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19 avril 2024

La barbarie douce

Natalia Routkevitch

Le sociologue Norbert Elias avait bien montré comment les sociétés européennes avaient connu, à partir du XVIIème siècle, ce qu’il appelait un processus de civilisation. Progressivement, les mœurs s’étaient pacifiés en vertu du développement de la civilité et de la courtoisie. Les individus avaient au fil du temps intégré et adopté des mécanismes d’auto-contrôle, et le recours à la violence ou les manifestations d’agressivité avaient été canalisés, puis proscrits des normes sociales dominantes.
Il a insisté également sur la modification de l’économie psychique des individus sous l’effet du refoulement des pulsions agressives du contrôle des affects, puis de l’apprentissage de la gestion des situations de frustration.
Dans « La France d’après », Jérôme Fourquet, après avoir rappelé ces thèses d’Elias, avance, de son côté, une hypothèse que cette couche de vernis civilisationnel qui avait été patiemment posée au fil des siècles s’est fissurée au cours des dernières décennies. Le sociologue lie ce phénomène psychologique et anthropologique à ce que l’on pourrait appeler la sacralisation absolue du moi qui a abouti à la modification de la psyché collective.
Au cours des dernières décennies, l’imprégnation profonde des valeurs du libéralisme culturel et sociétal dans le corps social y a secrété de nombreux anticorps et développé des réflexes immunitaires face à un positionnement de type « law and order » venant des autorités quelles qu’elles soient. D’autre part, l’objectif de l’éducation – familiale ou autre – consiste, depuis quelque temps, à stimuler l’épanouissement personnel, à laisser la nature s’exprimer le plus librement possible. Ce type d’éducation moins contraignante installe très tôt dans l’esprit des individus l’idée qu’ils sont uniques et qu’ils ont de nombreux droits, ce qui génère une moindre capacité psychologique à se conformer aux règles et aux interdits et à accepter les différents cadres d’autorités.
Dès le plus jeune âge, la subjectivité des individus s’exprime à plein régime sur les réseaux sociaux. Tout cela résulte en une moindre acceptation de la règle commune et de celui qui la fait appliquer. Les mécanismes de régulation éliassiens sont moins opérants, et les rapports humains sont aujourd’hui de plus en plus conflictuels, écrit Fourquet, de nombreux chiffres à l'appui. Ainsi, au cours de la décennie 2010-2019, les refus des automobilistes d’obtempérer ont augmenté de 49%, alors que la législation routière n’avait pas subi d’évolution substantielle.
Chacun trouvera une flopée d’exemples de comportements asociaux et/ou antisociaux plus ou moins inquiétants en passe de devenir la norme. Par exemple, l'habitude de diffuser ses vidéos à plein volume sans écouteurs est devenue si répandue dans les transports en commun et les espaces publics qu'elle ne suscite même plus de remarques de la part des autres usagers.
Un autre auteur qui s'est souvent penché sur le problème d'érosion des acquis civilisationnels, Régis Debray, a affirmé, lui aussi, en parlant la pacification des mœurs décrite par Norbert Elias, qu'elle repose en définitive sur le "renoncement à nos satisfactions infantiles, sur le sacrifice toujours laborieux de nos ardeurs, notamment sexuelles, sur l'inhibition répressive et disciplinée de nos pulsions par toutes sortes d'institutions civilisatrices - famille, école, métier, armée, Etat. Bref, sur la tension entre un Surmoi sévère et un Moi sans cesse à soumettre.
Ces expressions anachroniques, qu'on jugera fort réactionnaires, sont empruntées à un maître livre de 1929, écrit dans un style simple et direct, aujourd'hui passé sous silence par la plupart des psychanalystes, intitulé "Malaise dans la civilisation", poursuit Debray. Il serait urgent de le rééditer, même si on peut comprendre la relégation aux oubliettes de cette œuvre prophétique. Le vieux Freud y défend une thèse des plus incorrectes et intempestives : la recherche effrénée par les individus, dès leur plus jeune âge, du plaisir maximal ne peut que déboucher sur un ensauvagement général du vivre ensemble. Encore ce sombre pronostic datait-il d'avant l'omniprésente publicité appelant sur tous les trottoirs et écrans à la satisfaction sans tarder du moindre désir ; d'avant les mass media, avec les deux coïts et les trois meurtres par minute désormais exigés de la moindre série télévisée qui se respecte.
Qu'eût dit notre Père Fouettard, ce grand émancipateur qui connaissait le prix de l'émancipation ? Que la poursuite du "programme de civilisation" est rien moins qu'assurée. Pour le dire dans ses mots à lui : "la sublimation en culture intellectuelle, artistique et religieuse de nos pulsions libidinales impliquait son lot de souffrances individuelles, celles du refoulement."
En effet, dès la fin du XXème siècle, on ne parlera plus d’un "malaise ", mais, de plus en plus souvent, d’une profonde crise civilisationnelle, voire de la barbarie des sociétés modernes – de la barbarie qui est littéralement l’état de non-civilisation.
Des effets de déstabilisation, de déstructuration, d’angoisse et de stress nous font vivre dans ce que j’appelle une barbarie douce, écrivait Jean-Pierre Le Goff, selon lequel le discours ambiant sur la modernisation, l’émancipation et l'autonomie masque de moins en moins bien la dissolution culturelle, un climat d’insignifiance et la décomposition des repères qui structuraient antérieurement le vivre-ensemble et l’action collective.
Sous la modernité, la "barbarie douce".


18 avril 2024

Ma vision personnelle de la politique française actuelle à la veille des Européennes

Maxime Tandonnet

18/4/2024 - Le régime politique français actuel – je ne parle pas seulement des institutions mais du fonctionnement de la vie politique – a quelque chose de détestable. Le système présidentiel a commercialisé la vie publique à outrance : les électeurs sont appelés à choisir entre des savonnettes au détriment des débats d’idées et de projets et même au détriment du choix de personnalités fondé sur leur expérience, leur intelligence, leur caractère et leurs réussites passées. On vote uniquement pour une gueule, une petite gueule, un sourire, une dentition, une cravate, une voix, un coup de menton, une haleine médiatique. Le triomphe de la peste savonnette va de pair avec l’abrutissement collectif : effondrement scolaire et intellectuel, hystérie footeuse ou olympiste, invasion des cerveaux par les ipad et les jeux vidéo…

La peste savonnette a contaminé le déroulement des élections du Parlement européen qui ressemblent, en tout cas sur la scène française, à un grand Guignol absurde avec ses Guignols, ses gnafrons, ses gendarmes et les coups de bâton. 53% des Français déclarent ne pas s’y intéresser. Ce désintérêt, annonciateur d’un abstentionnisme du même ordre, a quelque chose de sain du point de vue démocratique : la mauvaise soupe ne passerait-elle pas chez une majorité de Français?

Et aussi, il relativise tout le reste. La tête de liste lepéniste qui fait l’objet d’une invraisemblable et vertigineuse surexposition médiatique, fanfaronne avec ses 30% annoncés par les sondages. Le lepénisme a certes réussi a cristalliser le mécontentement populaire mieux que d’autres, à l’occasion d’un scrutin qui se présente avant tout comme un exutoire de la souffrance et de l’humiliation collective. Mais 30% avec une abstention de 53%, cela fait moins de 15% d’adhésion populaire : on est bien loin, bien loin, d’une poussée venue des profondeurs du pays. Idem pour le socialiste : 12% dans les sondages se ramènent à 6% de taux d’adhésion. Franchement, pas de quoi pavoiser… Quant à la droite LR, enkystée autour de 3 à 4% réels, elle paye hélas pour ses compromissions avec le pouvoir actuel auquel elle se trouve désormais associée dans l’inconscient collectif.

Tout cela démontre que la situation politique demeure extrêmement volatile. Même s’il faut le déplorer amèrement voire s’en indigner, la démocratie, les débats d’idées, les projets et les partis politiques sont morts et enterrés. Les prochaines élections nationales de 2027 se joueront plus que jamais sur un coup de dés, une affaire de savonnettes, de marionnettes et de matraquage sondagier, de scandales éventuels, montés de toute pièce, et de petite gueule médiatique et puis c’est tout. Elles seront, comme les deux précédentes, à un seul tour. Celui qui réussira, par un trou de souris, grâce à sa petite gueule médiatique et avec la complicité sondagière, à se glisser au second tour contre l’inévitable et inamovible Mme le Pen, avec 20% des voix, aura par avance gagné les présidentielles (sauf si c’était M. Mélenchon, et encore…). Et le reste s’enclenchera avec la possibilité d’obtenir une majorité à l’Assemblé nationale à la faveur d’un gigantesque taux d’abstention. Tout ceci pour dire que le jeu est extraordinairement ouvert, instable, mouvant et l’avenir politique de la France, profondément, vertigineusement imprévisible et incertain.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/04/18/ma-vision-personnelle-de-la-politique-francaise-actuelle-a-la-veille-des-europeennes/

17 avril 2024

Le vivrensemble est en train de se luxer le dos

H16

17/4/2024 - Les semaines se suivent et se ressemblent en République du Bisounoursland : alors que la violence à l’école devient difficile à camoufler, celle dans la société française ne fait plus de doute.

Ainsi apprend-on, juste après les tragiques incidents de Montpellier dont le fond religieux est évident, qu’une adolescente vient d’être agressée à Achenheim dans le Bas-Rhin pour, là encore, des motifs religieux : ses quatre agresseurs lui aurait reproché de ne pas respecter le ramadan.

Ainsi apprend-on que le géant d’un Geox (magasin de chaussures) de Strasbourg est à présent menacé de mort (après les habituelles insultes) pour avoir refusé de laisser son employée travailler en portant un voile, le règlement de travail de l’entreprise étant pourtant clair. On ne s’étonnera que modérément du profil de la vendeuse par qui le scandale arrive. En attendant, le gérant est obligé de composer avec ce nouveau vivrensemble à base de vigiles et de patrouilles policières.

Ainsi Bordeaux aura une nouvelle fois profité de l’enrichissement religieux et des enquiquinantes dérives de lames folles qui l’accompagnent parfois alors qu’un individu d’origine afghane a attaqué plusieurs personnes et tué l’une d’elles à coups de couteau, l’agresseur reprochant à ses victimes de boire de l’alcool alors que le ramadan n’est pas fini.

Ainsi un adolescent homosexuel de 15 ans a-t-il été violemment agressé par un groupe de jeunes à Grenoble, en raison de cette homosexualité, directement reprochée par l’un de ses cousins. Rassurez-vous : bien qu’ayant réalisé un enlèvement, une séquestration et des violences avec actes de barbarie, les agresseurs étant mineurs ont été relâchés. Gageons que les suites judiciaires seront exemplaires et que les associations de lutte contre l’homophobie seront présentes, n’est-ce pas.


On pourra noter de façon intéressante l’augmentation du nombre de ces actes reportés par la presse et commentés partout. On peut raisonnablement imaginer qu’en réalité, tout ceci arrive sur une base pluriquotidienne, mais que le nombre considérable d’incidents apporte une certaine lassitude du public.

De la même façon, on notera que la violence présente dans ces quartiers perdus de la République, et qui s’exprimait de façon sporadique contre la classe moyenne précisément absente de ces quartiers, se retourne maintenant progressivement contre ceux qui en sont issus et qui auraient le malheur de vouloir s’en extraire, de s’affranchir de leurs pratiques courantes, ou, pire encore, de composer pacifiquement avec le reste de la société française.

Devant ce qui apparaît pour une augmentation de ces faits, la République se défend farouchement : rapidement, les petits soldats du vivrensemble rappellent leurs évidences (tout ceci est très ponctuel, la violence est tout à fait limitée, mais non il n’y a aucun communautarisme, etc.) et n’en parlons plus.

Malheureusement, les chiffres, même torturés par les politiciens et les médias, n’en finissent pas de pointer sur d’autres évidences, assez peu favorables à l’apaisement.

D’un côté, on observe que les homicides augmentent de façon alarmante, et les tentatives d’homicides, avec 5072 en 2023 contre 2069 en 2011, sont au plus haut depuis 50 ans…


Certains ont de surcroît l’impudence de noter la sur-représentation des étrangers dans les violences commises en France : alors que ces derniers ne représentent que 7,8% de la population totale, on en retrouve 14% mis en cause pour viols hors cadre familial et 19% dans le cadre conjugal.

Pire : certains en viennent à demander que les OQTF soient appliquées et que ceux qui ont violé ou tué en France en soient expulsés, alors qu’au contraire le vivrensemble imposerait (?) plutôt de les accueillir et de les choyer. Là encore, rassurez-vous puisque les autorités ont rapidement placé en garde-à-vue les ultra-fascistes suppôts de Poutine qui osent demander de telles choses.

De cette violence, on peut en faire un problème religieux mais ceci occulte deux causes.

C’est tout d’abord l’illustration que le combat contre la religion séculaire en France (le christianisme) ne s’est pas traduit par une société plus ouverte ou tolérante, au contraire.

En lieu et place de gens qui ne croient plus en Dieu, on a surtout des gens qui croient un n’importe quoi où tout se vaut et où par conséquent, plus rien n’a de valeur. Et lorsque ce blob devient trop mou, tous ceux qui, nombreux, ont besoin d’une colonne vertébrale ou une structure solide sont un terrain fertile pour toute construction sociale répondant exactement à ces demandes.

Dans ce cadre, l’islam est d’autant plus séduisant que, d’une part, le catholicisme français officiel s’est fait un devoir d’être chaque jour plus en phase avec les “fameuses valeurs de la République”, donc toujours plus mou, plus accommodant de toutes les dernières modes niaises poussées par le politiquement correct, et que, d’autre part, cet islam est même chéri par toute une partie de la gauche, au contraire du christianisme farouchement combattu, soupe électorale oblige. Pas étonnant, dès lors, que cette religion naturellement très prosélyte gagne en “parts de marché” des religions en France.

L’autre cause, c’est surtout l’abandon du régalien par l’État, dilué dans le social et un culte à la laïcité complètement stérile. L’État ne fait plus son travail et a même abandonné avec délice toute velléité de le faire.

Au-delà de l’éventuel discours un peu martial d’un préfet ou d’un ministre de l’Intérieur lorsqu’une occasion (attentat, émeutes, etc.) le commande, personne n’a rien à faire de l’insécurité en France, de la dégradation complète de l’ambiance générale dans le pays.

En réalité, on sait bien comment juguler ces “incivilités” (qui, pour la plupart, sont des délits voire des crimes) et on sait bien comment garantir la paix et la sécurité dans un pays, mais cela nécessite une police et une justice efficaces dont le gros défaut est de considérer tous les justiciables sur le même plan, ce qui, au pays de l’égalitarisme et des petits aplatissements, passe mal.

Oui, il y a en France tout l’arsenal nécessaire de lois et de police pour revenir à un réel état de droit dans le pays. Mais il n’y a aucune volonté de l’utiliser : il n’y a aucune volonté politique de construire les prisons qui manquent cruellement, il n’y a aucune volonté politique de faire appliquer réellement les lois et les peines existantes, il n’y a aucune volonté politique d’écarter de la société ses éléments les plus dangereux, notamment parce qu’ils contiennent en eux les ferments de peur qui ont permis de tenir fermement la classe moyenne jusqu’à présent.

Cependant, avec la véritable déroute économique actuelle, la classe moyenne est en train de s’évaporer très vite et ce précédent calcul (de très court terme) des dirigeants est en train de jouer contre eux : à mesure que l’insécurité et l’appauvrissement général gagnent, le baratin des politiciens ne suffit plus.

Le vivrensemble est en train de se luxer le dos.


https://h16free.com/2024/04/17/77304-le-vivrensemble-est-en-train-de-se-luxer-le-dos

THE YANKEE SHOW

Gabriel Nerciat

15/4/2024 - "L'affaire est close", dit l'ayatollah à Téhéran.
"Oh yeah, nous ne voulons pas d'une guerre étendue avec l'Iran", répond en cadence le vieux forban irlandais à Washington.
Les deux répliques ont l'air aussi bien synchronisées que les pas de danse de Fred Astaire et Gene Kelly dans un film musical des années 1950.
Les coups de canon hypersoniques de l'artillerie russe et des navires houthis, au fond de la scène, rythment la mesure.
Dans le parterre, quelques ahuris, essentiellement européens, applaudissent à tout rompre : "Oh, ça, c'est merveilleux comme chorégraphie. On en redemande. Il n'y a que Hollywood qui sait faire ça, c'est clair ! Personne ne lui arrivera jamais à la cheville ; le Monde libre sait ce qu'il veut, lui."
En coulisses, seul le pétomane de Kiev fait grise mine et commence à récriminer : il a compris que son tour de pets allait être bientôt, faute de temps et de moyens, supprimé du programme.
"Bande de raclures, gueule-t-il, donnez-moi mes F16, mes missiles Patriot et mes bombes à longue portée, sinon j'envoie toutes les filles ukrainiennes qui vous sucent se faire piler sur le front."
Mais plus personne ne l'écoute.
"Ferme-la, Volodymyr, tu vois bien qu'on a autre chose à foutre désormais que te déboucher le cul", répond, agacé, le vieux Joe, pendant qu'il redemande à sa petite-fille une nouvelle glace à la pistache, vert persan, en rangeant ses claquettes.
Au balcon, seuls Poutine et Xi, qui observent tout, ne disent rien.
Eux attendront encore un peu avant de venir saluer sur la scène.



Catherine Gaillard

Évidemment ils ne lâchent pas l'affaire... Il y a eu tant d'obéissants pour se faire inoculer la potion Véran, le doigt sur la couture, (tout en insultant les prudents et leur souhaitant même parfois la mort). Ca vaut le coup de ressortir la machine à gros sous-sous en 2024, en 2025, en 2026, etc...
Véran avait même INTERDIT LA VITAMINE D - devenue dangereuse brusquement - alors qu'elle est un puissant protecteur, et que les toubibs la prescrivaient chaque mois avant le Covid et la represcrivent à nouveau depuis. Elle fait d'ailleurs partie du protocole de prévention courant pour les personnes à partir d'un certain âge...
On peut aussi tenter de s'intéresser aux sms et contrats passés entre von der Leyen et Pfizer et dont la chef de la commission européenne jugerait donc "qu'ils doivent rester secrets".

16 avril 2024

L'Europe c'est la guerre

Jacques COTTA

Durant des décennies, la propagande officielle martèle que "L'Europe c'est la paix!". Mais en réalité, c'est une tout autre histoire qui se déroule sous nos yeux. Non seulement l'Europe n'est pas la paix, mais c'est la guerre que ses dirigeants préparent et alimentent. Cette vidéo démontre que la menace est bien réelle et mérite donc d'être prise très au sérieux.


15 avril 2024

LA MÉPRISE DES ANGES

Gabriel Nerciat

13/4/2024 - Combien sont-ils, venus de Syrie, d'Afghanistan, de Libye, de Tunisie, de Tchétchénie, du Maroc ou d'ailleurs, à avoir été accueillis en France au titre de réfugiés politiques (ou de réfugiés tout court, d'ailleurs, puisque désormais tout migrant sans visa se considère d'entrée de jeu comme un réfugié) et susceptibles de perpétrer, contre des Français ou des compatriotes et des coreligionnaires vivant ici, des agressions du même type que celle de Bordeaux - lesquelles n'ont rien à voir avec le terrorisme, nous certifient une fois de plus les procureurs de la République et les journalistes assermentés.
Les élites libérales occidentales croient communément que la grandeur des nations héritières des Lumières européennes est de recueillir sans mégoter tous les réfugiés de la Terre qui le souhaitent, et qu'en retour ces derniers en seront éternellement reconnaissants aux nations occidentales et à leurs habitants.
Mais pourtant, il y a longtemps qu'on sait, même avant les attentats du Bataclan, que des réfugiés de sensibilité islamiste peuvent assez facilement se retourner contre les nations dont les principes du droit leur garantissent une protection inconditionnelle contre la vindicte de leur gouvernement.
Car un islamiste en terre infidèle est presque un apostat s'il accepte de vivre sans un minimum d'hostilité ouverte au milieu d'une nation mécréante ou chrétienne uniquement pour sauver sa peau.
Le frériste ou le salafiste qui veut en finir avec Bachar el Assad, le président Saïed ou avec Poutine en personne (comme d'ailleurs Ursula von der Leyen, Laurent Fabius ou Donald Tusk, l'imbécile infatué qui dirige la Pologne) ne peut sans déchoir se montrer reconnaissant envers ceux qui l'accueillent.
Dans la fameuse citation souvent rappelée de Julien Freund à l'intention de Jean Hyppolite pendant la guerre froide ("Vous croyez que c'est vous qui devez vous abstenir de désigner l'ennemi ; or c'est l'ennemi qui vous désigne"), on néglige souvent la réponse, implicite mais ferme, que font depuis trente ans les successeurs de Hyppolite, bien moins subtilement hégéliens que lui : "L'ennemi nous désigne peut-être, mais ce n'est pas pour cela que nous lui accorderons le privilège de le reconnaître comme tel. Il en va de la nature même de l'estime que nous nous portons, et de l'universalité des valeurs qui la fondent".
Et c'est bien le coeur du problème : les élites occidentales préfèrent encore le suicide à une survie problématique, qui acterait en réalité la certitude de leur défaite intérieure.
Feu Robert Badinter, d'ailleurs, dans sa philosophie abolitionniste, ne raisonnait pas différemment : ce n'est pas parce que les assassins résolument tuent, que l'Etat doit les imiter sous le futile prétexte de garantir l'ordre civil et la sécurité physique des citoyens.
Qui veut faire l'ange ne craint plus la bête, aurait dû dire Pascal, et la bête le sait quand elle fond sur lui.

Selon la propagande, les jeunes Français veulent faire la guerre

H16

15/4/2024 - Alors que les tensions au Moyen-Orient continuent de grimper de plusieurs niveaux et qu’on apprend en parallèle que les difficultés ukrainienne se multiplient, la Macronie pousse un soupir de soulagement : selon une étude, les jeunes Français sont majoritairement prêts à s’engager pour aller combattre les ennemis qu’on leur désignera…


C’est en tout cas ce que laissent sous-entendre avec gourmandise plusieurs articles parus récemment dans la presse et qui ont fait hausser pas mal de sourcils sur les réseaux sociaux. Pour RTL par exemple, “un jeune Français sur deux se dit prêt à s’engager” et l’article précise même que “la moitié se dit prête à revêtir l’uniforme pour partir combattre sur le front en Ukraine si la France décide d’entrer en guerre”.

Ces éléments sont d’ailleurs immédiatement rapprochés des dernières déclarations d’Emmanuel Macron qui a, pour rappel, clairement laissé ouverte la possibilité d’envoyer des troupes sur le sol ukrainien tant il est pour le Président français impossible de seulement imaginer une victoire russe.

Pour Le Parisien ou Les Echos, on assiste même à un véritable regain de patriotisme puisque, toujours selon ces journaux et d’après l’étude qu’ils citent sans jamais la lier directement.

Le Monde, qui cite la même étude toujours sans la lier, s’offre un titre un peu moins racoleur et s’autorise même quelques nuances en évoquant des Français moins antimilitaristes que leurs aînés. Le lecteur qui ira effectivement lire l’article sans se contenter du titre devra atteindre la fin du quatrième paragraphe pour voir apparaître le début de nuances extrêmement importantes que les autres articles, largement relayés un peu partout, se sont bien gardés de faire.

Eh oui, une fois encore et après avoir passé un peu de temps à analyser ces articles, l’étude en question et le contexte, on tombe sur une magnifique Pignouferie de Presse.


Pour s’en convaincre, il suffit d’aller lire l’étude en question, qui est trouvable à condition de s’en donner la peine, ce que beaucoup de nos journaux ont échoué à faire.

Et lorsqu’on le fait, on remarque tout d’abord qu’il est difficile de passer sous silence le fait que la belle majorité mise en avant dans ces journaux n’est pas aussi belle ni aussi claire et unanime qu’ils essaient de la peindre : en réalité, si l’on se focalise sur la mobilisation éventuelle de soldats français pour aller aider l’Ukraine sur son sol, on note que 17% seraient effectivement prêts à s’engager, et que 34% le feraient peut-être, ce dernier mot ayant, on en conviendra, une importance assez déterminante lorsqu’il s’agit d’aller se faire trouer la peau.


Autrement dit, l’implication de ces Français à aller effectivement sur les théâtres d’opération est nettement moins forte que ce que les titres claironnent vivement.

Mais d’autres éléments, qui semblent complètement oubliés par nos médias, apparaissent lorsqu’on épluche l’étude. Ce serait dommage de passer à côté, parce qu’alors, les conclusions qu’on peut en tirer sont assez radicalement différentes de celles hardiment posées par nos médias.

Ainsi, on apprend assez vite que l’étude en question avait été commandée il y a un an, un peu avant l’été 2023, et le sondage lui-même réalisé en juin et juillet de cette année. Les conclusions et analyses fournies dans celle-ci sont nettement plus nuancées que les gimmicks à l’emporte-pièce de nos journaux, et les dates auxquelles ont été posées les questions ont en pratique une importance cruciale : en 2023, l’idée d’envoyer des soldats français sur le sol ukrainien n’avait jamais été envisagée, et la question du sondage était donc particulièrement hypothétique. Le même sondage lancé ces dernières semaines apporterait un éclairage probablement fort différent : on n’a qu’assez rarement le même avis ni le même comportement lorsqu’on se place dans le confort douillet d’une situation imaginée et lorsqu’on se retrouve poussé dans une situation très palpable aux conséquences très réelles.

Du reste, il n’y a guère besoin de spéculer sur ce que serait l’engagement réel et quantifiable des jeunes alors qu’un conflit se rapproche à grand pas : nous disposons de mesures assez précises avec l’état des recrutements de l’armée française, et le moins qu’on puisse dire est qu’elles ne sont pas bonnes. Il apparaît en effet que l’armée peine franchement à recruter, à tel point que les effectifs globaux diminuent de plusieurs centaines de postes.

C’est ballot ! 51% de jeunes ou disons 17% d’entre eux sont patriotiques et s’engageraient bien, mais lorsque l’armée recrute… il n’y a plus grand monde, au point que les effectifs disponibles diminuent, en France et ailleurs en Europe : en Allemagne, le recrutement pose aussi des problèmes malgré les campagnes et les gesticulations du gouvernement et au Royaume-Uni, on observe la même tendance avec de gros problèmes pour atteindre les effectifs souhaités.

En fait, si l’on s’en tient aux tendances observés, les jeunes actuels sont furieusement moins intéressés par l’armée que les précédentes générations, les trous de recrutement n’ayant jamais été aussi forts. Le Monde et ses confrères nous raconteraient-ils des carabistouilles, une fois de plus ?

Et au fait, pourquoi ces médias de grand chemin n’évoquent-ils que très rapidement (ou pas du tout) le reste de l’enquête ?

Est-ce parce qu’elle montre que les jeunes ne placent la préoccupation d’une guerre qu’en sixième position dans leurs soucis quotidiens, ce qui revient à dire que les exhortations médiatiques à redouter un conflit ne marchent pas si bien que ça ? Est-ce parce que, dans les risques que ces jeunes évaluent, on retrouve une évocation de guerre qu’en quatrième position et qu’elle est civile de surcroît, ce qui tend à montrer que ces jeunes ne croient pas du tout aux prétendus efforts menés par l’actuel gouvernement pour réduire les fractures françaises et l’insécurité endémique sur le territoire ? Allez savoir.


En tout cas, on s’interroge sur le lien fait dans l’enquête entre le positionnement des jeunes vis-à-vis de l’engagement militaire et deux autres thèmes sondés, à savoir leur usage des jeux vidéos de combat (Call of Duty notamment) et leur adhésion aux thèses complotistes. On a ainsi la sourde impression que l’enquête et l’analyse subséquente tentent de montrer que les populations jeunes les plus aptes à s’engager seraient d’abord alimentées par les joueurs de jeux vidéos et les complotistes, ou, à tout le moins, que ce sont dans ces groupes qu’on retrouverait le plus de va-t-en-guerre. Que ce soit vrai ou faux, on comprend tout de suite pourquoi ces données ne passent pas le filtre des rédactions médiatiques…

Enfin, on ne pourra s’affranchir de noter l’écart entre le souhait exprimé par la population sondée de voir l’armée dotée de plus de moyens (53% y serait favorable) et l’état réel, calamiteux même, de cette dernière en conséquence de la politique désastreuse de Macron et de ses prédécesseurs. Là encore, pas un mot de ceci dans les articles de presse…

Il faut se rendre à l’évidence : la volonté réelle d’aller se faire trouer la peau pour l’Ukraine est très mitigée chez les Français, jeunes y compris, et c’est précisément pour cela que les médias et le gouvernement gesticulent actuellement pour nous faire croire le contraire.

On se demande bien pourquoi.


https://h16free.com/2024/04/15/77329-selon-la-propagande-les-jeunes-francais-veulent-faire-la-guerre
Anna Rocca

De l’art !