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10 juin 2024

La dissolution finale ?

H16

10/6/2024 - Coup de tonnerre dans un ciel bleu : alors que les bulletins de l’élection européenne sont encore tout chaud sortis des urnes, Macron décide de dissoudre l’Assemblée nationale. Pour ceux qui ne se doutaient pas de cette manoeuvre politicienne du locataire de l’Élysée, c’est une vraie surprise ; Attal, le pantalon encore sur les chevilles, a donc appris dès ce dimanche soir que son CDD prenait fin dans les prochaines semaines.

Petit archange parti trop tôt, il ne nous aura sans doute pas gratifié de ses meilleurs moments et sera probablement regretté par l’EPHAD de Montcuq, mais l’Executif fut, ce dimanche soir, formel : des prochaines élections législatives auront donc lieu le 30 juin (premier tour) et le 7 juillet (pour le second).

Cependant…

On attendra l’avis éclairé de constitutionnalistes chevronnés, mais il apparaît à première vue qu’il va y avoir un petit souci : Macron, malin, a judicieusement choisi de doucher la victoire du RN aux européennes avec cette dissolution, mais le chef de l’État, en la déclarant ce dimanche, savait qu’il n’avait pas vraiment le choix dans la date.

En effet, la constitution impose que le scrutin intervienne dans une fenêtre de 20 à 40 jours après l’annonce de cette dissolution, ce qui nous amène entre le 30 juin et le 19 juillet. Or, certains auront noté que les jeux olympiques – dont on sait déjà qu’il se dérouleront dans la plus sobre des sérénités – s’ouvrent précisément ce 19 juillet, ce qui pourrait poser quelques problèmes logistiques. Dès lors, on comprend que le second tour doive se tenir impérativement avant, le 14 juillet constituant le dernier dimanche réellement pratiquable.

Toutefois, le facétieux petit article L157 du code électoral impose que les futures listes soient déposées, au plus tard, le quatrième vendredi avant le scrutin, ce qui nous ramène, goguenard, au vendredi 7 juin.


Les différents partis politiques vont donc devoir se dépêcher pour déposer leurs candidatures dans le passé. On espère que la Delorean électrique 0-émission sera prête rapidement.

Rassurons-nous : la souplesse d’endoscope de nos juristes et de nos politiciens garantit que ce petit souci de date sera rapidement réglé (je baisse, j’éteins, je décale) et que le plan de Macron pourra se dérouler comme prévu, c’est-à-dire de plus en plus mal.

Et quel plan machiavélique ! Pour les rares qui n’auraient pas compris, il semble assez clair que le président de la République utilise ainsi cette déroute électorale probablement calculée – Merci Mélusine Hayer – pour pousser le RN au pouvoir.

Et c’est probablement cette perspective qui déclenche une véritable apoplexie chez la plupart des politiciens (timing diabolique alors que la France subit actuellement un problème d’approvisionnement en ventoline) : on sent déjà monter la volonté de la classe médiatique de nous imposer sans finesse de l’évocation de jeux olympiques se tenant pendant que la France sombre dans le ventre fécond de ses heures les plus sombres, et on se doute qu’il en ira de même pour toute la classe politique lorsqu’elle sera sortie de sa stupeur post-électorale.

Mais pour le Président, tout cela tombe bien : d’une part, Ken & Barbie Marine & Jordan ne rêvent que de ça. Le concombre endimanché, affûté comme du beurre chaud, est tombé dans le panneau avec une gourmandise que seul Gérard Larcher, devant le rab de frites à la cantoche du Sénat, pourrait surpasser. D’autre part, l’état général du pays est suffisamment catastrophique pour que ceux qui en hériteront subissent la véritable tempête de merde qui ne manquera pas de déferler dès que possible, fusillant définitivement tout espoir pour nos deux pigeonneaux nationalistes d’accéder ensuite à la présidence.


On le comprend : il existe maintenant une réelle probabilité que le pays se retrouve avec une majorité RN à l’assemblée, qui obligera ce parti à dégoter des ministrables. La gageure est de taille, mais parions que le défi de trouver des remplaçants encore plus mauvais à Le Maire, Darmanin ou Séjourné sera fièrement relevé par le parti nationaliste. Au passage, il sera laissé comme exercice au lecteur le soin de trouver quelques noms potentiels, l’absence de têtes visibles étant particulièrement symptomatique de ce parti d’appendices politoïdes taillé pour occuper les médias plus que le pouvoir.

Néanmoins, des mondes parallèles ne sont pas totalement à écarter : soyons fous et imaginons un instant que les Français, comprenant le traquenard qui est en train de se mettre en place, décident finalement de ne pas donner plus de voix au Rassemblement national. Dans cette hypothèse amusante, les législatives aboutiraient à un résultat délicieusement différent de celui probablement souhaité par le chef de l’État qui devrait recomposer un gouvernement sur une base essentiellement équivalente à celle actuellement en place.

Dans cette hypothèse, le sabotage du pays continuerait dans les mains de Macron.

Et tant qu’à imaginer des mondes parallèles, celui dans lequel le parti présidentiel ferait des accords avec l’actuel Parti socialiste n’est pas à écarter : le président retrouverait potentiellement une majorité, ce qui lui laisserait les coudées franches pour achever de ruiner le pays dans une orgie de lois, de ponctions, de normes, d’égalité et de bisous.

En tout état de cause et comme le dit cette célèbre philosophe électorale, “on ne se trompe jamais quand on donne la parole aux Français”. Dès lors, il apparaît assez clairement que, quelle que soit l’issue de ces scrutins prochains, ce pays est foutu.


https://h16free.com/2024/06/10/77910-la-dissolution-finale
Jonathan Sturel

8/6/2024 - Ils organisent la submersion migratoire, importatrice de tous les conflits du monde, génératrice de tensions et distributrice de coups de couteau et pourtant, parmi les victimes de ces crimes, il n'y a jamais aucun enfant de ministres, de sénateurs, de députés, de président, de journalistes. Et pour cause : ils organisent aussi, en parallèle, les conditions de leur mise en sécurité.
Ils ne vivent pas eux-mêmes au milieu de leur œuvre.
Les mêmes poussent aujourd'hui à la guerre contre la Russie : d'après vous, combien d'enfants de ministres, de sénateurs, de députés, de président, de journalistes compteront au nombre des morts au combat sur le front ukrainien ?
Aucun. Comme pour l'immigration, ils tâcheront de se mettre à l'abri des conséquences de leur œuvre.
C'est nous qui crevons au coin de la rue pour un mauvais regard, c'est notre grand-mère qu'on assassine sur le pavé, c'est notre gamin qu'on poignarde dans une salle des fêtes. Ceux qui aujourd'hui fournissent le contingent des victimes de l'immigration fourniront demain celui des morts de la guerre.
Lorsque j'entends le tout-venant soutenir les va-t-en-guerre de la macronie et du complexe médiatico-politique, j'entends un zombi qui marche vers la mort avec le sourire niais de la victime consentante totalement lobotomisée par des démons qui lui montent la tête en sachant qu'ils seront, eux contrairement à lui, protégés des conséquences et qu'à la fin, lorsqu'il faudra sortir une tête de la tranchée, ce sera toujours une tête du gueux sacrifié.
Croyez-vous que vous verrez le député Benjamin Haddad, macroniste zélé et promoteur infatigable de l'escalade, sous un casque lourd quelque part sur le théâtre de guerre ? Vous imaginez-vous voir Valérie Hayer porter elle-même le fusil qu'elle veut nous mettre dans les mains ? Quel menteur de LCI reviendra entre quatre planches ?
À la fin, on devra toujours enterrer les mêmes, ce sera le père de Thomas et ce sera le frère de Lola.

8 juin 2024

DONALD LE SAGE

Gabriel Nerciat

"L'ennemi de l'intérieur est beaucoup plus dangereux que les ennemis extérieurs que sont la Russie, la Chine ou d'autres", a déclaré l'ancien président à un journaliste de Time.
Je peux très bien comprendre qu'on n'apprécie pas Donald Trump, mais je ne supporte pas qu'on le prétende fou ou hâbleur.
Je crois sincèrement qu'il est l'exact contraire : l'homme le plus réaliste et le plus sobre qui soit.
En une phrase, il a résumé l'essentiel du péril qui menace la plupart des nations occidentales, à commencer par la première d'entre elles.
Moi-même, je n'éprouve que mépris envers tous ceux qui m'expliquent que le danger aujourd'hui vient de Rima Hassan, des officiers du GRU ou des espions chinois alors qu'ils ne trouvent rien à dire sur la nocivité de Laurent Fabius, la toxicité de Claire Hédon ou la perversité des juges du Conseil d'Etat.

7 juin 2024

Marc Amblard

Vincent Verschoore

La position des différente listes européennes sur la question de l'enfermement injustifié de Julian Assange en Grande-Bretagne, sur demande américaine, illustre sans doute leur volonté d'une émancipation de l'UE au joug euro-atlantiste.
Le journal Le Grand Soir a donc questionné chaque candidat sur ce sujet.
Sans surprise, les listes ouvertement euro-atlantistes (Hayez, Glucksmann, Bellamy) n'ont pas répondu. Pas plus, d'ailleurs, que les listes souverainistes Bardella et Maréchal. Un signe, sans doute, que la liberté de la presse n'est pas au centre de leurs préoccupations.
Europe Ecologie a répondu, tout comme LFI et la majorité des "petites" listes favorables à une refonte des institutions européennes. Aucune n'a répondu que le sort réservé à Assange était légitime, mais on peut supposer que non-réponse vaut acceptation de fait.

Leasing social, véhicules électriques et panne étatique

H16

7/6/2024 - Janvier 2024 : c’est officiel, les Français vont pouvoir échanger leur vieille automobile thermique qui tache contre un baril de voiture électrique qui lave plus blanc ! Le leasing social vient d’être mis en place et va permettre aux heureux citoyens qui répondent aux critères contraignants de l’opération gouvernementale de disposer d’un petit véhicule électrique, choisi dans une gamme restreinte, pour un loyer mensuel inférieur à 150 euros.

Belle affaire !


Le timing retenu par le gouvernement est particulièrement bien choisi : la proposition de ce “leasing social” déboule alors que les subventions et les primes aux constructeurs s’éteignent doucement et que les prix des véhicules électriques neufs proposés par les différentes marques affichent des prix de plus en plus coquets. Avec un litre d’essence qui papouille les 2 euros (un peu en dessous, un peu au-dessus, en fonction du moment et du lieu d’achat), on comprend que les Français les plus modestes ne rechignent pas à échanger un mode de déplacement devenu un véritable gouffre financier contre un véhicule qui, sur le papier et pour le moment, se charge pour une fraction du prix de l’essence…

Ce “leasing social” est donc rapidement un franc succès : dès mi-février, le stock de voitures électriques qui devait être couvert par ce dispositif est vendu, le nombre de dossiers est atteint et la mesure prend donc fin (avec, peut-être, une nouvelle édition pour 2025). Au départ prévu pour servir 25.000 clients, ce seront 50.000 commandes fermes qui seront prises au travers des concessionnaires participant à l’opération : et si certains comprennent l’engouement, peu s’attendaient à une telle réussite.

Tout est bien qui finit bien ? Allons, pas si vite !


Reprenons le contexte : il s’agit d’un projet lancé par l’État français actuellement piloté par cette extraordinaire équipe gouvernementale qui nous a donné les Gilets jaunes, la mise à genou de l’économie russe et tant d’autres grands moments de politique et d’économie française. Il s’agit d’un projet qui couvre les véhicules électriques, dont tout le monde sent depuis des années qu’ils sont destinés à un avenir littéralement flamboyant comme des batteries au lithium jetées dans l’eau. Il s’agit d’un projet qui implique de fortes sommes (on parle de plusieurs centaines de millions d’euros), avec des douzaines d’intermédiaires – les concessionnaires – entre le consommateur final et l’État et qui (c’est le pompon) avanceront ces sommes en attendant un remboursement de l’État.

Youpi, aucun doute, tous les ingrédients sont réunis pour une Réussite Totale !

Les dernières commandes sont donc prises mi-février, et les premiers véhicules électriques commencent à être livrés.

Et là, les premiers hoquets se font entendre : mi-mai, alors que sur chaque véhicule, le concessionnaire doit avancer 13.000 euros (qui lui seront un jour remboursés par l’État, promis, juré, craché), il apparaît que l’ensemble de ces intermédiaires… n’ont encore été remboursés de rien du tout.


Alors que le gouvernement doit entre 140 et 320 millions d’euros aux concessionnaires automobiles selon les sources, les concessionnaires s’impatientent : pendant ce temps, les charges d’entreprise s’accumulent et le trou de trésorerie correspondant (à 13.000 euros par voiture, ça fait vite un gros montant) pose de plus en plus de soucis pour payer les salaires, les cotisations et les frais de fonctionnement des entreprises dont les plus petites sont maintenant clairement menacées de fermeture.

Dans un pays où les services publics sont pourtant réputés pour leur fiabilité et leur ponctualité, comment imaginer que l’État allait faire faux bond ?

Cependant, on doit s’interroger : pourquoi diable les services gouvernementaux prennent-ils autant de temps à rembourser ce qu’ils doivent ?

Rassurez-vous, l’explication est à la fois simple et parfaitement prévisible : si tout se déroule comme prévu (c’est-à-dire si mal), c’est bien évidemment que le remboursement des avances dépend d’un site informatique que l’État doit ouvrir aux concessionnaires et qui est, pour le moment, en carafe.

Eh oui : on soupçonnait qu’il devait y avoir quelques cerfas coincés ici ou là, et c’est en substance ce qu’on observe ici encore. Le site qui permettra aux concessionnaires d’entrer leurs dossiers en souffrance n’est pas en état de fonctionner ; à l’arrêt depuis mi-février (au moment où le quota de dossiers était atteint, commodément), c’est ce site qui devait permettre aux concessionnaires de saisir l’ensemble des pièces justificatives leur permettant d’obtenir en moins de trois mois supplémentaires une réponse évidemment négative et forcément alambiquée de l’administration qui leur demandera de rentrer à nouveau (pour la troisième puis quatrième puis cinquième fois) les pièces justificatives qu’elle s’empressera de perdre ici ou là, le tout pour espérer toucher leur précieux remboursement. Un jour. Peut-être.

Autrement dit, dès que tout sera remis en route (très prochainement soyons en sûr) et moyennant une saisie qu’on imagine déjà ergonomique, pratique, simple et sans question ambiguë, comme tous les sites de l’État, le problème des concessionnaires sera rapidement résolu, et les quelques faillites ici ou là n’auront pas d’impact sur l’économie globale florissante du pays.

Saluons donc le prochain dénouement de cette magnifique initiative gouvernementale qui va permettre aux Français les plus modestes d’acheter enfin au prix fort un véhicule électrique à l’autonomie limitée, alors même que les ventes de ces véhicules connaissent une baisse marquée (pour ne pas dire un effondrement) lié à la saturation du marché et aux limitations inhérentes de ces modèles comparé aux besoins correctement couverts par les modèles thermiques.

Parallèlement, le fait que les stocks (dans les ports européens) soient au plus haut envoie sans doute un message aux décideurs, mais lequel ? Serait-ce que la Chine grignote notre marché, que celui-ci semble éprouver des difficultés à écouler les unités produites, que le consommateur n’est plus aussi enthousiaste à faire 150 km maximum par temps favorable dans des voitures à piles ? Allez savoir.

En tout cas, alors que différents signaux indiquent que l’engouement pour les voitures s’étiole rapidement, on ne pourra s’empêcher de noter qu’une fois encore, l’État joue à contretemps, fait mine de distribuer de l’argent qu’il n’a pas, s’emmêle les pinceaux dans son informatique, provoque la ruine de quelques concessionnaires et pousse dans les bras des Français décidément trop confiants une technologie encore loin de faire l’unanimité.

Youpi, encore une mission réussie.


Médecine : le trouble de la personnalité narcissique (extrait « passeport santé mentale »)

Maxime Tandonnet


Selon le DSM-5, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, le trouble de la personnalité narcissique se manifeste par au moins 5 de ces symptômes (ils doivent apparaître au début de l’âge adulte) :

- Une survalorisation de ses capacités : le narcissique pense que ses compétences et ses accomplissements sont extraordinaires. De ce fait, il doit être considéré comme supérieur aux autres ;

- l’impression d’être unique : le narcissique se croit spécial et estime qu’il doit par conséquent ne communiquer qu’avec des personnes spéciales et haut placées ;

- un besoin constant et excessif d’être aimé et admiré ;

- une obsession pour le pouvoir, le succès et la beauté ;

- un manque d’empathie : le narcissique ne voit que lui et ne peut donc pas s’intéresser aux besoins et aux sentiments des autres ;

- de l’arrogance et une attitude hautaine ;

- un besoin de manipuler les autres pour arriver à ses fins ;

- le sentiment que les autres l’envient ;le sentiment que tout lui est dû.

Le psychologue américain Théodore Milton, un des spécialistes des troubles de la personnalité, a distingué plusieurs profils de personnalités narcissiques qui agissent différemment : Le narcissique manipulateur : il n’a aucun scrupule à se servir d’autrui pour obtenir ce qu’il veut. Le narcissique séducteur : il use de son charme irrésistible pour manipuler autrui. La séduction est physique, mais aussi intellectuelle. C’est le pervers narcissique. le narcissique passif-agressif : il considère que les autres sont moins bien que lui et se plaint constamment de leur incompétence. le narcissique élitiste : il aime le pouvoir, la domination et le manifeste par une attitude hautaine. Le narcissique fanatique : il voit grand et veut toujours plus que ce qu’il a, car il estime qu’il le mérite. C’est ce que l’on appelle « avoir la folie des grandeurs ».

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/06/07/medecine-le-trouble-de-la-personnalite-narcissique-extrait-passeport-sante-mentale/

6 juin 2024

Déconnexion, toujours…

Maxime Tandonnet


6/6/2024 - A la veille de l’élection du Parlement européen, M. le président déclare : « Il n’y a jamais eu une élection européenne aussi importante que celle-ci parce qu’il y a la guerre en Europe, le changement climatique, l’intelligence artificielle aussi parce que notre démocratie est menacée par les extrêmes qui montent (…) le danger est énorme. » Cette dramatisation, qui s’ajoute à une omniprésence médiatique sur les médias à la veille du scrutin, souligne l’angoisse qui règne, à propos de ce scrutin, du côté du pouvoir. Pourtant, le résultat ne changera rien aux équilibres institutionnels. L’effet éventuel d’une « droitisation » du PE ne peut jouer qu’à la marge et sur le très long terme dès lors qu’il faut plusieurs années pour concevoir et adopter de nouvelles directives ou règlements (d’ailleurs, la Commission a le monopole de l’initiative législative et les textes doivent être approuvés par le CM avant d’être discutés par le PE). Alors pourquoi cette impression d’extrême fébrilité ? Dans un monde où le paraître écrase le faire, où l’image se substitue à l’action, un système de gouvernement dans lequel le délire narcissique remplace la notion de bien commun, nos dirigeants politiques redoutent avant tout l’humiliation personnelle. « Notre démocratie est menacée par les extrêmes. » Cette phrase est privée de toute portée anxiogène dans le pays. Pour la majorité des Français, de droite ou de gauche, la démocratie est d’ores et déjà en miettes : l’élection présidentielle est trafiquée par le scandale (2017) ou par la manipulation des peurs (2022), l’élection législative, conditionnée par la présidentielle, ne sert presque plus à rien (d’où l’abstention massive) ; le pouvoir n’est plus dans les autorités issues du suffrage universel mais dans les bureaucraties surtout bruxelloises, et les juridictions ; la liberté a été crucifiée par les confinements et les QR codes pendant la crise sanitaire, et elle le sera encore demain à toute occasion comme les JO ; le peuple est méprisé et sa volonté balayée d’un revers de main en permanence, sur les retraites, la sécurité, l’immigration ; les leaders du pays accaparent les médias et la parole publique dans des conditions qui relèvent du pur arbitraire. La démocratie n’est pas menacée: elle est massacrée quotidiennement. Au fond, ce qui est sidérant, c’est de constater à quel point le discours présidentiel du « moi ou le chaos », alors que les Français nagent en plein chaos – en plein extrémisme – semble déconnecté du réel et de leur perception. C’est-à-dire que l’extrémisme de fait au pouvoir actuellement sous couvert de progressisme ne fait qu’ouvrir la voie à l’extrémisme sous un manteau différent.

Vincent Verschoore

Alors que la Macronie cherche à pousser sa liste européenne en instrumentalisant les commémorations du D-Day et l'Ukraine en invitant, demain, Zelensky à s'exprimer devant l'Assemblée nationale, le fait est que la droite dite "nationale-populiste" de Bardella + Maréchal fait 39% des derniers sondages.
La liste mafieuse de Glucksmann fait 15% (il faudrait quand même que les gens regardent de près ce qu'a fait ce type en Géorgie et en Ukraine, avant de s'allier au cœur de l'establishment bourgeois bien-pensant via Salamé), celle de Macron/Attal/Hayer juste derrière. Autrement dit, l'alliance Hayez/Glucksmann fait moins que Bardella/Maréchal.
C'est dire que, même si une majorité de Français se fiche bien de l'Europe et considère que le vote européen n'est d'aucune utilité (abstention probable de l'ordre de 55% ce dimanche), l'Europe s'occupe d'eux (en leur imposant le plus souvent des règles débiles et en les soumettant à leurs dépens aux intérêts US), mais n'est pas intouchable au sens où une percée à l'échelle européenne de la droite "nationale-populiste" aurait un effet sensible sur la politique UE.
De fait, le journal The Economist faisait sa Une cette semaine avec une image des trois femmes qui allaient sans doute façonner l'UE dans les années à venir : Ursula von der Leyen, Marine le Pen et Giorgia Meloni. VDL est sur un siège éjectable, sa servilité vis-à-vis des US et sa corruption flagrante devenant lourdes à porter, mais les deux autres ont adopté une stratégie de noyautage institutionnel (fini les Frexit, Italexit et autres sorties de l'Euro) hautement efficace.
Elles mènent un ensemble plus ou moins hétéroclite de souverainistes allant du Fidez de Orban au Vox espagnol, en passant par l'AFD allemande, le PIS polonais, les Patriotes suédois et le Vlaams Block flamand, qui pourrait casser l'hégémonie centriste et docile du Parlement actuel.
Le vote, donc, a un impact potentiel. Que l'on soit plutôt pour ou contre la poussée souverainiste, on peut l'accompagner ou la contrer, mais c'est bien la première fois qu'il est possible que s'opère une forme de changement potentiellement radical au sein des institutions européennes.

BEN, LE VIDE DEVANT LE NÉANT

Gabriel Nerciat

6/6/2024 - La mort de Ben comme sa vie démontrent une chose : on peut avoir incarné pendant plus de soixante-cinq ans la forme la plus quelconque et la plus vénale du nihilisme de masse et de l'égocentrisme cynique qui caractérisent depuis le succès d'Andy Warhol une bonne partie des élites artistiques occidentales sans avoir eu à affronter jamais la moindre manifestation d'hostilité ou même de distance critique qui furent encore le lot de Marcel Duchamp ou de Salvador Dali, autres renards mondains savamment experts dans les techniques de promotion du narcissisme, avant 1940.
Le grossier maire de Nice a déjà annoncé qu'une rue ou une place de sa ville allaient porter son nom (il est vrai que le tourisme local a dû bénéficier des royalties publicitaires sonnantes et trébuchantes générées par ses proliférants et ridicules graffitis du mont Chauve), et la goulue de la rue de Valois s'est fendue d'un tweet pour célébrer rien moins que la mort d'une "légende".
C'est naturellement dans l'ordre des choses, et on sait que l'on peut tout à fait pertinemment juger de la valeur d'un régime aux artistes qu'il encense ou décore.
De fait, cet apologiste ricaneur et satisfait du vide multiculturel et auto-centré symbolise mieux ce que la France des oligarques Arnault et Pinault exporte désormais dans le reste du monde que n'importe quelle autre signature tapageuse léguée par la fin du XXe siècle.
Ses funérailles nationales, dès lors, il les mérite bien. Elles illustrent parfaitement ce qui distingue, depuis la mort de Malraux, l'art de la culture.
Dernière remarque : ce type qui a choisi de se donner la mort et s'était fait connaître il y a soixante-dix ans en inscrivant sur une toile, de son écriture consciemment infantile, "Il faut manger, il faut dormir", aurait pu avant le geste fatal laisser un ultime carton qui aurait proclamé pour la postérité "Il faut mourir" ou bien "Il ne faut plus vivre".
Nul doute qu'à l'heure de la légalisation du suicide assisté cette ultime missive eût fait le bonheur de ses héritiers et l'admiration de tous les niais officiels.
Mais non : l'insignifiance d'une vie longtemps amoureuse de sa nullité préfère encore se taire, sans doute pour ne pas contrarier celle de la mort.