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15 octobre 2023

Ukraine, le béton médiatique se fissure


Serge Halimi & Pierre Rimbert

Google aurait, selon le New York Times, mis au point un robot capable de rédiger des articles de presse. Le traitement médiatique de la guerre en Ukraine suggère pourtant que les éditorialistes disposent d’une avance difficilement rattrapable en matière d’écriture automatique. En France, par exemple, une triade jusqu’au-boutiste formée par Le Monde, Le Figaro et Libération donne le ton et aligne, parfois au mot près, les mêmes mots d’ordre : « Céder face à Poutine signerait une défaite stratégique catastrophique pour l’Occident. (…) Les alliés de Kiev devront accélérer le rythme et la qualité des livraisons d’armes », proclame Le Figaro (10 août 2023). « Oui, cette guerre risque d’être longue. Le seul moyen de l’abréger est d’intensifier l’assistance militaire à l’Ukraine », confirme l’éditorialiste du Monde (18 août 2023). D’autant, insiste Serge July dans Libération (14 août 2023), qu’« il s’agit d’une guerre au cœur de l’Europe contre les régimes autoritaires, antidémocratiques qui privilégient la force et la tyrannie ». France Inter, LCI, BFM TV et la plupart des autres médias exécutent la même partition.

Déterminés à en découdre — mais à bonne distance des combats —, les maréchaux de l’information mobilisent leurs experts pour appuyer leurs analyses. Ce sont les mêmes qui patrouillent d’une antenne à l’autre : Thomas Gomart, François Heisbourg, Bruno Tertrais, Michel Duclos, etc. Mais Pierre Servent leur vole souvent la vedette. « Éditorialiste politique de TF1-LCI », « conseiller défense du Parisien », il mériterait aussi de disposer d’un lit de camp dans les studios de France Inter tant il y est invité. Son approche scientifique évoque parfois Tintin au pays des Soviets. Il a accusé à plusieurs reprises les Russes d’avoir saboté leur propre pipeline Nord Stream 2, mais en précisant : « J’avoue que je n’ai pas de preuves pour ça » (LCI, 30 octobre 2022). Aucun risque cependant qu’on le juge « complotiste » ; l’étiquette est réservée aux critiques du discours dominant.

La farandole pluraliste serait incomplète sans Isabelle Lasserre, journaliste du Figaro, néoconservatrice elle aussi très appréciée de France Inter et de LCI. Sans M. Raphaël Glucksmann, surtout, député européen socialiste dont le dernier ouvrage, La Grande Confrontation (entre la Russie et les démocraties libérales), a été salué par l’ensemble de la presse, y compris bien sûr par la triade Le Figaro - Le Monde - Libération. « Ne cédons pas à la tentation de la capitulation », haranguait-il également dans L’Express (24 août 2023). La couverture de l’hebdomadaire, réalisé « en partenariat avec LCI », ordonnait alors : « Tenir ! ». Le 16 février précédent, un autre numéro spécial de L’Express, titré « L’Ukraine doit vaincre », avait été conçu « en partenariat avec France Info ».

Mais comment « tenir », à plus forte raison « vaincre », quand les grands journaux américains, voire le président Volodymyr Zelensky lui-même, concèdent le piétinement de la contre-offensive ukrainienne et l’impuissance des sanctions occidentales à détruire l’économie et l’armée russes ? Un lectorat préparé depuis l’été 2022 aux succès militaires foudroyants de Kiev pourrait se trouver désorienté. Pour le tranquilliser, plusieurs solutions existent.

Premier tour de passe-passe, toute mauvaise nouvelle factuelle s’accompagne de la promesse d’une amélioration à venir. Le 2 août dernier, le Wall Street Journal admet sombrement que « l’incapacité de l’Occident à briser l’économie russe se double d’un échec sur le champ de bataille en dépit d’une série de livraisons d’armes létales à Kiev et d’un appui économique à l’Ukraine ». Le Fonds monétaire international (FMI) venait de relever ses prévisions de croissance pour la Russie à + 1,5 % en 2023, bien loin des - 50 % promis par la Maison Blanche au printemps 2022. Toutefois, grâce à une experte, l’article peut conclure sur une note rassurante : « L’économie russe n’est pas soutenable à long terme. Cela rappelle l’ère soviétique et nous savons comment ça s’est terminé. » Soixante-douze heures auparavant, le New York Times convoquait la même économiste : « Un jour, cela pourrait s’effondrer comme un château de cartes » (31 juillet 2023).

En attendant ce nirvana, il suffit de réclamer un nouveau « train de sanctions » ainsi qu’une accélération des livraisons d’armes. Et d’associer les sceptiques à des agents de l’ennemi. Il y a un an, sur France Inter, Pierre Haski pouvait encore s’enferrer dans le déni : « Les amis de Moscou tentent de lancer un débat sur l’efficacité des sanctions contre la Russie » (6 septembre 2022). Mais, depuis le mois d’août, les grands quotidiens français doivent concéder l’enlisement de la contre-offensive, l’ampleur des pertes ukrainiennes, l’effritement du soutien occidental, le rétrécissement des perspectives militaires, puisque… la presse américaine les détaille désormais quotidiennement.

Le récit médiatique d’une résistance enthousiaste, astucieuse, promise au succès, devient plus délicat. Quelques jours après l’invasion russe, la journaliste de France 2 Maryse Burgot insistait dans le journal télévisé sur le cas de « ce père de famille [qui] nous propose d’entendre ses filles chanter l’hymne ukrainien » (27 février 2022). Le 19 septembre dernier, elle consacrait un sujet de près de cinq minutes aux milliers d’Ukrainiens « qui veulent échapper au front » en tentant de franchir illégalement la frontière de leur pays pour se rendre en Roumanie, et à la difficulté pour Kiev de mobiliser des troupes fraîches — un angle jusque-là réservé aux déserteurs russes. L’annonce par le président ukrainien d’éclatantes victoires à venir suffira-t-elle à remettre les pendules à l’heure ?

Deuxième méthode pour surmonter les déconvenues : maximiser l’enjeu en martelant que cette guerre est la nôtre. La ritournelle des « Ukrainiens qui se battent pour nos valeurs » souffre cependant d’une équivoque : lesquelles ? Celles du libéralisme libertaire, cher aux Verts allemands, ou celles du conservatisme autoritaire des dirigeants polonais ? Journaliste au Figaro et thuriféraire de la campagne de M. Éric Zemmour en 2022, Laure Mandeville a répondu à sa manière. Peu après les émeutes dans les banlieues de l’été dernier, elle assimile les jeunes Français en révolte, présentés comme des étrangers, aux envahisseurs russes : « Ces deux défis existentiels s’entrelacent étroitement. Car dans les deux cas, l’Europe est confrontée à de nouveaux barbares qui ont la haine de notre civilisation et qui sont prêts à piétiner tous les principes pour prendre le dessus » (Le Figaro, 7 juillet 2023). Mandeville admet que ce rapprochement insolite entre deux ennemis n’ayant pas grand-chose en commun lui a été soufflé par le diplomate ukrainien Olexander Scherba. Nul doute que, lorsque ce dernier rencontre des journalistes socialistes ou écologistes, il préfère mettre en avant le « rêve européen » et l’homophobie des dirigeants russes.

Troisième astuce : quand le silence sur une méprise médiatique devient trop pesant, la presse française rectifie en catimini et au conditionnel ses fake news annoncées en gros titres et à l’indicatif. Le 6 septembre, les rédactions imputent l’explosion d’un missile sur le marché de Kostiantynivka en Ukraine (quinze morts) à « une frappe russe (1) », conformément à l’explication aussitôt fournie par le président Zelensky. Mais, cette fois, le New York Times (18 septembre) s’emploie à vérifier l’information. Son enquête « suggère fortement que la frappe catastrophique provient d’un missile de défense aérienne ukrainien errant ». Sans enthousiasme, France Culture, qui dénonçait douze jours plus tôt « une attaque russe », concède qu’« il pourrait s’agir en fait d’une erreur de l’armée ukrainienne » (19 septembre).

À mesure qu’elles tissent la toile de fond médiatique du conflit, toutes ces ficelles font apparaître un angle mort de plus en plus flagrant : l’analyse du traitement journalistique lui-même. Auparavant, quelques semaines suffisaient aux dirigeants éditoriaux pour « décrypter » leur propre travail. Le modèle était rodé. Animés d’une lucidité exclusivement rétrospective, ils déploraient les « dérapages » de l’information repérés lors des conflits précédents pour se déclarer par contraste très satisfaits de leur couverture de celui en cours. En 1999, alors que l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) bombarde la Serbie pour favoriser l’indépendance du Kosovo, la presse relaie les affirmations souvent manipulatrices du porte-parole de l’Alliance atlantique. Simultanément, les chefferies éditoriales s’autocongratulent : « Aujourd’hui on sait prendre du recul. Par rapport au porte-parole de l’OTAN, on relativise. On met tout en doute, puisqu’on ne peut rien prouver » (LCI) ; « Échaudés par la guerre du Golfe, les médias français peuvent être cités en exemple, qui font — pour les deux camps — la traque à la désinformation » (Le Journal du dimanche) ; « Les journalistes font bien attention à ne pas faire de “propagande” pour un camp ou pour l’autre » (Charlie Hebdo) ; « Le Kosovo est un bon exemple de la capacité des journalistes à tirer les leçons de l’expérience » (Télérama), etc. Six mois après la fin du conflit, Le Monde admettra pourtant que « pour défendre leur opération, les dirigeants occidentaux ont avancé des chiffres approximatifs de victimes, des contre-vérités et des énormités ». Des « énormités », le quotidien du soir en avait relayé quelques-unes. Dont un monumental bobard de guerre, le « plan Potkova », pseudo-projet serbe de nettoyage ethnique du Kosovo (2).

Avec le conflit ukrainien, qui dure pourtant depuis plus de dix-huit mois, la question du traitement médiatique n’est même plus posée — sauf pour enfoncer les portes ouvertes de la propagande russe. En 1999, le correspondant de France Inter auprès de l’OTAN à Bruxelles avouait avec candeur : « Je pense ne jamais avoir été manipulé, ou alors je l’étais tellement bien que je ne m’en étais pas rendu compte. » Cette fois, des militants affichés de la cause ukrainienne, comme Léa Salamé dans les médias publics ou Darius Rochebin sur LCI, ont pour dessein premier non pas d’informer, mais de mobiliser leur audience au service de Kiev. De son côté, le président Zelensky ne cache pas qu’il cherche à « convaincre » les gouvernements occidentaux d’accroître l’aide à son pays « en faisant pression sur eux via les médias » (The Economist, 16 septembre). Cette guerre-là au moins, il l’a déjà gagnée.

13 octobre 2023

Tiephaine Soter

Hubert Reeves est décédé aujourd'hui. Je ne parle pas souvent de ce genre de non-événement, mais ce décès a pour moi un caractère particulier.
J'ai eu l'immense chance de pouvoir le rencontrer lorsque j'étais en terminale, au lycée Saint-Louis à Saumur. Il était généreusement venu passer deux heures avec nous, pour nous parler des étoiles, bien sûr, mais finalement pas seulement. Il nous a parlé de paix. Son discours, à l'époque, m'était un peu passé au-dessus, mais est toujours resté dans ma mémoire, et a influencé ma trajectoire professionnelle et personnelle. C'est en partie grâce à lui qu'aujourd'hui, je partage des analyses que je veux les plus neutres possibles sur les grands événements de notre monde.
Je me remémore forcément un morceau de ce dont il nous a parlé, aujourd'hui, et que je vous partage maintenant.
Hubert Reeves avait rencontré Yasser Arafat, alors à la tête de ce qui tenait lieu d'autorité palestinienne. C'était une délégation française "pour la paix", très politisée, dont rien n'était ressorti, mais les deux hommes avaient pu s'entretenir un peu hors cadre, hors caméra. Et le discours d'Arafat était radicalement différent : lui-même n'aspirait qu'à la paix avec Israël, et rêvait d'un jour où "enfants palestiniens et israéliens pourraient jouer ensemble au foot dans la rue".
A l'époque comme aujourd'hui, d'ailleurs, je me disais qu'Hubert Reeves avait été "endormi" par un beau discours.
Et pourtant, combien les choses auraient été différentes aujourd'hui, si ce "beau discours" avait été entendu pour ce qu'il était : un message de paix et de fraternité.
On ne peut pas toujours vivre dans la haine.
Hubert Reeves était un rêveur, un idéaliste, un artisan de la paix, à son échelle. Nous manquons de personnalités à son image, de vraies personnes sincères, et non motivées par une idéologie politique.
J'espère qu'il ne sera pas oublié.
Catherine Wiborg

Un des plus beaux métiers du monde est en passe de devenir un des plus dangereux. Que tous les membres du corps enseignant, et en premier, ceux qui sont si courageusement intervenus à Arras, soient assurés de notre reconnaissance et de notre soutien. Il est impératif qu'ils soient soutenus et protégés.
(Aquarelle de Catherine Wiborg)

THIERRY LA GOURDE ET SA FRONDE

Gabriel Nerciat

Non, mais on croit rêver !
Pour qui à la fin se prennent ces gens : Breton, von der Leyen, Lagarde et tutti quanti ? Ils vont aussi nous conseiller une marque de préservatifs ou une crème contre les hémorroïdes ?
Ta gueule d'artichaut, Ducon, tu crois vraiment qu'on veut l'échanger contre la nôtre ?
Cette fois, c'est décidé : dès cette semaine, je m'inscris chez Elon Musk.

[Spiritualité]

Yann Thibaud

La véritable fonction de l'intuition n'est aucunement de trouver les chiffres du loto ou du tiercé (ce qui s'avérerait passablement difficile ou complexe).
La fonction de l'intuition est en réalité de nature spirituelle, car la voix de l'intuition n'est autre que celle de notre être profond, de notre nature essentielle ou, pour le dire clairement, de notre divinité intérieure.
En effet, que nous en soyons ou non conscient, notre identité véritable est grandiose et glorieuse, notre essence est divine, comme l'attestent les témoignages d'épisodes d'expansion de conscience, vécus par les mystiques de toutes les traditions, sur tous les continents.
Tous s'accordent ainsi à reconnaître qu'ils ont découvert, parfois à leur grande surprise, qu'ils n'étaient aucunement des êtres médiocres, stupides ou limités, mais tout simplement ce que l'on nomme Dieu ou, pour être précis, une parcelle, un aspect, une expression ou manifestation de tout ce qui est, du grand tout.
Et l'intuition, dès lors, est tout simplement la voix, l'émergence de cet être glorieux et prodigieux, omniscient et omnipotent, que nous sommes réellement, profondément et éternellement, tout en l'ignorant la plupart du temps.
Ainsi l'intuition est-elle un processus magique et sacré, qui nous permet d'être, fût-ce pour quelques instants, ce que nous sommes vraiment, alors même que nous nous trouvons plongés dans les affres de la confusion, de l'aliénation ou de l'illusion.
La voix de l'intuition, si ténue, douce et paisible, est donc à honorer, écouter et laisser s'enfler et s'amplifier, jusqu'à devenir l'essentiel de notre pensée, la manifestation sublime et précieuse de notre esprit éclairé, de notre sagesse oubliée, désormais retrouvée et de nouveau active et opérative.
Donner toute la place qu'elle mérite à la voix de l'intuition, au message de la sagesse intérieure, constitue donc un processus d'éveil, qui peut et devrait devenir une pratique quotidienne pour l'actuelle humanité, désemparée et soumise à toutes sortes de périls et d'interrogations.
Plutôt que de nous laisser aller au fracas des émotions exacerbées, comme nous le suggèrent constamment les médias, comme les idéologies trompeuses qui dirigent, encore et toujours, le monde et l'humanité, il nous est possible de faire prévaloir la voix du sentiment, la voix de l'intuition, la voix de notre sagesse méconnue.
Ce qui s'avère et s'avérera de plus en plus la seule issue et solution possible à la folie croissante de ce monde.
Ainsi, plus les êtres humains, écœurés par les mensonges et le tapis d'illusions variées, qui leur sont et leur furent servis depuis toujours, plus donc les êtres humains vont se mettre à l'écoute de leur sentiment personnel, de leur sagesse intuitive, plus ils vont bâtir, au lieu et place de ce monde grotesque et décadent, le monde brillant et harmonieux de leurs rêves, de leurs aspirations profondes, celui précisément qu'ils sont venus édifier, en application de mission divine et sacrée sur cette terre.
La réside, ainsi se produit, de jour en jour, l'éveil de l'humanité !

12 octobre 2023

Ces faux mous

Jonathan Sturel

Pendant le covid, j'ai vu des gens que je croyais raisonnables devenir d'implacables tyrans capables d'aller jusqu'à suggérer qu'on ne prenne plus en charge les non-vaccinés dans les hôpitaux, après avoir soutenu les mesures qui en faisaient des sous-citoyens.
Pendant la guerre en Ukraine, j'ai vu ces mêmes gens proposer d'emmener l'Europe dans un conflit nucléaire contre la Russie, après nous avoir chanté les louanges de la paix éternelle pendant 50 ans.
Depuis trois jours de guerre en Israël, toujours les mêmes gens, emportés par l'euphorie du moment qui désinhibe les pulsions sauvages, se laissent maintenant emporter par les discours va-t-en-guerre au point qu'un Pascal Praud, sur l'antenne d'Europe 1, a déclaré ne pas condamner le bombardement de populations civiles dans les territoires palestiniens.
Ces gens, c'est l'extrême-centre, les gens biens, les démocrates, les amis de l'État de droit qui nous prennent de haut toute l'année dès qu'on dit un mot plus haut que l'autre et nous rappellent qu'il faut être tolérants, respectueux, raisonnables.
Ces faux mous se transforment en fous et je dis même en fous dangereux & sanguinaires dès que la situation se tend quelque part. Leur tempérance de façade est un masque social derrière lequel grouillent, horribles et effrayantes, les pires pulsions de mort, les pires tentations totalitaires, la pire, la vraie, la seule intolérance décomplexée qui assume de s'affranchir de toutes les retenues qui font les hommes civilisés.
L'époque est mûre pour ressusciter les temps barbares et la dévastation. Avaient-ils vraiment disparu d'ailleurs ?

https://t.me/JonathanSturel

Israël savait parfaitement pour l'attaque que préparait le Hamas

Tiephaine Soter

Si vous me connaissez personnellement, vous savez que je me brosse le nombril avec le pinceau de l'indifférence à propos du conflit israélo-palestinien.
Cependant, malheureusement, ce conflit est en train de dégénérer comme il ne l'a plus fait depuis très longtemps et ça a des conséquences et des répercussions dans la région, et au-delà. Alors je vais vous en parler un peu, mais pas de façon traditionnelle, et ce que je vais dire ici, je ne pense pas que vous le lirez ailleurs.
Israël savait parfaitement pour l'attaque que préparait le Hamas.
Le Mossad possède les noms, les adresses, et même le matériel génétique de tous les membres du Hamas, et de leurs sympathisants. Ils contrôlent absolument toutes les lignes de télécommunications, les entrées et les sorties de Gaza, "à l'exception" des check-points du sud, à la frontière avec l'Egypte (mais en réalité ils les contrôlent quand même, avec les Égyptiens). Ils utilisent des logiciels d'espionnage de masse, de l'imagerie satellite, thermique, radar, radiologique, neutronique, et à peu près tout le spectre imaginable. Ils ont des capteurs acoustiques ultra sensibles qui détectent et localisent les creusements de tunnels. Bref, rien de ce qui se passe à Gaza n'est ignoré ni du Mossad, ni de Tsahal, ni du gouvernement israélien.
Tout comme pour les attentats du 11 septembre 2001, auxquels ces attaques ont largement été comparées dans les médias américains, le gouvernement israélien a laissé faire, en préparant une réponse qui consistera en la destruction totale de Gaza, puis son annexion après l'expulsion de tous les civils vers l'Egypte. Quelques centaines de civils morts, ça motive toujours furieusement pour aller commettre des massacres en représailles, et ça aide à avoir de belles images à étaler dans les médias et surtout les réseaux sociaux pour motiver les populations à approuver totalement la "punition de ces actes barbares".
Netanyahu est un habitué de ce genre de saloperie depuis plus de 25 ans. Israël a financé à peu près tous les groupes islamistes du Proche et du Moyen-Orient, à l'exception des groupes shiites (Hezbollah et Houthis). Netanyahu ne vise qu'une seule chose : la construction du Grand Israël, projet qui passe par la destruction et le démantèlement des pays voisins (Syrie, Irak, Liban), et surtout la destruction de l'Iran. Alors, je ne parle pas de ce truc étrange dont vous verrez des cartes sur tous les médias pro-arabes, je ne sais honnêtement pas d'où ça sort ni pourquoi, mais le "Grand Israël", ça recouvre Israël, Gaza, la Cisjordanie, le plateau du Golan, le désert du Sinaï, et une partie du Sud-Liban. Ces zones évidemment vidées de leurs habitants arabes, remplacées par des colons israéliens.
Je vous le disais, Netanyahu et de façon générale l'État d'Israël a financé tous les mouvements islamiques sunnites de la région depuis 25 ans. Y compris Al-Qaeda et ses avatars actuels, y compris le califat d'Al Baghdadi (dont les combattants étaient d'ailleurs soignés en Israël, mais chut, il ne faut pas le dire), et... y compris le Hamas, hé oui. Le Hamas est sinon une création israélo-américaine, au moins une de leurs marionnettes. C'est devenu de notoriété publique à partir de 2006, quand le mouvement palestinien a annoncé renoncer aux attentats suicides (condition préalable pour recevoir des financements occidentaux), et surtout quand cette faction autrement plutôt minable s'est avérée avoir l'ambition de remplacer le grand mouvement qui contrôlait Gaza à l'époque, le Fatah. Ce mouvement armé, fondé par Arafat, était la bête noire des Occidentaux à Gaza, parce que c'était une organisation "de la vieille école", qui ne transigeait pas vraiment sur ses idéaux ni ses positions, que ce soit publiquement ou en coulisses. Le Fatah verrouillait vraiment la société gazaouie, et avait toutes les chances de pouvoir constituer un véritable embryon d'État palestinien qui contrecarrerait les ambitions israéliennes. Donc, les israéliens, aidés des Américains, ont tout fait pour démolir la réputation de ce mouvement, et faire basculer le pouvoir dans les mains d'une faction plus "docile". Et c'est ce qui s'est passé avec les élections de 2006, qui ont vu le Hamas arriver au pouvoir.
Depuis, c'est une sorte de petit jeu meurtrier qui se joue entre les deux, basé sur la duperie, le mensonge, la corruption et les assassinats. Petit jeu qui semble avoir fini par lasser Israël, qui a donc laissé faire cette attaque organisée depuis de longs mois.
En juin dernier, le Hamas avait commencé à diffuser publiquement des vidéos de ses stocks de roquettes dans ses tunnels, annonçant une grande attaque à venir. Je l'ai toujours, même si je ne la diffuserai pas pour ne pas tomber sous le coup de la loi française.
Donc, oui, ils savaient parfaitement, et ils ont laissé faire, pour se servir de ces abominables événements comme d'un catalyseur de haines pour justifier ce qu'ils vont faire.
Ne vous laissez pas piéger par vos émotions.
Les deux camps sont parfaitement d'accord et n'ont aucune considération pour la vie humaine, qu'il s'agisse de celle de leurs ennemis comme de leur propre camp.

11 octobre 2023

Tiephaine Soter

Ukraine-Russie
Azerbaïdjan-Arménie
Israel-Palestine
Kosovo-Serbie
Chine-Taïwan
Corée du Nord-Corée du Sud
Coups d'État en Afrique
Crise migratoire en Europe
Crise migratoire aux USA
Séismes destructeurs tous les jours depuis 4 jours
Maladies improbables et morts "soudaines" en pleine explosion
Crise financière sur le point d'éclater
Probable attaque prochaine contre l'Iran
Black M sort un nouvel album le vendredi 13 octobre.

Échec du "projet Israël" ?

Natalia Routkevitch

« L’avenir me fait très peur »

De l’entretien datant de 2015 de l’écrivain Ilia Falkovski avec un ancien officier israélien.

I.F. : Comment évaluez-vous les perspectives des relations israélo-arabes ?

- J'ai une vision très pessimiste de leur évolution. C'est un conflit vieux de plus de cent ans, avec tant de sang versé, tant de haine, tant de morts des deux côtés, surtout du côté arabe, qu'il est absurde de parler de paix... Le territoire est minuscule, il n'y a pas d'espace pour tous. Parler des deux États qui vivront côte à côte n'est qu'un mythe et un non-sens. Cela n'arrivera pas, il n'y a pas de ressources, pas de possibilités, pas de terre.
À mon avis, le "projet Israël" a fait son temps. L'Occident qui le tire à bout de bras et à contrecœur n'a, en réalité, plus besoin de lui. Il finira donc par disparaître dans vingt ou trente ans tout au plus. Ceux qui ne parviendront pas à partir, à s'échapper, se retrouveront face aux masses d'Arabes démunis et miséreux qui viendront de Cisjordanie et de Gaza. Ce sera effrayant...
Les plus lucides l'ont bien compris et s'enfuient d'ici, surtout les riches. 70 % des capitalistes israéliens ne vivent pas ici, ils font des affaires dans l'industrie militaire mais vivent à l'étranger. Les hommes d'affaires et les politiciens quittent Israël. Les gens des classes inférieures qui viennent ici et voient à quel point c'est désespérant s'en vont aussi. Le financement alloué à Israël est déjà réduit.
Le pire, c’est que les Juifs eux-mêmes n'ont plus besoin d'Israël. S'il a été construit par des gens passionnés et dévoués à la cause, qui étaient prêts à tuer et à mourir pour leur État, il n'en est plus de même aujourd'hui. L'armée s'est beaucoup dégradée, ce n'est plus cette armée invincible qui, sans armes ni entraînement, grâce à son seul enthousiasme, tenait bon et vainquait ses ennemis. Aujourd'hui, en Israël, les affaires et la concurrence se développent, l’égoïsme et l’individualisme s'épanouissent, il n'y a plus l'esprit des kibboutz, de la société fraternelle des Juifs, où un Juif ne fera pas de mal à un Juif.
Après tout, Israël est né comme une utopie, un État de travailleurs juifs créé par des nationalistes de gauche. Aujourd'hui, tout cela a disparu, l'armée pourrie est maintenue en vie par la technologie, des robots, l'aviation, etc. Mais entretenir cette armée coûte un argent fou, et dès que le robinet sera fermé, l'armée commencera à s'effondrer, et après elle, la société et l'État lui-même.
D'ailleurs, la société est déjà en train de vaciller : les prix augmentent, le coût de la vie augmente, alors que les salaires n'augmentent pas. La criminalité est en hausse, la sécurité sociale diminue, le fossé entre les classes devient de plus en plus flagrant. Mais si les classes dirigeantes ont la possibilité de s’en aller en Occident, les pauvres, piégés dans les ghettos, des miséreux arabes aux miséreux juifs, auxquels s'ajoutent maintenant les réfugiés, sont pris entre le marteau et l'enclume. L'avenir est donc très sombre.