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15 octobre 2023

Gastel Etzwane

Panique sur le plateau de France info quand Guillaume Ancel interroge le représentant d'Israël en France sur la grande hypocrisie qui consiste à ordonner aux Gazaouis de partir au sud alors qu’ils bombardent aussi le sud.

https://www.facebook.com/Son.Altesse.Emmanuel/videos/1486033728916763

Gastel Etzwane

On se demande qui est le président et qui est majoritaire au parlement depuis six ans ? Si ce sont les conventions internationales qui empêchent les expulsions, en particulier, la jurisprudence de l’union européenne et la Convention européenne des droits de l’homme, alors les partis qui ne proposent pas de quitter l’Union européenne et de révoquer l’adhésion à la Convention européenne des droits de l’homme sont des tartuffes. C’est-à-dire 99 % des partis politiques français.

A qui le tour ?

Action & Démocratie

Commençons par dire que les mots ne suffisent pas pour traduire l’immense peine que nous éprouvons suite à ce nouvel assassinat au couteau d’un professeur.
C’est donc humblement que nous adressons d’abord par ce message nos condoléances et notre solidarité à la famille de Dominique Bernard, à son épouse, à ses filles, à ses parents, à ses amis ainsi qu’à ses élèves de qui il était unanimement apprécié. Cet excellent professeur de lettres au lycée d’Arras, dont le visage exprime avec une noble simplicité les plus hautes vertus humaines que sont la générosité, l’humilité, l’intelligence, est mort à 57 ans dans l’exercice de ses fonctions, tué parce qu’il était professeur, et ce près de trois ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty.
Cela n’aurait jamais dû arriver. Cela ne devait plus jamais arriver. Et cela néanmoins est arrivé.
Nous adressons également nos pensées solidaires et émues à David Verhaeghe, professeur d’EPS grièvement blessé au cours de cette attaque, ainsi qu'à Jacques Davoli, chef d’équipe des agents techniques de l’établissement, lui aussi grièvement blessé. Puisse le soutien de vos proches, celui de l’institution et celui de tous les personnels dont nous nous faisons ici les relais vous donner la force de surmonter cette terrible épreuve.
A toi Dominique, à toi David, à toi Jacques, nous voulons aussi dire, malgré la douleur, la stupeur, la colère aussi, notre profonde admiration pour la bravoure dont vous avez chacun fait preuve en cherchant à protéger, au péril de la vôtre, la vie de vos collègues ainsi que la vie des élèves qui vous étaient confiés. Cela s’appelle de l’héroïsme. Vous êtes des héros. La République vous doit l’hommage que méritent ses héros.
Vous n’êtes cependant pas des soldats supposés servir sur un terrain d’opérations dangereux, et vous n’auriez jamais dû vous trouver dans la situation de perdre votre vie ou de l’exposer. Surtout depuis Samuel Paty, qui lui non plus n’aurait jamais dû se trouver dans la situation horrible où il a été plongé. Il est temps que la République soit vraiment aux côtés de ses hussards noirs autrement que le temps d’une cérémonie, et qu’au lieu de laisser lentement périr son école, elle sache la défendre et se mettre au niveau de ceux qui consacrent leur vie à la transmission des connaissances, à l’élévation de la jeunesse, à la propagation des Lumières. Il est temps que le gouvernement prenne conscience du fait que le corps enseignant est le premier et peut-être le seul rempart contre l’obscurantisme ; les terroristes eux l’ont bien compris et c’est précisément la raison pour laquelle ils s’attaquent à des professeurs.
En tant que syndicat voué à la défense des intérêts matériels et moraux des personnels, et désormais aussi à la défense de leurs intérêts vitaux, Action & Démocratie ne peut accepter que l’on se résigne à compter ses morts et faire part de sa compassion pour les victimes après chaque attentat, comme si tout cela était une fatalité et qu’on n’y pouvait rien. Il faut regarder les choses en face et cesser de se cacher derrière la langue de bois car, si on ne le fait pas, d’autres encore paieront de leur vie le prix de notre lâcheté.
Dominique Bernard est mort sous les coups de couteau d’un individu dont la présence sur notre sol interroge et qui était inscrit au fichier des personnes recherchées (fiche S). Comment un tel individu a-t-il pu concevoir et perpétrer son crime odieux alors qu’il était censé être sous surveillance ? Comment a-t-il pu pénétrer aussi facilement dans un établissement scolaire ? Combien d’individus « fichés S » sont actuellement présents dans les établissements scolaires ou sont susceptibles de les fréquenter ? Y en a-t-il parmi nos élèves ? Y en a-t-il parmi les personnels ou les parents d'élèves ? Y en a-t-il parmi les élèves majeurs et étudiants post-bac (BTS) ou encore les adultes majeurs en formation en CFA et GRETA dans des lycées ? Le devoir d’un syndicat est de poser ces questions, celui du gouvernement est d'y répondre. Action & Démocratie exige que les informations d'une telle importance soient systématiquement communiquées à l’Éducation nationale et aux personnels qui, pour des raisons évidentes, doivent les posséder pour pouvoir prendre les bonnes décisions, notamment devant ce qu’on appelle des « signaux faibles ». Ne pas le faire reviendrait à exposer tous les agents mais aussi tous les élèves au danger.
Dominique Bernard est mort sous les coups de couteau d’un individu qui, en outre et selon toute vraisemblance, a répondu à l’appel d’une organisation terroriste à mener un « jihad mondial » le vendredi 13 octobre 2023. Cet appel était connu de tous et notamment des autorités. A-t-il été suffisamment pris au sérieux par ces dernières ? On peut s’interroger puisque le ministre Gabriel Attal a annoncé le renforcement des mesures de sécurité après cet attentat : n’était-ce pas plutôt avant, et dès l’appel du Hamas, qu’il fallait renforcer les mesures de sécurité ? Pourquoi les établissements scolaires n’ont-ils pas fait l’objet d’une attention comparable à celle de certains lieux de culte alors que l’on sait, depuis l’assassinat de Samuel Paty, que les professeurs sont des cibles ?
Enfin, Dominique Bernard est mort sous les coups de couteau d’un individu qui avait été scolarisé dans cet établissement d’Arras et qui était persuadé de la légitimité de son geste. Ce serait faire preuve d’une naïveté coupable que de réduire ce geste à celui d’un « déséquilibré » ou d’un « radicalisé ». Les choses sont hélas beaucoup plus graves, et nous qui sommes sur le terrain le constatons chaque jour. En particulier depuis l’attaque terroriste d’une violence inouïe perpétrée en Israël par le Hamas et la riposte de l’État israélien, nous voyons se développer en France des discours nauséabonds, flirtant parfois avec l’antisémitisme le plus décomplexé, qui ont pour effet, sinon pour objet, de justifier l’injustifiable, de faire passer la barbarie pour de la légitime défense ou encore de transformer les victimes en bourreaux et réciproquement les bourreaux en victimes. Ces discours, qui dans leurs versions les plus excessives et caricaturales s’apparentent à une apologie du terrorisme, se répandent par l’intermédiaire des réseaux sociaux jusque dans les couloirs des établissements, les salles de professeurs, voire au sein des salles de classe. Une étude de l'IFOP de décembre 2022 avait révélé que 56% des professeurs du secondaire déclaraient s'être auto-censurés afin d'éviter tout incident déclenché au nom de convictions religieuses ou "philosophiques" : c'était 7 points de plus qu'en 2020 et 20 points de plus qu'en 2018 ! L'auto-censure des collègues, autrement dit la peur, est une réalité, et celle-ci n'est pas l'un des moindres dégâts collatéraux de ces discours qui, sous couvert d'expliquer, finissent par excuser l'abjection. Action & Démocratie ne peut que les condamner solennellement et avertir tous ceux qui, au sein de l’Éducation nationale, font preuve de complaisance envers le terrorisme d'une manière ou d'une autre, qu’ils contribuent par leurs postures à installer la confusion dans les esprits, ceux des plus jeunes notamment.
En tant que syndicat des personnels de l’Éducation nationale, nous estimons n’avoir ni à commenter ni à prendre position sur quelque conflit que ce soit, a fortiori sur des conflits aussi complexes que le conflit israélo-palestinien, et nous savons que le seul devoir des enseignants en de telles circonstances consiste justement à donner aux jeunes gens les instruments qui leur permettent de penser la complexité du réel. Mais quel que soit le niveau de complexité de la situation au Proche-Orient, un acte barbare est un acte barbare et doit être dénoncé comme tel sans tergiverser, sans tourner autour du pot, sans « oui, mais… ». C’est pourquoi Action & Démocratie, à l’instar de la fédération des services publics de la CFE-CGC dont nous faisons partie, condamne sans réserve les monstruosités commises par le Hamas en Israël, tout autant que les appels au meurtre suivis d’effets que cette organisation terroriste a lancés, l’assassinat de notre collègue à Arras étant précisément l’un de ces effets. Il faut le dire. C'est la moindre des choses que nous devons à Dominique Bernard.
Il est urgent que le gouvernement et le ministère de l’Éducation nationale prennent la mesure de la gravité de la situation, de la profondeur du problème et de la persistance de la menace de mort qui pèse sur les professeurs en France. Il est urgent qu'ils prennent aussi conscience de l’inefficacité des mesures de surveillance et de protection en vigueur actuellement, pour ne rien dire de l’inutilité absolue du bavardage concernant les « valeurs de la République » qu’on nous ressort après chaque attentat.
Tout cela dépasse largement le cadre syndical et concerne gravement le registre des responsabilités régaliennes de l’État. L’entrisme de l’islamisme est une réalité documentée, et dénoncée, entre autres, par les Imams de Drancy et de Bordeaux, Hassen Chalghoumi et Tarek Oubrou : ils parlent sans détour de cette jeunesse désorientée, fragilisée et captée, fascinée par un activisme anti-démocratique qui est à l’œuvre, qui gangrène au-delà des quartiers sensibles, un nombre effarant de campus universitaires, d’IESP et de grandes écoles. Au sein même de l’enseignement secondaire, des campagnes idéologiques sont menées tambour battant par des organisations qui jouent avec le feu : Action & Démocratie non seulement les désapprouve mais les dénonce et s’en démarque absolument, ici même, sans frilosité.
Gilles Casanova

Politique particulièrement transparente :
Il y a ceux que l’on garde chez nous en prenant tous les risques, et puis il y a ceux dont on ne veut à aucun prix !

MONUMENT AUX MORTS

Gabriel Nerciat

Dans quelques années, sur les territoires de la nation où les Français de souche européenne seront encore à peu près majoritaires, on édifiera des monuments aux morts, sur le modèle de ceux de 1918.
Ils porteront comme inscription liminaire : "Aux professeurs d'histoire et d'humanités tués par l'islamisme, la République reconnaissante."
On peut seulement espérer qu'il y aura moins de noms que sur ceux de 14-18.
Mais peut-être que la République elle-même, attentive aux recommandations des Frères musulmans comme à celles de l'école sociologique bourdieusienne, aura définitivement renoncé à enseigner l'histoire, la langue française et les humanités classiques.
En fait, Mélenchon et les siens ont peut-être raison, retrouvant la grande inspiration de leurs prédécesseurs internationalistes et pacifistes des années 1920 : il suffirait que les anciennes nations coloniales européennes renoncent à persévérer dans leur être ou à transmettre leur mémoire historique et leur langue pour que le monde islamique tout entier, de la Tchétchénie au Proche-Orient arabe, daigne nous laisser vivre en paix à défaut de nous aimer.

Le principe de précaution n'a pas été respecté

Adina de Souzy

Eh OUI, exactement, Monsieur Delfraissy, "On a découvert les effets secondaires au fur et à mesure", tout simplement PARCE QUE C'ÉTAIT un PRODUIT EXPÉRIMENTAL, et ça, vous, mais aussi le ministre de la Santé @olivierveran et les autorités sanitaires NE L'ONT PAS DIT AUX GENS.
Pire encore, les scientifiques et médecins qui le disaient, et ont essayé d'alerter, ont été traités de "complotistes" ou pire, ont été sanctionnés par les autorités de tutelle.
Tout cela pour une maladie qui était peu létale *
Eh NON, monsieur Delfraissy, le principe de précaution N'A PAS ÉTÉ RESPECTÉ, non, pas du tout, à aucun moment, car le bénéfice/risque n'a jamais été favorable pour les gens qui n'étaient pas à risque et ceci a été su très tôt, avec les données israéliennes, et même avec la pharmacovigilance française de l'@ansm c'était visible.
Donc, c'est bien joli d'essayer d'enrober les choses comme si tout avait été fait au mieux.
Mais c'est juste totalement faux, il y a eu des fautes graves avec la coercition qui a été faite pour imposer ces produits expérimentaux, et à beaucoup de niveau, et vous le savez... c'est bien pour cela que vous êtes ici sur le plateau de @clhebdo5, pour essayer de convaincre.
Mais cela ne marchera pas.
Un jour prochain viendra où il faudra expliquer cela devant les tribunaux.

* Pour mémoire

Équipe Ioannidis - Université de Standford

"Les personnes de moins de 65 ans courent un très faible risque de décès par COVID-19, même dans les épicentres de la pandémie, et les décès des personnes de moins de 65 ans sans conditions prédisposantes sous-jacentes sont remarquablement rares."


Taux de létalité médian du coronavirus SARS-CoV-2 période AVANT vaccination
0,0003 % à 0 à 19 ans,
0,002 % à 20 à 29 ans,
0,011 % à 30 à 39 ans,
0,035% à 40 à 49 ans,
0,123% à 50 à 59 ans
0,506 % à 60 à 69 ans



Ukraine, le béton médiatique se fissure


Serge Halimi & Pierre Rimbert

Google aurait, selon le New York Times, mis au point un robot capable de rédiger des articles de presse. Le traitement médiatique de la guerre en Ukraine suggère pourtant que les éditorialistes disposent d’une avance difficilement rattrapable en matière d’écriture automatique. En France, par exemple, une triade jusqu’au-boutiste formée par Le Monde, Le Figaro et Libération donne le ton et aligne, parfois au mot près, les mêmes mots d’ordre : « Céder face à Poutine signerait une défaite stratégique catastrophique pour l’Occident. (…) Les alliés de Kiev devront accélérer le rythme et la qualité des livraisons d’armes », proclame Le Figaro (10 août 2023). « Oui, cette guerre risque d’être longue. Le seul moyen de l’abréger est d’intensifier l’assistance militaire à l’Ukraine », confirme l’éditorialiste du Monde (18 août 2023). D’autant, insiste Serge July dans Libération (14 août 2023), qu’« il s’agit d’une guerre au cœur de l’Europe contre les régimes autoritaires, antidémocratiques qui privilégient la force et la tyrannie ». France Inter, LCI, BFM TV et la plupart des autres médias exécutent la même partition.

Déterminés à en découdre — mais à bonne distance des combats —, les maréchaux de l’information mobilisent leurs experts pour appuyer leurs analyses. Ce sont les mêmes qui patrouillent d’une antenne à l’autre : Thomas Gomart, François Heisbourg, Bruno Tertrais, Michel Duclos, etc. Mais Pierre Servent leur vole souvent la vedette. « Éditorialiste politique de TF1-LCI », « conseiller défense du Parisien », il mériterait aussi de disposer d’un lit de camp dans les studios de France Inter tant il y est invité. Son approche scientifique évoque parfois Tintin au pays des Soviets. Il a accusé à plusieurs reprises les Russes d’avoir saboté leur propre pipeline Nord Stream 2, mais en précisant : « J’avoue que je n’ai pas de preuves pour ça » (LCI, 30 octobre 2022). Aucun risque cependant qu’on le juge « complotiste » ; l’étiquette est réservée aux critiques du discours dominant.

La farandole pluraliste serait incomplète sans Isabelle Lasserre, journaliste du Figaro, néoconservatrice elle aussi très appréciée de France Inter et de LCI. Sans M. Raphaël Glucksmann, surtout, député européen socialiste dont le dernier ouvrage, La Grande Confrontation (entre la Russie et les démocraties libérales), a été salué par l’ensemble de la presse, y compris bien sûr par la triade Le Figaro - Le Monde - Libération. « Ne cédons pas à la tentation de la capitulation », haranguait-il également dans L’Express (24 août 2023). La couverture de l’hebdomadaire, réalisé « en partenariat avec LCI », ordonnait alors : « Tenir ! ». Le 16 février précédent, un autre numéro spécial de L’Express, titré « L’Ukraine doit vaincre », avait été conçu « en partenariat avec France Info ».

Mais comment « tenir », à plus forte raison « vaincre », quand les grands journaux américains, voire le président Volodymyr Zelensky lui-même, concèdent le piétinement de la contre-offensive ukrainienne et l’impuissance des sanctions occidentales à détruire l’économie et l’armée russes ? Un lectorat préparé depuis l’été 2022 aux succès militaires foudroyants de Kiev pourrait se trouver désorienté. Pour le tranquilliser, plusieurs solutions existent.

Premier tour de passe-passe, toute mauvaise nouvelle factuelle s’accompagne de la promesse d’une amélioration à venir. Le 2 août dernier, le Wall Street Journal admet sombrement que « l’incapacité de l’Occident à briser l’économie russe se double d’un échec sur le champ de bataille en dépit d’une série de livraisons d’armes létales à Kiev et d’un appui économique à l’Ukraine ». Le Fonds monétaire international (FMI) venait de relever ses prévisions de croissance pour la Russie à + 1,5 % en 2023, bien loin des - 50 % promis par la Maison Blanche au printemps 2022. Toutefois, grâce à une experte, l’article peut conclure sur une note rassurante : « L’économie russe n’est pas soutenable à long terme. Cela rappelle l’ère soviétique et nous savons comment ça s’est terminé. » Soixante-douze heures auparavant, le New York Times convoquait la même économiste : « Un jour, cela pourrait s’effondrer comme un château de cartes » (31 juillet 2023).

En attendant ce nirvana, il suffit de réclamer un nouveau « train de sanctions » ainsi qu’une accélération des livraisons d’armes. Et d’associer les sceptiques à des agents de l’ennemi. Il y a un an, sur France Inter, Pierre Haski pouvait encore s’enferrer dans le déni : « Les amis de Moscou tentent de lancer un débat sur l’efficacité des sanctions contre la Russie » (6 septembre 2022). Mais, depuis le mois d’août, les grands quotidiens français doivent concéder l’enlisement de la contre-offensive, l’ampleur des pertes ukrainiennes, l’effritement du soutien occidental, le rétrécissement des perspectives militaires, puisque… la presse américaine les détaille désormais quotidiennement.

Le récit médiatique d’une résistance enthousiaste, astucieuse, promise au succès, devient plus délicat. Quelques jours après l’invasion russe, la journaliste de France 2 Maryse Burgot insistait dans le journal télévisé sur le cas de « ce père de famille [qui] nous propose d’entendre ses filles chanter l’hymne ukrainien » (27 février 2022). Le 19 septembre dernier, elle consacrait un sujet de près de cinq minutes aux milliers d’Ukrainiens « qui veulent échapper au front » en tentant de franchir illégalement la frontière de leur pays pour se rendre en Roumanie, et à la difficulté pour Kiev de mobiliser des troupes fraîches — un angle jusque-là réservé aux déserteurs russes. L’annonce par le président ukrainien d’éclatantes victoires à venir suffira-t-elle à remettre les pendules à l’heure ?

Deuxième méthode pour surmonter les déconvenues : maximiser l’enjeu en martelant que cette guerre est la nôtre. La ritournelle des « Ukrainiens qui se battent pour nos valeurs » souffre cependant d’une équivoque : lesquelles ? Celles du libéralisme libertaire, cher aux Verts allemands, ou celles du conservatisme autoritaire des dirigeants polonais ? Journaliste au Figaro et thuriféraire de la campagne de M. Éric Zemmour en 2022, Laure Mandeville a répondu à sa manière. Peu après les émeutes dans les banlieues de l’été dernier, elle assimile les jeunes Français en révolte, présentés comme des étrangers, aux envahisseurs russes : « Ces deux défis existentiels s’entrelacent étroitement. Car dans les deux cas, l’Europe est confrontée à de nouveaux barbares qui ont la haine de notre civilisation et qui sont prêts à piétiner tous les principes pour prendre le dessus » (Le Figaro, 7 juillet 2023). Mandeville admet que ce rapprochement insolite entre deux ennemis n’ayant pas grand-chose en commun lui a été soufflé par le diplomate ukrainien Olexander Scherba. Nul doute que, lorsque ce dernier rencontre des journalistes socialistes ou écologistes, il préfère mettre en avant le « rêve européen » et l’homophobie des dirigeants russes.

Troisième astuce : quand le silence sur une méprise médiatique devient trop pesant, la presse française rectifie en catimini et au conditionnel ses fake news annoncées en gros titres et à l’indicatif. Le 6 septembre, les rédactions imputent l’explosion d’un missile sur le marché de Kostiantynivka en Ukraine (quinze morts) à « une frappe russe (1) », conformément à l’explication aussitôt fournie par le président Zelensky. Mais, cette fois, le New York Times (18 septembre) s’emploie à vérifier l’information. Son enquête « suggère fortement que la frappe catastrophique provient d’un missile de défense aérienne ukrainien errant ». Sans enthousiasme, France Culture, qui dénonçait douze jours plus tôt « une attaque russe », concède qu’« il pourrait s’agir en fait d’une erreur de l’armée ukrainienne » (19 septembre).

À mesure qu’elles tissent la toile de fond médiatique du conflit, toutes ces ficelles font apparaître un angle mort de plus en plus flagrant : l’analyse du traitement journalistique lui-même. Auparavant, quelques semaines suffisaient aux dirigeants éditoriaux pour « décrypter » leur propre travail. Le modèle était rodé. Animés d’une lucidité exclusivement rétrospective, ils déploraient les « dérapages » de l’information repérés lors des conflits précédents pour se déclarer par contraste très satisfaits de leur couverture de celui en cours. En 1999, alors que l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) bombarde la Serbie pour favoriser l’indépendance du Kosovo, la presse relaie les affirmations souvent manipulatrices du porte-parole de l’Alliance atlantique. Simultanément, les chefferies éditoriales s’autocongratulent : « Aujourd’hui on sait prendre du recul. Par rapport au porte-parole de l’OTAN, on relativise. On met tout en doute, puisqu’on ne peut rien prouver » (LCI) ; « Échaudés par la guerre du Golfe, les médias français peuvent être cités en exemple, qui font — pour les deux camps — la traque à la désinformation » (Le Journal du dimanche) ; « Les journalistes font bien attention à ne pas faire de “propagande” pour un camp ou pour l’autre » (Charlie Hebdo) ; « Le Kosovo est un bon exemple de la capacité des journalistes à tirer les leçons de l’expérience » (Télérama), etc. Six mois après la fin du conflit, Le Monde admettra pourtant que « pour défendre leur opération, les dirigeants occidentaux ont avancé des chiffres approximatifs de victimes, des contre-vérités et des énormités ». Des « énormités », le quotidien du soir en avait relayé quelques-unes. Dont un monumental bobard de guerre, le « plan Potkova », pseudo-projet serbe de nettoyage ethnique du Kosovo (2).

Avec le conflit ukrainien, qui dure pourtant depuis plus de dix-huit mois, la question du traitement médiatique n’est même plus posée — sauf pour enfoncer les portes ouvertes de la propagande russe. En 1999, le correspondant de France Inter auprès de l’OTAN à Bruxelles avouait avec candeur : « Je pense ne jamais avoir été manipulé, ou alors je l’étais tellement bien que je ne m’en étais pas rendu compte. » Cette fois, des militants affichés de la cause ukrainienne, comme Léa Salamé dans les médias publics ou Darius Rochebin sur LCI, ont pour dessein premier non pas d’informer, mais de mobiliser leur audience au service de Kiev. De son côté, le président Zelensky ne cache pas qu’il cherche à « convaincre » les gouvernements occidentaux d’accroître l’aide à son pays « en faisant pression sur eux via les médias » (The Economist, 16 septembre). Cette guerre-là au moins, il l’a déjà gagnée.

13 octobre 2023

Tiephaine Soter

Hubert Reeves est décédé aujourd'hui. Je ne parle pas souvent de ce genre de non-événement, mais ce décès a pour moi un caractère particulier.
J'ai eu l'immense chance de pouvoir le rencontrer lorsque j'étais en terminale, au lycée Saint-Louis à Saumur. Il était généreusement venu passer deux heures avec nous, pour nous parler des étoiles, bien sûr, mais finalement pas seulement. Il nous a parlé de paix. Son discours, à l'époque, m'était un peu passé au-dessus, mais est toujours resté dans ma mémoire, et a influencé ma trajectoire professionnelle et personnelle. C'est en partie grâce à lui qu'aujourd'hui, je partage des analyses que je veux les plus neutres possibles sur les grands événements de notre monde.
Je me remémore forcément un morceau de ce dont il nous a parlé, aujourd'hui, et que je vous partage maintenant.
Hubert Reeves avait rencontré Yasser Arafat, alors à la tête de ce qui tenait lieu d'autorité palestinienne. C'était une délégation française "pour la paix", très politisée, dont rien n'était ressorti, mais les deux hommes avaient pu s'entretenir un peu hors cadre, hors caméra. Et le discours d'Arafat était radicalement différent : lui-même n'aspirait qu'à la paix avec Israël, et rêvait d'un jour où "enfants palestiniens et israéliens pourraient jouer ensemble au foot dans la rue".
A l'époque comme aujourd'hui, d'ailleurs, je me disais qu'Hubert Reeves avait été "endormi" par un beau discours.
Et pourtant, combien les choses auraient été différentes aujourd'hui, si ce "beau discours" avait été entendu pour ce qu'il était : un message de paix et de fraternité.
On ne peut pas toujours vivre dans la haine.
Hubert Reeves était un rêveur, un idéaliste, un artisan de la paix, à son échelle. Nous manquons de personnalités à son image, de vraies personnes sincères, et non motivées par une idéologie politique.
J'espère qu'il ne sera pas oublié.