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25 mars 2024

Cherche députés désespérément

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire


22/3/2024 - 184 députés présents hier pour adopter définitivement la loi sur les dérives sectaires et le fameux article 4, dit anti Raoult dans le milieu macroniste. 169 ont participé au vote, soit 29%… Il faut savoir, qu’avec cette loi, Irène Frachon n’aurait pas pu mettre à jour le scandale du Médiator. Voilà comment meurent les démocraties qui se prétendent exemplaires. Un hémicycle quasiment vide, pour une loi hautement liberticide dont finalement nos députés se désintéressent complètement. On voudrait que ce ne soit là que fiction mais non, c’est la triste réalité. Dupont-Aignan, seul au combat, écœuré de l’absentéisme, espère à présent qu’un groupe saisisse le Conseil constitutionnel pour tenter de censurer cet article que les députés ont laissé passer. Si jamais tel était le cas, on peut craindre le pire quant à la pugnacité qu’ils auront à introduire le recours. S’il est à l’image du comportement et de l’intérêt qu’ils ont porté à cette loi, on peut redouter que l’argumentaire de saisine soit aussi défaillant que la volonté qu’ils ont eue à le contrer quand ils le pouvaient. La future loi sur les propos privés pouvant devenir répréhensibles aura-t-elle semblable désaffection de la part de ceux qui sont censés être nos représentants ? On peut en être certain.

Le constat est hélas sans appel, ils n’ont rien à faire de nos libertés, de nos avis. Ils sont là pour eux-mêmes et leurs émoluments. Est-ce faire preuve d’antiparlementarisme primaire ? Les faits sont tenaces, nous avons des députés qui ne siègent pas, ou qui s’abstiennent, ce qui revient presque au même. Est-il nécessaire d’en entretenir encore 577 ? Une poignée suffirait, pour ce qu’ils y font. Tous s’insurgent contre Macron et sa politique, sans jamais voter contre ses lois. La comédie est toujours la même et leurs grimaces en sont devenues aussi détestables que Macron lui-même. On ne peut plus leur faire confiance et on rêverait d’un cataclysme pour balayer cette clique et la remplacer par des gens intègres. Nous sommes hélas, pris en otage par ces élus qui ne font plus leur travail. Une opposition qui ne s’oppose qu’à fleuret moucheté et qui le plus clair de son temps ne siège pas, n’a aucune chance de représenter les électeurs. Quand un peuple est soumis à semblable forfaiture de la part de ceux qui sont censés le défendre et préserver ses intérêts sans pouvoir les révoquer pour manquement grave à leur mandat, il ne faut pas s’étonner de la désaffection des urnes et du rêve de certains, de plus en plus nombreux, d’en découdre avec eux.

Peuvent-ils encore espérer la moindre compréhension? Non, l’estime se gagne et penser qu’elle s’obtient par la seule détention d’un poste, d’un titre ou d’un mandat est un leurre, une façon détournée de s’exonérer de la rigueur et de l’honnêteté attendue. Ces vertus sont devenues facultatives, alors ils en abusent, savent qu’ils ne remplissent plus aucune des exigences dévolues au contrat moral qui les lie à leurs électeurs. Ils s’en moquent, ils ne risquent rien. La coupure est totale, ne date pas d’hier. Les derniers qui les observent et votent ont la nausée en les voyant faire. Rêvons un peu, imaginons un régime où il serait fait obligation de mentionner sur les affiches pour les sortants, le pourcentage de présence dans l’hémicycle… Ou mieux la révocation définitive après trois absences injustifiées. Impossible, nous sommes dans une exemplarité à géométrie variable et on ne peut pas imposer un tel carcan à nos élus… et pour quelle raison ? L’indispensable nécessité d’être sur le terrain pardi ! Mais quand ils y vont, ils n’écoutent pas non plus leurs électeurs, la loi sur les retraites en est l’exemple frappant. D’ailleurs si cette exigence incite à fuir l’hémicycle, lieu ou les lois se votent, c’est que l’organisation de la vie parlementaire est à revoir. On ne peut pas être dans sa circonscription et au palais Bourbon. Prétendre que l’un est plus important que l’autre c’est justement contribuer à faire un choix que l’élu ne devrait pas avoir à supporter. Le temps devrait être préalablement découpé de façon à ce que la superposition des charges ne soit pas une contrainte conduisant à négliger l’un pour satisfaire l’autre. Mais peut-on réellement trouver des excuses là où il n’y en a pas forcément ? La réalité est sans doute plus triviale. Les députés n’ont que faire de nos avis, et sont là pour leur bien-être personnel. Pensez donc, pas d’obligation de résultat, pas de compte à rendre si ce n’est tous les 5 ans, aucune évaluation annuelle, pas d’objectifs, aucune sanction s’ils ne viennent pas, ou s’ils s’abstiennent. Quel salarié ne rêverait pas de semblables conditions assorties d’une rémunération confortable, sans compter les avantages en nature. Pourquoi se soucieraient-ils de nous, une fois élus ? Il n’y a rien à attendre de ceux-là, ils ne sont pas là pour nous. Toutes ces lois iniques passeront et il faudra espérer qu’un nouveau pouvoir, réellement indépendant les abolisse. Pour le moment, la réalité est que nous subissons toutes les humiliations et abandons de ces pseudo-représentants, cette clique répugnante qui préfère aller faire ses courses, ou aller se balader que de défendre nos libertés ou se positionner pour éviter la guerre. Le courage n’est décidément pas à chercher derrière les cocardes apposées sur les pare-brises.

Le 24 mars 1999 : la fin de la « Fin de l’Histoire »

Natalia Routkevitch

Le déclenchement des bombardements de l’OTAN contre ce qui restait de la Yougoslavie, le 24 mars 1999, est un moment de bascule de l’ordre international. Pour sa première guerre depuis sa fondation en 1949, l'OTAN choisit de cibler un État qui ne représentait aucune menace pour ses membres. Sous prétexte d'une intervention humanitaire, elle agit sans mandat des Nations unies, posant ainsi les fondements d'un nouveau schéma occidental de résolution des crises internationales. La neutralité, la nuance et la recherche de consensus entre les parties en conflit ne sont plus de mise ; les rôles de "gentils" et de "méchants" sont désormais distribués d'avance, selon les intérêts des grandes puissances. Le camp des "gentils" bénéficie d'un soutien massif de l'Occident - politique, militaire, diplomatique - pour écraser les "méchants".
Le 24 mars 1999, un avion effectue un demi-tour au-dessus de l'Atlantique au lieu d'atterrir à Washington comme prévu. À bord se trouve le Premier ministre russe, Evguéni Primakov, qui vient d'apprendre de la bouche du vice-président américain, Al Gore, le déclenchement d'une campagne de frappes aériennes en Yougoslavie. Or, depuis le début du conflit, la Russie s'oppose, quoique faiblement, à la stratégie occidentale de la punition très sélective des auteurs de crimes de guerre. Ce célèbre virage au-dessus de l’Atlantique (qui a valu une volée de bois vert à Primakov, son voyage ayant pour objectif l'obtention d'un nouveau crédit) marque aussi le début d'un infléchissement progressif du positionnement stratégique de son pays. Primakov donne son nom à une doctrine étrangère visant à rejeter le modèle unipolaire.
C'est sans doute le 24 mars 1999 que la parenthèse de la "fin de l'histoire" se referme définitivement.
Le moment unipolaire, lui, va durer encore quelque temps, caractérisé par l'interventionnisme et les "bombardements humanitaires" à foison. De nombreuses personnalités apportent leur soutien moral à ces interventions contre "l'Axe du Mal" quel qu'il soit, même si les conséquences de ces interventions sont dévastatrices. Ces mêmes personnes auront tendance, par la suite, à déplorer l'inefficacité de la justice internationale.
Dans un texte publié en avril 1999 dans "Le Monde", Václav Havel écrit des lignes révélatrices de l'attitude de certains milieux intellectuels : "Dans l'intervention de l'OTAN au Kosovo, je pense qu'il y a un élément que nul ne peut contester : les raids, les bombes, ne sont pas provoqués par un intérêt matériel. Leur caractère est exclusivement humanitaire : ce qui est en jeu ici, ce sont les principes, les droits de l'homme auxquels est accordée une priorité qui passe même avant la souveraineté des États. Voilà ce qui rend légitime d'attaquer la Fédération yougoslave, même sans le mandat des Nations unies. Mais, en m'appuyant sur mon expérience personnelle, je suis également convaincu que seul le temps permettra d'évaluer avec objectivité ce qui se passe ces jours-ci en Yougoslavie et les répercussions sur l'OTAN".
Effectivement, le regard porté sur ces événements 10 ans plus tard par un autre Tchèque, Milan Kundera, n'est pas le même. L'écrivain voit dans les bombardements autre chose que les "intérêts humanitaires", et met l'accent sur la nécessité symbolique d'écraser la Yougoslavie et de rappeler à l'Europe sa place subordonnée, vaincue, occupée...
"La nouvelle Europe est née d'une immense défaite : pour la première fois elle a été vaincue en tant que telle, toute l'Europe. Vaincue d'abord par la folie de son propre mal incarné dans l'Allemagne nazie, libérée ensuite par l'Amérique d'un coté, par la Russie de l'autre. Libérée et occupée. Je le dis sans ironie. Ces mots, tous les deux, sont justes. L'existence des résistants (des partisans) qui s'étaient battus partout contre les Allemands n'a rien changé à l'essentiel : aucun pays d'Europe (l'Europe depuis l'Atlantique jusqu'aux pays baltes) ne s'est libéré par ses propres forces. Aucun ? Quand même. La Yougoslavie. Par sa propre armée de partisans. C'est pourquoi il a fallu bombarder en 1999 les villes serbes pendant de longues semaines pour imposer , a posteriori, même à cette partie de l'Europe le statut de vaincu.
Les libérateurs ont occupé l'Europe et, elle, qui hier encore considérait sa culture, son histoire comme un modèle pour le monde, a ressenti sa petitesse.
L'Amérique était là, rayonnante, omniprésente.
Repenser et remodeler son rapport à elle est devenu pour l'Europe la première nécessité."

24 mars 2024

L’Union européenne contre le reste du monde

H16

22/3/2024 - De la même façon que s’asseoir sur un tabouret suppose d’avoir peut-être besoin, un jour, de se relever, le fait d’être en France suppose d’avoir peut-être besoin, un jour, d’envoyer des troupes armées en Ukraine afin de combattre la Russie. Mais si, c’est évident voyons.

Pour les autres Européens, cette évidence est encore assez peu claire. Néanmoins peut-on lire différents discours de soutien plus ou moins tièdes à l’Ukraine en pleine guerre avec la Russie : les Allemands par exemple promettent des armes (mais pas n’importe lesquelles, l’opération Taurus À Gogo ayant été un peu éventée).

Les autres chancelleries sont plus discrètes (ou font fuiter moins d’information, au choix), ce qui rend plus étonnante encore la visite américaine de Viktor Orban, l’actuel premier ministre hongrois, à Donald Trump en Floride.

Sans surprise, cette rencontre a assez rapidement soulevé de nombreuses critiques de la part des médias et d’un certain nombre de dirigeants occidentaux, à commencer par Joe Biden, l’actuel jeton de présence à la présidence américaine, qui voit dans Orban un dictateur en puissance et ce d’autant plus que le dirigeant hongrois a jusqu’à présent refusé toute aide à l’Ukraine et régulièrement appelé à un cessez-le-feu avec la Russie (quel salaud !).


Toutefois, cette information – bien qu’en soi peu surprenante – est révélatrice d’un problème plus profond pour l’Union Européenne : en effet, les derniers sondages et la dynamique électorale américaine actuelle ne laissent à l’instant présent qu’assez peu de doutes quant aux possibilités que Donald Trump redevienne président des États-Unis à la fin de cette année.

Or, de façon assez gênante diplomatiquement parlant, celui qui est activement en train d’entretenir Trump sur l’état géopolitique du Vieux Continent n’est nul autre que la personne officiellement la plus détestée dans la nomenklatura bruxelloise et chez une partie des dirigeants européens eux-mêmes.

Certes, il n’est pas nouveau que les relations entre le milliardaire américain et le premier ministre hongrois ont toujours été bonnes : le premier mandat de Donald Trump à la Maison Blanche avait vu d’excellentes relations entre les deux pays, et le fait que l’entente entre ces deux conservateurs continue des années après, pour éventuellement se projeter sur les quatre prochaines années ne devrait pas surprendre non plus.

Néanmoins, nous ne sommes plus en 2016.

Depuis, l’Union européenne s’est retrouvée confrontée à un Vladimir Poutine et une Russie qui la considèrent désormais comme son adversaire de plus en plus direct. Dans ce cadre, la situation particulière de la Hongrie joue comme une épine dans le pied des dirigeants européens, d’autant plus qu’en janvier, fuitait une note interne qui détaillait un plan démontrant la volonté de certains bureaucrates de saboter l’économie hongroise si l’État membre continuait de mettre son véto pour l’envoi d’aide à l’Ukraine.


Depuis, la Hongrie a laissé tomber ses menaces de veto et le paquet législatif couvrant ces aides ukrainiennes a finalement été mis en place. La visite d’Orban chez Trump en Floride est peut-être une façon pour le gouvernement hongrois de montrer qu’il garde cependant toute son autonomie vis-à-vis de Bruxelles. En tout cas, nul doute que cette rencontre ne va pas améliorer l’appréciation de l’Union européenne par Donald Trump, et ce d’autant plus que cette même Union est désormais empêtrée dans une guerre en Ukraine que les États-Unis se montrent de plus en plus réticents à subventionner, à armer ou à supporter sans limite.

Dès lors, avec une probable élection de Trump en novembre de cette année, il n’est pas impossible que les dirigeants européens se retrouvent en sandwich entre une Amérique qui leur sera assez peu favorable pour le dire charitablement, et une Europe de l’Est progressivement plus hostile. Le pompon est atteint lorsqu’on se rappelle que la présidence tournante de l’Union européenne échoit d’ailleurs à partir de juin de cette année à... la Hongrie.

Dans ce cadre, il apparaît que l’espèce de guerre plus ou moins officielle de l’establishment européen contre ce qu’il appelle le populisme est en train de se retourner de plus en plus vivement contre lui. Les Agendas assez déconnectés des peuples et de leurs contraintes quotidiennes provoquent déjà d’importants mouvements de fond sociaux dont les révoltes agricoles ne sont que les parties les plus visibles.

En pratique, l’incapacité grandissante de ces dirigeants à produire des politiques opérationnelles qui pourraient satisfaire d’autres groupes sociaux que les urbains des centre-villes, se ressent désormais tant au niveau national qu’international. Le modèle européen n’attire plus, comme le démontre par exemple la perte d’influence massive et rapide des pays européens en Afrique (pour le plus grand bonheur des Russes, des Chinois, des pays du Golfe et des Américains).

La majeure partie de la défense armée européenne étant dans la plupart des pays assurée par les États-Unis, on comprend la panique de nos dirigeants européens : un retour de Trump au pouvoir signifierait une remise en question profonde du fonctionnement de l’OTAN, de la façon dont les Américains entendront participer à cette alliance avec de profonds remaniement dans les coûts et les opportunités qu’elle offre actuellement.

Malheureusement, tout montre que l’Union européenne s’y prépare assez mal : si de nombreux discours parlent d’une défense européenne plus ou moins intégrée, il apparaît néanmoins de grandes différences de perceptions entre les États membres sur ce qu’elle doit être et de son financement. Pour le moment, elle ressemble plus à un vœu pieux qu’à autre chose.

Sur un continent ayant déjà un taux d’imposition très élevé, subissant une crise énergétique essentiellement liée à une forte dépendance des matières premières extra-européennes (d’abord vis-à-vis des Russes, puis maintenant des Américains), on doit s’interroger sur la capacité de l’Union à s’organiser et à parvenir à une autonomie stratégique à l’échelle continentale.

À mesure que semble se dessiner un abandon du globalisme, est-ce même souhaitable ?


https://h16free.com/2024/03/22/77147-lunion-europeenne-contre-le-reste-du-monde

Deux Russies

Natalia Routkevitch

Du jamais vu. Des files d'attente de 500 à plus de 1000 mètres, des heures d’attente interminable, et des bureaux de vote qui ont fermé parfois à 5 heures du matin... Au total, 373 mille Russes auraient voté à l'étranger - une affluence sans précédent, commenta le ministère russe des Affaires étrangères.
Ce scrutin cristallise la scission idéologique mais aussi, très clairement, spatiale entre les deux Russies, que l’on peut appeler sommairement la Russie pro-pouvoir et la Russie anti-pouvoir, cette dernière ayant, en grande partie, émigré après 2022. Les deux camps ont d’ailleurs exprimé une grande satisfaction du fait de cette participation hors norme, chacun l’attribuant à la mobilisation des « leurs ».
Il était clair, en observant les foules devant les ambassades, que de très nombreux Russes fraichement « relocalisés » ont exprimé leur désaccord avec la politique d’Etat en participant à l’opération « Midi contre Poutine », en votant pour Vladislav Davankov (le plus libéral des 4 candidats) ou en abimant le bulletin (nombreux furent ceux à y inscrire le nom de Navalny). En revanche, les Russes installés à l’étranger depuis longue date ont, manifestement, voté de façon assez différente.
Voici les résultats du vote dans quelques grandes villes du monde; résultats qui divergent considérablement du vote à l’intérieur du pays :
Davankov a fait mieux que Poutine à Londres, La Haye, Vilnius, Copenhague, Varsovie, Prague, Bratislava, Budapest, Zagreb, Madrid et Barcelone, Erevan, Jérusalem et Haïfa, ainsi qu'à Podgorica.
Les Russes de Riga, Tallinn, Sofia, Chisinau, Rome et Athènes, Ankara et Istanbul ont majoritairement voté pour Poutine. Ce dernier a également gagné dans les bureaux de vote de Phuket, Séoul, Bakou et Bichkek.
Le taux de participation national a été, selon les chiffres officiels, de 77,44 %.
Aujourd’hui, la Russie libérale, de plus en plus expatriée, exprime, comme jamais, son désarroi et son exaspération. Elle qui voyait son avenir très différemment à l’heure de la montée des grandes manifestations de 2011, se demande pourquoi l’autre Russie, celle des valeurs européennes et de la démocratie à l’occidentale, n’a pas réussi à s’imposer. Les explications invoquées sont multiples : divisions internes, répression externe, « apathie, lobotomisation et servilité » des compatriotes, méprisés plus ou moins ouvertement par la Russie pro-libérale, celle des métropoles et ses CSP+, désignée comme la Russie N°1 par les sociologues locaux.
Pourtant, on peut trouver une raison beaucoup plus simple à cet échec historique. Elle réside dans les propos d'une figure de proue de l'opposition libérale, répondant récemment à la question de savoir si son auto-perception et son rapport à son pays natal avaient changé après le 24 février 2022 : "Bien avant cet événement, je m'identifiais à ma position sociale ou familiale plutôt qu'à mon pays. La guerre n'a donc rien changé dans mon auto-identification qui n'est pas liée à mon appartenance nationale." Cette attitude n’est ni étonnante, ni rare, ni nécessairement condamnable ; exprimée avec beaucoup de naturel, elle ne suscita aucune remarque des interlocuteurs du même camp qui partagent le même point de vue. Elle n’est d’ailleurs pas sans rappeler les paroles d’un homme politique français, ayant déclaré qu’il se sentait culturellement plus chez lui à New-York ou à Berlin, qu’en Picardie.
Cependant, elle laisse toujours aussi songeur quant à la possibilité de l'opposition actuelle de pouvoir un jour accoucher d’un projet qui serait soutenu par la majorité nationale.

BOXE, OH DÉESSE DE PIERRE (Claude Nougaro)

Gabriel Nerciat

Depuis ce matin, j'entends plein de gens narquois ou critiques qui se moquent du chef de l'Etat dans son élégante posture de boxeur poids lourd.
Même ma collègue Sandrine C., militante convaincue de l'extrême centre européiste, et qui ponctue toujours nos rares conversations politiques par un insatiable "Mais quand même, tu ne peux pas nier qu'il est intelligent, Macron !" semble assez gênée et réservée depuis qu'elle a vu ces clichés.
Pour ma part, je trouve tous ces gens très injustes.
Ces photos me semblent aussi admirables que touchantes. Réalistes, surtout.
Elles exhibent la détresse d'un homme seul contraint de boxer contre lui-même parce que plus personne, et Vladimir Poutine moins que tout autre, ne juge digne de l'affronter sur un ring.
Emmanuel Macron est peut-être d'abord un comédien médiocre et un normalien avorté, qui a eu la très mauvaise idée de devenir président de la République afin d'oublier qu'il avait raté sa vie.

22 mars 2024

La communication agressive en vue d'un déploiement militaire français en Ukraine a clairement accéléré le tempo de la propagande

Tiephaine Soter

La vidéo ci-dessous a fait le tour des canaux qui s'intéressent aux conflits et particulièrement à celui en Ukraine. On y voit un énième gradé de salon donner une vision stratégique totalement à côté de la plaque, sur ce que serait un déploiement français contre les Russes. On parlait jusqu'à aujourd'hui d’ambiguïté stratégique, désormais on étale nos plans à la vue de tous... Mais passons.
Soyons très clair dès à présent : au moment où le premier soldat français a posé le pied en Ukraine à des fins d'assistance à l'armée ukrainienne, nous sommes devenus belligérants dans ce conflit. Le gouvernement français a longtemps usé du subterfuge de la "légion des volontaires étrangers" ukrainiens pour dire que les militaires français présents là-bas n'y étaient pas en tant que soldats français, mais en tant que volontaires. Ce n'est plus le cas depuis un an, avec la préparation de la "grande contre-offensive de printemps" de juin 2023 : les Français qui y sont portent l'uniforme et les insignes français, désormais.
Un lieutenant-colonel de salon nous vend donc un déploiement de troupes françaises en Ukraine, à des fins d'interposition. Le dispositif qu'il présente nécessiterait quelque 20.000 hommes, et leur équipement.
C'est simple : notre pays ne les a pas. Côté effectifs, l'armée de terre n'en a pas assez pour effectuer ses missions actuelles. Elle ne parvient pas à garder ses effectifs, qui ne renouvellent que très peu leur contrat au terme des 5 premières années (quand ils vont au bout...). Les conditions de travail sont stupides, le sous-équipement est une catastrophe, l'absence d'entraînement (exception faite de quelques unités) est déploré universellement, l'ambiance est absolument délétère en raison de l'abomination qu'est l'opération Sentinelle, et l'armée française est dirigée par des incompétents notoires. Dites-vous bien que rien que pour l'armée de Terre, pour 60.000 soldats, il y a... 50.000 officiers et sous-officiers. Marine et armée de l'Air ne sont pas mieux lotis, même si ici cela s'explique par des spécificités historiques.
Sur ces 60.000 soldats, 90% sont des personnels techniques, certes aptes à combattre, mais dont ce n'est pas le rôle premier. En clair, et comme pour toute armée occidentale moderne, il y a seulement 1 soldat combattant pour 9 soldats d'appui technique (mécanos, spécialistes télécoms, artillerie, renseignement, logistique...).
L'armée française déploie actuellement 3.750 soldats à l'étranger, sans compter les 750 actuellement en Roumanie. En gros, Macron peut encore gratter 2.000 soldats maximum, au-delà l'armée ne peut plus assurer ses missions actuelles de façon "optimale".
Justement, ce format de 2.000 hommes est celui dont les Russes ont parlé à propos du contingent français qui serait en préparation à l'Élysée, même si l'info a été catégoriquement démentie et dénoncée comme "propagande russe".
Justement, en parlant de propagande, notre gouvernement vient discrètement d'annoncer publiquement par la voix du général Pierre Schill (on ne manque pas de généraux de salon, en France... on devrait penser à leur coller un fusil dans les mains et les déployer eux aussi) que la France disposait de 120.000 réservistes (anciens militaires, principalement), et que 20.000 soldats étaient mobilisables sous 30 jours. On imagine très bien tous ces réservistes, qui ont pour la plupart quitté l'armée parce qu'ils en avaient plus que marre des délires des officiers, accepter d'aller servir de chair à canon et de bouclier humain en Ukraine contre une armée russe disposant d'une puissance de feu infiniment supérieure à ce que pourrait déployer la France, même dans le cadre d'une coalition européenne. Et le tout, pour protéger d'hypothétiques intérêts dont on ne nous a toujours pas expliqué lesquels ils étaient... Le plus "amusant" étant l'évocation de la possibilité de riposter à des incursions russes par des tirs de riposte, "y compris non conventionnels", c'est à dire nucléaires. Vous la sentez venir, la petite quenouille des armes nucléaires françaises déployées pour menacer la Russie, avec toutes les conséquences absolument délirantes que de telles menaces pourraient entraîner ?
Dans la vraie vie, loin des caméras, la France vient de signer un accord avec la Roumanie pour renforcer le contingent franco-belge présent à la base de Cincu, jusqu'à 4.000 hommes (il y a actuellement 1.100 soldats là-bas, dont 750 français. Ces soldats sont pourvus de 13 chars Leclerc actuellement, nombre qui devrait passer à 37 d'ici l'année prochaine. Cela s'inscrit dans le cadre plus général du renforcement de la présence de l'OTAN dans le pays, décidée en 2021 et accélérée en 2022, pour porter le nombre de soldats de l'OTAN de 5.000 à 10.000 d'ici au printemps-été 2025.
La guerre contre la Russie est décidée depuis longtemps. Les Allemands nous avaient d'ailleurs annoncé la date de sortie de ce mauvais film pour l'été 2025 (https://www.20minutes.fr/.../4070939-20240116-armee...).
Alors ne vous en faites pas trop, ça ne sert à rien de gesticuler, ils iront "quoi qu'il en coûte".
Vous, votre mission, en tant que citoyen, c'est de vous préparer à résister contre ce régime et à vous organiser pour en contrer le mécanisme mortifère. Parce que l'ennemi, pour ces gens, ce ne sont pas les Russes à l'autre bout du continent, mais vous, les prolos qui n'adulez pas Macron.


20 mars 2024

Hogard : "L'OTAN, ce n'est pas la paix, au contraire : c'est la guerre" (vidéo)

https://www.youtube.com/watch?v=MV5QwP3S2Z8

La déroute de Science Po et l’effondrement intellectuel de nos dirigeants

H16

20/3/2024 - Tout avait pourtant bien commencé puisqu’il s’agissait tout simplement d’aller occuper le grand amphithéâtre de l’Institut d’études politiques de Paris : quel étudiant digne de ce nom en France n’a pas participé ou subi l’une de ces “occupations” universitaires semestrielles sans lesquelles l’enseignement supérieur français ne serait plus vraiment le même ? Malheureusement, les choses se sont ensuite corsées.


Prétextant que cette occupation était menée en faveur de Gaza (car tout le monde sait qu’occuper un amphithéâtre permet d’apporter des vivres et des médicaments à des zones de conflit, voyons), certains des excités militants étudiants présents sur place entreprirent rapidement de faire le tri dans l’audience, empêchant clairement certains de leurs collègues – jugés sionistes voire carrément juifs – de pénétrer ou de participer aux festivités.

Oui, vous l’aurez compris : l’inclusion, la diversité, l’ouverture au débat et la lutte contre les discrimination ou le racisme pourtant prônés par cette grande école se sont retrouvés quelque peu mis à mal lors de cet intéressant événement, ce qui a assez logiquement entraîné la surprise de la direction, rapidement relayée par les médias puis par le microcosme politique français dont une partie croissante a justement fait ses classes dans cet établissement…


Montant au créneau, on a même découvert un Gérard Larcher, président du Sénat, élevant toute sa moelleuse rotondité contre les dérives de l’école qui, selon lui, “ne peut pas devenir un bunker islamo-gauchiste”

Si l’on peut admirer l’effort de synthèse du sénateur et agréer à la nécessaire défense contre les dérives gauchistes, islamistes et wokistes de l’enseignement supérieur français en général et de Science Po en particulier, on pourra cependant regretter que l’imposant Larcher ne sorte que maintenant de sa somnolence post-prandiale.

En effet, il n’est pas exactement nouveau que les facultés françaises ont largement dérivé vers la gauche du spectre politique, et à l’exception sans doute des facultés et des écoles consacrées aux sciences dures et techniques de l’ingénieur, elles sont régulièrement parcourues de soubresauts politiques, de mouvements sociaux, d’agitations militantes dont les thèmes sont rarement favorables au conservatisme ou au libéralisme pour le dire gentiment.

À Science Po s’ajoute de surcroît une succession de crises à la direction de l’établissement ces dernières années, les directeurs enfilant les scandales comme d’autres des adolescents chemises.


Ainsi, le directeur du moment, Mathias Vicherat, déjà empêtré dans une histoire de violences conjugales, se retrouve à devoir gérer une nouvelle crise au sein de l’établissement : prenant son courage à deux mains et confronté à un renvoi devant le tribunal correctionnel, il démissionne bien vite. Il remplaçait depuis 2021 un certain Frédéric Mion qui avait lui-même été contraint de démissionner en février de cette année-là pour avoir dissimulé les soupçons d’inceste visant le politologue Olivier Duhamel, alors président de la Fondation nationale des sciences politiques. Mion succédait lui-même à Richard Descoings, décédé de façon suspecte dans une chambre d’hôtel à New-York…

Autrement dit, l’établissement vogue de crise en crise, et le petit pistonné de Macron n’a pas trouvé en lui l’énergie nécessaire pour redresser la barre, au contraire.

Et cette enfilade de crises, qui dure au moins depuis 10 ans, ne concerne pas seulement la direction et inclut aussi les élèves et les enseignements qui n’hésitent pas à copier les travers et les dérives de facultés américaines.

Cependant, quand SciencePo se fait remarquer dans l’actualité, cela ne fait qu’un peu camoufler un mal plus profond : celui d’un effondrement assez rapide du niveau global de tous les aspects de l’enseignement supérieur français. De la même façon qu’il a fallu à peu près deux générations pour que les fruits pourris des méthodes d’enseignement catastrophiques des années 70 et 80 se voient dans les résultats scolaires du primaire et du secondaire, les dégâts touchent à présent l’enseignement supérieur sans qu’il ne soit plus possible de les nier (on en est à réapprendre l’orthographe aux premières années d’université, même dans les grandes écoles).


À force d’indulgences et par un véritable égalitarisme de combat, l’éducation a progressivement abandonné par laxisme et facilité chacun de ses objectifs de former et d’instruire les élèves pour se contenter de les formater vaguement avec lâcheté et atermoiements. Et si l’infiltration gauchiste n’est pas neuve, elle atteint maintenant un seuil critique puisque même les établissements vu jadis comme les plus sélectifs et les plus prestigieux sont à leur tour touchés.

Et le problème, c’est que les dirigeants du pays sortent majoritairement de ce genre d’établissement en plein naufrage culturel et éducatif : les “élites” n’en sont plus et le niveau de leurs connaissances, de leur compréhension du monde actuel devient franchement préoccupant.

Car oui, le petit entre-soi parisien a favorisé, pendant de longues années, les programmes et les contenus de plus en plus abêtissants pour amoindrir le niveau du peuple qu’il entend cornaquer ensuite. C’est pratique (pour ceux qui dirigent) mais cela finit par déclencher un problème à long terme : l’endoctrinement et la propagande niaiseuse, par capillarité, finissent par toucher progressivement tout le monde, tous les établissements. Ceux qui étaient jadis des bastions conservés à l’abri doivent, eux aussi, renouveler leurs enseignants et, inévitablement, années après années, même là, le niveau finit par sombrer à son tour.

Ceux qui, jadis, pouvaient prétendre à faire partie d’une élite, ne parviennent plus se détacher de la masse. L’entre-soi est devenu une bulle hermétiquement close au reste du monde qui finit par s’auto-intoxiquer de ses propres messages débiles tout en étant persuadé d’être dans le juste, le bon, le nécessaire.

Cela donne les dirigeants actuels, dont le niveau culturel et intellectuel n’a cessé de dégringoler notamment ces dernières années, à tel point qu’il ne vient plus à l’idée de personne d’oser comparer, par exemple, un Villepin avec un Séjourné : même si le premier n’a probablement pas écrit les meilleures pages de l’Histoire française, le second est à peine capable d’y laisser quelques pâtés baveux.


L’incompétence de l’équipe gouvernementale actuelle est un mélange à parts égales de l’inexpérience flagrante d’une jeunesse inadaptée à l’ampleur des tâches à mener et surtout d’une inculture crasse assez visible dans sa façon d’opérer. Couplée à une arrogance sans borne issue d’une désinhibition presque totale provenant tant d’un pouvoir trop vite acquis qu’à des ingestions massives d’excitants, cette incompétence ne peut mener qu’au désastre et celui-ci est un peu plus visible chaque jour qui passe.

L’effondrement du niveau de Science Politiques n’est finalement que la partie émergée d’un terrible iceberg d’inaptitudes, d’arrogance et d’inculture crasse le long duquel le navire France se ramasse violemment depuis quelques années. Et vu le calibre de l’équipe en place, ça va forcément bien se passer.

Forcément.


https://h16free.com/2024/03/20/77163-la-deroute-de-science-po-et-leffondrement-intellectuel-de-nos-dirigeants

19 mars 2024

Alexis Haupt

J’ai écrit ce livre [“Discours de la servitude intellectuelle”] en pleine "période Covid". Au pic des mesures liberticides et insensées, une question retentissait régulièrement dans mon esprit : « Comment est-il possible que les gens acceptent toutes ces mesures délirantes ? » Jamais dans l’Histoire, un tyran ne s’est présenté au peuple en s’annonçant en tant que tel. Deux ingrédients sont selon moi fondamentaux pour réussir la recette du totalitarisme : un pouvoir prônant un récit et un peuple se soumettant à ce récit. Le peuple qui a soutenu le récit du Covid-19 a justifié lui-même son obéissance au totalitarisme et accepté de facto de se faire malmener, maltraiter, en dépit de tout bon sens.
Ainsi, le vieux concept de pharmacovigilance a été bafoué parce que l’autorité a inculqué le mantra "tous vaccinés, tous protégés", auquel le peuple s’est aveuglément soumis. Le pauvre peuple collabore ainsi à son insu avec le régime totalitaire. Pire, il s’en fait le meilleur complice : un complice qui s’ignore. Voilà pourquoi j’affirme que la soumission intellectuelle est l’étape qui précède la servitude volontaire dont parle La Boétie. Les gens se sont soumis à un récit avant de se soumettre tout court. [...]
Force m’est de constater que l’homme du XXIe siècle, soumis intellectuellement, est plongé dans un univers médiatique depuis son enfance. Je nomme cet univers hors sol le "médiavers". Partant de là, rien d’étonnant à ce que notre homme contemporain porte un masque toute la journée en plein air, boive son café assis ou s’injecte un produit expérimental pour lutter contre un virus si les médias lui disent que ce sont là des attitudes raisonnables, scientifiques, citoyennes en temps de crise. Pire, s’ils lui expliquent que ne pas le faire est criminel.
[...]
Tels des oisillons effrayés dans leur nid, les gens attendent le bec grand ouvert que l’autorité leur dépose une nourriture toute prête au fond du gosier. Biberonnés au discours de l’autorité, ils répètent et propagent à leur insu le récit, le dogme, la propagande, la leçon d’histoire ou le discours médiatique du moment. Et le jour où l’autorité leur expliquera que ce récit était imparfait, voire totalement faux, ils répéteront le nouveau récit en soutenant que l’ancien était faux et en taxant d’esprits délirants ceux qui doutent méthodiquement et sagement du nouveau.
Publié dans Antipresse n° 433 du 17 mars 2024