venait d’être nommé au poste de directeur de la rédaction !
Je compris alors qu’il ne voulait pas seulement m’empêcher de publier, mais aussi m’empêcher de gagner mon pain, me pousser peut-être à devenir balayeur ou laveur de voitures. Tout cela afin de défendre un personnage dont un pays entier sait qu’il a été un misérable. Pour célébrer les 20 ans de la chute de Ceausescu, « Le Figaro » n’a rien trouvé de mieux que de publier un éloge de Walter Roman, tissu de mensonges, rédigé par Adler. Rien d’autre !
Je ne me suis pas réjoui quand « Le Point » (car il y a parfois une symétrie dans la vie) l’a envoyé promener parce qu’il cherchait à publier des choses qui n’étaient pas vraies ; ni quand LCI a cessé de l’inviter parce qu’il avait cité dans ses commentaires des noms qui n’existaient pas ; ni quand la rédaction du « Courrier international » a compris que le grand savoir dont il faisait étalage lorsqu’il était invité à la télévision était dû à de très longues consultations préalables de l’Encyclopædia Britannica ; ni quand, petit à petit, nombre de gens sérieux ont compris que ce qu’il présentait comme des analyses savantes n’avait aucun intérêt. Je ne me réjouis non plus de sa mort. Je dois être dépourvu de cette capacité, puisque même la mort de Ceausescu ne m’a produit aucune réjouissance. Je n’espère même pas qu’il payera le mal qu’il m’a fait, ni les 27 ans de silence qu’il m’a infligés. J’espère tout simplement ne pas avoir le désagrément de lire ici ou là qu’il était un homme bien, car il ne l’était définitivement pas.

19 juillet 2023

Yann Bizien

Avec cette image d'autosatisfaction, de BFM TV, agence de communication de l'exécutif, je publie l'éditorial du Figaro de ce jour. Il dit tout le contraire, en quelques mots seulement, sur Emmanuel Macron et le Gouvernement.

La France s'en moque. Le fait majeur de ce dernier épisode politique, ce n'est pas le maintien d'Élisabeth Borne à Matignon ou l'hégémonie contenue de Gérald Darmanin à l'intérieur du gouvernement, c'est l'indifférence totale de l'opinion pour ce jeu de pouvoir. La hausse de 10 % des tarifs de l'électricité le 1er août l'emporte déja dans les conversations. Signe supplémentaire de la dévitalisation de la décision politique. Illustration spectaculaire de la faiblesse, même symbolique, de ce second quinquennat. Le maître des horloges perd son temps : du haut de son nuage, Jupiter procrastine, tergiverse, hésite à faire tomber la foudre, et finalement décide de ne rien décider.
Quant à la parole publique, épuisée de considérations sur à peu près tous les sujets, elle rechigne à s'emparer d'un événement essentiel, des émeutes violentissimes, qui pose à notre nation une question existentielle. Emmanuel Macron finira, paraît-il, par l'évoquer dans la semaine, mais, pour justifier cette latence, il lui faudra accompagner son propos de décisions fortes.
Non, l'ordre n'est pas revenu quand, malgré la mobilisation du Raid, du GIGN et de dizaines de milliers de policiers et de gendarmes, des voitures brûlent par centaines le week-end du 14 Juillet. Non, cet embrasement spectaculaire, et peut-être prémonitoire, n'est pas éteint. Chaque semaine, forces de l'ordre, pompiers, médecins, simples citoyens subissent physiquement les coups de la violence gratuite. Les émeutes furent la forme extrême d'un phénomène de basse intensité qui traverse le pays tous les jours de l'année et qui étend sa menace sur les moindres détails de la vie quotidienne. Elles sont la conséquence d'une immigration hors de contrôle, d'une intégration en lambeaux, d'une autorité introuvable, d'une école en ruine. Las ! Pour le gouvernement, l'immigration n'a rien à voir avec tout cela. Quant au ministre de l'Éducation, il semble plus occupé, dans un élan mélenchonien, à trier le bon grain de l'ivraie d' « extrême droite » dans les rédactions des radios et des télévisions qu'à restaurer les savoirs fondamentaux ou à panser les plaies des dizaines d'écoles détruites...
Face à l'ampleur de ce défi, ce minuscule jeu de chaises musicales au sommet du pouvoir a quelque chose de dérisoire, sinon d'indécent.
Le maître des horloges perd son temps.
LE FIGARO

18 juillet 2023

Dominique Lelys

Lorsque Milan Kundera nous parlait, dans la Revue des Deux Mondes, de la disparition de notre civilisation…

« Une chose me paraît évidente : l'Europe nous a quittés. Son départ vers le néant s'est passé devant nos yeux. Et nous faisons semblant de n'avoir rien vu. Peut-être n'avons-nous vraiment rien vu. Cet incroyable événement n’a donc été ni médité, ni analysé, ni même décrit, ni même constaté, parce que le monde tel qu'il s'est formé dans les dernières décennies est devenu indifférent à l'œuvre de Goethe, à celle de Fichte, d’Heidegger, de Fellini, donc à leur présence et à leur absence. Si un vieil oncle que personne n'a fréquenté meurt, on pourra facilement ne pas s'apercevoir de sa disparition. Qui d'ailleurs est vraiment bouleversé, atteint, abîmé par l'effacement de la culture européenne ? Il y a malgré tout deux victimes qui doivent en souffrir : d'abord, bien sûr, la philosophie et l'art eux-mêmes. Et puis, la France. Car l'autorité exceptionnelle de la France dans les deux, trois derniers siècles était due à la place privilégiée que les œuvres culturelles occupaient dans la vie de l'Europe. Je parle à partir de mon expérience personnelle : l'ambiance spirituelle de toute ma jeunesse tchèque fut marquée par une francophilie passionnée. C'était juste après la guerre; ce qui signifie que l'amour de la France a plus ou moins facilement survécu au choc de Munich (pourtant vécu douloureusement comme une trahison). Comment a-t-il pu y survivre? Parce que l'amour de la France ne résidait jamais dans une admiration des hommes d'État français, jamais dans une identification à la politique française ; il résidait exclusivement dans la passion pour la culture de la France : pour sa pensée, pour sa littérature, pour son art (l'art moderne en particulier). Quand la culture pour un Européen ne représente plus grand-chose, c'est par une logique fatale que le monde devient indifférent à la France.
Et puisqu'on rejette le passé toujours avec une certaine passion, cette indifférence prend souvent le caractère d'une aversion, et l'indifférence à la France devient francophobie (une raison de plus pour moi d'aimer la France, sans euphorie, d'un amour angoissé, têtu, nostalgique). »

Extension indéfinie du champ de « l’extrême droite »

Maxime Tandonnet

M. Mélenchon traite le CRIF d’extrême droite, M. Pap N’Diaye traite Cnews et Europe 1 d’extrême droite, Libé traite Franck Ferrand d’extrême droite. Ne parlons même pas du propos scandaleux sur le CRIF. Le cas de Franck Ferrand est intéressant. Il subit un peu la même tentative de diabolisation que Lorent Deutsch. Raconter l’histoire, le déroulement des événements autour de la Nation et des ses héros ou traitres, captiver le grand public grâce au récit national serait désormais d’extrême droite… Cela fait penser à la remarque d’EM qui voulait « déconstruire notre histoire ». Bref, la Nation et les racines deviendraient d’extrême droite. En fait cette expression est devenue l’insulte suprême des bienpensants. Tout ce qui n’est pas dans leur ligne, dans le sens des modes idéologiques, déconstruction, woquisme, multiculturalisme, climatisme, serait désormais, par définition, d’extrême droite. Or, cette formule, réduite à n’être qu’une insulte, un épouvantail, ne veut plus dire grand chose. Historiquement, l’extrême droite se définissait par le culte du chef (le Führer, le Caudillo ou le Duce), le refus du suffrage universel comme principe de légitimité, donc la préférence en faveur d’une « autorité verticale » contre la démocratie ou le pouvoir du peuple, le parti et la pensée uniques, l’emprisonnement ou l’assassinat des opposants, l’interdiction des libertés publiques (presse, expression, réunion, syndicale). D’ailleurs, à bien des égard, l’extrême droite partage des points communs avec l’extrême gauche, en tout cas la tentation totalitaire. Ce naufrage dans une logique d’opprobre et de diabolisation du monde politico-médiatique est bien le signe de sa crétinisation: dès lors qu’il n’a plus rien à dire, à court d’arguments et d’idées, il lui reste l’injure pour s’exprimer.