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7 mars 2024

Nous aurions besoin d’Europe ? Allons donc…

Pierre Duriot
Porte-parole du Rassemblement du Peuple Français


7/3/2024 - On se pince en écoutant Valérie Hayer, tête de liste macroniste pour les prochaines élections européennes, perroquet de service, répétant inlassablement des éléments de langage vides de sens. La voilà qui explique que l’Europe va garantir la paix face à Poutine, ennemi extérieur qui devrait nous envahir. Où a-t-elle pêché ça ? Depuis 20 ans qu’il est au pouvoir, si Poutine avait dû nous envahir, cela se saurait. Mais non, Hayer brandit une menace hypothétique, alors que c’est bien l’Europe qui nous a entraîné dans une guerre pour soutenir un pays qui ne fait partie, ni de l’Europe, ni de l’OTAN, avec lequel nous n’avions aucun lien significatif, diplomatique ou économique, avant l’opération russe et qui est devenu, depuis, un enjeu majeur, on se demande bien pourquoi ? Ce pays, le plus corrompu d’Europe, engloutit désormais nos impôts, nos matériels militaires, encore une fois, pour quelle raison objective, sachant qu’en plus, une partie des aides est détournée vers des poches privées ?

Et le RN qui serait un ennemi intérieur ? Qu’auraient donc fait ces gens qui ait pu nuire au pays ? Là encore, Hayer manie l’hypothétique et fustige une formation qui n’a jamais exercé le pouvoir, expliquant que si elle y arrivait, elle ferait pire que Macron. Qu’en sait-elle ? Ainsi l’Europe serait également un rempart en matière de sécurité : la délinquance française n’a jamais été aussi élevée. Un rempart en matière de changement climatique : le narratif carbone ne repose sur aucune base scientifique. Un rempart en matière d’immigration : le flot de pseudo-réfugiés n’a jamais été aussi important.

Valérie Hayer pédale dans le concept idéologique et il faut la ramener sur terre. Avec le passage à l’Euro, chaque foyer français a perdu plusieurs dizaines de milliers d’Euro. Avec l’Europe à la manœuvre, les Français ont vu fondre leurs services publics, augmenter leur dette, se déliter leur système de santé et d’éducation. Ils ont vu arriver des millions de migrants, avec comme concomitance, une augmentation de la délinquance sans précédent. Mais sur les dernières années, ils se sont fait avoir, avec une opération d'ingénierie sociale qui a consisté à les confiner sous un prétexte fallacieux de fausse pandémie et de les conduire à des injections dont on commence tout juste à mesurer les effets désastreux, sans compter le prix payé pour ce produit, quasiment une centaine de milliards au niveau européen.

Les choses se sont enchaînées, avec une inflation record, des attaques régulières contre la liberté d’expression, la liberté de circulation, l’imposition de véhicules électriques, dont plus grand monde ne veut et des tentatives permanentes d’application de normes délétères, comme les diagnostics ineptes des logements, qui privent les propriétaires de leurs biens, les signatures de traités en tous genres, qui affament les paysans, liquident les petites et moyennes entreprises. Qui font disparaître également l’Histoire, la chrétienté, la culture, les héros nationaux, le tout sous couvert d’idéologie et de changement climatique, lequel, encore une fois, ne repose pas sur l’action de l’homme, selon des centaines de scientifiques jamais invités à débattre, au motif qu’ils refusent de répéter bêtement le dogme imposé.

« Nous avons besoin d’Europe », s’exclame-t-elle en guise de préambule. Qui, nous ? Elle peut-être, mais pas le quidam européen, qui voit son pouvoir d’achat fondre comme neige au soleil, qui se retrouve en proie aux pénuries en tous genres, comme celle des médicaments, qui voit augmenter sans fin le prix des énergies les plus courantes et qui est incité à moins manger, moins se chauffer, moins se déplacer. Qui veut encore de cette Europe-là, qui clôt le tout avec des scandales de corruption à répétition, qui touchent principalement, rappelons-le, les élus socialistes et ceux de la mouvance de Renaissance.

« Nous avons besoin d’Europe », comme une méthode Coué. L’Europe a en réalité, rincé, affamé, insécurisé, précarisé, apeuré, sidéré, l’ensemble des peuples européens, depuis l’ouvrier polonais, jusqu’au maraîcher espagnol, en passant par le boulanger français, plongeant tout le monde dans une profonde déprime collective. Nous n’avons plus besoin d’Europe, plus de cette Europe-là en tout cas. Besoin d’une autre Europe, besoin de retrouver ce qui a fait la force de nos racines européennes et de ces pays qui, rappelons-le, sont à l’origine de 100% des inventions techniques et scientifiques du monde moderne. Le 9 juin prochain, n’en déplaise à Valérie Hayer, personnage de paille, ressassant en boucle un discours hors sol et mensonger à l’extrême, il faudra introduire une vraie rupture dans un processus délétère et virer une clique nauséabonde, désormais engagée dans une surenchère de propagande pour tenter de rester au pouvoir.

Pierre Duriot

6 mars 2024

Jonathan Sturel

L'inscription de l'avortement dans la Constitution n'est possible que parce que le régime a échoué sur tout le reste et qu'il se cherche donc ailleurs des victoires à fêter et des raisons d'être fier de lui.
Son bilan est catastrophique dans tous les domaines sans aucune exception mais son personnel politique a trouvé dans la constitutionnalisation de l'avortement un totem commun devant lequel s'incliner et se rappeler à soi-même à quel point il est progressiste, à quel point donc la France doit se féliciter d'avoir un tel personnel politique malgré ses échecs permanents dans tous les domaines.
Si notre pays était vivant, dynamique économiquement, si le niveau de vie était florissant, s'il n'y avait pas le risque de se faire poignarder à tous les coins de rue, si nous ne nous écroulions pas dans tous les classements mondiaux dans toutes les disciplines, en somme si nous étions un pays sur les rails nous n'aurions pas de temps à consacrer à ce genre de hochet puisque notre temps serait consacré à jouir d'une vie saine et pleine de promesses dans l'avenir et la jeunesse s'enthousiasmerait à l'idée de faire des enfants, de fonder des familles et de se projeter dans l'avenir.
Lorsqu'on en est rendu à célébrer l'inscription de l'avortement dans la Constitution avec les mêmes scènes de liesse que l'on observe dans les stades de football après un but, au lieu que cela soit le signe que le pays va bien c'est précisément la démonstration qu'il va très mal. Très mal au point que le seul vrai horizon que l'on offre à la jeunesse consiste en un accès toujours plus facilité à l'élimination des enfants à naître.
Le message est celui-là : « Oui, nous avons ruiné votre pays, dégradé vos conditions de vie, saboté votre avenir mais grâce à l'avortement que l'on vous propose de réaliser à échelle industrielle, la bonne nouvelle est que nous n'aurez pas à infliger cet avenir sombre à vos enfants. Vive le progrès ! »
Je ne vois pas comment un pays peut survivre, comment il peut trouver l'énergie de continuer après qu'on lui a injecté un poison moral aussi mortel dans l'esprit.
Marc Amblard

LE BELLICISME DES PLEUTRES

Gabriel Nerciat

2018 : "Qu'ils viennent me chercher !"
2024 : "Retenez-moi, ou je déclare la guerre mondiale aux Russes !"
Rires en Russie, consternation en Europe, indifférence amusée en Amérique.
Comment faire comprendre à ce pleutre abusif qu'il est doublement risible lorsqu'il veut faire assaut de virilité ?
Et puis, qui a dit que le temps passe vite ? J'ai l'impression que ce type calamiteux squatte le palais de Madame de Pompadour depuis des lustres.
La seule question des trois ans qui viennent : quel providentiel Lee Harvey Oswald daignera enfin nous en libérer... ↴

Vincent Verschoore

L'Etat poursuit son offensive anti-liberté, lancée par l'article 4, via une campagne médiatique organisée par la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).
Il y a évidemment quelques abus et charlatans sur les quatre axes visés (santé, argent, éducation et spiritualité), mais cela ressemble surtout à une attaque contre ce qui nuirait à l'Etat et ses mandataires du grand capital.
Par exemple sur l'aspect "santé" :
"Sur le premier axe, la santé, la Miviludes s'inquiète d'une "amplification" des "pratiques de soins non-conventionnelles", comme l'ostéopathie, la naturopathie ou encore le "jeûne thérapeutique". Il est donc encouragé de se "méfier des solutions miracle", par exemple on va viser quelques remèdes homéopathiques, mais sans se pencher sur, au hasard, la vaccination expérimentale de masse, profitant avant tout à l'industrie pharmaceutique.
Sur l'aspect "spirituel", on va parler des abus cachés "derrière du néo-chamanisme, du masculinisme, du féminin sacré ou du bouddhisme", mais pas du marketing transgenre visant les mineurs.
On y parle d'embrigadement, mais pas de confinements longue durée et de masquage d'enfants accusés par les bouffons étatiques de tueurs de grands-parents.
Toute cette bien-pensance, dégoulinant d'hypocrisie et de corruption, est emblématique de ce macronisme covidiste va-t-en guerre totalement coupé de toute réalité morale ou matérielle vécue par des gens normaux.

Européennes : la Macronie continuera de lutter contre les agriculteurs

H16

6/3/2024 - Youpi, enfin, il était temps : Virginie Hayer a été nommée tête de gondole liste macroniste aux prochaines élections européennes !

Tout le monde se réjouit forcément de cette judicieuse désignation qui portera fièrement les couleurs du Président français lors du prochain scrutin européen qui doit se tenir dans seulement trois mois, et qui permet notamment à Gabriel Attal de nous asséner quelques rots de son habituel technoblabla à base de lutte contre ceux qui veulent “déconstruire l’Europe”.


Et trois mois, c’est peu pour préparer une élection qu’on pressent délicate pour le parti présidentiel… Car il faut bien le reconnaître, d’une part, la tête de liste Vivianne Hayer est une inconnue presque parfaite et d’autre part, le bilan européen tant de Macron que de ses députés strasbourgeois est suffisamment mauvais (pour ne pas dire catastrophique) pour qu’on comprenne l’inquiétude lisible dans les yeux aux reflets psychotropes du premier ministre.

Car oui, il est bien difficile de dire que Véronique Hayer est une ténor de la politique française : vaguement apparue à quelques rares occasions sur l’un ou l’autre plateau de télé régionale ou dans l’une ou l’autre feuille de choux locale, la voilà propulsée sur la scène politique nationale et internationale pour cornaquer les putatifs députés macronistes vers le Parlement européen.

De surcroît, lorsqu’on l’écoute, on peine à distinguer Valentine Hayer d’une Adeline Oudéa-Castéra moyenne, puisqu’au delà de son apparence étonnamment similaire, on retrouve le même vocabulaire, les mêmes intonations, la même novlangue polie au contact des administrations et des cabinets politiques français. Violette Hayer, c’est une macronette typique qui sort, comme toutes les autres, d’un même moule intellectuel, et qui affiche des comportements, des raisonnements et des attitudes étonnamment standardisés qui vont probablement lui donner du mal à se singulariser au cours de cette campagne électorale.

En outre, les tentatives gouvernementales de nous la faire passer pour autre chose qu’une créature technocratique ne marcheront pas, à plus forte raison lorsque ce sont des tromblons du calibre de Nathalie Loiseau qui se colleront à ce défi quasiment perdu d’avance : cette dernière pourra bien couiner “Femme, Française et fille d’agriculteurs”, ça ne donnera pas plus d’authenticité à sa candidature qui est l’exemple même d’un parachutage grossier.

Car si elle est bien issue d’une famille d’agriculteurs, elle est entrée en politique à 21 ans et ne s’en est pas moins lancée dans un diplôme de droit public pour se spécialiser en finances auprès des collectivités locales ; la traite des vaches et l’ensemencement en saison ne sont pour elle qu’une expérience très indirecte à moins de noter qu’elle est depuis devenue assistante parlementaire pour plusieurs sénateurs.

Autrement dit, elle n’est pas beaucoup mieux placée pour parler d’agriculture que n’importe quel autre pion gouvernemental du moment et alors que les tensions entre agriculteurs et gouvernement ne s’apaisent guère, on comprend que son badge “Fille d’agriculteur” ne lui servira pas à grand-chose même si Macron, son gouvernement et quelques médias inféodés veulent absolument nous faire croire le contraire.


D’autant qu’il faudra qu’elle supporte le passif du groupe dont elle prend la présidence pour ces prochaines élections, Renew (“renouveau”), cet amalgame de différents partis présentés comme “centristes”, “démocrates” et “libéraux”… Dont le bilan laisse songeur.

Renew, c’est par exemple le parti de Mark Rutte, qui fut premier ministre aux Pays-Bas, et qui peut s’enorgueillir d’avoir déclenché la vague de protestations des agriculteurs maintenant étendue à toute l’Europe. C’est du renouveau qui sent presque la révolte voire la révolution…

Renew, c’est aussi le parti qui, avec une très belle cohérence d’ensemble, a systématiquement voté toutes les mesures européennes les plus scandaleuses et les plus liberticides.

Un petit tour sur HowThewVote permet de bien vérifier qu’en effet, ils ont été de tous les bons coups : les mesures sanitaires délirantes et l’inique “pass Covid” européen, les sanctions débiles contre la Russie, les subventions pour les énergies intermittentes polluantes comme les moulins à vent et les miroirs magiques, les différentes tracasseries administratives sur différents produits phytosanitaires justement employés dans l’agriculture, l’Agenda 2030 et ses vexations permanentes des automobilistes et des citoyens parqués dans des villes de 15 minutes, les régulations de censure et de limitation à la liberté d’expression (DSA), les âneries régulatoires en matière d’intelligence artificielle, l’orientation de l’Europe vers les solutions énergétiques et de transport les moins pertinentes et les plus asservissantes, bref, difficile de trouver un palmarès plus pourri.

Eh oui, le Green Deal, le Farm To Fork (“de la ferme à la fourchette”), c’est notamment Renew, et c’est donc Veranda Hayer qui va devoir valider et supporter ce bilan, expliquer qu’on va continuer, bille en tête, à foncer vers le ravin, qu’il est même “hors de question de remettre en cause le Green Deal”, alors même que les agriculteurs sont actuellement dans la rue pour protester contre ces plans délétères.

Et il n’y aura aucune ambiguïté, aucune échappatoire, aucun moyen de diminuer la responsabilité des élus macronistes dans ces dossiers puisqu’encore actuellement, le président de la Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire du Parlement européen est un macroniste pur jus, cet ineffable Alphonse Canfin dont un précédent billet dressait le portrait il y a quelques années. Ce petit phlegmon ministériel a trouvé à se recaser en provoquant toujours plus de dégâts à son passage et c’est assez naturellement qu’on le retrouve dans le même groupe que Victorine Hayer.


Violette Hayer, comme Gontrand Canfin, sont les exemples même d’apparatchiks aux buts clairement socialistes camouflés derrière une démocratie en carton : les décisions doivent venir d’en haut, sont imposés à tous même lorsque les dégâts observables imposeraient la prudence ou l’arrêt, et se traduisent toutes par une diminution nette des libertés et des droits des individus.

Que ce soit la liberté de disposer de son corps (merci le pass vaccinal), celle de choisir le moyen de transport de son choix (merci les interdictions de véhicules thermiques), celle de s’exprimer librement (merci le DSA) ou à peu près toutes les belles idées maintenant raffinées sous forme de lois contraignantes et coûteuses mises en place ces dernières années, ces individus ont consciencieusement poussé et s’engagent obstinément à pousser encore pour quatre nouvelles années au sein de leur secte militante.

Le pompon est atteint lorsqu’en plus, ils osent camoufler tout ceci derrière le vocable “libéral”, nécrosant jusqu’à la mort cet adjectif et l’idée qu’il comportait jadis de la liberté des citoyens devant le léviathan étatique. Hayer et Canfin, l’autre appendice niais du macronisme au sein de l’Union européenne, promettent ainsi de continuer à saloper l’image du libéralisme en l’accolant à toutes leurs turpitudes parfaitement antilibérales et farouchement pro-étatiques. Ils continueront, quoi qu’il en coûte, de lutter contre le peuple.

Pas de doute, youpi, il était temps…


https://h16free.com/2024/03/06/77018-europeennes-la-macronie-continuera-de-lutter-contre-les-agriculteurs

5 mars 2024

Jean-Pierre Chevènement : « Les Français ont élu Emmanuel Macron comme président, pas Volodymyr Zelensky. »

Gilles Casanova

J’avais indiqué, en réponse à des commentaires, il y a quelques jours, que si cet entretien était publié, libre de droits, par Jean-Pierre Chevènement sur son site, je le reproduirais ici intégralement, voilà qui est fait.

28/2/2024

Le Figaro : Emmanuel Macron a déclaré que l'envoi de troupes occidentales en Ukraine n'était pas exclu. Qu'en pensez-vous ?

Jean-Pierre Chevènement : Cette position participe d'une fuite en avant irresponsable et très inquiétante. Les Français ont élu Emmanuel Macron comme président de la République française ; ils n'ont pas élu Volodymyr Zelensky. Et ils n'attendent pas du président de la République française qu'il défende d'abord les intérêts de l'Ukraine ou de quelque autre pays que ce soit ; ils attendent qu'il défende les intérêts de la France. S'agissant de la paix et de la guerre, il faut que notre président se souvienne que la dissuasion ne peut être mise en œuvre que pour la défense des intérêts vitaux de la France. Or, disons-le clairement, les intérêts vitaux de la France ne se situent pas en Ukraine.

Le Figaro : Y a-t-il aussi un risque d'escalade face à une puissance nucléaire ?

Jean-Pierre Chevènement : On a d'abord promis aux Ukrainiens des livraisons d'armes qui sont loin d'avoir été effectuées à ce jour - je pense en particulier aux centaines de milliers d'obus dont ils ont le plus grand besoin. Il faut commencer par remplir les engagements qu'on a pris avant d'annoncer l'envoi de troupes au sol qui nous mettrait dans l'engrenage d'un conflit armé direct avec la Russie et nous conduirait à ce que nous devons éviter, à savoir une troisième guerre mondiale qui s'étendrait sur le territoire de l'Europe, à commencer par le nôtre.

Le Figaro : Emmanuel Macron avait pourtant expliqué qu'il ne fallait « pas humilier la Russie ». Comment expliquez-vous ce revirement ?

Jean-Pierre Chevènement : Je ne me l'explique pas. Et tout cela n'a donné lieu à aucun débat. C'est la raison pour laquelle, de concert avec Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, j'ai demandé à ce que le Parlement soit saisi, conformément à l'esprit de la Constitution. La Constitution dit clairement que, dans un processus qui nous mène à la guerre, le Parlement doit être consulté. Le président de la République ne peut pas décider tout seul, soit qu'il ne faut pas inquiéter la Russie, soit qu'il faut envoyer des troupes au sol. Ce sont des changements de pieds excessifs. On aimerait qu'il y ait une politique étrangère cohérente.

Le Figaro : Cela pose justement la question de la cohérence de la diplomatie française et européenne – même si Emmanuel Macron semble plutôt isolé sur la question de l'envoi de troupes.

Jean-Pierre Chevènement : Cela révèle surtout une mauvaise prise en compte de ce qu'est l'intérêt national. Il ne peut pas être aujourd'hui ceci et demain cela ; le « en même temps » ne peut pas permettre de calibrer une politique étrangère raisonnable et crédible. Que reste-t-il de la crédibilité de la France quand ses principaux alliés se désolidarisent de la proposition peu responsable faite par le chef de l'État, comme c'est le cas avec l'envoi de troupes au sol ? Il est important de rectifier le tir. Et c'est la raison pour laquelle je m'exprime avec force.

Le Figaro : Emmanuel Macron continue de parler d'« Europe souveraine ». Que pensez-vous de cet objectif ? A-t-il un sens ?

Jean-Pierre Chevènement : Cela ne pourrait avoir de sens que si l'Europe impliquait un sentiment de commune appartenance pour tous les peuples qui la composent. Or nous sommes loin de cette situation. L'Europe reste faite d'une trentaine de peuples qui apprécient chacun à sa manière ses intérêts. Prenez l'exemple de la Hongrie, de la Pologne, d'autres encore. On ne peut pas parler d'Europe souveraine tant que ce sentiment commun d'appartenance n'existe pas.

Le Figaro : Est-ce qu'il faudrait une Europe indépendante ?

Jean-Pierre Chevènement : Il faudrait d'abord une Europe où le sentiment commun d'appartenance ait mûri. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. On le voit à l'évidence.

Le Figaro : Que pensez-vous de l'idée d'un commissaire européen à la Défense ?

Jean-Pierre Chevènement : C'est contraire aux traités qui ne prévoient pas que la défense soit une matière communautaire.

Le Figaro : Faire entrer l'Ukraine dans l'Union européenne est-il réaliste ?

Jean-Pierre Chevènement : Je suis très réservé. Nos intérêts ne sont pas dans cet élargissement continu qui a commencé au début des années 1990 et qui nous éloigne de plus en plus de l'intérêt national. L'élargissement de l'Europe a fortement contribué à la désindustrialisation de la France. Pour tout élargissement, il faudrait d'abord un vote au Parlement ou un référendum. Ce vote n'a pas eu lieu, donc on ne peut pas accepter l'idée d'une adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne. Il y a des règles constitutionnelles dans une démocratie comme la nôtre. Il faut quand même revenir au b.a.-ba. Le Parlement a-t-il débattu ? Un vote est-il intervenu ? Y a-t-il une majorité pour cela ? La réponse va de soi.

Le Figaro : Pour les élargissements précédents, le Parlement ou le peuple français n'avaient pas vraiment été consultés…

Jean-Pierre Chevènement : Ils ont été couverts rétrospectivement par le traité de Lisbonne. Mais on peut effectivement critiquer le traité de Lisbonne en ce sens qu'il revient sur une décision prise au suffrage universel par une majorité de 55% des Français. Un parfum d'illégitimité flotte sur tout cela.

Le Figaro : On parlait de l'Ukraine et des conséquences qui se font déjà sentir pour l'agriculture avec la suppression des droits de douane. On voit des agriculteurs en colère partout en Europe…

Jean-Pierre Chevènement : Je ne vous apprendrai pas que la politique européenne est fondée sur le libre-échange, à l'intérieur, mais de plus en plus vis-à-vis de l'extérieur, avec des traités comme celui envisagé avec le Mercosur. La Commission européenne est-elle fondée en droit à adopter une résolution dite « From farm to fork », « de la ferme à la fourchette », qui aboutit à réduire la production agricole de 15% environ ? On conçoit que les paysans le contestent. C'est une décision proposée par la Commission qui, si elle a été ratifiée par le Conseil européen, est toujours adoptée selon la même formule du consensus mou : « Qui ne dit rien, consent ». Il y a un vrai problème de démocratie au niveau européen.

Le Figaro : Les sondages annoncent une montée en puissance des partis dits populistes aux prochaines élections européennes. Cela vous inquiète-t-il ? Qu'est-ce que cela révèle sur l'Europe aujourd'hui ?

Jean-Pierre Chevènement : Il faut revenir à l'observation des règles constitutionnelles. Et le jour où on travaillera conformément à la Constitution, où notamment le Parlement pourra s'exprimer, ce jour-là les orientations de la politique européenne seront peut-être mieux comprises. À vouloir surenchérir sur les extrémistes, Emmanuel Macron va finir par faire élire Marine Le Pen.

Le Figaro : Gérald Darmanin a ouvert la porte à une autonomie de la Corse. Est-ce opportun ?

Jean-Pierre Chevènement : Pas plus aujourd'hui qu'hier. Le gouvernement de Lionel Jospin voulait donner à l'Assemblée de Corse le pouvoir de légiférer. C'est toujours ce dont il est question : on veut permettre à l'Assemblée de Corse d'adapter les lois et les règlements à l'insularité. C'est du grand n'importe quoi ! C'est toujours le même sujet qui est sur la table. Et si on regarde les résultats, ils ne sont pas brillants : la Corse a été livrée à la mafia. Un référendum devrait intervenir si on ne veut pas mettre le doigt dans un engrenage qui conduirait à défaire la France. »

Radu Portocala

5/3/2024 - « Nous ne sommes pas en guerre contre le peuple russe » a répété Emmanuel Macron, en visite à Prague.
Mais, alors, avec qui sommes-nous en guerre ? Avec la Russie qu’on n’arrête pas d’insulter et de menacer ridiculement ? Non plus, en principe, car être en guerre avec la Russie signifierait être en guerre avec son peuple.
Non. Nous sommes en guerre avec Vladimir Poutine. On dépense des centaines de milliards, on sacrifie la vie d’Ukrainiens, on détruit l’Ukraine parce que nous luttons contre Poutine. Et nos stratèges ineptes ne réussissent pas à comprendre que, derrière Poutine, attend un échelon véritablement agressif, qui n’attendrait pas que nous lui fassions la guerre pour nous la faire avec une efficacité impitoyable.
Cela, c’est ce que nous disons au public, aux peuples que nous ne consultons pas en prenant des décisions folles. Mais ce que nous voulons en réalité - ce que Macron et ses amis veulent - c’est l’anéantissement de la Russie et de son peuple, parce que tel est le bon plaisir des États-Unis. La Russie est leur concurrent, mais leur pensée « libérale » n’admet aucun concurrent. Ils veulent jouer au poker seuls à table.

Le grand mythe d’objectivité

Natalia Routkevitch

Dans son dernier éditorial, Riss met les choses à plat quant à la prétendue objectivité de nos médias - un cache-sexe pour l’idéologie et le moralisme - et tacle Reporters sans frontières qui font du flicage au lieu de faire leur boulot : défendre la liberté d'expression. Le monde du journalisme n'est, hélas, pas le seul où sévissent ces détenteurs du monopole de l'objectivité et de la lucidité, toujours à l’affût pour dénoncer et excommunier (faute de pouvoir les lapider) ceux qui ne correspondent pas à leurs critères arbitraires de "neutralité".

Le Conseil d’État vient de rendre une décision qui oblige l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) à exiger de la chaîne CNews une plus grande pluralité et à lui imposer une plus grande indépendance éditoriale vis-à-vis de ses actionnaires. Cette décision fait suite à un recours déposé par l’ONG « Reporters sans frontières », qui reprochait à CNews de ne pas être une chaîne d’information suffisamment pluraliste.
(..)
Que faut-il penser d’une telle décision pour être honnête ? Il est assez étrange de voir une ONG dont la mission est de défendre les journalistes, déposer un recours qui a pour objectif de surveiller la liberté d’expression d’un média accusé de ne pas être suffisamment pluraliste et de privilégier une ligne éditoriale partisane. Pour « Reporters sans frontières », « CNews n’est plus une chaîne d’information, mais est devenue un média d’opinion ».
Ainsi, l’existence d’une chaîne d’opinion n’est pas possible en France. Ainsi, toutes les autres chaînes ne seraient donc pas des médias d’opinion ?
CNews est effectivement une chaîne d’opinion et quand on la regarde on sait où on met les pieds. « Charlie » qui est aussi un média d’opinion n’a jamais manqué de dénoncer les orientations politiques et l’influence de son propriétaire, le très réactionnaire Vincent Bolloré, et de caricaturer ses animateurs vedettes comme Pascal Praud ou Cyril Hanouna. Mais qu’y a-t-il d’illégal à insuffler une ligne éditoriale orientée politiquement dans un pays démocratique ? Tous les médias fonctionnent comme ça.
Il y a une hypocrisie dans laquelle pataugent beaucoup de rédactions en France, celle du mythe de l’objectivité journalistique, et plus encore celui de l’indépendance des médias. L’objectivité journalistique n’existe pas. Toutes les rédactions hiérarchisent l’info et font le choix de mettre en avant certains faits et pas d’autres. L’indépendance des médias aussi est une fiction. À l’exception d’une poignée, comme l’Humanité, le Canard enchaîné, la Croix et Charlie Hebdo, presque tous les autres organes de presse privés appartiennent à des financiers ou à des milliardaires. La situation économique de bon nombre de médias est telle que sans les investissements de ces hommes d’affaires, ils disparaîtraient purement et simplement.
S’il fallait appliquer au monde médiatique les règles comptables en vigueur dans les autres secteurs d’activité de l’économie, ils feraient tous faillite. Quel intérêt alors pour des financiers d’investir dans des chaînes de télé ou des journaux qui perdent de l’argent ? Plus les médias possédés par ces magnats sont déficitaires, plus ces derniers peuvent déduire leur perte du bilan comptable de leur groupe et par ce biais bénéficier d’abattements fiscaux. Voilà par quel artifice fiscal la plupart des médias sont encore en vie. Dans les comptes des sociétés détenues par ces investisseurs, ces médias ne représentent qu’une ligne comptable parmi des dizaines d’autres. On comprend que la fierté journalistique en prenne un coup. Surtout quand le prix à payer est de devenir la propriété d’un grand patron. On avait juste oublié que certains de ces hommes d’affaires pouvaient avoir envie d’investir aussi pour défendre des idées. Et quand on découvre avec horreur qu’un tycoon met du fric dans un journal ou une télé pas uniquement par calcul fiscal mais aussi par idéologie, alors cela devient un crime qu’il faut à tout prix rendre illégal. Au nom de la liberté d’expression ou du pluralisme.
Après une telle décision que va-t-il arriver à des télés comme la chaîne pro-israélienne I24 news qui depuis les massacres du 7 octobre n’a pas donné le temps de parole identique au représentants de Tsahal et à ceux du Hamas ? De même, la chaîne pro-cathos KTO n’a pas invité sur ses plateaux autant de bonnes sœurs que de bouffeurs de curés, et LCI qui a fait le choix éditorial de couvrir assidument la guerre en Ukraine n’a pas non plus interviewé le même nombre de militaires de l’OTAN que de militaires russes. Méritent-elles encore le titre de « chaînes d’information » ? Un support audiovisuel aura-t-il encore le droit d’avoir une ligne éditoriale partisane assumée ?
Pour Charlie, les seules limites à la liberté d’expression sont celles définies par la loi, à savoir la diffamation, l’injure, l’incitation à la haine raciale et l’appel au meurtre. A l’intérieur de ces périmètres, on a le droit de dire ce qu’on veut. L’objectivité est une hypocrisie derrière laquelle se cachent beaucoup de détenteurs de la carte de presse et qu’a toujours dénoncé Charlie. Un cache-sexe pour l’idéologie et le moralisme. La pluralité n'existe qu'à travers la diversité des lignes éditoriales proposées aux citoyens. Il est absurde d’affirmer qu’un média peut à lui seul offrir au public la totalité du spectre des opinions politiques, philosophiques ou spirituelles des 68 millions d’habitants du pays. Une ambition délirante, mais que prétendent pourtant satisfaire les grands médias audiovisuels généralistes, concurrents de CNews. La modestie ne semble pas les étouffer.
Les journaux télé du service public consacrent la première moitié de leur temps à l’actualité franchouillarde des grèves et de la hausse des prix et le reste à l’actualité internationale et aux derniers sabotiers de Poitou. J’exagère à peine. Et c’est cela qu’on nous présente comme une information objective et équilibrée. On attend le recours des Reporters sans frontières contre France Télévisions pour obtenir qu’un temps d’antenne identique soit accordée au reportage sur les rempailleurs de chaises du Berry et les fabricants d'espadrilles du Pays basque. Notre démocratie l'exige.