Gilles La Carbona
Et hop, un nouveau 49.3 se profile pour l’adoption du budget. Ça ne choque plus personne, surtout pas les députés de l’opposition, devenus experts en bidonnages en tous genres. Que plus aucun texte ne soit voté ne les chagrine pas. Ils ont l’occasion de faire tomber Borne, mais au dernier moment, comme toujours et même sans explication, ils se dispensent de voter une motion de censure. Leurs grandes déclarations de cet été, envolées, les appels de Dupont-Aignan, oubliés, les récentes mise en garde des LR au soir des sénatoriales, déjà du passé. Accrochés à leurs sièges et privilèges, ils s’apprêtent à laisser faire. Qu’importe que ce budget ne soit pas viable, qu’il aille contre l’intérêt de la nation, l’heure est à la passivité, comme depuis le début du mandat. Les LR, mais désormais le RN y vont de leur complicité, plus ou moins affichée.
Ils se nourrissent du mensonge d’un grand soir ou tous unis, ils feraient tomber le gouvernement Borne, mais ce n’est là qu’une illusion qu’ils distillent pour faire bien. Semblables dans la duplicité et la simulation, ils jouent. D’abord avec nos nerfs, puis avec notre espérance à penser qu’ils sont différents, mais là, les masques sont tombés. L’espoir est une fausse motivation, on sait à présent qu’ils ne bougeront jamais et Macron en est conscient depuis longtemps. Ce n’est même pas une question de budget, il suffit de regarder ce que devient la France, sous la politique macronienne, pour se convaincre que renverser ce gouvernement est une nécessité. À ce titre toute nouvelle motion de censure devrait faire l’unanimité. Macron est en train de désosser l’unité du territoire français, en offrant l’autonomie à la Corse, alors qu’elle est rattachée à la république par deux départements. Cette promesse électorale est en l’état contraire à la constitution, « la France est une république indivisible… ». Les départements ne peuvent, par leur statut, détenir une autonomie, il faut donc démanteler la structure administrative actuelle pour créer autre chose, et nos députés ne bronchent pas. Même si Sébastien Chenu, du RN, explique que le démantèlement de la France est sans doute un objectif inavoué du président.
Il n’y a pas que le seul sujet du budget à prendre en considération, mais RN, LR et toute la droite ferment les yeux, laissent faire, ils préfèrent s’abstenir. Les a-t-on élus pour s’abstenir ? Non. Pas plus qu’on ne les a mis là pour caresser Macron et son gouvernement dans le sens du poil. Pour comparer, ce serait un peu comme si le XV de France s’effaçait devant la Nouvelle-Zélande, ou bientôt l’Afrique du Sud, pour accepter la défaite au motif qu’ils sont devant nous depuis si longtemps qu’il serait injurieux de les évincer.
Nous évoquions une opposition de carton il y a peu, complice de Macron, en mettant l’accent sur la collusion des LR, c’était sans compter avec la nouvelle alliance, et là, curieusement le camp du bien n’a rien à redire sur l’attitude du RN, qui aux yeux des électeurs ne se grandit pas, bien au contraire.
Vu la situation économique et sociale, nous ne cessons de le répéter au RPF et d’autres avec nous, la réflexion ne devrait même pas porter sur le bien fondé de la motion, mais sur la simple nécessité de ne louper aucune des occasions de faire tomber le gouvernement Borne. Face à un tel ennemi, on ne fait pas preuve de bons sentiments, on frappe, tous les coups doivent être joués. Mais non, il n’y a que la gauche qui se montre vindicative et qui fait montre d’une constance, qu’on ne peut que saluer, d’user, dès qu’elle le peut, de l’initiative de renverser Borne. Nous avons tous compris que ce parlement n’a aucune envie de chasser ce gouvernement et qu’ils vont nous amuser encore de nombreux mois. Il est inutile de persister à soutenir les uns ou les autres, aucun ne mérite qu’on lui accorde sa confiance, il faut résolument se tourner vers ceux qui sont absents de l’hémicycle, ou peu représentés, comme Debout La France, les Patriotes, l’UPR, ou d’autres, qui voudront bien se déclarer favorables à l’unité d’action pour virer cette clique. Dans le doute, ce sont les seuls qui apparaissent comme de vrais opposants, tous les autres ne sont que des grimaciers, des hypocrites, qui biberonnent tranquillement.
Il est de plus en plus évident que la déconnexion entre les élus et le peuple est consommée, que le peuple français se retrouve à la fois esseulé et sans porte parole, trompé par ceux là même qui laissent se déliter une république qui leur a pourtant permis de siéger là où ils sont, dans un velours rouge, d’où l’on peut se permettre d’ignorer les fins de mois difficiles, l’inflation, l’insécurité et le délabrement des services publics. Nous sommes sans doute à une charnière de la vie du pays, à ne pas savoir ce qu’il adviendra de cette France, deux fois millénaire, dont le pronostic vital, comme le dit un général, est désormais engagé.