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12 juin 2024

Vincent Verschoore

Tu quittes le net vers 14h, juste avant l'allocution du psychopathe en chef, pour y revenir huit heures plus tard, et l'image qui te vient immédiatement en tête est celle des bagarres de poisson pas frais dans Astérix !
Donc, si j'ai bien compris : Ciotti crée l'union des droites LR+RN, mais se fait virer de LR qui récuse ladite union, pendant que Marion Maréchal torpille Reconquête et Zemmour (qui ne veut pas participer à ladite union) pour s'allier avec son ex-parti le RN au sein d'une union des droites... qui n'existe plus.
Pendant ce temps, Macron villipende la gauche, y compris la pseudo-gauche caviar hors sol dont il est issu mais qui s'associe avec LFI, aux cris d'antisémitisme, rejoint en cela par une union (ah ?) des droites qui rajoute l'accusation d'islamofascisme, à des gens qui répondent "fasciste toi-même !" à l'unisson.
Ce à quoi Macron acquiesce, estimant, dans la logique totalitaire propre à l'extrême centre, par essence antirépublicain, que toute opposition ne peut relever que de l'extrême gauche nécessairement antirépublicaine et antisémite, ou de l'extrême droite tout aussi nécessairement antirépublicaine et fasciste.
Le plus drôle, c'est que Macron continue à essayer de vendre son "c'est moi ou le chaos", alors même qu'aux yeux de tous (ah, l'union, enfin !) il est la personnification du chaos. Plus c'est gros, plus ça passe. Ou plus.

mélimélo

⬦ Ne juge pas trop vite les marginaux, ils sont de deux types : les fous et les sages !
Alexis Haupt

⬦ Selon la dernière enquête Harvard CAPS/Harris, 33% des démocrates pensent que le pays se porterait mieux avec Trump. Ça c’est nouveau. Probablement l’effet Biden…
Marc Amblard

⬦ « Notre Europe peut mourir » dit Emmanuel Macron. Merveilleuse nouvelle !
Gilles Casanova

⬦ L'utilisation des mass media, qui, paraît-il, informent, ne permet à l'information que de s'écouler dans un seul sens, du pouvoir vers les masses. L'argent permet de réaliser, de façon subtile, l'automatisation des motivations, de manipuler affectivement l'opinion.
Henri Laborit

⬦ L'hôpital est au bord du gouffre, les médecins manquent partout, l'âge de départ à la retraite est retardé, mais pendant ce temps on vote une loi sur "l'aide à mourir".
Denis Collin

⬦ Cette époque restera à jamais comme celle d'une population humaine qui s'est laissée injecter un produit expérimental et nocif dans le sang sans broncher. Pire : en s'en prenant à ceux qui l'ont refusé.
Ainsi, dans les siècles à venir, quand les humains étudieront notre époque, ils rétorqueront leur phrase préférée. Celle qu'ils répètent toujours en repensant aux heures les plus sombres de leur histoire : "mais comment les gens ont-ils pu accepter cela ?"
Alexis Haupt

⬦ L'Union européenne (EURSS) a aujourd'hui le même âge que l'URSS lors de sa disparition : 74 ans !
Gilles Casanova

⬦ Le crédit social, ça commence avec des QR codes, ça continue avec une identité numérique et ça triomphe avec une population qui rétorque "bah quoi, où est le problème si on a rien à cacher ?"
Alexis Haupt

⬦ J'en vois qui parlent l'air gourmand de la défaite de l'Occident. À moi, ça ne semble pas vraiment une bonne nouvelle.
Denis Collin

⬦ Question : qu'y a-t-il de pire qu'une personne qui voit des complots partout ?
Réponse : celle qui n'en voit nulle part.
Marc Amblard

⬦ La liberté d’expression, c’est d’abord celle de celui qui ne pense pas comme moi.
Rosa Luxembourg

⬦ L’enrichissement sans fin des 500 plus riches, "quoi qu’il en coûte", ne peut pas être l’horizon de la société française.
Gilles Casanova

⬦ Imposer un narratif absurde et manifestement contraire à la réalité, puis tester le degré de crédulité des peuples : voilà le test auquel nous sommes aujourd'hui soumis dans à peu près tous les domaines.
Yann Thibaud

⬦ Chacun sait quelle folie s’est aujourd’hui emparée du monde, chacun sait qu’il participe lui-même à cette folie, comme victime active ou passive, chacun sait donc à quel formidable danger il se trouve exposé, mais personne n’est capable de localiser la menace, personne ne sait d’où elle s’apprête à fondre sur lui, personne n’est capable de la regarder vraiment en face ni de s’en préserver efficacement.
Hermann Broch, Théorie de la folie des masses

⬦ La vie est courte, mange d'abord le dessert !
Adina de Souzy

Impunité, laxisme, corruption : la justice française ne ressemble plus à rien

H16

12/6/2024 - Avril 2021, alors que des procès en laxisme au sujet de la Justice française fusent dans l’actualité, le nouveau garde des Sceaux, Dupond-Moretti, monte au créneau et exprime sa stupéfaction dans un entretien accordé au Monde : pour lui, c’est un gros malentendu, un problème de communication entre les magistrats et les Français qui ne font plus, à tort, confiance dans la Justice de leur pays.

Pour le brave Éric du ministère de la Justice, de même que l’insécurité qui n’est qu’un sentiment peu étayé par la réalité, les statistiques ou les faits divers, le laxisme judiciaire français n’est qu’une impression, une rumeur basée sur des épiphénomènes trop mis en avant par une presse qui ne sait plus faire son travail.


C’était en 2021.

En quelques années, du côté du ministère, les choses n’ont guère évolué (les sentiments du peuple ne sont pas les bons) et si, du côté du peuple, les choses ont, elles, évolué, c’est en pire. Au point qu’on hallucine à présent sur des faits divers de plus en plus consternants.

Ainsi, on découvre que l’univers carcéral sait s’adapter aux contingences du monde moderne, dans lequel les hommes d’affaires doivent rester en contact avec leurs vendeurs et leurs fournisseurs, comme en témoigne l’étonnante impunité de Mohammed Amra, directement responsable de la mort de deux agents pénitentiaires lors de son évasion récente pendant un transfert :


Cette “découverte” d’une prison particulièrement laxiste s’inscrit assez bien dans le thème maintenant récurrent d’un léger décalage entre ce que le peuple attend d’une justice efficace et d’un système pénitentiaire idoine et la réalité, nettement plus créative.

En 2014 par exemple, ces colonnes notaient que l’apathie de la justice française dans un nombre croissant de cas alimentait une certaine forme de lâcheté des individus, forcés à une prudente absence d’intervention dans de nombreux cas ; du reste, la sénatrice Laurence Rossignol avait fait les frais de cet état général de délabrement du traitement des innocents, des victimes et des agresseurs (en déclenchant la nécessaire hilarité de l’observateur devant ce délitement pourtant tragique).

Dix ans plus tard, la gangrène semble s’étendre.

C’est normal après tout, les services publics subissent tous une déliquescence généralisée, malgré des impôts toujours plus forts et un nombre d’agents publics toujours plus élevé, il n’est dès lors que logique que la Justice suive la même tendance.

Logiquement, lorsqu’on relâche les crapules, elles récidivent ; ceci ne donne donc pas envie d’intervenir et de risquer sa peau (ou pire de se retrouver accusé), et ça ne met évidemment pas un terme aux agissements criminels. La réalité est cruelle, mais il s’observe avec constance que les cons, non punis, recommencent. Les cons, en liberté, refont les mêmes conneries et ceux qui constituaient une menace, toujours libres, continuent étonnamment de constituer encore et toujours des menaces…

Heureusement et malgré ce constat, les médias et les politiciens trouvent toujours pléthore d’experts et autres analystes contorsionnistes de la statistique expliquant que tout ceci n’est pas vrai, et que non, décidément, la justice n’est pas laxiste, les chiffres ne mentent pas, ce qui permet d’affirmer avec un aplomb de subventionné que – conformément à ce que dit toute la magistrature, le Garde des Sceaux et les médias, la justice n’est pas laxiste, un point c’est tout.


Bien évidemment, on n’encombrera pas l’esprit de l’homme de la rue des notions qui permettent d’affirmer ces chiffres avec aplomb voire culot. Peu importe qu’on confonde assez généralement le nombre de détenus, le nombre de mis sous écrou, le nombre de condamnés à de la prison (il y a ainsi plusieurs milliers de condamnés non détenus – entre 12.000 et 15.000 selon le moment de l’année). On ne rappellera pas qu’un peu plus de 44% des peines fermes prononcées sont de deux ans ou moins de prison, ce qui signifie que ces “condamnés” ne verront pas de cellule, et qu’ils continueront donc à gambader à l’air libre (l’idée d’une assignation à résidence est évidemment grotesque, il n’y a pas assez de personnel pénitentiaire pour réellement suivre ce beau monde qui représente tout de même 23.000 personnes actuellement).

De même, on ne rappellera surtout pas qu’en France, le nombre de places de prisons est trop faible (en effet, la France compte 88 places de prison pour 100 000 habitants là où la moyenne européenne s’établit autour de 130 places, ce qui revient à dire qu’il faudrait construire 28.000 places environ). Non seulement, on ne veut pas construire de prisons, mais on ne veut pas s’affranchir d’une bonne raison de ne pas y envoyer les individus dangereux (ce serait dommage de surcharger ces établissements, voyez-vous).

Peu importe aussi que les temps de procédure soient devenus calamiteusement longs, éloignant toujours plus la sanction du crime, ce qui est l’inverse même de ce qui serait souhaitable. Pire : les codes de procédure ne cessant d’enfler, le nombre de vices dans ces procédures augmente lui aussi, ce qui fait autant de personnes relâchées pour des aspects purement techniques ou des boulettes de la police ou de la magistrature (s’il y a rature dans magistrature, ce n’est pas totalement un hasard). Il s’agit parfois de prévenus dangereux, ou qui ont déjà des casiers lourdement chargés et qui peuvent donc reprendre tranquillement le cours de leurs activités. Rassurez-vous, tout est sous contrôle.

Ces vices de procédure sont d’ailleurs d’autant plus nombreux que les institutions sont elles-mêmes de plus en plus corrompues, comme le notent certains indicateurs que les ministères minimisent avec diplomatie.

Mais surtout, chaque jour qui passe, chaque couteau fou qui fait des zig-zags dans le bidon tendre d’un Français passant par là, chaque cambriolage qui tourne en viol collectif, chaque rodéo ou course-poursuite qui termine en homicide, vient apporter la preuve que ces chiffres n’ont qu’un ancrage modéré dans la réalité. Le nombre d’OQTF non appliquées est ainsi, en lui-même, une démonstration par l’évidence que la justice a, effectivement, complètement perdu pied avec la réalité : on condamne à l’expulsion, et… Rien : il n’y a pas expulsion et le pseudo-expulsé peut continuer à pratiquer son “art”. Autant condamner à une séance de trampoline ou à des bières tièdes, ce sera aussi efficace.


Et de surcroît, l’actualité fournit de façon pluri-hebdomadaire des cas de criminels qui, n’ayant purgé qu’une portion congrue de leur peine, se retrouvent libérés en bonne et due forme ce qui leur permet de reprendre leurs activités néfastes assez rapidement. Combien de cas de violeurs qui peuvent recommencer à fréquenter les mêmes quartiers, les mêmes rues que leurs victimes, voire recommencer à violer ? Combien de cas de meurtriers relâchés après quelques années à l’écart, qui reviennent narguer les proches de leur(s) victime(s), voire recommencer à tuer ? Combien de mois de sursis pour des multirécividistes qu’on reprendra, en liberté bien sûr, au milieu d’une scène de crime, à brailler “c’est pas moi” ?

A contrario, on ne s’étonnera guère de la sanction lorsqu’un magistrat se fait lui-même cambrioler. Dans ce cas, le sursis ne semble jamais requis. En somme, la Justice française est un peu “à la fortune du pot” et elle marche d’autant mieux que c’est entre confrères (et beaucoup moins pour la plèbe ou les petites gens sans fortune).

Et malgré tout ça, sans surprise, et malgré les cris de dénégations, les sondages réalisés auprès des Français sont sans ambiguïté : 87% d’entre eux estiment (oh, les vilains) que la Justice est trop laxiste.


Il y a un véritable divorce entre les Français qui observent les résultats de leur justice et les magistrats qui refusent de voir ou de comprendre qu’ils ne font plus du tout ce qui est attendu d’eux (la justice est aveugle, eux aussi apparement). Il serait temps pour eux d’arrêter de fuir la réalité, d’arrêter de prétendre à un travail extraordinaire de leur part alors qu’une majorité de personne pense, observe et fait directement l’expérience, dans son actualité et dans sa chair pour une partie croissante, de l’exact opposé.

Alors oui, peut-être la justice n’est pas laxiste. Peut-être démontre-t-elle juste chaque jour qu’elle ne fonctionne plus, ou en tout cas, plus dans ses fondements traditionnels : elle a cessé d’être une justice par le peuple (ses magistrats s’en sont extraits bien vite et beaucoup ne sont plus que des idéologues qui cherchent à réinsérer alors que leur première mission est, avant tout, de protéger la société et les victimes), et elle a cessé d’être une justice pour le peuple : elle est (volontairement ?) devenue faible avec les forts, forte avec les faibles, complexe au point d’être illisible, inepte au point de relâcher des tueurs, d’excuser des violeurs, de pardonner aux impardonnables.

Et les politiciens, les experts, les médias et surtout les magistrats peuvent bien fermer leurs petits poings et se rouler par terre en criant “non, non, non”, le constat est sans appel : le peuple a tranché et pour lui, si la justice n’est pas laxiste, au moins est-elle complètement viciée.


https://h16free.com/2024/06/12/77865-impunite-laxisme-corruption-la-justice-francaise-ne-ressemble-plus-a-rien

11 juin 2024

La France politique en route vers l’apocalypse

Maxime Tandonnet

11/6/2024 - Il suffit juste de le savoir et de s’y préparer. Toutes les conditions d’une apocalypse politique sont réunies. Au sommet de l’Etat, le délire narcissique atteint son paroxysme. La gauche se réunit en incorporant LFI c’est-à-dire en validant les thèses antisionistes sinon antisémites. Le RN est cette fois-ci vraiment aux portes du pouvoir. Nul mépris envers les gens qui pensent de bonne foi qu’il faut donner sa chance au parti lepéniste, celui qui n’a jamais gouverné. Mais nous, nous qui avons un minimum de culture historique et d’expérience de l’Etat, nous le savons : ce n’est qu’une vertigineuse illusion, une baudruche vide qui n’a strictement rien à proposer et isolé au gouvernement, dans un contexte d’embrasement général, d’obstruction systématique des juges et de la fonction publique, harcelé par un président qui a fait de la lutte contre « la peste populiste » son unique boussole, enfermé dans le carcan étroit du droit constitutionnel et européen, il ne pourra absolument rien faire – rien – s’il gagne les élections avec une majorité relative ou absolue et va s’effondrer en quelques semaines, quelques mois dans un pays en quasi guerre civile (le « quasi » est optimiste…). Cette dissolution est une monstruosité. Elle va déboucher sur une Assemblée encore plus déchirée, encore plus violente et hystérique, une France toujours plus ingouvernable. Les esprits n’ont pas été préparés, les institutions ne sont pas bloquées, le vote européen n’était pas un scrutin national et rien ne la justifiait. C’est une dissolution nihiliste, sans cohérence, sans objectif stratégique, sans le temps de la réflexion et de l’organisation, enfermée dans des délais extrêmement brefs et dans une période qui ne s’y prête pas à la veille des JO. Elle n’avait qu’un sens mégalomaniaque : couvrir l’humiliation de l’échec des Européennes par un coup de théâtre. C’est ainsi que la France est devenue l’otage d’un hubris devenu fou. La France glisse dans la fureur et la violence extrême alors qu’elle a besoin d’apaisement et d’unité. Nous vivons une ère de trahison.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/06/11/la-france-politique-en-route-vers-lapocalypse/

10 juin 2024

Sur le séisme des Européennes et la dissolution

Maxime Tandonnet
(pour Figaro Vox le 09/06/2024)


Dans l’histoire de la Ve République, trois dissolutions se sont produites en cours de mandat présidentiel (c’est-à-dire en dehors du cas d’un président de la République tout juste élu pour se donner une majorité). Deux ont bien réussi au chef de l’Etat. La première fut celle du général de Gaulle en 1962, à la suite d’une motion de censure votée contre le premier gouvernement Pompidou : elle se traduisit par l’obtention d’une large majorité. L’autre, décidée le 30 mai 1968, mit fin aux troubles révolutionnaires et déboucha sur un raz-de-marée gaulliste. La troisième en revanche, fut catastrophique pour le président de la République, Jacques Chirac, au début de l’année 1997 : destinée à conforter une majorité pourtant solide et à relancer son septennat sur des bases nouvelles après un hiver chahuté, elle avait entraîné, contre toute attente, une victoire de l’opposition de gauche.

Dans les deux premiers cas, ceux du général de Gaulle, la dissolution était justifiée par une crise politique, puis un mouvement insurrectionnel. Dans le troisième, celui de Jacques Chirac, rien ne l’imposait et elle se présentait comme un coup politique, que les électeurs ont sanctionné.

La dissolution décidée le 9 juin 2024 par le président Macron est un véritable coup de tonnerre… Rien ne l’imposait dans l’immédiat : aucune motion de censure n’a été votée au préalable, comme en 1962 et le pays ne se trouve pas en état d’insurrection et de blocage total comme en mai 1968. Certes le fonctionnement de l’Assemblée nationale est chaotique mais avec des majorités de circonstance, l’appui tantôt de la gauche, tantôt de la droite y compris du Rassemblement national, plusieurs réformes emblématiques du macronisme ont été votées, par exemple sur la « transition climatique », l’immigration ou les retraites, et même l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Le système de gouvernement n’est aucunement bloqué.

Par ailleurs, le vote du 9 juin, certes désastreux pour la majorité, concerne le seul Parlement européen. Il n’a en soi strictement aucune incidence sur le fonctionnement des institutions politiques nationales. Dans l’histoire contemporaine, d’autres majorités ont subi de cinglants désaveux aux élections intermédiaires (européennes ou territoriales) sans jamais déclencher la foudre présidentielle de l’article 12. Le président Macron a donc créé un précédent : celui d’une dissolution en réponse, le jour même, à une élection intermédiaire perdue.

Cette dissolution est particulièrement surprenante par la date à laquelle elle intervient : la veille des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, qui sont un événement phare dans la vie politique nationale notamment pour des questions de prestige international et de sécurité. Les autorités gouvernementales qui ont la charge de sa préparation depuis des mois ou des années, ne sont plus assurées de pouvoir poursuivre leur tâche jusqu’à son terme.

Alors pourquoi un tel coup de théâtre ? Il est en réalité assez conforme à la politique d’un chef de l’Etat qui annonçait lui-même en 2017, après son élection, que sa victoire reflétait « le goût des Français pour le romanesque ». Le sens de cette décision est celui d’un choix d’image personnelle. Le sensationnel doit effacer l’humiliation que représentent la débâcle de la liste Renaissance et le triomphe du Rassemblement national malgré l’investissement personnel du président et de son premier ministre. La mise en scène à connotation gaullienne a pour objectif de montrer le président de la République en homme de décision et prince de l’audace dans la tempête, et couvrir ainsi l’échec des européennes.

Cette dissolution est le signe d’une confiance en lui-même poussée à son paroxysme. Le chef de l’Etat compte sans doute prendre la tête d’un front républicain contre « l’extrême droite ». Il entend probablement former une coalition avec la droite LR et le parti socialiste pour réinventer un macronisme d’unité nationale « contre les extrêmes ». Il pense aussi que les Français, pris à la gorge par ce scrutin législatif dans un calendrier aussi précipité, ne prendront pas le risque de l’aventure dite « extrémiste » à la veille des JO de Paris.

Le pari se heurte à trois incertitudes : premièrement, le président a-t-il bien pris toute la mesure de l’impopularité de sa politique et du niveau de dégradation de son image dans l’opinion ? Deuxièmement, la droite LR comme les socialistes prendront-ils le risque (suicidaire) d’une entente électorale autour d’une équipe aussi impopulaire ? Troisièmement, toute la tradition historique française, depuis Mac Mahon en 1877 jusqu’à Jacques Chirac en 1997, souligne que les électeurs sanctionnent les dissolutions quand elles relèvent, à leurs yeux, de coups politiques. Devant les urnes, comment les Français vont-ils interpréter cette opération ?

En attendant, cette dissolution semble ouvrir une porte fatale vers l’inconnu. Que se passe-t-il si le RN remporte une majorité absolue ? Le président est-il prêt à gouverner avec un Premier ministre de ce parti ? Et quel gouvernement si l’Assemblée nationale ressort de ces élections encore plus fragmentée qu’auparavant ? La France se prépare-t-elle à plonger, au pire moment, dans un chaos politique absolu ?

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/06/10/sur-le-seisme-des-europeennes-et-la-dissolution-pour-figaro-vox-le-09-06-2024/
Gabriel Nerciat

THÉOLOGIE DE LA DEUXIEME GAUCHE

- Pas question cette fois pour la gauche de s'allier avec Mélenchon et sa clique antisémite, me dit cet ancien admirateur social-démocrate de Michel Rocard. Comme disait l'ancien maire de Lyon, mieux vaut perdre une élection plutôt que perdre son âme.
Il sent que je suis dubitatif, et me demande pourquoi.
- Le problème pour la gauche, lui dis-je, n'est pas tant désormais de perdre son âme que de retrouver un corps.
Je n'ose pas ajouter qu'il n'y a pas que la loi sur l'euthanasie que Macron vient d'euthanasier.



GUERRE MONDIALE DISSOUTE

Eh oh, avec tout ça, on ne va plus aller faire la guerre mondiale contre les Russes, alors ?
Mais c'est quoi, ce président ? C'est quoi, ce pays ?
La guerre pour la victoire de l'Ukraine est dissoute, elle aussi ?
Comme l'Ukraine elle-même ?
Il n'y a plus d'hommes, vraiment.
Sauf Glucksmann, Colosimo, Tenzer et BHL, peut-être.
Un char Abrams pour tous les quatre, vite !



DEMOCRATIE ET LIBERALISMES

Le Banquier Président, acculé mais quand même pour une fois pas trop indigne, annonce après sa défaite écrasante qu'il va convoquer des élections et redonner la parole au peuple.
Immédiatement, la Bourse chute de presque 2%.
Je laisse les thuriféraires, hayekiens ou habermassiens, du libéralisme politique et économique commenter la chose, et les autres en tirer les leçons.



DEUX QUESTIONS AUX MACRONIENS

Bon, alors, deux questions aux amis macroniens (il m'en reste encore quelques-uns, si, si) :
1) Le RN c'est bien de la lèpre populiste, la lie rance et la fange pourrie de l'extrême-droâte néo-fasciste vendue à la Russie ?
Réponse : Mais oui, mais oui !
2) Et donc, vous envisagez de cohabiter, pendant presque trois ans, avec les représentants de cette lèpre et de cette fange néo-fasciste qui prend ses ordres au Kremlin ? Comme Giscard avec le Mitterrand du Programme commun pseudo-marxiste à Verdun-sur-le-Doubs en 1978 ? Cela ne vous fait pas peur ?
Réponse : Mais non, mais non ! Macron nous défendra !
Je vais finir par les aimer, ces drôles, moi...



LA DISSOLUTION DE L'EXTREME-CENTRE
ou
MAC MACRON

Hier soir, en entendant le Banquier Président annoncer depuis l'Elysée la mise en branle de son suicide, pour la première fois de ma vie sans doute, j'ai pensé au gros maréchal Mac Mahon.
Ce dernier sans le savoir ni le vouloir avait permis, par une dissolution de la Chambre qui se croyait habile, à un nouveau régime républicain de se consolider à son détriment.
Bien des années après sa mort, Clemenceau et les héritiers opportunistes de Gambetta en riaient encore.
Emmanuel Macron échappera-t-il à l'oubli pour avoir permis en quelque sorte l'inverse ?
L'avenir le dira dans trois semaines.


Que d'eau, que d'eau. Si la Providence était taquine, elle provoquerait pendant les Jeux olympiques des inondations dans la capitale.
Les sportifs seraient contraints de mettre des palmes, et les derniers électeurs de l'extrême-centre ainsi que les juges du Palais Royal troqueraient leurs trottinettes, leurs vélos ou leurs voitures électriques pour des barques de plaisance.
Leur champion déchu, plus svelte et plus jeune que le vieux maréchal, descendrait la Seine, tel un personnage de Julien Gracq, pour aller se noyer dans la Manche, et les retraités éperdus du VIIe et du VIIIe arrondissement l'imiteraient en silence.
Les joueurs de flûte, et c'est justice, n'auront jamais que les rats qu'ils méritent.

10/6/2024
Laurence Muller-Bronn
Sénatrice du Bas-Rhin

10/6/2024 - Mes pensées vont aujourd'hui vers les élus locaux et les équipes municipales de France qui se voient contraints d'organiser des élections en urgence. Le délai est intenable, et dans la précipitation, au moment où s'ouvre la période des congés.

Tout le monde est mis au pied du mur, il n'y aura pas de débat. Les partis qui ne sont pas encore remboursés de la campagne des européennes manqueront de financements. Où est la démocratie ?

M. Macron détourne le vote européen pour le concentrer sur sa propre personne. Tous les textes importants qui étaient sur le point d'être votés pour le logement, le bâtiment, la vie économique, la santé, ... sont annulés. Tout ce travail est purement et simplement effacé.

Cette dissolution n'a pas de sens, elle paralyse encore un peu plus le pays, et pour quel coût ?

Anne-Sophie Chazaud

Bonjour mes bons amis,

Je tiens tout d’abord à vous remercier pour l’accueil chaleureux que vous m’avez réservé hier, au cours de ce qui a été une journée très exaltante, agréable et festive, entre Roland Garros et élections et quelques autres choses sympathiques…
Ce contexte particulier m’a poussée à venir échanger un peu avec vous.
Cependant, ce que je vois s’esquisser ce matin pour les semaines à venir représente absolument tout ce que je déteste et que je fuis désormais autant que possible comme la peste.
À savoir le grand n’importe quoi, le commentaire permanent de tout, l’hyper-réaction, l’histrionisme, les postures, l’hystérisation de la parole, la nôtre y compris, en raison d’un climat politique qui va être totalement irrespirable (encore davantage qu’il ne l’était jusqu’à présent), mais aussi en raison du fonctionnement même des réseaux sociaux qui nous poussent au ressassement.
Je m’en suis beaucoup retirée, j’ai cessé de publier, parfois je le regrette mais le plus souvent j’ai ressenti au contraire une forme de libération, une tension moindre en moi, une plus grande sérénité, davantage de distance. Tout ce temps passé sans participer activement au débat public m’est apparu comme un temps empli de manière beaucoup plus intense, plus authentique, plus profonde.
C’est difficile à exprimer et je ne sais pas si je l’explique correctement.
Alors, bien sûr, à titre amical j’aimerais poursuivre ce dialogue qui s’est noué avec vous depuis quasiment dix ans, mais à titre personnel et en particulier dans la période de très fortes turbulences que ce pays va traverser, je crois plus raisonnable de garder de la distance voire de l’amplifier encore davantage.
Cette année, je me suis désengagée de tous mes projets éditoriaux, j’ai décliné de nombreuses invitations medias, non pas par snobisme, mais en raison de cet équilibre que j’ai ainsi trouvé dans le cadre d’une vie personnelle par ailleurs épanouie.
Je ne peux que vous inviter à faire autant que possible la même chose : emplissez-vous de la vraie vie, déconnectez-vous le plus possible, supprimez les applications de réseaux sociaux de vos téléphones, libérez-vous de cet état d’indignation et de fantasmagorie permanentes dans lequel nous sommes enfermés du fait-même de cette structure médiatique très chronophage, intrusive et illusoire où se jouent principalement des questions narcissiques et des constructions d’images de soi dont nous n’avons en réalité pas besoin.
Aussi, ne soyez pas surpris si tôt ou tard je supprime complètement mes comptes, après tout, la mode est à la dissolution.
Je vous embrasse chaleureusement et vous souhaite bon courage pour les semaines à venir, et quoi qu’il en soit je conserverai la messagerie afin que nous puissions rester en contact comme c’était déjà le cas depuis quelques mois…

La dissolution finale ?

H16

10/6/2024 - Coup de tonnerre dans un ciel bleu : alors que les bulletins de l’élection européenne sont encore tout chaud sortis des urnes, Macron décide de dissoudre l’Assemblée nationale. Pour ceux qui ne se doutaient pas de cette manoeuvre politicienne du locataire de l’Élysée, c’est une vraie surprise ; Attal, le pantalon encore sur les chevilles, a donc appris dès ce dimanche soir que son CDD prenait fin dans les prochaines semaines.

Petit archange parti trop tôt, il ne nous aura sans doute pas gratifié de ses meilleurs moments et sera probablement regretté par l’EPHAD de Montcuq, mais l’Executif fut, ce dimanche soir, formel : des prochaines élections législatives auront donc lieu le 30 juin (premier tour) et le 7 juillet (pour le second).

Cependant…

On attendra l’avis éclairé de constitutionnalistes chevronnés, mais il apparaît à première vue qu’il va y avoir un petit souci : Macron, malin, a judicieusement choisi de doucher la victoire du RN aux européennes avec cette dissolution, mais le chef de l’État, en la déclarant ce dimanche, savait qu’il n’avait pas vraiment le choix dans la date.

En effet, la constitution impose que le scrutin intervienne dans une fenêtre de 20 à 40 jours après l’annonce de cette dissolution, ce qui nous amène entre le 30 juin et le 19 juillet. Or, certains auront noté que les jeux olympiques – dont on sait déjà qu’il se dérouleront dans la plus sobre des sérénités – s’ouvrent précisément ce 19 juillet, ce qui pourrait poser quelques problèmes logistiques. Dès lors, on comprend que le second tour doive se tenir impérativement avant, le 14 juillet constituant le dernier dimanche réellement pratiquable.

Toutefois, le facétieux petit article L157 du code électoral impose que les futures listes soient déposées, au plus tard, le quatrième vendredi avant le scrutin, ce qui nous ramène, goguenard, au vendredi 7 juin.


Les différents partis politiques vont donc devoir se dépêcher pour déposer leurs candidatures dans le passé. On espère que la Delorean électrique 0-émission sera prête rapidement.

Rassurons-nous : la souplesse d’endoscope de nos juristes et de nos politiciens garantit que ce petit souci de date sera rapidement réglé (je baisse, j’éteins, je décale) et que le plan de Macron pourra se dérouler comme prévu, c’est-à-dire de plus en plus mal.

Et quel plan machiavélique ! Pour les rares qui n’auraient pas compris, il semble assez clair que le président de la République utilise ainsi cette déroute électorale probablement calculée – Merci Mélusine Hayer – pour pousser le RN au pouvoir.

Et c’est probablement cette perspective qui déclenche une véritable apoplexie chez la plupart des politiciens (timing diabolique alors que la France subit actuellement un problème d’approvisionnement en ventoline) : on sent déjà monter la volonté de la classe médiatique de nous imposer sans finesse de l’évocation de jeux olympiques se tenant pendant que la France sombre dans le ventre fécond de ses heures les plus sombres, et on se doute qu’il en ira de même pour toute la classe politique lorsqu’elle sera sortie de sa stupeur post-électorale.

Mais pour le Président, tout cela tombe bien : d’une part, Ken & Barbie Marine & Jordan ne rêvent que de ça. Le concombre endimanché, affûté comme du beurre chaud, est tombé dans le panneau avec une gourmandise que seul Gérard Larcher, devant le rab de frites à la cantoche du Sénat, pourrait surpasser. D’autre part, l’état général du pays est suffisamment catastrophique pour que ceux qui en hériteront subissent la véritable tempête de merde qui ne manquera pas de déferler dès que possible, fusillant définitivement tout espoir pour nos deux pigeonneaux nationalistes d’accéder ensuite à la présidence.


On le comprend : il existe maintenant une réelle probabilité que le pays se retrouve avec une majorité RN à l’assemblée, qui obligera ce parti à dégoter des ministrables. La gageure est de taille, mais parions que le défi de trouver des remplaçants encore plus mauvais à Le Maire, Darmanin ou Séjourné sera fièrement relevé par le parti nationaliste. Au passage, il sera laissé comme exercice au lecteur le soin de trouver quelques noms potentiels, l’absence de têtes visibles étant particulièrement symptomatique de ce parti d’appendices politoïdes taillé pour occuper les médias plus que le pouvoir.

Néanmoins, des mondes parallèles ne sont pas totalement à écarter : soyons fous et imaginons un instant que les Français, comprenant le traquenard qui est en train de se mettre en place, décident finalement de ne pas donner plus de voix au Rassemblement national. Dans cette hypothèse amusante, les législatives aboutiraient à un résultat délicieusement différent de celui probablement souhaité par le chef de l’État qui devrait recomposer un gouvernement sur une base essentiellement équivalente à celle actuellement en place.

Dans cette hypothèse, le sabotage du pays continuerait dans les mains de Macron.

Et tant qu’à imaginer des mondes parallèles, celui dans lequel le parti présidentiel ferait des accords avec l’actuel Parti socialiste n’est pas à écarter : le président retrouverait potentiellement une majorité, ce qui lui laisserait les coudées franches pour achever de ruiner le pays dans une orgie de lois, de ponctions, de normes, d’égalité et de bisous.

En tout état de cause et comme le dit cette célèbre philosophe électorale, “on ne se trompe jamais quand on donne la parole aux Français”. Dès lors, il apparaît assez clairement que, quelle que soit l’issue de ces scrutins prochains, ce pays est foutu.


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