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12 février 2024

Marc Amblard
11/2/2024

DONALD TRUMP EXCLU DU SCRUTIN PRÉSIDENTIEL EN NOVEMBRE 2024 ?
VOICI POURQUOI LA COUR SUPRÊME DES ETATS-UNIS LUI DONNERA RAISON

Bref rappel des faits

Il y a quelques semaines, la Haute Cour du Colorado a décidé d’exclure l’ancien président des bulletins de vote en novembre prochain. L’argument légal : celui-ci aurait incité ses troupes à pénétrer de force dans le Capitol le 6 janvier 2021 pour contester le résultat des élections présidentielles. Ainsi Trump aurait prétendument violé l'article 3 du 14e amendement de la Constitution américaine, une disposition qui interdit aux officiers qui se sont engagés dans une rébellion ou une insurrection d'exercer leurs fonctions.

Évidemment, Donald Trump a fait appel de cette décision devant la Cour Suprême des USA (Scotus). Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le jugement du Colorado ne tient pas la route une seule seconde. Quatre raisons majeures :

1) Il n’a jamais été prouvé que Trump avait participé à une insurrection. Bien au contraire, il a encouragé ses électeurs présents à Washington ce jour-là à rentrer pacifiquement chez eux (si vous en doutez, regardez la vidéo de son discours). Il n’a jamais appelé à prendre les armes pour pénétrer illégalement dans le Capitol ;

2) l'article trois cité par la constitution précise clairement que le pouvoir de disqualifier un candidat revient au Congrès et non pas aux États ;

3) confirmer la décision du Colorado priverait de leur choix les électeurs des 49 autres états. De quel droit un seul état pourrait grever la liberté d’un pays entier en condamnant des millions de voix ? Autrement dit, pourquoi un État devrait décider de qui sera le président des États-Unis ;

4) maintenir la décision du Colorado pourrait pousser d'autres États à « riposter » en disqualifiant potentiellement d'autres candidats à la présidentielle. Impensable.

Affaire à suivre, la Scotus n’a pas encore rendu sa décision. RDV dans quelques semaines.

Carlson interroge Poutine : le désespoir des médias traditionnels

H16

12/2/2024 - Petit vent de panique dans les médias et les réseaux sociaux : Tucker Carlson a réalisé un entretien avec Vladimir Poutine, ce qui ne manque pas d’attiser de nombreux commentaires, pas tous indispensables.

Pour ceux (rares sans doute) qui n’auraient pas compris le sujet ou trouvé l’entretien en question, son intégralité est disponible ici sur X : en deux heures, Carlson pose quelques questions à l’actuel président russe, couvrant ses motivations dans l’invasion ukrainienne, son avis sur les tendances globales du monde et notamment la perte d’influence des États-Unis sur la scène internationale, l’affaiblissement du dollar et différents aspects géopolitiques imposés par les événements actuels.

On pourrait disserter sur les réponses de Poutine, mais le brouhaha des commentaires de la presse et des réseaux sociaux suffit amplement.

En revanche, on pourra noter quelques aspects périphériques que ce brouhaha ne couvre presque pas et qui n’en constituent pas moins des informations très éclairantes de l’état actuel, réel et palpable du monde, de plus en plus éloigné de l’image qu’en retransmettent fébrilement les médias occidentaux.

Rien que la mise en place de l’entretien constitue en lui-même un message que peu de journalistes de la presse politiquement autorisée peuvent se permettre de relayer sans froisser de très vocales susceptibilités : par contraste, on se rappellera des réceptions par le même Poutine de dirigeants occidentaux comme Scholz ou Macron qui eurent amplement la place de gesticuler, au contraire d’un Tucker Carlson fort rapproché du président russe.


Nul doute que cela pourra être interprété par les uns comme un désir pour Poutine de paraître chaleureux, pour d’autre de confirmer que Carlson est évidemment stipendié par le FSB. Charge pour Macron ou Scholz d’en tirer, peut-être, un enseignement diplomatique.

Et tant qu’à parler de contraste, on ne pourra s’empêcher d’en noter d’autres : au contraire des performances télévisuelles de Macron qui débite ses phrases creuses avec un aplomb que seuls les cuistres possèdent, Poutine expose clairement un point de vue qui s’embarrasse assez peu du “en même temps” invertébré de Macron. Certes, ce point de vue peut amplement être vu comme un mensonge ou de la propagande, mais au moins peut-il se targuer d’une substance et d’une constance dont le président français n’a jamais pu faire preuve : s’il ment, Poutine le fait de façon cohérente et contraste fort avec la girouette Macron dont les petites phrases, au mieux grandiloquentes, au pire insultantes, n’ont que très rarement eu de portée au delà du périphérique parisien.

Contraste aussi important lorsqu’on compare les deux heures d’entretien d’un dirigeant que des rumeurs occidentales insistantes voulaient mourant ou en proie à quelques cancers carabinés, et les quelques minutes de conférence de presse de son équivalent américain pendant lesquelles l’actuel locataire de la Maison-Blanche évoque le président allemand Mitterrand ou le président mexicain Sissi, dans un brouillard mémoriel quelque peu préoccupant.

On notera au passage que pour certains, le commentaire historique de Poutine (trop long, il est vrai) serait sans intérêt ou carrément hors-sujet pour justifier ou contextualiser l’actuel conflit russo-ukrainien, mais que les mêmes s’empresseront d’en appeler à l’histoire concernant Israël sur les cinq mille dernières années dans un deux poids, deux mesures décontracté qui n’étonnera que l’observateur extérieur réellement neutre. Du reste, cette partie de l’entretien est, sur le plan de la communication, assez désastreux : la plupart des auditeurs n’ont plus, depuis des lustres, l’habitude de ce genre de réponses longues, les réponses courtes permettant une bien meilleure viralité…


Mais en réalité, on peut s’interroger sur le but réel poursuivi par Poutine avec cet entretien : beaucoup d’Occidentaux le commentent en partant du principe (peut-être faux) que le dirigeant russe essaie de leur faire passer un message, voire de les séduire.

C’est sans doute en partie vrai et on ne peut écarter l’influence de ce genre d’opération sur les opinions publiques en général. Cependant, c’est aussi probablement une erreur d’oublier que Poutine, en donnant ce genre d’entretien, s’adresse aussi au reste du monde et que ce dernier continue de grandir en importance géopolitique (actuellement au détriment de l’Occident, d’ailleurs). Ainsi, de nombreuses déclarations de Poutine sont rapidement virales en Chine, générant des centaines de millions, voire des milliards de vues sur des sites tels que Weibo, soit des engagements bien plus importants que la population entière de la plupart des pays occidentaux.

En outre, il ne fait aucun doute que l’entretien sera aussi disséqué et analysé par l’ensemble des alliés de la Russie et de ses partenaires commerciaux ; dans ce contexte, on comprend mieux la réaction ulcérée de la presse occidentale avant que l’entretien ne paraisse, ou les appels quelque peu consternants de certains politiciens à sanctionner Tucker Carlson en Union Européenne. Apparemment, le journaliste américain a touché une corde sensible que d’autres, avant lui, n’avaient pas même frôlée : le narratif occidental serait-il si fragile et si menacé par un tel entretien ?


En tout cas, à plus de 170 millions de vues, on comprend surtout que la puissance de frappe des médias occidentaux n’est plus ce qu’elle a été, nonobstant le ban plus ou moins ferme de certaines plateformes et de certains médias.

Dans un monde où Macron rêverait sans doute réaliser un dixième de cette audience, l’entretien réalisé par Tucker Carlson montre surtout que les médias traditionnels, politiquement corrects et officiellement sanctionnés, n’ont plus du tout la cote auprès du public : il apparaît clair que la presse traditionnelle, bâtie sur un contrôle fin des contenus et des canaux de diffusion, généralement subventionnée (ou au moins autorisée) par les États, lourdement “sponsorisée” par des intérêts et un capitalisme de connivences, a perdu de son pouvoir de pénétration des esprits : à l’exception sans doute des générations les plus âgées qui restent cantonnées à la radio et à la télévision traditionnelles, les canaux d’information sont maintenant tous sur internet et les labels “agréé ou subventionné par l’État” voire “avec des vrais bouts de fact-checking dedans” apparaissent de plus en plus comme des repoussoirs, tant et si bien que l’audience de ces médias s’effondre.


En définitive, les réactions à l’entretien en disent beaucoup plus long sur ceux qui réagissent que sur Poutine ou Carlson, et ce d’autant plus lorsque les réactions sont virulentes et font appel à l’émotion plutôt qu’à la raison.

La multiplication des adjectifs péjoratifs voire des insultes (tant envers Poutine qu’envers Carlson), les cris d’outrage, les appels au boycott voire à la censure ou, encore plus éclairant, à ouvertement lancer des rumeurs ou de la désinformation pour contrer l’influence supposée de cet entretien indiquent sans le moindre doute, que le calme et la pondération s’étant totalement évaporés, leurs auteurs ont pris – même confusément – conscience d’une réalité pour eux insupportable : ils ne contrôlent plus l’information, l’opinion publique va devoir se former sur des sources multiples y compris contradictoires mais surtout, sans eux.

C’est la panique : ils ont peur.


10 février 2024

Vincent Verschoore

L'énorme arnaque menée par l'agrobusiness (FNSEA) et le régime Macron sur le dos de la paysannerie est bien synthétisé par ce paragraphe, extrait d'un article du 3 février sur le site de la Confédération paysanne :
"Nous dénonçons le choix du gouvernement de traiter différemment les mobilisations et les organisations syndicales. Les dirigeants de la FNSEA ont obtenu du gouvernement des réponses liées à leurs intérêts personnels d'agri-managers spéculateurs. Ces derniers ont ainsi permis au gouvernement de s'exonérer de répondre à la question centrale de cette mobilisation : le revenu."
Dindons (français) de la farce (européenne), la Conf n'a pas désarmé, mais la flicaille a aussi changé de ton car les paysans, ça ressemble quand même un peu aux Gilets jaunes. La presse aux ordres a enterré l'affaire, mais le mouvement agricole est loin d'être enterré, et se propage partout : Pologne, Espagne, Italie, Pays-Bas, Pays de Galles voient des cortèges de tracteurs réclamer moins de taxes, moins de normes, et moins de concurrence déloyale depuis l'extérieur (Maroc, Ukraine...), mais aussi intérieure : en réponse aux cargaisons espagnoles ou portugaises détruites sur les barrages français, des Espagnols vident des camions citernes de vin français...
Peut-on tout avoir, c'est-à-dire des produits agricoles de qualité qui respectent l'environnement, un revenu correct pour les (petits) agriculteurs, pour une alimentation financièrement accessible au plus grand nombre ? Il faudrait ici un large débat, prenant aussi en compte le coût, pour la société, d'une mauvaise alimentation et de terres invivables.


« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée l’orage » (Jean Jaurès, 1895)

Denis COLLIN

4/2/2024 - Au moment où l’OTAN effectue les plus grandes manœuvres en Europe depuis la fin de la « guerre froide », on ne peut ne pas penser à cette phrase de Jaurès.

Ce qui se passe depuis quelques décennies — c’est-à-dire depuis que la Chine, suivie de l’Inde, est devenue un des acteurs majeurs du capitalisme mondial — c’est une restructuration en profondeur des rapports de forces au sein de ce système « national-mondial hiérarchisé », avec le déclin de l’hégémonie des États-Unis et le développement d’une concurrence féroce entre puissances qui veulent établir leur domination sur le marché mondial ou du moins réclament un nouveau partage du monde. On se souvient que ce type de situation fut très exactement celui qui conduisit à la Première Guerre mondiale. La comparaison ne s’arrête pas là : l’historien Christopher Clark a publié en 2012 chez Allen Lane Les Somnambules. Été 1914 : comment l’Europe a marché vers la guerre ; il est de plus en plus évident que ce sont des somnambules du même qui préparent la prochaine conflagration mondiale, laquelle pourrait d’ailleurs être vraiment la « der des ders » : les éventuelles suivantes se feront avec des pierres comme le prédisait Einstein.

Nous avons des puissances impériales déclinantes : les États-Unis et la « vieille Europe » qui a cessé d’être une puissance autonome, mais se survit comme prolongement des États-Unis — c’est encore beaucoup dire : les États-Unis sont prêts à dépecer l’Europe et à la réduire à l’état de champ de pommes de terre (le destin que Roosevelt promettait à l’Allemagne) s’ils jugent que c’est nécessaire pour la défense de leurs intérêts. Nous avons en face la puissance montante chinoise, première puissance économique mondiale, un statut gagné très largement parce qu’Européens et Américains du Nord ont jugé malin d’en faire l’usine du monde pour se débarrasser de cette chose ennuyeuse qui s’appelle la production. La Chine est bien devenue une puissance impérialiste, selon les critères de Lénine, puisque l’exportation des capitaux est devenue aussi importante que l’exportation des marchandises. Histoire de donner le change, par exemple, on construit bien en Europe des usines de batteries pour les voitures électriques, mais partout on trouve des capitaux chinois. L’un des leaders de l’électrique en Europe est MG, groupe britannique vénérable, mais devenu filiale d’un groupe chinois. Dans le domaine des hautes technologies, tant l’informatique que les biotechnologies, les Chinois sont en train de prendre une bonne avance et pour montrer ce dont ils sont capables, ils viennent d’interdire l’exportation des technologies d’extraction et de filtration des terres rares… Après la Chine et les États-Unis, la troisième puissance mondiale (si on prend le PIB en PPA comme indicateur) est l’Inde qui, elle aussi, commence à prendre pied, en Europe et ailleurs. Nous avons aussi des « impérialismes régionaux », c’est-à-dire des nations qui commencent à jouer leur propre partition sans obéir aux ordres des « super-grands ». On pense à l’Iran, à l’Arabie Saoudite, à l’Afrique du Sud, etc., mais surtout à la Turquie, très influente en Afrique et qui impose de plus en plus ses prétentions, appuyées par les pays proches, notamment linguistiquement, comme l’Azerbaïdjan. Il faut mettre à part le cas de la Russie, un pays immense, faiblement peuplé (à peine plus que le Japon), mais disposant de ressources naturelles gigantesques et qui a connu, sous la férule de Poutine, un redressement notable à tous points de vue, quand on compare l’état actuel de ce pays à celui que la décennie de décomposition de l’URSS avait laissé. La Russie est un double enjeu : d’une part, sa défaite et le chaos qui pourrait s’en suivre donneraient à la Maison Blanche quelque espoir pour contenir la Chine ; d’autre part, les ressources notamment agricoles (et pas seulement gazières !) font baver d’envie les capitalistes du monde entier.

Tous les ingrédients sont réunis pour une période de guerres, plus ou moins généralisées, plus ou moins longues — la longueur dépend du moment où le feu nucléaire sera déclenché — et dans cette période, il est fort probable que l’Europe s’abîme, étant donné que nos somnambules à nous sont aussi des candidats au suicide. Pouvons-nous échapper à cette issue qui semble de plus en plus probable ? À certains égards, c’est impossible. Les conséquences de ces crises et de ces guerres ne laisseront personne à l’abri. Le monde d’hier est en train de mourir et celui de demain ne sera certainement pas celui des lendemains qui chantent. Mais nous ne sommes pas totalement impuissants : nous pouvons suivre l’exemple de Jaurès qui n’a jamais perdu l’espoir d’enrayer la mécanique infernale et qu’il a fallu assassiner pour déclencher le feu qui a mis l’Europe à genoux.

Pour nous, citoyens français, qui ne peuvent parler pour les autres, mais dont l’exemple pourrait faire tache d’huile, nous avons la possibilité d’agir politiquement, c’est-à-dire de changer la politique et les dirigeants de notre nation. Trois axes devraient nous guider : 1° quitter l’OTAN et proclamer notre neutralité ; 2° renoncer à toute politique impériale et achever la liquidation de la « Françafrique » pour renouer des relations amicales et des partenariats égalitaires avec les différents pays du continent africain traditionnellement liés à la France ; 3° quitter l’Union européenne. Le troisième est à la fois condition et la conséquence nécessaire deux premiers.

La neutralité permettrait à la France de jouer un rôle pour œuvrer à l’issue pacifique des conflits les plus dangereux aujourd’hui, qu’il s’agisse de la guerre en Ukraine ou du conflit israélo-palestinien. Ce qu’on propose ici n’est pas très révolutionnaire : des pas dans cette direction (des petits pas tout de même) avaient été faits par de Gaulle, tant par la sortie du commandement intégré de l’OTAN que par des grands discours comme le discours de Phnom Penh. Redisons-le : la guerre entre l’Ukraine et la Russie n’est pas la nôtre et nous devons seulement œuvrer à la cessation des hostilités et à trouver les moyens d’une paix durable. Ici comme au Moyen-Orient.

Si nous devenons un pays neutre et si nous renonçons solennellement à toute politique impériale, si nous renonçons, de bon cœur, au « pré carré africain » qui n’a plus aucune existence sérieuse, si nous renonçons aux bases militaires et si nous renonçons à faire des leçons morales mal venues aux autres gouvernements, alors nous pourrons renouer des partenariats utiles à tous en Afrique. Et ailleurs aussi ! Faisons le pari que les idéaux de la Révolution française, qui furent largement à l’origine des mouvements anticolonialistes, ne sont pas morts.

Enfin si nous sortons de l’UE, si nous ne sommes plus les membres indispensables de ce « machin » dirigé par des fous comme Mme von der Leyen, alors nous devrons à nouveau apprendre à compter sur nos propres forces, à redevenir un pays qui produit ses conditions matérielles d’existence et qui ne peut compter que sur l’enthousiasme, le labeur et l’intelligence de ce peuple qui saura se montrer digne des meilleurs moments de son histoire et de tout ce qu’il a apporté à la culture de l’humanité.

Il est vain de réclamer des refondations de l’Europe ou de l’ordre international. Nous devons nous concentrer sur ce qui dépend de nous. Il est évident que tout ce qui est proposé ici est totalement contradictoire avec la perpétuation de la domination du mode de production capitaliste, c’est-à-dire avec la liberté du renard libre dans le poulailler. Faire prévaloir les intérêts de tous, redonner sa priorité au bien commun, telles sont les conditions pour être libres. Évidemment, comme le disait Périclès aux Athéniens, selon une phrase rapportée par Thucyide, « il faut choisir, se reposer ou être libre ».

Un article 4 anti-science

Gilles La Carbona


L’attaque des esprits liberticides de la macronie ne cesse jamais. Ils ont ce besoin viscéral de contraindre, terroriser, harceler, c’est leur ADN. Le projet de loi visant à criminaliser ceux qui s’élèveront contre les prochains traitements et les vaccins, a été adopté hier par la commission des lois de l’Assemblée nationale. Le Sénat, dans sa première lecture, avait supprimé l’article 4, le plus déviant et contestable de cette loi. La macronie, dont le principal souci pour rester au pouvoir et persister dans sa folie, est de tout contrôler, censurer, vient de le réintroduire. Il est à souligner que ledit projet avait été sévèrement jugé par le Conseil d’État en novembre 2023. On peut déplorer que son avis consultatif n’ait pas été suivi, d’autant que ses arguments ne pouvaient manquer d’interpeller les consciences, quant à sa conformité avec notre Constitution. Il avait en effet considéré que les mesures prévues étaient disproportionnées et présentaient un risque de dérives sectaires et de censure du débat scientifique. Pour protéger une prétendue vraie science en opposition à une fausse, la macronie n’hésite pas à décréter que la Vérité ne peut avoir qu’une source dont elle s’arroge, en toute humilité, la possession exclusive et qu’une fois révélée elle devient légalement incontestable, oubliant que la science est faite de recherches de tâtonnements, de comparaisons et d’erreurs.

Sans discussion de ce genre, nous filons tout droit vers un retour à la vision pré-galiléenne, où un tribunal aux accents théologiques jugera des méfaits de l’interrogation sur un traitement. Le même Conseil d’État estime qu’il est nécessaire de garantir un équilibre entre les droits constitutionnels afin de ne pas remettre en cause la liberté des débats scientifiques. Il rappelle que la Cour européenne des droits de l’Homme a souligné la liberté fondamentale d’accepter ou de refuser un traitement spécifique, ou de choisir un autre type de traitement, essentiel à la maîtrise de son propre destin et à l’autonomie personnelle, en l’absence de pressions inappropriées. (Cour EDH arrêt n° 302/02 du 10 juin 2010).

La volonté sous-jacente est de masquer tout ce qui pourrait établir une responsabilité dans l’explosion des effets secondaires des récents vaccins, pourtant reconnus et dénoncés avec force en Australie ou aux États-Unis, par exemple. Le besoin de protéger les artisans d’une vaccination forcée camouflée, qui se révèle être une catastrophe sanitaire générant une augmentation soi-disant inexpliquée de la mortalité, est évident. Le Royaume-Uni vient d’avouer un accroissement de celle-ci de 22% en 2023 pour les jeunes de 1 à 14 ans, les États-Unis enregistrent un taux de +16% chez les moins de 25 ans. Curieux tout de même. Que s’est-il passé depuis cette date au niveau mondial pour arriver à ce résultat ? Ces augmentations brutales interviennent toutes après 2021 et nos gouvernants se refusent toujours à se poser les bonnes questions, évitant soigneusement d’entendre ceux qui ne pensent pas comme eux et qui apportent des preuves tangibles. Ils font avec la médecine ce qu’ils font avec tout le reste. Ne rabâchent-ils pas depuis le début, que la Russie perd la guerre ? Que l’économie russe est à bout de souffle ? Nos libertés sont plus que jamais menacées. Nous l’écrivions déjà en novembre 2023, il est utile de le rappeler encore une fois.

« Voilà comment on fait de la loi l’outil d’une répression, le marqueur d’une propagande qui de fait devient légale. La loi ne préserve pas de l’arbitraire, ni de l’ignoble, elle peut même lui donner un statut licite et donc un visage moral. Les lois anti-juives étaient légalement incontestables, elles n’en demeuraient pas moins atroces et honteuses. Celles sur l’esclavagisme également. Quand le pouvoir législatif est laissé à la seule initiative d’un pouvoir autoritaire qui tente de protéger ses amis ou de se mettre soi-même à l’abri de poursuites, la démocratie n’existe plus. Le cadre n’est plus qu’un habillage destiné à faire croire que tout reste conforme aux institutions, elles-mêmes phagocytées et infiltrées pour rendre les verdicts que l’on attend d’elles. Ce fut le cas du Conseil Constitutionnel avec le passe vaccinal, que Fabius dénonça plus tard comme non conforme devant des journalistes. »

L’État qui se veut de droit, ne protège pas de l’arbitraire, la preuve, le Conseil d’État, dont l’avis est sans nuance, est ignoré. Il y a urgence à saisir nos députés de l’opposition pour rappeler ces faits. Derrière cette loi qui empêchera cette dérive maléfique érigée en conscience messianique de s’attaquer à tous les autres sujets ? Rien ni personne. Il est temps de se concentrer sur l’essentiel, la préservation de la richesse du débat contradictoire et non l’excommunication de toute personne ayant une vue contraire à celle du pouvoir. Cet article 4 est fondamentalement en contradiction avec notre Constitution. Le préambule contient la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, celle-ci précise dans son article 19 :

Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit.

Le fait même que l’article 4 de ce projet de loi soit maintenu en considération de ces hauts principes doit nous alarmer. Il est improbable que les députés de cette commission des lois ne connaissent pas ces éléments. C’est donc sciemment qu’ils les violent. Ces gens ne sont plus respectueux du texte le plus sacré de notre République, il y a urgence à leur rappeler que s’ils font la loi, c’est dans un cadre précis et qu’il ne leur appartient pas de le modifier en s’affranchissant de ses contraintes, sans passer à minima devant le peuple pour en être autorisé.

La parole du pouvoir n’est pas un évangile que l’on récite dans une adoration béate en se prosternant devant son Dieu. Elle est sujette à erreur, même si la Macronie conteste cet état, en se décrétant infaillible. Un tel article n’a pas à être discuté, il doit être retiré séance tenante.

Sommes-nous entrés dans une factice république aux accents religieux, où l’obscurantisme deviendrait la règle contre la philosophie des lumières qui s’est ingéniée à pourchasser les prédicateurs arriérés, donnant ses lettres de noblesse à l’esprit qu’il fût scientifique, artistique, ou littéraire ? Ou plus basiquement, les responsabilités et les enjeux financiers énormes valent-ils un coup de force législatif, dans un monde dégradé, où les bases démocratiques sont piétinées ? Il nous manque des Voltaire, des Diderot, des Montesquieu. Ne serait-on plus capable de cette excellence sous prétexte que notre siècle est différent, plus violent, ou moins sûr ? L’est-il réellement ou est-il simplement plus volatile, plus imbriqué, plus corrompu aussi ? Faut-il déplorer un manque de courage, ou une pauvreté de réflexion ? Cette loi, si elle devait passer, confirmerait que l’héritage de Vichy n’est plus un mauvais fantasme, mais une inquiétante réalité. Se soumettre à la volonté d’un pouvoir qui désire maîtriser les pensées qu’il autorise au débat, rappelle les réunions de Macron où il décidait avant, des questions et de qui les poseraient. Nous attendons de toutes les oppositions une levée de boucliers et un seul mot, NON, à cet article 4.

France Info
Publié le 08/02/2024 15:36

Gaza : Les pays occidentaux sont "en train de devenir activement complices de ce carnage", accuse Rony Brauman, ex-président de MSF

Invité sur France Info, jeudi, l'ancien président de Médecins sans frontières, s'inquiète de l'intervention des pays occidentaux dans le conflit entre Israël et la Palestine.

Rony Brauman, à Mérignac, le 17 janvier 2012
(BONNAUD GUILLAUME / MAXPPP)

Les pays occidentaux sont "en train de devenir activement complices de ce carnage et cette boucherie", a accusé, jeudi 8 février, sur franceinfo Rony Brauman, médecin, ancien président de Médecins sans srontières (MSF). Benyamin Netanyahou a rejeté une trêve espérée depuis plusieurs jours dans la bande de Gaza et annonce une offensive sur Rafah dans le Sud.

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"Cette offensive rajoute une catastrophe à la catastrophe", explique l’ancien humanitaire. Alors que les États-Unis ont œuvré avec les Européens à cette trêve de longue durée, Rony Brauman juge "contradictoire à appeler d'un côté à la trêve et de l'autre à continuer à ravitailler en armes et en munitions la partie la plus puissante", en l’occurrence Israël.

À quoi ressemblerait une bataille de Rafah alors que plus d’un million de Palestiniens sont coincés au sud de Gaza ?

Quelle que soit la direction que ces déplacés vont prendre, c’est une descente de plusieurs degrés, en plein dans la désespérance, dans l'effroi, dans le malheur, dans la promiscuité, dans la diffusion de maladies épidémiques et probablement dans la préparation de nouvelles générations habitées par la haine, par le désir de vengeance, bref par la préparation d'un avenir de violence. Donc aussi bien du point de vue de ce qui se passe présentement que de ce que l’on peut imaginer dans le futur, cette offensive rajoute une catastrophe à la catastrophe.

Rafah était le dernier endroit où les humanitaires pouvaient travailler. Que va-t-il se passer ?

Les quelques rares endroits où on pouvait travailler sont toujours des endroits extrêmement précaires, où on peut éventuellement travailler aujourd'hui, mais se faire tirer dessus le lendemain. On peut avoir une autorisation de déplacement, et puis des tirs de snipers vous attaquent comme des bêtes, c'est absolument atroce. Ces atrocités sont commises avec la complicité des pays qui se réclament du droit international, du droit humanitaire, de la légalité internationale, c'est-à-dire les pays occidentaux, au premier rang desquels les États-Unis. Mais avec le concours actif de pays européens dont l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la France. Nous sommes en train de devenir activement complices de ce carnage et cette boucherie.

Pourtant, les États-Unis font pression sur Israël pour obtenir une trêve. Benyamin Netanyahou veut aller au bout de sa guerre ?

Les États-Unis et l'Europe œuvrent à une trêve de plus longue durée. C’est tout à fait souhaitable, mais pendant ce temps-là, les livraisons d'armes, de munitions, continuent à flux tendu. Tous les jours, Il y a une sorte de pont aérien entre les États-Unis notamment, mais aussi l'Europe vers Israël, qui permet de tirer des milliers, des milliers et des milliers de missiles, de munitions diverses. Il y a quelque chose d'un peu contradictoire à appeler d'un côté à la trêve et de l'autre à continuer à ravitailler en armes et en munitions la partie la plus puissante, celle qui détient tous les leviers pour la décision du lendemain.

L’impuissance des Nations unies est inquiétante, selon vous ?

Les appels des Nations unies non seulement ne servent à rien, mais sont reçus en quelque sorte avec un bras d'honneur ou un doigt d'honneur par Benyamin Netanyahou. Je me demande si les Nations unies vont surmonter cette épreuve. Ça renvoie un peu à ce qui s'est passé en 1935 après l’invasion de l’Éthiopie par l'Italie fasciste de Mussolini qui a signé la fin de Société des Nations. Est-ce que les Nations unies vont survivre à cette épreuve, sachant qu'un organe des Nations unies parle de génocide plausible actuellement perpétré dans la bande de Gaza et que des membres du groupe de membres permanents du Conseil de sécurité continuent de ravitailler la partie qui est exclusivement coupable de génocide.

Denis Collin

Nous avons voulu nous libérer des contraintes sociales, religieuses autant que politiques : l’homme moderne ne va pas à la messe, ni à la réunion du parti ; il vote quand il y pense et se désintéresse du débat public. Il est libre, mais libre de subir des décisions prises ailleurs, sans lui. Nous sommes autant d’atomes isolés, sans autre rapport avec les autres que ceux que nous avons librement choisis. Nous réalisons l’idéal libertarien énoncé par Robert Nozick (voir Anarchie, État, Utopie) : « les individus mènent des existences séparées ». Mais, de ce fait, nous n’avons plus aucune force commune, aucun kratos et nous devons subir isolément la puissance de forces qui nous dépassent et qui pourtant sont des forces d’origine humaine.
Radu Portocala

Notre bon président est très fier du nouveau mot qu’il a ajouté à son vocabulaire : réarmement. À tel point qu’il le mélange désormais à toutes ces sauces fades et tièdes qu’il nous sert depuis sept ans. Réarmement dans tous les domaines - suite logique de ses annonces répétée plusieurs fois, moins logiques et plutôt ridicules : « Nous sommes en guerre ! »
Je ne sais pas quelles sont ses sources d’inspiration, mais, plus d’une fois, j’ai noté que ses envolées me rappelaient des souvenirs pénibles. Dans mon enfance, le parti et ses propagandistes lançaient des injonctions de la même nature : « Armons-nous, camarades, contre l’ennemi de classe ! » Et ils s’armaient avec des clés de prison.
Ne voulant probablement pas déplaire au chef, le jeune premier ministre se sent obligé de copier. Pour lui, soumis à l’actualité, nous devons nous lancer dans le réarmement agricole. Mais, en fin de compte, est-ce bien une copie ou la preuve de leur commune non-pensée, de leur croupissement dans l’uniformité grise du néant ?
Malheur au pays dont ceux qui le dirigent lui parlent en slogans. Car il y a, derrière l’ineptie des slogans, mensonge, mépris et signe de rupture. Les tyrannies de toutes sortes en font grand usage - ils sont leurs narcotiques de masse.

9 février 2024

Michel Rosenzweig

Depuis sa mise en ligne aujourd'hui à minuit, beaucoup de commentaires circulent et même de fausses traductions, dont une qui évoque la guerre à Gaza et Israël, alors que ce sujet n'est jamais abordé dans l'interview. Le compte de Zoé Sagan notamment ainsi que d'autres se sont engouffrés dans la fabrication de faux avérés. Lamentable.
J'ai donc consacré deux heures à regarder attentivement cette entretien troublant, passionnant et même fascinant à certains égards.
Mais sans aucune naïveté.
Poutine, c'est l'histoire d'un petit voyou de St Pétersbourg devenu chef de bande, puis chef de clan, kagébiste et enfin président du plus grand pays de la planète.
Poutine c'est aussi l'enfant qui a grandi dans la famille des voisins, une famille juive pour laquelle il gardera une certaine gratitude, ce qui ne l'empêchera pas de soutenir aussi les islamistes par pur opportunisme politique.
Mais Poutine c'est surtout un homme (chef de clan et parrain) déçu et blessé qui voulait entrer dans le club du camp adverse pour faire alliance avec lui, le club de l'OTAN qui n'a pas voulu de lui, comme l'illustre ici le court extrait.
Dans cet entretien on ressent bien cette blessure, ce ressentiment et le rejet vécu par celui qui voulait collaborer avec l'Occident et en faire partie tout en gardant son identité et sa souveraineté.
C'est donc un homme déçu et trahi qui s'exprime ici et qui justifie son opération militaire spéciale en Ukraine comme l'ultime moyen de se faire entendre et de préserver la sécurité et la souveraineté du pays dont il a la charge.
Il faut saluer la manière dont cet entretien a été mené par Tucker Carlson, probablement téléguidé par Trump, même s'il est évident que ce dernier a de la sympathie pour le Maître du Kremlin et un parti pris évident, aucune agressivité, des questions essentielles (mais aucune question qui fâche évidemment), une évidente naïveté de sa part qui trahit pas mal d'ignorance, beaucoup de complaisance et même une certaine complicité dans deux ou trois séquences où l'on voit bien la connivence dans les sourires échangés entre les deux hommes.
Poutine apparaît en pleine forme physique et mentale et très sûr de lui, il se dégage de lui une affirmation de soi et de sa fonction présidentielle, une incarnation de la fonction avec une assurance et une autorité naturelle qui impose le respect et inspire la crainte.
Cependant, et je le répète encore une fois contrairement à ce que d'aucuns continuent à affirmer, Poutine n'est pas Hitler, définitivement pas, et ceux qui lui prêtent des velléités de s'en prendre à la Pologne ou aux pays Baltes afin de reconstituer l'Empire soviétique ou russe se trompent.
Vladimir Vladimirovitch Poutine n'est ni un ange ni un enfant de chœur, c’est un autocrate mafieux qui dirige la Russie comme un Capo dei capi, il est froid et dur, son regard est celui d'un loup disposé à tuer sans état d'âme pour défendre sa meute et ses intérêts, il ment et réécrit l’histoire, certes, mais il n'est pas nécessairement le prédateur conquérant décrit par la propagande occidentale.
Et il n'est pas dépourvu d'humour fut-il grinçant.

Version française sous-titrée de l'entretien Poutine-Carlson

France-Soir
Publié le 09 février 2024 - 14:22