H16
5/2/2024 - Samedi matin,
un Malien menait une attaque au couteau et au marteau en gare de Lyon à Paris, avec des prétextes particulièrement flous (vaguement teintés de colonialisme). Sans surprise, les autorités ont depuis minimisé ce qui s’est passé, aidées en cela par les médias et l’actualité qui nous poussent à oublier bien vite ce fâcheux événement, d’autant qu’il ne faudrait pas qu’il crée une occasion supplémentaire pour le Rassemblement National de gagner quelques voix, pensez donc !
De toute façon, tout est fort clair pour les forces de police : le criminel est avant tout un malade mental qui nécessite à l’évidence un traitement psychiatrique. Petit à petit, la thèse d’un couteau fou (qui fait suite à celle de la voiture folle) semble se dégager.
Cependant, s’il semble assez logique d’imaginer placer en asile psychiatrique tous les individus qui s’attaquent aléatoirement à des passants sous des motifs fumeux – après tout, il ne faut pas être très bien azimuté pour perpétrer ce genre d’actes – on s’étonnera de deux choses.
Tout d’abord, on ne pourra que constater le nombre alarmant de ces attaques perpétrées par des fous ou des individus qui mériteraient certainement un suivi psychologique.
Or, il apparaît aussi, de façon assez stupéfiante, que nombre de titres de séjours sont délivrés pour “raisons médicales” psychiatriques ; on évoque des milliers, et ce alors même que nos hôpitaux psychiatriques débordent déjà de façon connue. À ce constat s’ajoute celui que plus d’un tiers des immigrants, légaux ou non, qui déferlent actuellement sur l’Europe, déclarent des troubles mentaux :
une étude menée en 2020 sur les réponses données par 2 999 primo-immigrants hors UE montrait ainsi que 35,91 % d’entre eux déclaraient un trouble psychique.
Voilà qui est gênant, non ? Ne devrait-on pas plus probablement s’occuper de nos ressortissants avant de s’occuper de ceux des autres pays et arrêter d’accueillir des lots de nouveaux cas psychiatriques alors que notre système croule déjà sous les cas autochtones ? Ce serait un acte de bonne gestion minimal, les autochtones payant effectivement d’une façon ou d’une autre les coûts de ces traitements, les migrants non. Or, à toute ressource limitée, des règles d’accès doivent être mises en place quand le marché n’y est pas libre (ce qui, en France, n’est évidemment pas le cas)…
D’autre part, on assiste encore une fois à une évidente minimisation des faits.
En contextualisant cette agression comme celle d’un fou, les autorités tentent de faire passer l’événement d’un problème qui dépend essentiellement de leurs responsabilités (étant directement responsables, par nature et par objectif, de la sécurité des biens et des personnes) à un problème de hasard malencontreux, ou, plus exactement, d’une gestion maladroite des cas psychiatriques en France.
En somme, il s’agit de se défausser : ce n’est pas la faute d’une sécurité en berne, ce n’est pas la faute d’un régalien qui devient risible, c’est à la fois la faute à pas de chance et en quelque sorte un malencontreux coup du sort, ou, au maximum, un problème de gestion des cas psychiatriques. Voilà tout, circulez.
Malheureusement, cette analyse ne tient guère.
D’une part, l’utilisation de plus en plus fréquente de l’explication psychiatrique pour les agissements d’artistes du couteau la rend de moins en moins crédible à chaque fois et d’autre part, l’accès facilité aux propos des agresseurs, à leurs comportements habituels et aux signes avant coureurs de l’attaque,
notamment sur les réseaux sociaux, montrent qu’ils ne sont pas si fous que cela. On peut facilement leur accorder qu’ils sont fanatisés et dans ce cas, la folie se situe bel et bien dans leurs opinions, dans leur volonté d’en découdre… Mais on est assez loin de troubles psychiatriques graves, de folie ou de démence.
Dans le cas qui nous occupe, il apparaît ainsi que le Malien de la gare de Lyon explique détester la France et les Occidentaux, les rend responsables du malheur qui frappe son pays et lui-même au point d’estimer que se débarrasser de quelques uns d’entre eux constitue un but relativement nécessaire. Ceci n’est pas le discours d’un fou, mais au mieux, d’un inculte ou au pire, d’un fanatisé qui comprend très bien qu’enfiler des coups de couteaux sur des individus va provoquer des blessures graves ou la mort, ainsi que sa responsabilité dans l’affaire.
Malgré ce constat, à la fin s’empare du spectateur l’impression persistante qu’on dégage très souvent de leur responsabilité pénale un nombre croissant d’individus qui, en réalité, sont suffisamment conscients de ce qu’ils font et pourraient donc très bien être jugés comme tels.
Cependant, c’est très pratique : l’agresseur déclaré fou n’aura pas l’occasion d’apparaître à un procès qui, public ou au moins médiatisé, aurait pu exposer ses motivations (aussi fanatiques soient-elles), motivations dont les côtés assez peu vivrensemblesque et encore moins enrichissants culturellement voleraient dans les rondeurs moelleuse du discours ouaté d’inclusivité tous azimuts qu’on nous sert non-stop depuis des lustres.
Autrement dit, la psychiatrisation des agresseurs est un moyen devenu commode pour les autorités d’assurer un classement extrêmement rapide des affaires.
Tout comme Dahbia Benkired, la meurtrière de la petite Lola, ou Abdalmasih Hanoun, le poignardeur de bébés à Annecy, ou tant d’autres avant eux qui se sont pour ainsi dire évaporés de l’opinion publique, on peut gager que notre Malien déclaré fou disparaîtra aussi subtilement des colonnes médiatiques dans les prochains jours. Les commanditaires éventuels, les structures et les individus qui l’ont fanatisé, les mécanismes même de cette fanatisation ne seront surtout pas évoqués, abordés, mis eux aussi au procès. Pas question d’évoquer les associations lucratives avec buts néfastes qui auraient pu se glisser dans le parcours de notre cas psychiatrique et lui aurait tendu les arguments et les explications construisant son ressentiment. Il est fou, il sera irresponsable comme tous ceux qui l’ont accompagné. Emballez, c’est pesé.
On enterrera rapidement tout ça, ce qui permettra au passage d’amoindrir certaines statistiques qui piquent de plus en plus.