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14 juillet 2024

Gilles Casanova

Le résultat du « Barrage », c'est la confusion. Elle redonne à Macron le pouvoir de jouer et à Bruxelles toute liberté de diriger.

13 juillet 2024

L'armée la plus morale du monde...

Vincent Verschoore

"Les armes de fabrication israélienne conçues pour projeter de grandes quantités d'éclats d'obus causent d'horribles blessures aux civils de Gaza et touchent les enfants de manière disproportionnée, ont déclaré au Guardian des chirurgiens étrangers qui ont travaillé dans le territoire au cours des derniers mois.
Les médecins affirment qu'un grand nombre des décès, des amputations et des blessures qui ont changé la vie des enfants qu'ils ont soignés sont dus aux tirs de missiles et d'obus - dans des zones peuplées de civils - remplis de métal supplémentaire conçu pour se fragmenter en minuscules morceaux d'éclats d'obus."
Je me demande quel est aujourd'hui le budget corruption de l'AIPAC (lobby juif aux USA), et ses déclinaisons régionales genre Crif, pour que cette horreur soit encore et toujours soutenue par les régimes occidentaux.

Barrage au Rassemblement National : légal, mais contestable en droit ? Et si demain, c'était pour faire barrage à LFI ?

Brigitte VITALE

Comment les Français peuvent accepter de telles pratiques ?

Surtout si ce "barrage" provoque l'instabilité et creuse les fossés entre les citoyens...

L'article 3 de la Constitution française garantit le suffrage universel, égal et secret, et stipule que la souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par voie de référendum.

Toute manipulation perçue, telle que des alliances de désistement destinées à biaiser les résultats électoraux, pourrait être vue comme une atteinte à la sincérité du scrutin.

La sincérité des élections est une exigence constitutionnelle, et les juges de l’élection, y compris le Conseil constitutionnel, sont chargés de veiller à ce que cette sincérité soit respectée.

Les alliances stratégiques visant à "faire barrage" à un parti particulier, bien que souvent légales, peuvent être critiquées pour contourner l'esprit du suffrage universel. Cela pourrait être interprété comme une manipulation du vote populaire, détournant le processus électoral de son objectif principal : permettre aux citoyens de choisir librement leurs représentants. Le Conseil constitutionnel pourrait théoriquement être saisi pour examiner si ces pratiques respectent pleinement l'exigence de liberté et de sincérité du suffrage (Novataux : https://lnkd.in/eGXhHeuY).

La Constitution française et la jurisprudence du Conseil constitutionnel insistent sur le respect des droits et libertés des candidats, y compris leur droit à une compétition électorale équitable. Les désistements orchestrés pour influencer le résultat peuvent porter atteinte à ce principe d'équité, surtout si ces manœuvres sont perçues comme privant certains candidats de leurs chances légitimes de succès en modifiant artificiellement le rapport de force électoral.

Le gouvernement en place manque cruellement de légitimité. Les Français ne votent pas pour des programmes ou des idées, mais contre la peur de l'extrémisme. Ce processus transforme chaque élection en une mascarade où les citoyens sont contraints de choisir le moindre mal, plutôt que d'exprimer leurs véritables aspirations. Ce n'est pas de la démocratie, c'est de la trahison

La démocratie française est dévoyée. Les électeurs sont piégés dans un cycle vicieux de choix contraints, leurs voix manipulées par des stratégies électorales machiavéliques. Les élections devraient être une occasion pour les citoyens de choisir librement leurs représentants, non un exercice de contorsion politique destiné à maintenir un statu quo pourri.

Or la légitimité démocratique est essentielle pour la stabilité politique et la confiance publique, et toute action qui semble la miner pourrait être contestée non seulement juridiquement mais aussi politiquement (Cours de droit : https://lnkd.in/etqHqD7D, du Pr. Mohamed EL HACHIMI)

Une brève... olympique

Julie d'Aiglemont

Madame la baronne d'Oustdela-Casstoidla s’avisa qu'il était temps pour elle de faire se gausser encore une fois les Riens et les Riennes avant que de se voir remerciée par le Roy. Les Olympiades qui s'annonçaient lui en donnèrent l'occasion. Cependant que la Grande Duchesse de l’Ide-Aligot en était encore aux essayages de sa tenue de baignade dans la Seyne - la question de savoir si les épreuves des Olympiades pourraient s'y tenir occupait tous les esprits - Madame d'Oustdela-Casstoidla entourée de ses gens, alla faire la brillante démonstration que la chose était faisable. Son entrée dans les flots bourbeux fut quelque peu calamiteuse - la pauvrette glissa sur son fondement - mais on la vit aussitôt barboter gracieusement, accompagnée d'un bel athlète.
La Grande-Duchesse de l’Ide-Aligot en conçut un vif déplaisir. Elle souhaita à celle qui lui avait volé la primeur du barbotage de se retrouver pleine de pustules.
Ps : toute ressemblance avec la réalité est purement fortuite. - 13/7/2024

LE CADAVRE PUANT DE LA DROITE LR

Gabriel Nerciat

12/7/2024 - Le plus triste, à mon sens, dans cette élection confisquée, c'est la survie (certes heureusement réduite au minimum : 6% des suffrages exprimés et 66 sièges au Palais-Bourbon), grâce au pervers Front républicain initié par Gabriel Attal et le NFP, de tous ces vieux traîtres, barbots et tocards que sont les députés et sénateurs LR.
Surtout, j'en ai assez de les entendre pérorer depuis trois ou quatre jours, sur la rengaine lancée par le gros Larcher : "La Chambre et le pays penchent nettement à droite ; donc c'est à nous de décider ce qui doit se passer".
Quand ils ne réclament pas, purement et simplement, tels Xavier Bertrand ou Michel Barnier en sourdine, d'aller à Matignon.
Bande de minables !
Ils ne veulent pas entendre parler du RN ni passer le moindre accord de désistement avec lui, vouent Ciotti aux gémonies, tout en acceptant hypocritement de recueillir au second tour les voix des électeurs de gauche et de LFI dont les candidats se sont désistés en leur faveur.
Puis, dès que l'élection est passée et leurs sièges sauvés, ne les voilà-t-il pas qu'ils revendiquent sans vergogne pour eux - sous couvert de "droite" majoritaire - les dix millions de voix des électeurs de Jordan Bardella...
Franchement, je n'aime pas les électeurs de gauche mais au moins ils votent à peu près selon leurs convictions.
Les électeurs du parti de Jacques Chirac et d'Alain Juppé, comparés à eux, me paraissent infiniment plus méprisables, dans la mesure où ils ne croient plus en rien tout en feignant de se draper dans le manteau étroit des principes moraux.
La seule droite éternelle, en France : non pas celle de de Gaulle, Chateaubriand, Guizot, Barrès, Tardieu, Poincaré ou le comte de Chambord, mais toujours la même : celle de Monsieur Thiers et de Tartuffe.

12 juillet 2024

Le retour de M. Wauquiez dans l’arène politique

Maxime Tandonnet
(pour Atlantico avec M. Philippe Iribarne)


– Laurent Wauquiez s’exprimait, ce mercredi 10 juillet 2022, devant l’Assemblée nationale. Le président du nouveau groupe LR a été très clair sur sa stratégie pour l’avenir de la droite, expliquant d’abord que le groupe allait changer de nom et ensuite qu’il n’entendait pas participer (activement, à tout le moins), à une potentielle coalition gouvernementale. Que peut-on dire, pour commencer, de cette stratégie ? Quel semble être l’objectif de la droite républicaine ?

Laurent Wauquiez a d’abord fait un choix audacieux en retournant dans la mêlée politique et en se présentant aux législatives, un choix gagnant puisqu’il a été élu dans des circonstances non évidentes… Il semble avoir changé de stratégie. Jusqu’alors, il se cantonnait à une certaine discrétion en se maintenant sur la réserve, espérant, un peu sur le modèle d’Edouard Philippe, capitaliser en se tenant à l’écart de la politique. Il avait aussi pour référence historique la traversée du désert de Charles de Gaulle, qui s’était retiré à Colombey dans les années 1950 avant son retour au pouvoir. Clairement, il change de stratégie et se replace au centre de l’arène. Dans le pataquès et le chaos qu’est devenue la politique française surtout à la suite de la dissolution, il a considéré qu’il ne pouvait pas demeurer sur un piédestal comme président de région. Il a bien constaté aussi que la posture de la distanciation ne lui profitait pas dans les sondages. Quand la France est dans la difficulté, les électeurs risqueraient de lui reprocher une sorte de dérobade. Son objectif est clairement de revenir au premier plan national dans la perspective de 2027.

– En refusant de participer à une coalition, la droite républicaine semble chercher à retrouver un peu d’oxygène et d’espace politique autonome. Ne joue-t-elle pas, de la même manière, la crise de régime politique ? Ce risque est-il nécessaire, si elle espère reconstruire une potentielle majorité, un potentiel projet et un potentiel candidat présidentiable en vue de 2027 ?

C’est la seule solution plausible. Je vous rappelle que la droite semble divisée à cet égard. Xavier Bertrand, Olivier Marleix et Aurélien Pradié étaient jusqu’alors profondément hostiles à un accord de gouvernement avec la macronie. Du seul fait des circonstances, ils ont, d’après ce que l’on comprend, évolué sur cette question et réclament Matignon pour un LR avec un gouvernement de coalition centrale rassemblant LR et Ensemble. La situation n’est évidemment plus celle qui prévalait avant la dissolution. Leur choix s’explique par l’urgence et la volonté d’éviter l’arrivée au pouvoir d’une gauche extrémisée qui profère des menaces d’insurrection si elle n’obtient pas Matignon alors qu’elle ne dispose d’aucune majorité parlementaire avec seulement 178 députés – moins d’un tiers. Donc la position des trois ci-dessus peut se comprendre comme une mesure de salut public pour éviter un désastre.

Toutefois, elle est irréaliste car la droite coalisée à Ensemble n’obtient même pas une majorité absolue, donc une telle expérience paraît vouée à l’échec. La solution d’une troisième force centrale, bousculée en permanence par les deux « extrêmes », exposée à une motion de censure et d’ailleurs, sans véritable accord sur rien, conduit à un échec et au naufrage de la droite désormais entraînée dans l’abîme avec la macronie. En 2027, après l’atomisation d’une droite fondue avec la macronie, il resterait deux solutions crédibles politiquement : la gauche et le RN. Limiter la casse aujourd’hui pour avoir bien pire dans deux ans et demi, c’est-à-dire l’Élysée, Matignon et l’Assemblée nationale réunis dans les mains de la gauche mélenchonisée pour un quinquennat entier, est la solution la plus tragique pour le pays. Quant au RN qui échoue depuis plus d'un demi siècle, on peut douter de sa capacité à rallier plus de 50% des électeurs. Donc dans cette hypothèse, en l’absence d’autre alternative, ce serait les pleins pouvoirs pour cinq ans à une gauche extrémisée.

– Sans aller jusqu’à la crise de régime et au refus catégorique de participer à quelque coalition que ce soit, peut-on imaginer un scénario dans lequel la droite républicaine ne ferait tout simplement pas obstacle à une coalition jugée « responsable » ? Quel serait l’impact sur la capacité de cette même droite à reconstruire son espace politique ?

Il me semble que le scénario proposé par Laurent Wauquiez est le plus réaliste et le plus crédible à ce stade. Il ne faut surtout pas entrer dans un gouvernement, afin d’éviter d’être associé au désastre provoqué par la dissolution du président Macron et ses suites qui s’annoncent tout aussi dramatiques. On évite ainsi un amalgame entre la droite et l’effondrement de la France qui se produit depuis 7 voire 12 ans dans tous les domaines, sécuritaire, migratoire, financier (dette publique à 3200 milliards d'euros), prélèvements obligatoires de 44% du PIB, chômage de plus de 5 millions de personnes, catastrophe scolaire, pauvreté, etc. Un effondrement qui s’accélère et se traduit dans le chaos politique actuel… Mais tout en restant extérieur à la coalition et en rejetant tout risque d’amalgame avec le macronisme, on évite de jouer la politique du pire dans des circonstances épouvantables pour le pays, en votant des lois importantes comme la loi de finances, si elles conviennent, et les textes sur lesquels on est d’accord. Il faut bien voir que la France est au fond du gouffre en ce moment sur le plan politique. A juste titre, Laurent Wauquiez ne veut pas que la droite se lie à un boulet qui l’entraînerait dans la noyade. Mais il fait aussi le choix de refuser d’ajouter du chaos au chaos, ce que les Français ne lui pardonneraient jamais, surtout dans la perspective de 2027. Cette position me semble être, non la meilleure, mais la moins mauvaise possible dans le contexte actuel. - 12/7/2024

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/07/12/le-retour-de-m-wauquiez-dans-larene-politique-pour-atlantico-avec-m-philippe-iribarne/

Chronique du douze du mois de juillet en l'an terrible de la Grande Dissolution

Julie d'Aiglemont

Le Roy dans sa grande bonté avait écrit une longue missive aux Riens et aux Riennes puis s'était fait transporter dans les airs au moyen de son aéroplane, jusque de l'autre côté de l'océan, afin de porter secours à son grand ami Sir Joe du Bidon. Dans l'empire des Amériques, il se préparait aussi un Tournoi. Sir Joe devait affronter derechef Sir Donald de la Trompe. Les partisans du premier craignaient fort cependant que leur champion ne fût au meilleur de sa forme. Le brave homme semblait atteint de sénilité. La chose mettait en grande joie Sir Donald. Il avait d'ores et déjà mis en pièce son adversaire lors d'une première joute. Sir Joe s'était relevé et s'était épousseté. Il avait invoqué une faiblesse passagère, laquelle ne devant point inquiéter ses partisans. Las ! Plus il s'employait à faire montre de vivacité, plus il s'empêtrait, confondant ainsi lors d'un grand raout le roi de l'Ukranie, Volodymyr de Zele-En-Ski avec son pire ennemi, le terrible Tatar Poutinus. A celles et ceux qui ne laissaient de s'inquiéter, Sir Joe répondait invariablement qu'il lui fallait se ménager.
Notre Cynique Foutriquet le réassura doncques de son soutien indéfectible. Leurs destins étaient liés. Le Roy ne l' avait-il point reçu avec faste au Château avant que de prononcer la Grande Dissolution ? C'était aussi après ces mirifiques agapes que Sir Joe s'était piteusement écroulé aux pieds de Sir Donald.
Cependant que le Roy se distrayait de l'autre côté de l'océan, les Dévots se déchiraient pour savoir qui mènerait la Faction - s'il en restait encore une - à la Chambre Basse. Sa Grande Forfanterie avait refusé de reconnaitre la victoire de la Nouvelle Faction de la Plèbe et avait donné en pâture aux Riens et aux Riennes sa missive. Il y était question de "compromis". "Personne ne l'a emporté" avait déclaré en substance le Roy, sommant par là-même ses partisans de prendre langue avec ceux de la Sénestre qu'il jugeait conformes à le servir, ce qui excluait les maudits Insoumis et Insoumises, ainsi que quelques Jardiniers et Jardinières qui leur ressemblaient fort.
Le duc de la Béarnaise tenta de ramener Notre Infernal Magouilleur dans le droit chemin. "Usez de votre pouvoir, Sire, nommez un Premier Grand Chambellan à votre main" exhorta ce fidèle d'entre les fidèles. Le baron de l'Arche avait décliné l'offre du Roy de le servir. Il prisait fort sa charge très confortable de prince de la Chambre Haute. La chère y était bonne, les émoluments aussi. Le petit duc des Attelles entendait quant à lui régner sur les troupes des Dévots à la Chambre Basse, ce qui fâchait fort le duc du Dard-Malin. "Cela ne règlera pas la difficulté de la ligne de notre Faction" pérora-t-il devant un parterre de gazetiers éreintés. Chacun y tirait en effet à hue et à dia. Le Roy en était fort marri.
Du côté de la Faction de la Plèbe, on était, disait-on, en grands pourparlers, pour désigner celui ou celle qu'on présenterait à Sa Neigeuse Menterie comme Premier Grand Chambellan ou Première Grande Chambellane. Dans les chaumières où l'on prisait pour la Plèbe, on murmurait des neuvaines "ne nous décevez point !". Les Guildes des laborieux et laborieuses exhortaient aussi le Roy à ne se point soustraire aux résultats des urnes. Le toujours fringant baron de la Ville-Peinte, qui avait servi sous le règne du roy Jacquot, y alla aussi de son petit couplet afin de sermonner vertement Notre Dévoyé Monarc.

La force tranquille

Natalia Routkevitch

8/7/2024 - Décrivant l'ascension et le triomphe du libéralisme centriste, Immanuel Wallerstein a démontré comment ce dernier a réussi à étendre son emprise sur les idéologies et les projets concurrents - le conservatisme et le socialisme - pour les dénaturer progressivement n’en laissant que des coquilles vides.
Depuis ce triomphe qui ne date pas d'hier, quelques mesures « phares » portées en étendard par les représentants de ces mouvements concurrents ne mettent pas en question les fondements du système social qui est le nôtre. Un peu plus de redistribution, de green washing et de pathos antifasciste par ci, un discours d’autorité et du folklore nationaliste par là – voilà tout ce que peuvent nous offrir les oppositions en carton obéissant aux lois du Spectacle qui maîtrise parfaitement l’art de l’illusion contestataire.
L’idéologie de l’extrême-centre, elle, se passe de slogans retentissants. C’est dans sa pratique, pas dans ses slogans que le libéralisme centriste se montre d'une dureté implacable, radicalisant toujours plus l’existence humaine.
L’idéologie néolibérale est maximaliste dans sa vision profonde et minimaliste dans sa marche, écrivait Marcel Gauchet. Elle se passe "de grands discours, de projection globale, de doctrine développée. La radicalité de l’extrême centre, c’est une radicalité tranquille et modérée dans sa marche, incrémentale, comme disent les Américains. C’est un système où il n’y a pas besoin de guide, mais de technicien pour faire marcher une société dont l’idéal est l’autorégulation. L’extrême-centre ne propose pas de révolution mais des micro-mesures qui confortent les droits des personnes et accroissent l’indépendance des marchés. On ne va pas faire la révolution mais on va faire le traité de libre-échange transatlantique ! "
Alain Supiot a illustré ce travail de sape continuelle qui se fait sous couvert de l’élargissement des droits individuels, en indiquant, par exemple, qu’entre 1985 et 2006, la liste des discriminations a été allongée à onze reprises tandis que la proportion de salariés en CDD ou en intérim a été multipliée par quatre.
C’est ça, la révolution permanente de l’extrême-centre (on se rappellera de l'ouvrage éponyme de notre Mozart de la finance), et on ne voit pas, à l'heure présente, une force capable d'en changer le vecteur. Le macronisme est mort, vive le macronisme !
"Nous avons constaté que quelle que soit la majorité au pouvoir, à peu près le même cocktail de mesures est servi avec pour résultats : précarisation, démantèlement des services publics, pauvreté grandissante, rétrécissement de la base industrielle, vulnérabilité stratégique et la montée inquiétante du Front national", écrit l’économiste Frédéric Farah.
En 2007, Alain Greenspan, président de la Réserve fédérale des États-Unis, déclarait : "Nous avons la chance suivante : les décisions politiques, aux États-Unis, grâce à la globalisation, ont été remplacées en grande partie par l'économie de marché mondiale. A l'exception de la thématique de la sécurité nationale, le prochain président n'aura à l'avenir aucun rôle significatif à jouer. Le monde sera régi par les forces du marché."
It’s economy, stupid – affirmait le célèbre slogan de l’époque clintonienne pointant le rôle subalterne de la Politique dans nos cités.
Mais, à côté des logiques des marchés qui assurent la reproduction des mêmes schémas vicieux et les privilèges des gagnants de la globalisation, l'idéologie de l'extrême centre, elle, a beau être discrète, elle n'en exerce pas moins un immense pouvoir fédérateur au-delà de sa base sociale et par-delà les frontières.
La convergence idéologique de ceux qu'on appelle les élites sécessionnistes est plus forte que la logique des situations sociales. A la différence de la lumpen-bourgeoisie présentée par la sociologie coloniale comme les classes intermédiaires (marchands, avocats, industriels, etc.) au service de maîtres coloniaux et n'ayant pas de conscience de classe, la lumpen-oligarchie qui est montée en période de globalisation accélérée est cimentée par un sentiment d'appartenance à une strate supérieure et par une volonté de servir de boussole morale à l'humanité entière. C’est en offrant ce sentiment de supériorité morale à des classes intermédiaires que les vrais gagnants de la globalisation ont réussi à mettre à leur remorque la petite bourgeoisie et affiliés, dotés désormais de capital culturel de référence à défaut d'avoir une position matérielle très enviable.
De leur côté, les vrais perdants des politiques néo-libérales, déclassés économiquement et symboliquement, n’ont aucune idéologie et aucun camp pour porter une véritable alternative. Ils épuisent toute l'indignation disponible dans les mobilisations vaines qui ne remettent pas, ou si peu, en question le cadre du fonctionnement de nos sociétés.
Manifestement, le temps de la Politique n’est-il pas encore venu. Sans doute, viendra-t-il plus tard quand les crises vont se multiplier, l’entropie va s’accélérer, le chaos monter, et le délitement s'approfondir. Il ne peut pas en être autrement car l’entropie, le délitement et le chaos sont inhérents au système qui a pour principe fondamental de son fonctionnement la guerre de tous contre tous.

Élection présidentielle américaine : les derniers mois de Biden ?

H16

12/7/2024 - Fin juin, les citoyens américains ont eu le douteux privilège de regarder sur CNN le premier débat présidentiel de l’actuelle campagne électorale en cours aux États-Unis, opposant Donald Trump pour les Républicains et Joe Biden pour les Démocrates. La surprise ne fut dévastatrice que pour les plus niais et les plus captifs des bobards actuels de la presse de grand chemin : Biden y est apparu pour un débris sénile à peu près incapable d’aligner quelques arguments cohérents, terminant souvent ses phrases par des borborygmes incompréhensibles.

Ce fut donc un parfait désastre pour le candidat démocrate qui, en revanche, n’étonna guère ceux qui avaient largement pu voir que l’état mental de l’actuel locataire de la Maison Blanche ne faisait que décliner depuis des années. Depuis sa campagne électorale minable en 2020 suivie de son accession à la présidence, Biden montrait clairement qu’il n’était plus que l’ombre de ce qu’il avait été dans ses années comme vice-président auprès d’Obama, et le camouflage de sa sénescence devait entièrement au travail permanent de tous les médias officiels américains.


Pour Trump, le débat ne fut même pas l’occasion de dérouler ses arguments, le pantin en face de lui déclenchant surtout la pitié : une charge frontale de la part de l’ex-président aurait été probablement jugée trop facile. Sa performance fut donc très moyenne, ce qui ne l’a pas empêché de s’envoler dans les différents sondages suivant le débat : Trump dépasse maintenant largement Biden dans tous les pronostics établis à ce jour.

Depuis ce débat fatidique pour Biden, les succès s’accumulent pour Trump puisque la Cour Suprême a récemment rendu son avis concernant le cadre d’application de son immunité présidentielle, notamment invoquée dans les procès qui ont été lancés contre lui par différents tribunaux : sans surprise non plus pour ceux qui suivent l’affaire depuis le début, la Cour Suprême a rappelé que le président américain est entièrement couvert par l’immunité dans les actes officiels entrant dans le cadre de la Constitution et n’en bénéficie pas a priori dans les actes officieux.

Essentiellement, ce rappel de la Cour Suprême met globalement fin aux cabales judiciaires que l’administration Biden avait lancées contre son opposant politique. Quant à celles qui ne sont pas éteintes, tout indique qu’elles seront progressivement reportées à des dates suffisamment éloignées du jour du vote pour que leur interaction avec la campagne électorale en soit durablement amoindrie.

Et à mesure que Trump se dégage de ses problèmes et gagne chaque jour en popularité, Biden, de son côté, s’enfonce dans l’incertitude et une impopularité essentiellement provoquée par une situation économique américaine de plus en plus mauvaise, et, maintenant, par l’évolution négative de sa santé mentale qu’il est devenu impossible de camoufler.

Cependant, il ne faut pas se leurrer : la tenue du débat aussi tôt (en général, c’est plutôt en septembre octobre) n’est pas un hasard puisqu’il a permis, pour les médias grand public et les Démocrates, d’officialiser ce qui se murmurait depuis plusieurs années, à savoir que l’actuel occupant de la Maison Blanche n’est pas en mesure de mener une campagne victorieuse… Et même de diriger le pays comme en témoignent maintenant les éditos consternés et les Unes sans ambiguïté qui s’accumulent sur le sujet.


Oui, pour le camp Démocrate, il faut maintenant infuser partout l’idée que ce candidat n’est pas idéal contre Trump, et qu’il faut même le remplacer, de façon aussi crédible et légale que possible, de façon assez rapide pour tenir compte des couinements de plus en plus audibles de certains gros donateurs au parti, ce qui pourrait poser quelques soucis juridiques.

Bien évidemment, ce remplacement étant maintenant dans toutes les têtes, il ne faut plus pour l’acter qu’un nom solide.

Quelques uns sont évoqués, celui de Newsome (l’actuel gouverneur de la Californie) est ainsi régulièrement poussé par des médias – notamment français – qui semblent commodément oublier qu’il est controversé même au sein de son parti et que ses résultats dans son État sont suffisamment consternants pour que Trump en fasse du petit bois.

Bien évidemment, si Biden devait se retirer – par exemple pour raisons de santé, en faisant jouer le 25ème amendement à la Constitution américaine, notamment si les États-Unis se retrouvent confrontés à une forte menace sécuritaire qui nécessiterait un Chef des Armées un peu moins éteint – ce serait alors l’actuelle Vice-Présidente, Kamala Harris, qui pourrait entrer en campagne. Cette option, à laquelle certains donateurs croient encore, fait cependant fi de l’impopularité de Harris, encore plus prononcée que celle de Biden (ce qui est une performance en soi).

La seule option réellement crédible, en remplacement d’une femme noire, ne peut bien sûr être qu’une autre femme noire. Seule Michelle Obama pourrait jouer ce rôle et, pour le moment, tout se déroule comme prévu : d’une part, les médias préparent progressivement l’opinion publique à cette éventualité, et d’autre part, l’épouse de Barack Obama a clairement fait savoir qu’elle ne souhaitait pas se lancer. Ceci lui permettra d’entrer dans le rôle à reculons, parce que – comprenez-vous – “mon devoir m’y pousse, je ne pouvais pas laisser tomber mon pays”. Avec la bonne quantité de trémolos dans la voix, cela passera très bien.

La politique américaine sera agitée pendant les prochaines semaines : on peut raisonnablement s’attendre à voir disparaître Biden d’une façon ou d’une autre et à la (ré)apparition de Big Mike Michelle Obama. Cependant, au-delà de la question du candidat démocrate, la sincérité du scrutin de novembre 2024 dépendra surtout de la capacité des institutions américaines à se débarrasser de toutes les mauvaises habitudes en place en 2020. Or, sur ce plan, c’est encore la confusion qui règne.

Tout peut donc arriver, même l’invraisemblable.


https://h16free.com/2024/07/12/78035-election-presidentielle-americaine-les-derniers-mois-de-biden