9/9/2023 – La France compte aujourd’hui parmi les six pays les plus endettés au sein de l’Union européenne. En mars 2023, sa dette publique a franchi la barre des 3000 milliards. Alors que les taux d’emprunt continuent à augmenter, des inquiétudes sur la capacité du pays à pouvoir encore longtemps « rouler » sa dette se soulèvent.
Selon les chiffres d’Eurostat, l’endettement des États membres qui composent l’Union européenne a connu un bond lors de la crise du Covid-19 en 2020 jusqu’à 2021, avant d’entamer une décrue à partir du deuxième trimestre de cette année-là. En revanche, à ce jour, six des Vingt-Sept détiennent encore une dette publique supérieure à 100% de leur PIB. En tête de peloton, on retrouve la Grèce avec un ratio atteignant 168,3%, devant l’Italie (143,5%), le Portugal (113,8%), l’Espagne (112,8%). En cinquième position vient la France, avec une dette qui représente 112,4% de son PIB, soit plus de 3000 milliards d’euros. Et enfin, la Belgique (107,4%).
Les mesures sanitaires ont creusé le trou de la dette
Ces chiffres inquiètent, puisqu’ils se situent bien au-dessus de la moyenne européenne d’endettement, qui s’établit au premier trimestre de 2023 en moyenne à 83,7% du PIB (contre 87,4% au premier trimestre 2022).
L’explosion de la dette publique s’explique en majeure partie par la tentative des gouvernements de juguler les conséquences économiques et sociales de leurs politiques sanitaires, notamment en matière de confinement. Aussi, en France, fin 2019, si la dette publique française représentait 97,4% du PIB, elle avait atteint, en 2022, 111,6% du PIB. En valeur numérique, de 2374 milliards d’euros en 2019, cet endettement est monté en 2022 à 2950 milliards d’euros, avant de franchir la barre symbolique des 3000 milliards d’euros en mars 2023.
Plus de la moitié de l'endettement sous Emmanuel Macron est imputable aux mesures de restrictions de libertés liées à la période Covid. En effet, sur le montant total d’endettement, 165 milliards correspondent aux aides versées par l’État pour les compenser (mesures d’urgence de relance, chômage partiel, allègements de charges, fonds de solidarité…). Et à cela, il faut ajouter une somme à peu près identique (155 milliards d’euros) correspondant aux pertes de recettes fiscales (cotisations sociales, TVA…). Hors crise sanitaire, Emmanuel Macron aura donc creusé le déficit public d’environ 300 milliards d’euros, s’inscrivant ainsi dans la continuité de son prédécesseur François Hollande, qui avait augmenté la dette de la France de 341 milliards d’euros durant sa présidence socialiste.
Des taux d’emprunt en hausse
Les trois années de « quoi qu’il en coûte » n’ont pas non plus été sans conséquences. Estimant que le contexte politique et social pourrait compliquer le renflouement du déficit et de la dette, et au regard des perspectives de croissance moins élevées qu’anticipé, l’agence de notation Fitch avait décidé fin avril de dégrader la note de crédit de la France à « AA- ». Une première depuis neuf ans. Les marchés financiers s’appuient sur cette note, croisée avec celles d’autres agences, pour définir les taux de leurs prêts aux États.
Alors que les taux avaient été négatifs en 2020 (-0,30%) et 2021 (-0,28%), la France avait emprunté en moyenne à 1,03% en 2022. Aujourd’hui, les taux d’emprunt ont dépassé les 3%, posant de nouveau la question de la nécessité de réduire la dépense publique alors que la charge de la dette risque de se faire sentir de plus en plus sur les comptes publics. Le roulement de la dette, c’est-à-dire le remboursement des emprunts arrivés à échéance par de nouveaux emprunts, devient de plus en plus difficile à poursuivre dès lors que les taux d’intérêt remontent, voire s’envolent, puisque les nouveaux emprunts coûtent plus chers que les anciens.
À cet égard, les agences de notation, organismes privés indépendants des États, jouent un rôle non négligeable. Jusqu’à 2011, l’Hexagone bénéficiait de la note maximum (AAA) dans toutes les agences, puis Fitch Ratings a fait passer la note française à AA+ en 2013, à AA en 2014 et enfin à AA- en 2023. Derrière cette rétrogradation, certains à l’instar de Yves Bourdillon, journaliste chez Les Echos, y ont vu la conséquence « de décennies d’irresponsabilité budgétaire ». Le dernier budget de l’État en équilibre remonte en effet à 1974, soit bientôt un demi-siècle de déficit ininterrompu.