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14 juin 2024

Le procès d’intention en guise de campagne

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire


14/6/2024 - Les ennemis de la France et de son peuple s’affichent sans complexe depuis le scrutin du 9 juin. Le voile de la félonie apparaît au grand jour et les usurpateurs d’une démocratie qu’ils ne cessent de piétiner depuis 40 ans sont nommés. Habitués à ne voir dans la souveraineté populaire qu’un alibi qu’ils contournent quand le résultat ne correspond pas aux attentes de leurs commanditaires, comme le crime commis par Sarkozy et les parlementaires, traînant dans la boue le référendum de 2005, ils viennent à la tribune dénoncer le choix de certains de suivre les désirs d’un peuple qui serait impur à leurs yeux. Qui sont-ils pour décider à la place du souverain, pour mentir à l’envi sur les buts politiques d’un adversaire qui n’a jamais gouverné ? Le procès d’intention remplace l’argument, l’anathème supplante la démonstration étayée. Les suppositions vont bon train et la tentation de la terreur retrouve ses couleurs, Attal affirmant qu’avec le RN ce serait la ruine, mais elle est déjà là cette ruine, et par sa faute. Attal rappelle la stratégie de Mitterrand en moins fin. N’avait-il pas écrit le « coup d’État permanent » pour y révéler les pseudos desseins cachés du général de Gaulle, ce dictateur qui sommeillait sous les ors de la République.

Piètre illusion qui vit l’accusé quitter le pouvoir pour un referendum perdu d’une poignée de voix. Drôle de tyran tout de même, tandis que le pamphlétaire, décoré de l’ordre de la Francisque en 1943 par Vichy, se déclarait défenseur de la liberté et de la démocratie. Nous assistons au spectacle à la fois désolant et terrifiant que Macron met en scène, à savoir la fin accélérée de la Nation France. Isolé depuis la dissolution, acte non pas gaulliste comme d’aucuns tentent de nous le vendre, mais représentant parfaitement l’égoïsme d’un homme dont seule sa parole compte et qui ne supporte ni défaite ni opposition. Le président de la République laisse les émeutes se propager sans rien faire. Son but : entretenir le chaos à un niveau suffisamment acceptable pour que le premier tour ait lieu. Son espoir est de voir le RN s’effondrer d’ici là, ou la coalition de gauche gagner. Si tel n’est pas le cas, il laissera le pays s’embraser jusqu’à l’hallali final. À gauche, c’est l’union mais le PS pose ses conditions : soutien indéfectible à la construction européenne, entendez la disparition des nations au profit d’un fédéralisme décomplexé. Soutien indéfectible à la résistance ukrainienne… la Guerre, la guerre, de Brissot, la ruine et le déficit toujours plus grand, pour rien.

À droite, c’est le déchirement des LR confrontés à la réalité et les électeurs comprennent à présent, pour ceux qui n’y croyaient pas, que les caciques de ce parti roulent pour eux et Macron, la France, son peuple, ils s’en moquent. Pas d’alliance avec le RN, pour ne pas saborder les plans de Macron. Que peuvent-ils espérer avec 6%, dans un scrutin à deux tours où des triangulaires sont à envisager, sauf à s’effacer devant le candidat de gauche ou macroniste, signant pour leurs électeurs une énième trahison. Larcher devait soi-disant entendre le peuple si le RN arrivait en tête, qu’en fait-il de ce message lancé depuis les urnes ? Rien, il tremble pour sa place, ses augmentations, ses privilèges sa cantine. Dans un discours fielleux, à la sincérité frelatée, il va nous expliquer que ses valeurs sont incompatibles avec celles du RN. En revanche elles ne le sont pas avec celles de la macronie qu’il préfère voir gagner encore une fois et qui ruinent notre pays. Le sénateur laisse alors le peuple se faire assassiner, moyennant un discours hypocrite de fausse sollicitude. C’est cela qu’il estime plus en phase avec sa sensibilité ? Les électeurs apprécieront, l’heure des comptes a donc sonné. Les ennemis du peuple se désignent tout seuls, nul besoin de les débusquer, il pourrait être temps de les juger. Mais nous sommes en démocratie et c’est des urnes que la sentence doit tomber.

Il y en a assez de ces moralisateurs qui viennent nous expliquer ce qui est bien ou mal, qui refusent d’entendre le peuple, et avec un mépris sans commune mesure l’écartent des décisions, lui interdisent le droit de désirer que d’autres politiques soient essayées. La volonté de l’isolement est un tour de passe-passe grossier pour laisser le champ libre à Macron, ou à cette gauche qui s’illustre une fois de plus par son intolérance et sa violence, se vantant d’être de grands démocrates en insultant, ou terrorisant ses opposants.

Le RN, incapable de s’allier avec Zemmour bloqué sur une rancœur immature, se fait déposséder par Marion Maréchal, consciente que l’histoire peut s’écrire une nouvelle fois grâce à l’abnégation et la raison. Elle fait ce qu’elle juge bon pour la France en s’effaçant pour donner la priorité au collectif : tout l’inverse de Zemmour qui ne devrait pas survivre à cet épisode. L’événement appelle à de la hauteur, il n’y a pas la place pour que des querelles d’école viennent ternir une victoire qui s’annonce difficile à parfaire. La grandeur en politique se mesure aussi à sa capacité à pardonner pour les uns et à rester humble pour les autres. Les blessures infligées aux amours-propres semblent plus importantes pour certains que l’enjeu national qui s’avance. La France est en passe d’être détruite par la future commission européenne que dirigera peut-être Mario Draghi. Nous avons besoin d’unité contre vents et marées. Ce que Marion Maréchal vient de faire d’autres devraient s’y rallier : Dupont-Aignan et Philippot en tête. Face aux égos qui se dressent comme des obstacles, il faut que des volontés supérieures les dépassent, c’est exactement ce que vient de faire Marion Maréchal, tout comme Ciotti, se souvenant sans doute que la base est à plus de 70% favorable à un rapprochement avec le RN. Macron reste toxique pour son parti, c’est là son affaire, mais pour la France c’est dramatique. On ne peut pas le voir gagner encore une fois. Ses complices sont découverts, désignés, le combat est donc plus équitable.

Le président s’implique une fois de plus avec acharnement, s’il perd, il devrait en toute logique démissionner. Le fera-t-il ? La nouvelle assemblée devra le mettre hors d’état de nuire si elle ne veut pas souffrir de ses conspirations futures. Pour cela, des réformes institutionnelles par référendum sont nécessaires, notamment celle du RIC et de la transformation du Conseil constitutionnel. Il est impératif de le séparer de ses alliés placés dans les rouages les plus importants de la république. Les changement du président du Conseil d’État et de la Cour des Comptes sont primordiaux. Nous l’avions déjà écrit dans nos colonnes, pour qu’il perde pied, il faut le surprendre. S’il ne maîtrise rien, il est fragilisé. La France ne peut se permettre de laisser passer cette occasion de chasser du pouvoir cette clique de menteurs. Nous saurons bien juger sur pied, à l’aune de leurs actions, de la valeur et de la sincérité des nouveaux dirigeants.


13 juin 2024

Vincent Verschoore

L'extrême centre macroniste, visant la délégitimisation des oppositions de droite comme de gauche, les accuse de fascisme. La gauche considère l'opposition de droite comme étant fasciste, et inversement, en y ajoutant le préfixe "islamo".
On nage en plein délire, d'autant que selon la définition usuelle de "fascisme", c'est bien la macronie qui le représente le mieux (Wikipedia) :
"Opposé à l'individualisme et repoussant l'idéologie démocratique au nom de la masse incarnée dans un chef providentiel, le fascisme embrigade les groupes sociaux (jeunesse, milices) et justifie la violence d'État menée contre les opposants, assimilés à des ennemis intérieurs, l'unité de la nation devant dépasser et résoudre les antagonismes des classes sociales dans un parti unique. Dans le domaine économique, l'État conduit une politique dirigiste mais maintient le système économique et les activités professionnelles."
Tout y est : l'homme providentiel ("c'est moi ou le chaos"), la violence d'État contre l'opposition (Gilets jaunes, usage politique de la police), le parti unique (l'extrême centre, par définition, considère illégitime toute autre politique que la sienne).
Dans la même veine, l'accusation permanente d'antisémitisme envers des mouvements d'opposition aux politiques illégitimes et illégales d'Israël, et bien sûr au massacre de Gaza - opposition qui se retrouve largement au sein même d'Israël -, n'a aucun fondement, n'est que pure manipulation reprise en chœur par les médias inféodés à la macronie (via subventions ou contrôle direct, comme Radio France).
Vu la situation économique et fiscale catastrophique du pays, tout nouveau régime n'aurait guère de marge de manœuvre. Sa priorité devrait être d'arrêter le massacre (la guerre, le racket énergétique américain, la corruption des hauts fonctionnaires, le gaspillage institutionnel...). Il est dément de proposer des cadeaux électoraux qui ne feront qu'appauvrir le pays encore plus, genre hausse des salaires sans contrepartie de productivité, qui ne feront rien d'autre qu'alimenter l'inflation et la dette. Tout comme il est dément de croire que rejeter quelques migrants à la mer va changer quoi que ce soit.
Avant de vouloir repeindre les murs de la maison, il faut éteindre l'incendie qui la consume. Ça paraît évident, mais pas chez les politiques.
Gilles Casanova

Intéressant tableau sur les affinités et les croisements entre les médias consommés et les votes réalisés aux élections européennes.

On voit que ce n'est pas forcément la tonalité des commentateurs politiques du média qui a le plus grande rapport avec le vote, c'est parfois simplement une correspondance sociologique.

Ce qui nous confirme que l'influence des médias sur les citoyens et sur leur vote n'est pas un produit direct, mais souvent un rapport complexe.

Le principal rôle des médias étant d'interdire certaines positions et certaines personnalités, et donc de répartir le flux sur les éléments du Spectacle qu'ils ont choisi eux, pour incarner « le jeu politique », mais il ne leur est pas aussi facile de désigner qui est le bon et qui est le mauvais dans ce jeu...

Ainsi, l'on présente les médias contrôlés par Vincent Bolloré comme des vecteurs majeurs de l'extrême droite, or vous voyez que ce sont les auditeurs de NRJ, bien plus que ceux d'Europe1, et même ceux de RMC, bien plus que ceux d'Europe1, qui votent pour le Rassemblement national.

On voit dans le cas de L'Express qu'il est le seul hebdomadaire dominé par le vote pour les amis de Macron, mais il est aussi dominé par le vote pour les amis de Mélenchon, or sa ligne éditoriale ne correspond guère à ces derniers.

Bien sûr lorsque nous avons un média qui est vraiment tout entier un média de propagande, nous avons une correspondance très directe, c'est le cas pour France-Inter, Le Monde ou France 2… mais ça signifie plutôt que la propagande étant tellement intense sur ces médias, ceux qui n'adhèrent pas à l'idéologie développée sont allés regarder, écouter, ou lire ailleurs…

Il ne faut donc pas regarder ce tableau comme un tableau des causalités mais comme un tableau qui nous montre que dans un univers limité par la capacité qu'ont les milliardaires d'interdire l'accès aux idées et aux personnes, une fluidité et une liberté de jeu des individus se déploie cependant, indépendamment de la volonté du propriétaire du média.

C'est une étude de l'IFOP pour Marianne

mélimélo

"Menacer Poutine ne le fera pas reculer"


Qui est l'agresseur et qui est l'agressé


Aymeric Caron sur Gaza

12 juin 2024

Vincent Verschoore

Tu quittes le net vers 14h, juste avant l'allocution du psychopathe en chef, pour y revenir huit heures plus tard, et l'image qui te vient immédiatement en tête est celle des bagarres de poisson pas frais dans Astérix !
Donc, si j'ai bien compris : Ciotti crée l'union des droites LR+RN, mais se fait virer de LR qui récuse ladite union, pendant que Marion Maréchal torpille Reconquête et Zemmour (qui ne veut pas participer à ladite union) pour s'allier avec son ex-parti le RN au sein d'une union des droites... qui n'existe plus.
Pendant ce temps, Macron villipende la gauche, y compris la pseudo-gauche caviar hors sol dont il est issu mais qui s'associe avec LFI, aux cris d'antisémitisme, rejoint en cela par une union (ah ?) des droites qui rajoute l'accusation d'islamofascisme, à des gens qui répondent "fasciste toi-même !" à l'unisson.
Ce à quoi Macron acquiesce, estimant, dans la logique totalitaire propre à l'extrême centre, par essence antirépublicain, que toute opposition ne peut relever que de l'extrême gauche nécessairement antirépublicaine et antisémite, ou de l'extrême droite tout aussi nécessairement antirépublicaine et fasciste.
Le plus drôle, c'est que Macron continue à essayer de vendre son "c'est moi ou le chaos", alors même qu'aux yeux de tous (ah, l'union, enfin !) il est la personnification du chaos. Plus c'est gros, plus ça passe. Ou plus.

mélimélo

⬦ Ne juge pas trop vite les marginaux, ils sont de deux types : les fous et les sages !
Alexis Haupt

⬦ Selon la dernière enquête Harvard CAPS/Harris, 33% des démocrates pensent que le pays se porterait mieux avec Trump. Ça c’est nouveau. Probablement l’effet Biden…
Marc Amblard

⬦ « Notre Europe peut mourir » dit Emmanuel Macron. Merveilleuse nouvelle !
Gilles Casanova

⬦ L'utilisation des mass media, qui, paraît-il, informent, ne permet à l'information que de s'écouler dans un seul sens, du pouvoir vers les masses. L'argent permet de réaliser, de façon subtile, l'automatisation des motivations, de manipuler affectivement l'opinion.
Henri Laborit

⬦ L'hôpital est au bord du gouffre, les médecins manquent partout, l'âge de départ à la retraite est retardé, mais pendant ce temps on vote une loi sur "l'aide à mourir".
Denis Collin

⬦ Cette époque restera à jamais comme celle d'une population humaine qui s'est laissée injecter un produit expérimental et nocif dans le sang sans broncher. Pire : en s'en prenant à ceux qui l'ont refusé.
Ainsi, dans les siècles à venir, quand les humains étudieront notre époque, ils rétorqueront leur phrase préférée. Celle qu'ils répètent toujours en repensant aux heures les plus sombres de leur histoire : "mais comment les gens ont-ils pu accepter cela ?"
Alexis Haupt

⬦ L'Union européenne (EURSS) a aujourd'hui le même âge que l'URSS lors de sa disparition : 74 ans !
Gilles Casanova

⬦ Le crédit social, ça commence avec des QR codes, ça continue avec une identité numérique et ça triomphe avec une population qui rétorque "bah quoi, où est le problème si on a rien à cacher ?"
Alexis Haupt

⬦ J'en vois qui parlent l'air gourmand de la défaite de l'Occident. À moi, ça ne semble pas vraiment une bonne nouvelle.
Denis Collin

⬦ Question : qu'y a-t-il de pire qu'une personne qui voit des complots partout ?
Réponse : celle qui n'en voit nulle part.
Marc Amblard

⬦ La liberté d’expression, c’est d’abord celle de celui qui ne pense pas comme moi.
Rosa Luxembourg

⬦ L’enrichissement sans fin des 500 plus riches, "quoi qu’il en coûte", ne peut pas être l’horizon de la société française.
Gilles Casanova

⬦ Imposer un narratif absurde et manifestement contraire à la réalité, puis tester le degré de crédulité des peuples : voilà le test auquel nous sommes aujourd'hui soumis dans à peu près tous les domaines.
Yann Thibaud

⬦ Chacun sait quelle folie s’est aujourd’hui emparée du monde, chacun sait qu’il participe lui-même à cette folie, comme victime active ou passive, chacun sait donc à quel formidable danger il se trouve exposé, mais personne n’est capable de localiser la menace, personne ne sait d’où elle s’apprête à fondre sur lui, personne n’est capable de la regarder vraiment en face ni de s’en préserver efficacement.
Hermann Broch, Théorie de la folie des masses

⬦ La vie est courte, mange d'abord le dessert !
Adina de Souzy

Impunité, laxisme, corruption : la justice française ne ressemble plus à rien

H16

12/6/2024 - Avril 2021, alors que des procès en laxisme au sujet de la Justice française fusent dans l’actualité, le nouveau garde des Sceaux, Dupond-Moretti, monte au créneau et exprime sa stupéfaction dans un entretien accordé au Monde : pour lui, c’est un gros malentendu, un problème de communication entre les magistrats et les Français qui ne font plus, à tort, confiance dans la Justice de leur pays.

Pour le brave Éric du ministère de la Justice, de même que l’insécurité qui n’est qu’un sentiment peu étayé par la réalité, les statistiques ou les faits divers, le laxisme judiciaire français n’est qu’une impression, une rumeur basée sur des épiphénomènes trop mis en avant par une presse qui ne sait plus faire son travail.


C’était en 2021.

En quelques années, du côté du ministère, les choses n’ont guère évolué (les sentiments du peuple ne sont pas les bons) et si, du côté du peuple, les choses ont, elles, évolué, c’est en pire. Au point qu’on hallucine à présent sur des faits divers de plus en plus consternants.

Ainsi, on découvre que l’univers carcéral sait s’adapter aux contingences du monde moderne, dans lequel les hommes d’affaires doivent rester en contact avec leurs vendeurs et leurs fournisseurs, comme en témoigne l’étonnante impunité de Mohammed Amra, directement responsable de la mort de deux agents pénitentiaires lors de son évasion récente pendant un transfert :


Cette “découverte” d’une prison particulièrement laxiste s’inscrit assez bien dans le thème maintenant récurrent d’un léger décalage entre ce que le peuple attend d’une justice efficace et d’un système pénitentiaire idoine et la réalité, nettement plus créative.

En 2014 par exemple, ces colonnes notaient que l’apathie de la justice française dans un nombre croissant de cas alimentait une certaine forme de lâcheté des individus, forcés à une prudente absence d’intervention dans de nombreux cas ; du reste, la sénatrice Laurence Rossignol avait fait les frais de cet état général de délabrement du traitement des innocents, des victimes et des agresseurs (en déclenchant la nécessaire hilarité de l’observateur devant ce délitement pourtant tragique).

Dix ans plus tard, la gangrène semble s’étendre.

C’est normal après tout, les services publics subissent tous une déliquescence généralisée, malgré des impôts toujours plus forts et un nombre d’agents publics toujours plus élevé, il n’est dès lors que logique que la Justice suive la même tendance.

Logiquement, lorsqu’on relâche les crapules, elles récidivent ; ceci ne donne donc pas envie d’intervenir et de risquer sa peau (ou pire de se retrouver accusé), et ça ne met évidemment pas un terme aux agissements criminels. La réalité est cruelle, mais il s’observe avec constance que les cons, non punis, recommencent. Les cons, en liberté, refont les mêmes conneries et ceux qui constituaient une menace, toujours libres, continuent étonnamment de constituer encore et toujours des menaces…

Heureusement et malgré ce constat, les médias et les politiciens trouvent toujours pléthore d’experts et autres analystes contorsionnistes de la statistique expliquant que tout ceci n’est pas vrai, et que non, décidément, la justice n’est pas laxiste, les chiffres ne mentent pas, ce qui permet d’affirmer avec un aplomb de subventionné que – conformément à ce que dit toute la magistrature, le Garde des Sceaux et les médias, la justice n’est pas laxiste, un point c’est tout.


Bien évidemment, on n’encombrera pas l’esprit de l’homme de la rue des notions qui permettent d’affirmer ces chiffres avec aplomb voire culot. Peu importe qu’on confonde assez généralement le nombre de détenus, le nombre de mis sous écrou, le nombre de condamnés à de la prison (il y a ainsi plusieurs milliers de condamnés non détenus – entre 12.000 et 15.000 selon le moment de l’année). On ne rappellera pas qu’un peu plus de 44% des peines fermes prononcées sont de deux ans ou moins de prison, ce qui signifie que ces “condamnés” ne verront pas de cellule, et qu’ils continueront donc à gambader à l’air libre (l’idée d’une assignation à résidence est évidemment grotesque, il n’y a pas assez de personnel pénitentiaire pour réellement suivre ce beau monde qui représente tout de même 23.000 personnes actuellement).

De même, on ne rappellera surtout pas qu’en France, le nombre de places de prisons est trop faible (en effet, la France compte 88 places de prison pour 100 000 habitants là où la moyenne européenne s’établit autour de 130 places, ce qui revient à dire qu’il faudrait construire 28.000 places environ). Non seulement, on ne veut pas construire de prisons, mais on ne veut pas s’affranchir d’une bonne raison de ne pas y envoyer les individus dangereux (ce serait dommage de surcharger ces établissements, voyez-vous).

Peu importe aussi que les temps de procédure soient devenus calamiteusement longs, éloignant toujours plus la sanction du crime, ce qui est l’inverse même de ce qui serait souhaitable. Pire : les codes de procédure ne cessant d’enfler, le nombre de vices dans ces procédures augmente lui aussi, ce qui fait autant de personnes relâchées pour des aspects purement techniques ou des boulettes de la police ou de la magistrature (s’il y a rature dans magistrature, ce n’est pas totalement un hasard). Il s’agit parfois de prévenus dangereux, ou qui ont déjà des casiers lourdement chargés et qui peuvent donc reprendre tranquillement le cours de leurs activités. Rassurez-vous, tout est sous contrôle.

Ces vices de procédure sont d’ailleurs d’autant plus nombreux que les institutions sont elles-mêmes de plus en plus corrompues, comme le notent certains indicateurs que les ministères minimisent avec diplomatie.

Mais surtout, chaque jour qui passe, chaque couteau fou qui fait des zig-zags dans le bidon tendre d’un Français passant par là, chaque cambriolage qui tourne en viol collectif, chaque rodéo ou course-poursuite qui termine en homicide, vient apporter la preuve que ces chiffres n’ont qu’un ancrage modéré dans la réalité. Le nombre d’OQTF non appliquées est ainsi, en lui-même, une démonstration par l’évidence que la justice a, effectivement, complètement perdu pied avec la réalité : on condamne à l’expulsion, et… Rien : il n’y a pas expulsion et le pseudo-expulsé peut continuer à pratiquer son “art”. Autant condamner à une séance de trampoline ou à des bières tièdes, ce sera aussi efficace.


Et de surcroît, l’actualité fournit de façon pluri-hebdomadaire des cas de criminels qui, n’ayant purgé qu’une portion congrue de leur peine, se retrouvent libérés en bonne et due forme ce qui leur permet de reprendre leurs activités néfastes assez rapidement. Combien de cas de violeurs qui peuvent recommencer à fréquenter les mêmes quartiers, les mêmes rues que leurs victimes, voire recommencer à violer ? Combien de cas de meurtriers relâchés après quelques années à l’écart, qui reviennent narguer les proches de leur(s) victime(s), voire recommencer à tuer ? Combien de mois de sursis pour des multirécividistes qu’on reprendra, en liberté bien sûr, au milieu d’une scène de crime, à brailler “c’est pas moi” ?

A contrario, on ne s’étonnera guère de la sanction lorsqu’un magistrat se fait lui-même cambrioler. Dans ce cas, le sursis ne semble jamais requis. En somme, la Justice française est un peu “à la fortune du pot” et elle marche d’autant mieux que c’est entre confrères (et beaucoup moins pour la plèbe ou les petites gens sans fortune).

Et malgré tout ça, sans surprise, et malgré les cris de dénégations, les sondages réalisés auprès des Français sont sans ambiguïté : 87% d’entre eux estiment (oh, les vilains) que la Justice est trop laxiste.


Il y a un véritable divorce entre les Français qui observent les résultats de leur justice et les magistrats qui refusent de voir ou de comprendre qu’ils ne font plus du tout ce qui est attendu d’eux (la justice est aveugle, eux aussi apparement). Il serait temps pour eux d’arrêter de fuir la réalité, d’arrêter de prétendre à un travail extraordinaire de leur part alors qu’une majorité de personne pense, observe et fait directement l’expérience, dans son actualité et dans sa chair pour une partie croissante, de l’exact opposé.

Alors oui, peut-être la justice n’est pas laxiste. Peut-être démontre-t-elle juste chaque jour qu’elle ne fonctionne plus, ou en tout cas, plus dans ses fondements traditionnels : elle a cessé d’être une justice par le peuple (ses magistrats s’en sont extraits bien vite et beaucoup ne sont plus que des idéologues qui cherchent à réinsérer alors que leur première mission est, avant tout, de protéger la société et les victimes), et elle a cessé d’être une justice pour le peuple : elle est (volontairement ?) devenue faible avec les forts, forte avec les faibles, complexe au point d’être illisible, inepte au point de relâcher des tueurs, d’excuser des violeurs, de pardonner aux impardonnables.

Et les politiciens, les experts, les médias et surtout les magistrats peuvent bien fermer leurs petits poings et se rouler par terre en criant “non, non, non”, le constat est sans appel : le peuple a tranché et pour lui, si la justice n’est pas laxiste, au moins est-elle complètement viciée.


https://h16free.com/2024/06/12/77865-impunite-laxisme-corruption-la-justice-francaise-ne-ressemble-plus-a-rien

11 juin 2024

La France politique en route vers l’apocalypse

Maxime Tandonnet

11/6/2024 - Il suffit juste de le savoir et de s’y préparer. Toutes les conditions d’une apocalypse politique sont réunies. Au sommet de l’Etat, le délire narcissique atteint son paroxysme. La gauche se réunit en incorporant LFI c’est-à-dire en validant les thèses antisionistes sinon antisémites. Le RN est cette fois-ci vraiment aux portes du pouvoir. Nul mépris envers les gens qui pensent de bonne foi qu’il faut donner sa chance au parti lepéniste, celui qui n’a jamais gouverné. Mais nous, nous qui avons un minimum de culture historique et d’expérience de l’Etat, nous le savons : ce n’est qu’une vertigineuse illusion, une baudruche vide qui n’a strictement rien à proposer et isolé au gouvernement, dans un contexte d’embrasement général, d’obstruction systématique des juges et de la fonction publique, harcelé par un président qui a fait de la lutte contre « la peste populiste » son unique boussole, enfermé dans le carcan étroit du droit constitutionnel et européen, il ne pourra absolument rien faire – rien – s’il gagne les élections avec une majorité relative ou absolue et va s’effondrer en quelques semaines, quelques mois dans un pays en quasi guerre civile (le « quasi » est optimiste…). Cette dissolution est une monstruosité. Elle va déboucher sur une Assemblée encore plus déchirée, encore plus violente et hystérique, une France toujours plus ingouvernable. Les esprits n’ont pas été préparés, les institutions ne sont pas bloquées, le vote européen n’était pas un scrutin national et rien ne la justifiait. C’est une dissolution nihiliste, sans cohérence, sans objectif stratégique, sans le temps de la réflexion et de l’organisation, enfermée dans des délais extrêmement brefs et dans une période qui ne s’y prête pas à la veille des JO. Elle n’avait qu’un sens mégalomaniaque : couvrir l’humiliation de l’échec des Européennes par un coup de théâtre. C’est ainsi que la France est devenue l’otage d’un hubris devenu fou. La France glisse dans la fureur et la violence extrême alors qu’elle a besoin d’apaisement et d’unité. Nous vivons une ère de trahison.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/06/11/la-france-politique-en-route-vers-lapocalypse/

10 juin 2024

Sur le séisme des Européennes et la dissolution

Maxime Tandonnet
(pour Figaro Vox le 09/06/2024)


Dans l’histoire de la Ve République, trois dissolutions se sont produites en cours de mandat présidentiel (c’est-à-dire en dehors du cas d’un président de la République tout juste élu pour se donner une majorité). Deux ont bien réussi au chef de l’Etat. La première fut celle du général de Gaulle en 1962, à la suite d’une motion de censure votée contre le premier gouvernement Pompidou : elle se traduisit par l’obtention d’une large majorité. L’autre, décidée le 30 mai 1968, mit fin aux troubles révolutionnaires et déboucha sur un raz-de-marée gaulliste. La troisième en revanche, fut catastrophique pour le président de la République, Jacques Chirac, au début de l’année 1997 : destinée à conforter une majorité pourtant solide et à relancer son septennat sur des bases nouvelles après un hiver chahuté, elle avait entraîné, contre toute attente, une victoire de l’opposition de gauche.

Dans les deux premiers cas, ceux du général de Gaulle, la dissolution était justifiée par une crise politique, puis un mouvement insurrectionnel. Dans le troisième, celui de Jacques Chirac, rien ne l’imposait et elle se présentait comme un coup politique, que les électeurs ont sanctionné.

La dissolution décidée le 9 juin 2024 par le président Macron est un véritable coup de tonnerre… Rien ne l’imposait dans l’immédiat : aucune motion de censure n’a été votée au préalable, comme en 1962 et le pays ne se trouve pas en état d’insurrection et de blocage total comme en mai 1968. Certes le fonctionnement de l’Assemblée nationale est chaotique mais avec des majorités de circonstance, l’appui tantôt de la gauche, tantôt de la droite y compris du Rassemblement national, plusieurs réformes emblématiques du macronisme ont été votées, par exemple sur la « transition climatique », l’immigration ou les retraites, et même l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Le système de gouvernement n’est aucunement bloqué.

Par ailleurs, le vote du 9 juin, certes désastreux pour la majorité, concerne le seul Parlement européen. Il n’a en soi strictement aucune incidence sur le fonctionnement des institutions politiques nationales. Dans l’histoire contemporaine, d’autres majorités ont subi de cinglants désaveux aux élections intermédiaires (européennes ou territoriales) sans jamais déclencher la foudre présidentielle de l’article 12. Le président Macron a donc créé un précédent : celui d’une dissolution en réponse, le jour même, à une élection intermédiaire perdue.

Cette dissolution est particulièrement surprenante par la date à laquelle elle intervient : la veille des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, qui sont un événement phare dans la vie politique nationale notamment pour des questions de prestige international et de sécurité. Les autorités gouvernementales qui ont la charge de sa préparation depuis des mois ou des années, ne sont plus assurées de pouvoir poursuivre leur tâche jusqu’à son terme.

Alors pourquoi un tel coup de théâtre ? Il est en réalité assez conforme à la politique d’un chef de l’Etat qui annonçait lui-même en 2017, après son élection, que sa victoire reflétait « le goût des Français pour le romanesque ». Le sens de cette décision est celui d’un choix d’image personnelle. Le sensationnel doit effacer l’humiliation que représentent la débâcle de la liste Renaissance et le triomphe du Rassemblement national malgré l’investissement personnel du président et de son premier ministre. La mise en scène à connotation gaullienne a pour objectif de montrer le président de la République en homme de décision et prince de l’audace dans la tempête, et couvrir ainsi l’échec des européennes.

Cette dissolution est le signe d’une confiance en lui-même poussée à son paroxysme. Le chef de l’Etat compte sans doute prendre la tête d’un front républicain contre « l’extrême droite ». Il entend probablement former une coalition avec la droite LR et le parti socialiste pour réinventer un macronisme d’unité nationale « contre les extrêmes ». Il pense aussi que les Français, pris à la gorge par ce scrutin législatif dans un calendrier aussi précipité, ne prendront pas le risque de l’aventure dite « extrémiste » à la veille des JO de Paris.

Le pari se heurte à trois incertitudes : premièrement, le président a-t-il bien pris toute la mesure de l’impopularité de sa politique et du niveau de dégradation de son image dans l’opinion ? Deuxièmement, la droite LR comme les socialistes prendront-ils le risque (suicidaire) d’une entente électorale autour d’une équipe aussi impopulaire ? Troisièmement, toute la tradition historique française, depuis Mac Mahon en 1877 jusqu’à Jacques Chirac en 1997, souligne que les électeurs sanctionnent les dissolutions quand elles relèvent, à leurs yeux, de coups politiques. Devant les urnes, comment les Français vont-ils interpréter cette opération ?

En attendant, cette dissolution semble ouvrir une porte fatale vers l’inconnu. Que se passe-t-il si le RN remporte une majorité absolue ? Le président est-il prêt à gouverner avec un Premier ministre de ce parti ? Et quel gouvernement si l’Assemblée nationale ressort de ces élections encore plus fragmentée qu’auparavant ? La France se prépare-t-elle à plonger, au pire moment, dans un chaos politique absolu ?

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