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27 juin 2024

Mediapart

[EN ACCÈS LIBRE]

Les dangers des extrêmes droites. Informez-vous avec notre dossier spécial en accès libre : à partager largement !

Après des élections européennes remportées haut la main, et la dissolution surprise de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, le Rassemblement national, emmené par Marine Le Pen et Jordan Bardella, est à une marche du pouvoir. Mediapart a donc décidé, exceptionnellement, de permettre la lecture en accès libre d’une sélection d’articles qui racontent les menaces que l’extrême droite fait peser sur la France.

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L’explosion de la droite classique

Maxime Tandonnet

Voici la droite classique – je déteste cette formule mais n’en connais pas d’autre, quand on dit « les modérés » (Poincaré, Tardieu) comme sous la IIIe on se reçoit une volée de bois vert tant la modération n’est plus à la mode, comme le réalisme et le bon sens d’ailleurs, voici, l’ancienne droite classique déchirée en 4 ou 5 factions :

1) les félons de 2017, 2022 et 2023 ayant rejoint la macronie en plusieurs vagues ; à l’intérieur du camp des félons, deux sous-ensembles, ceux qui ont pris leurs distances depuis quelque temps et ceux qui ont léché jusqu’au bout.

2) les semi-opposants qui se prétendent opposants mais qui se sont compromis avec la macronie dans les moments les plus graves, le mépris des Gilets jaunes, le soutien à l’Absurdistan liberticide et le choix de la macronie contre le peuple lors de la grotesque et inutile réforme des retraites (refus de voter la motion de censure) ; ils voudraient le faire oublier mais les électeurs se souviennent…

3) les traitres et opportunistes qui au pire moment ont quitté le navire pour se soumettre la tête baissée au lepénisme triomphant (et ne valent pas mieux que les premières vagues de trahison inverse) ;

4) les derniers gaulliens en tout petit nombre qui ont voulu rester fidèles à eux-mêmes mais qui commencent à leur tour à chercher le salut ailleurs (comme Aurélien Pradié).

L’effondrement de cette droite classique n’est pas pour l’essentiel, lié à son bilan 2002-2012 en matière de sécurité, d’immigration, de chômage, de pauvreté, éducation qui était certes loin d’être satisfaisant mais quand même infiniment meilleur que celui des 12 années suivantes marquées par une aggravation spectaculaire du chaos. D’ailleurs, en 2017, l’électorat Fillon, malgré le scandale ébouriffant, atteignait quand même 21%, une base solide, soit 3 fois plus qu’aujourd’hui…

L’explosion commence ou s’accélère en 2017, par la seule faute des traitres, les Ganelon qui pourrissent l’image de leur camp, partis pour un fromage chez Jupiter, puis elle se prolonge avec l’effarante stupidité des autres leaders de cette formation dans leur mépris affiché du mouvement des GJ, leur ralliement à l’Aburdistan liberticide et l’autocratique et stupide réforme des retraites et enfin l’agenouillement de M. Cioti devant le lepénisme, celui-là même qui d’ailleurs, juste avant sa volte-face, était le plus fervent soutien à l’Absurdistan sanitaire et à la réforme des retraites de la macronie ! Qui a trahi trahira.

Aujourd’hui, RN a pris la place de la droite classique comme force d’alternance, tel est le produit du cynisme, de l’opportunisme et pire que tout, de la bêtise. La différence, c’est que RN, obnubilé par ses obsessions emblématiques d’inspiration maurrassienne (double nationalité, droit du sol, exclusions) et sa démagogie purulente, n’apporte pas une once de réponse aux tragédies de la France, la maîtrise des frontières et des flux migratoires, l’intégration des populations issues de l’immigration, la lutte contre l’immigration irrégulière et les filières esclavagistes, la crise sécuritaire, la dette publique et la paupérisation du pays, l'effondrement scolaire.

C’est même le contraire, encore pire, le caractère emblématique du lepénisme, clivant, déchirant, annonce une entrée en rébellion d’une partie du pays, de l’appareil d’Etat et de la justice qui ne peut qu’amplifier dans des proportions inimaginables le chaos national et la violence. La cause de tout cela : un vertigineux délire autocratique, naufrage dans le narcissisme destructeur de la macronie associée à la flambée de trahison, de courtisanerie et de bêtise qui a frappé la droite classique comme la foudre de Jupiter.

Il ne faut pas en douter un instant, quel que soit le verdict des législatives, majorité absolue pour le RN ou absence de majorité et Chambre ingouvernable, nous allons vers trois années apocalyptiques pour la France. Il faut juste ouvrir les yeux pour le comprendre. Et si l’on veut essayer de rebâtir quelque chose pour offrir une espérance aux Français en 2027, à la faveur de la disparition programmée du macronisme et celle du lepénisme quand beaucoup de Français vont ouvrir les yeux, cela devra se faire sans les médiocres qui ont conduit à la situation actuelle, en se fondant sur le débat d’idées et non l’idolâtrie imbécile, et sans espérer refaire un parti structuré mais plutôt une alliance des bonnes volontés au seul service de la France.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/06/27/lexplosion-de-la-droite-classique/
Marc Amblard


CONSTITUTION, VOUS AVEZ DIT CONSTITUTION ?

Gabriel Nerciat

Marre d'entendre à longueur de journée des ignorants et des hypocrites raconter n'importe quoi.
Il serait quand même temps de rappeler à tous ces parasites faisant assaut de légalisme républicain que la cohabitation n'était absolument pas prévue par le général de Gaulle et les pères de la Constitution en 1958 (Michel Debré et Jean Foyer en ont témoigné à plusieurs reprises, et c'est de toute façon évident).
Charles de Gaulle, lors des législatives serrées de 1967, avait pu vaguement prévoir de nommer à Matignon en cas de défaite du parti gaulliste Valéry Giscard d'Estaing, venu du CNIP, ou bien un député issu du Centre démocrate (l'ancien MRP), Jean Lecanuet ou Joseph Fontanet, mais certainement pas ses adversaires François Mitterrand, Pierre Mendès-France ou Gaston Defferre.
Dans la Ve République, à partir du moment où un président en cours de mandat est massivement et par deux fois désavoué dans les urnes, surtout lorsqu'il demande lui-même aux Français de lui procurer une majorité parlementaire par l'intermédiaire d'une dissolution de l'Assemblée nationale, ce dernier doit soit démissionner après le constat de sa défaite soit accepter de devenir l'équivalent français du roi d'Angleterre (ce fut le cas de Jacques Chirac entre 1997 et 2002, ainsi que Marine Le Pen l'a rappelé hier dans un tweet cinglant).
En réalité, comme Raymond Barre l'avait très bien exposé à l'époque, jamais Chirac n'aurait dû, sur les conseils d'Edouard Balladur, accepter d'aller à Matignon en 1986.
Encore le RPR ne disposait-il pas d'une majorité absolue du fait de l'instauration de la proportionnelle, et Mitterrand, résolu à briguer un second mandat, n'était-il pas contesté dans son propre camp (même par les rocardiens).
L'inexistence de l'UE et un accord minimal sur les grandes questions de politique étrangère entre les trois grands partis du Parlement rendaient aussi la situation beaucoup plus facile.
Rien à voir, donc, avec la configuration actuelle, où Macron, empêché de se représenter et désavoué par ses propres troupes que la dissolution va décimer dans quelques jours, ne peut de toute évidence cohabiter pendant un an ou plus avec un parti et un potentiel Premier ministre beaucoup plus majoritaires que lui, avec lesquels ils n'a rigoureusement aucun point d'entente sur rien - surtout pas dans le domaine de la défense et de la politique étrangère.
Dès lors, on en revient toujours à la fameuse citation de Gambetta à propos de Mac Mahon et de la première dissolution parlementaire (ratée) de l'histoire de la République : se soumettre ou se démettre.
Si le RN obtient une majorité absolue des sièges dimanche 7 juillet, il est évident que tôt ou tard, Macron devra quitter l'Elysée bien avant la fin légale de son mandat, sans doute dans les semaines ou les mois qui suivront le scrutin.
Car si jamais il prétend se maintenir et empêcher, avec ou sans l'aide des juges du Palais-Royal, Bardella de gouverner comme il l'entend, ce dernier, à l'image de Jacques Chirac en 1976, n'aura aucun mal à lui remettre séance tenante une démission qui acculera le président à l'imiter, dans l'impossibilité qui sera la sienne de dissoudre à nouveau l'Assemblée avant l'été 2025.
Reste l'hypothèse du roi d'Angleterre, réfugié dans sa piscine de Brégançon.
C'est cette hypothèse que, fort opportunément, Marine Le Pen a évoquée hier, en rappelant à propos de l'Ukraine que Macron ne serait plus en mesure de faire quoi que ce soit sans l'aval de son Premier ministre.
Dès lors, que ceux qui ont des oreilles (et un cerveau) entendent, et cessent de nous importuner avec de fausses questions de principes.
Macron il y a quinze jours a tenté un coup de poker foireux qui ne lui laissera pas la possibilité de se refaire.
Ceux qui font croire le contraire ne cherchent pas à défendre la République, mais au contraire à la précipiter dans le chaos institutionnalisé.


26 juin 2024

Elisabeth Spitz

Songeuse en ces temps incertains.
Envie que l’on s’aime
Plutôt que d’entendre des idées extrêmes.
Envie de lumière
Pour contrer l’obscurantisme primaire.
Envie de partages et d’unions
Alors que tout se transforme en divisions.
Envie de voir des cerisiers en fleurs
À la place d’un avenir qui fait peur.
Envie d’un regard humain comme une évidence, une urgence, une exigence.
S’élever vers des attentions partagées
Et aller contre la défiance organisée.

Georges Kuzmanovic

Julian Assange est libre !
Mais il a dû "plaider coupable" après
- 1901 jours de prison.
- Dans une prison de haute sécurité (pour criminel dangereux et terroristes donc).
- A l'isolement 23h par jour.
- Et avant cela, réfugié 7 années dans l'ambassade d'Équateur à Londres.
- Et encore avant, 2 années de "liberté surveillée".
Mais "coupable" de quoi au juste #JulianAssange ?
D'avoir informé les citoyens du monde, d'avoir été un bon journaliste ou plutôt un lanceur d'alerte.
Coupable d'avoir montré au monde ce que beaucoup savaient, mais avec des preuves, à savoir que les Etats-Unis mènent des coups d'Etat partout sur cette terre, des crimes de guerre en Irak et en Afghanistan, des assassinats, des campagnes de corruption, etc.
Julian Assange n'était coupable de rien si ce n'est de révéler la vérité.
Pourtant, il a dû subir une "procédure d’extradition demandée par les États-Unis" après avoir été inculpé pour "espionnage" - il était menacé d'être condamné à 175 années de prison.
Magnifique pour le pays soi-disant phare de la liberté dans le monde.
Honte à tous ceux qui se sont tus pendant ces 14 années alors qu'ils dénoncent à grand cris la moindre entorse aux droits de l'homme quand c'est hors d'Occident (allô Raphaël Glucksmann).
Ci-dessous la Une du Monde qui faisait d'Assange l'homme de l'année en 2010 avec les révélation de WikiLeaks (Le Monde a bien vite oublié cette audace non atlantiste).
Pour sortir de cette situation, Julian Assange et ses avocats ont conclu un accord de "plaider coupable" avec la justice américaine.
Il devra comparaître devant un tribunal fédéral des îles Mariannes le 26 juin, où il devrait être condamné à 62 mois de prison (déjà purgés en détention provisoire à Londres).
Assange peut donc renter libre en Australie, son pays.
Libre mais amputé de 14 ans de sa vie, traité comme un terroriste, plusieurs fois moralement brisé.
Les USA ont réussi !
La leçon est bien comprise par tous les éventuels lanceurs d'alerte. Ils sont en mesure de pourrir la vie des lanceurs d'alerte, y compris en s'asseyant sur les droits de l'homme, y compris en imposant leur volonté sur les législations des pays d'Europe sans que les gouvernements n'osent rien faire.
C'est ça la vassalisation.

25 juin 2024

Denis Collin

La mélonisation accélérée du RN confirme les analyses que je défends depuis longtemps. Le RN n'est pas un parti fasciste, à aucun titre, il est un parti du système et se prépare à être un parti de rechange qui sera très obéissant devant la Commission et exécutera les consignes. En plus, comme c'est un parti aussi gazeux que LFI, sa prise de contrôle du pays sera des plus périlleuses, si d'aventure il a la majorité absolue. Il est candidat à jouer à droite le rôle de Syriza en Grèce.
Il est plus que temps de mettre en chantier la construction d'une nouvelle force populaire, garante de la souveraineté du peuple, garante de la démocratie et des droits sociaux, une vraie social-démocratie. Quelles forces relèveront ce défi ?

DSK, LE RETOUR

Gabriel Nerciat


Tous les jours ou presque qui, depuis l'annonce de la dissolution, nous rapprochent du verdict des urnes ont quelque chose de féérique et d'irréel.
Après François Hollande, c'est un autre spectre socialiste des défuntes années 2000-2010 qui refait surface, comme un cétacé avarié surgi à l'improviste du fond d'un océan de merde, de capotes usagées et d'algues vertes : DSK en personne.
L'ex-directeur du FMI brandit soudain la vertu civique de l'antifascisme avec la même désinvolture, la même absence de vergogne que lorsqu'il sortait sa queue devant la femme de ménage guinéenne du Sofitel de New-York qui provoqua sa chute.
Son consternant pensum vaut la peine d'être lu : ce baiseur hâtif et compulsif étreint la réalité encore plus vulgairement que les croupes de dix prostituées de luxe dans une partouze surveillée par le FBI et organisée par un mouchard sarkoziste de la DGSE.
Car il ne faut pas croire : c'est un homme à principes, Dominique.
"Quel que soit le vainqueur (des législatives), nous dit-il, le nouveau gouvernement devra présenter une stratégie de moyen terme compatible avec le nouveau pacte de stabilité et de croissance européen."
Ce n'est pas trop compliqué, en fait, l'économie, chez les grandes huiles de la social-démocratie mondialisée : il suffit de dresser un bilan-comptable, avec ce qu'il faut d'augmentation d'impôts, de réforme des retraites et de réduction des salaires ou du temps de travail, pour que ça rentre dans le plan concocté par les bureaucraties supranationales de Bruxelles ou de New-York.
Et après, roule cocotte.
Même Pierre Arditi ou Virginie Efira, en s'appliquant, pourraient le faire.
Du reste, eux aussi appellent à voter contre le RN, c'est dire.
Peut-être que si DSK baisait autant, d'ailleurs, c'est parce qu'il n'avait pas grand chose à foutre (sans jeu de mot) et s'ennuyait ferme dans son grand bureau climatisé de la Côte Est.
Aujourd'hui, il est inquiet, retour des années 1930 oblige : le passage où il explique qu'il vaut mieux voter pour un antisémite de gauche ou d'extrême-gauche que pour un nationaliste indifférent à la question juive est à tout point de vue admirable, digne du gendre de Monsieur Poirier.
En gros, l'antisémite mélenchoniste ou islamo-gauchiste n'est antisémite que par frivolité ou passade circonstancielle : c'est peut-être un sale con, mais on peut s'entendre avec lui ou du moins essayer de le manipuler.
Tandis que le nationaliste-souverainiste, lui, n'est pas un type fréquentable, même s'il a abjuré ou oublié l'antijudaïsme de Drumont et de Maurras : il se méfie des étrangers, et serait capable d'empêcher les p.tains marocaines, ukrainiennes et peules (des filles très bien bâties et endurantes, les Peules) de venir jusqu'à nous.
Si l'on était un peu taquin, on pourrait demander à DSK et à ses amis pourquoi et au nom de quoi la République se devrait d'être particulièrement xénophile : aucune de nos nombreuses Constitutions ne mentionne l'obligation catégorique pour la France démocratique d'accueillir sur son sol et/ou de nationaliser la Terre entière.
Mais DSK s'en moque : sa devise est que là où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir.
J'espère qu'un jour il invitera David Guiraud ou Thomas Portes à ses soirées galantes : l'arrivée à l'aube de quelques sicaires du Hamas donnerait à ces dernières la touche de folie spectrale qui leur fait encore sûrement défaut.