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4 septembre 2024

Vers la mondialisation de la censure

Anne-Sophie Chazaud

photo © ERIC TSCHAEN-POOL/SIPA

Article publié dans la revue Front Populaire, le 2 septembre 2024 sous le titre "Ce qu'il reste de démocratie dans les démocraties dites libérales"

Dans la torpeur d’une fin d’été brûlante souffle avec violence sur les démocraties dites libérales le vent glacé de la censure. En effet, depuis quelques semaines et avec une accélération au cours des derniers jours, le monde qui se revendiquait bruyamment comme libre et défenseur des libertés est en proie à une vague inquisitoriale extrêmement préoccupante.

Il y a quelques années, lorsque j’engageai mon travail de réflexion sur les formes contemporaines de la censure (en France), je fis le constat d’un paysage dévasté. J’y constatais la redoutable articulation d’une tectonique censoriale généalogiquement issue de la Terreur révolutionnaire (Loi des suspects, « pas de liberté pour les ennemis de la liberté », etc.) et qui, sous les oripeaux du « progressisme » permettait d’instrumentaliser la justice en invoquant une obsessionnelle lutte contre des haines diverses et toujours plus variées au profit de ce qu’il est convenu d’appeler la « tyrannie des minorités ». Ce constat, qui me semble désormais presque classique, terminait par l’analyse (un peu hâtive me semble-t-il rétrospectivement) de la réactivation contemporaine d’une censure directement politique par le biais d’un certain nombre de procédés : reprise en main de médias par ailleurs idéologiquement acquis à la cause du pouvoir ainsi que financièrement soumis à cette même main qui les subventionne grassement, arraisonnement de la liberté de parole sans précédent - offerte le temps d’une décennie - par les réseaux sociaux, intervention du pouvoir dans l’édiction de la Vérité et narratif officiel sur tous sujets (dispositifs anti « fake news », lutte contre la prétendue désinformation, etc.). Ces dérives n'en étaient encore qu’à leurs débuts lorsque je concluais mon travail.

À la faveur des bouleversements informationnels, politiques, sociétaux et anthropologiques majeurs intervenus depuis la Grande Peste Pangoline et la mise sous surveillance sans précédent du « parc humain » (pour reprendre l’expression du philosophe Peter Sloterdijk) que la gestion de cette crise a permise, tous ces procédés et outils de censure se sont renforcés et ont en quelque sorte muté de manière systémique et opérationnelle. Jusqu’à présent, le déploiement des mesures liberticides dans le camp « libéral » s’opérait principalement au plan législatif et dans l’ordre du discours, des intentions. Depuis quelques temps, avec une accélération cet été, les pouvoirs concernés et dont le but est l’auto-préservation/perpétuation/confiscation au détriment des peuples, sont passés à l’acte, ce qui était à prévoir : la question n’est désormais plus de savoir SI lesdites démocraties libérales vont basculer dans l’autoritarisme voire vers une forme subtile de dictature (subtile et perverse dans le sens où elle se présente toujours comme en lutte contre un fascisme imaginaire : « siamo tutti antifscisti » scandent des foules de brebis mimétiques à la main du pouvoir qu’elles élisent régulièrement, alors même que c’est précisément le « tutti » qui porte en lui la forme radicale du « totalitarisme », ne souffrant pas la moindre contradiction), mais bien de savoir QUAND cette bascule va se réaliser. Et il semblerait que le vent de l’Histoire soit précisément en train de s’accélérer sur ce point comme sur d’autres.

La France vient par exemple de procéder à l’arrestation honteuse du fondateur et patron de la messagerie Telegram, Pavel Durov, pour des motifs aussi farfelus que biaisés, France qui est aussi le pays d’origine du sinistre Thierry Breton dont le zèle inquisitorial à la Commission européenne via la mise en place du DSA (Digital Services Act, règlement européen sur les services numériques) finit par embarrasser jusqu’à ses propres complices européens (le récent chatelain, nouveau riche de cette bourgeoisie mandarinale et populicide n’est évidemment pas assez discret : il conviendrait de faire au moins un peu semblant d’être attaché aux libertés, de donner le change…). Dans cette affaire, il est à noter que la France et l’Union européenne sont confrontées piteusement à une sorte de conflit de loyauté et d’allégeance : il faut à la fois se plier à l’agenda mondialiste, progressiste, destructeur des souverainetés nationales dicté par le suzerain américain et donc activer la censure de tout ce qui contredit cet agenda et ce narratif dominant, mais, dans le même temps, s’en prendre à une grande entreprise américaine (le courrier zélé de Thierry Breton visait en l’occurrence Elon Musk et l’entreprise X qui est l’objet d’une véritable hantise pour tous les adversaires de la liberté d’expression et d’opinion) c’est également attenter aux intérêts commerciaux dudit suzerain lequel est, on le sait, très regardant sur le respect de ses prébendes partout à travers l’Empire. Les moutons bêlants du progressisme mondialisé sous tutelle de l’Hégémon américain ne savent donc plus où donner de la tête pour complaire à leur maître et leurs genoux sont usés à force d’être mis à terre en signe de constante allégeance. Cette arrestation prend place dans un paysage sinistré, sur fond de suppressions de comptes Instagram liés à la droite patriote et à la dissidence idéologique, et de censure renforcée du paysage audiovisuel sur pression maniaque d’une gauche ouvertement liberticide jamais en retard dès lors qu’il s’agit de se mettre au service du pouvoir (attaques contre CNews, C8 etc.)

Le Royaume-Uni, autrefois patrie de l’Habeas Corpus et de la Magna Carta a quant à lui purement et simplement basculé dans une purge populicide et des procès de type stalinien, sous la férule à la fois grotesque et tragique du travailliste Keir Starmer, dans une forme extrêmement préoccupante de régime autoritaire où la dissidence d’opinion et d’expression se trouve réprimée avec une sévérité relevant de la pire dystopie. La police et la justice britanniques se sont mises avec un zèle qui serait comique s’il n’était si grave au service de cette nouvelle dictature qui prend appui pour accomplir sa basse besogne sur le pavement des bonnes intentions et de la vertu antiraciste : sous ce prétexte, dans un pays dont on vantait ad nauseam l’idéal multiculturaliste pour mieux critiquer le modèle hexagonal jugé insuffisamment inclusif, un pays où n’importe quel islamiste peut haranguer les foules à l’air libre sans être inquiété, il n’est désormais plus possible d’avoir le moindre débat public ou d’émettre la moindre critique dialectique quant à l’immigration de masse ainsi qu’aux nombreux effets de déstabilisation de la société que cette submersion entraîne, notamment en termes d’insécurité (mais pas seulement). Les meurtriers, les violeurs bénéficient de la complaisance objective d’un pouvoir (on renvoie sur le sujet le lecteur vers les grandes affaires criminelles de Telford, Rotherham, etc.), qui embastille en revanche, avec la plus grande sévérité les représentants de la working class livrée en pâture et délaissée par les pouvoirs publics depuis belle lurette. La police s’en va désormais à l’heure du laitier arrêter des citoyens britanniques au motif qu’ils ont tweeté ou même parfois simplement « liké » ou retweeté un message critique (on en est là), publier un « mème » dissident, moqueur, vous envoie directement à la case prison : on a même libéré des détenus de droit commun afin d’enfermer les prisonniers politiques, ce qui est un grand classique de toutes les dictatures. Il n’est du reste pas anodin d’entendre le gouvernement britannique vouloir profiter de ce contexte pour tenter de revenir sur la volonté populaire pourtant clairement exprimée de Brexit : c’est bien la souveraineté qui est en jeu, souveraineté que le progressisme mondialisé ne peut tolérer. Souveraineté d’un peuple qui doit pouvoir choisir qui il souhaite recevoir sur son propre territoire et à quoi doivent servir ses impôts (un homme a ainsi été réprimé sévèrement pour avoir dit qu’il ne souhaitait pas que le fruit de son travail, de ses impôts, profite à l’immigration : autrefois, une telle félonie du pouvoir se réglait par une mise en sac dans la Tamise…), mais aussi souveraineté du pouvoir politique lui-même et dont le rattachement aux diktats de la techno-ingénierie bruxelloise signe en réalité la soumission voire la disparition (l’exemple actuel de la France privée de gouvernement démontre que dans ce système d’abdication de la souveraineté, le pouvoir politique n’est même plus nécessaire, « ça » fonctionne tout seul).

Le Brésil quant à lui, - dont le Président Lula a été réélu selon la même matrice de lutte contre le Mal d’un fascisme de théâtre et qui, de ce point de vue, bien qu’appartenant aux BRICS, se rattache pleinement à la logique de captation du pouvoir qui traverse l’ensemble des démocraties libérales majoritairement occidentales (ou, disons, occidentalisées) -, vient de procéder à l’interdiction totale du réseau social X sur son territoire. La Cour Suprême a par ailleurs menacé les citoyens qui contourneraient cette interdiction vertigineuse d’une peine d’amende de 8900 $ par jour pour toute personne qui contournerait l’interdiction avec l’utilisation d’un VPN. Le Brésil se trouve ainsi, pour son plus grand malheur, à l’exact emplacement de sa devise, de son lieu d’énonciation originel et programmatique, « Ordem e progresso », en l’occurrence l’autoritarisme mis au service de l’idéologie progressiste. On aura beau jeu de présenter la situation comme étant celle d’un pays souhaitant conserver sa souveraineté face à la pseudo ingérence d’un « oligarque » américain : concrètement, pour le peuple brésilien, il s’agit bel et bien d’un acte gigantesque de censure visant à entraver la liberté non seulement d’expression mais, aussi d’opinion et, surtout, d’information, étant entendu qu’Elon Musk dispose des preuves selon lesquelles, une nouvelle fois, comme partout désormais en Occident, la désinformation orchestrée par les institutions du pouvoir brésilien a favorablement influencé la captation électorale du pouvoir par le camp progressiste. Partout on retrouve ce même paradigme : on peut même parler de standardisation mondialisée de la captation du pouvoir et des mécanismes de censure que celle-ci implique.

Les révélations selon lesquelles de nombreuses élections auraient été influencées par des plateformes acquises idéologiquement au camp mondialiste/progressiste s’accumulent, s’amoncèlent partout, et, pourtant, cela n’entraîne aucun scandale majeur, aucun Watergate. À l’ère de la post-vérité, la réalité n’a pas d’impact : on la connaît, le public la connaît, tout le monde la connaît, mais il se développe une sorte d’indifférence à son égard. En ce sens d’ailleurs, le combat autour de la question des « fake news » et du couple désinformation/réinformation est presque déjà désuet dans la mesure où c’est la réalité elle-même qui ne compte plus : peu importent les faits puisque la connaissance de ceux-ci n’emporte plus de conséquences. À titre d’exemple récent, la révélation du scandale mondial majeur des Twitter Files et de la corruption ukraino-américaine via l’affaire Hunter Biden, révélation qui aurait, il y a 40 ans, déclenché un tsunami politique, n’a eu strictement aucun effet dans le réel. Prenons un autre exemple : il est désormais avéré que ce n’est pas la Russie qui a auto-détruit Nord Stream - ce que le simple bon sens indiquait à n’importe quel cerveau d’intelligence même basse laquelle ne semble pas avoir franchi le portillon d’entrée des chaînes dites d’information -, et pourtant, cette révélation qui était auparavant traitée de « complotiste » (autre bras armé de la captation du pouvoir par disqualification des points de vue divergents) n’a strictement rien changé au narratif dominant et encore moins entraîné de conséquences concrètes. Il s’est donc développé un régime d’indifférence à la vérité établie factuellement (la « vérité de fait » chère à Hannah Arendt), avec ce montage particulièrement pervers permettant aux désinformateurs/propagandistes de se proclamer eux-mêmes comme incarnant le « Cercle de la Raison », dont les autres seraient de facto exclus, ce qui est la traduction - dans un domaine épistémologique bancal - du « barrage républicain » ou encore de l’ « arc républicain » dans le domaine politique : on n’est jamais mieux servi que par soi-même et cela permet même de se servir dans la caisse (cf. le scandale du Fonds Marianne qui, là encore, n’emporte strictement aucune conséquence dans le réel…). Pratique.

La bascule vers la censure qui se propage partout dans le camp des démocraties libérales telle une trainée de poudre entraine quant à elle des réactions sur lesquelles il convient de se pencher un instant. Quasiment pas de réaction dans la presse mainstream, ce qui est lourd de sens, et pour cause : tout d’abord par porosité idéologique avec le pouvoir que cette presse soutient, promeut, et défend (le monde des médias a été presqu’unanimement muet pendant toute la détention politique barbare dont a été victime Julian Assange par exemple, quand il ne lui a pas explicitement craché au visage…). Mais aussi parce que le système de démocratisation de la pratique journalistique (le journalisme citoyen cher à Elon Musk) et la multiplication des contenus informationnels permise par les réseaux sociaux met en péril le monopole ainsi que le magistère dont disposaient jusqu’alors les journalistes dans ce domaine. Il y a là une connivence entre les médias et le pouvoir qui relève non plus de la soumission à ce dernier (certes existante) mais du partage de gâteau. On ne verra par conséquent pas les médias se soulever contre les atteintes à la liberté d’expression visant des réseaux qu’ils considèrent comme des concurrents.

Dans le cas d’un certain nombre d’observateurs critiques, concernant les attaques étatiques ou transétatiques contre les réseaux sociaux, on relèvera par ailleurs un certain embarras lié à la prégnance fréquente d’un antiaméricanisme d’atmosphère (par ailleurs assez compréhensible à certains égards) : ce prisme obsessionnel et élevé au rang d’analyse systémique empêche certains d’admettre que ce sont bien les États-Unis qui placent la liberté d’expression en tête et en priorité de tous les amendements de leur Constitution. Admettre qu’un grand patron d’entreprise américaine (en l’occurrence Elon Musk) puisse être profondément et d’une manière quasiment existentielle voire métaphysique attaché à la liberté d’expression, est pour beaucoup une opération mentale voire épistémique presque impossible. Ce serait admettre que le libéralisme, entendu dans toute l’extension de son sens étymologique, puisse comporter tout de même quelques vertus et cela fait bugger des systèmes d’analyses raidies sur une grille somme toute assez manichéenne. Ce serait également admettre que la Russie, la Chine, la Corée du Nord, l’Iran (membres non exhaustifs du fameux « Sud Global » tant vanté, pour de bonnes comme pour de mauvaises raisons) interdisent ces réseaux sociaux non pas seulement, comme ils le prétendent, pour empêcher l’intrusion d’entreprises du Grand Satan et au nom d’un respectable souci de souveraineté technologique, mais tout simplement parce que ces pays sont dirigés de manière soit autoritaire ou dictatoriale et sont intrinsèquement opposés à la liberté d’expression : là non plus il ne s’agit pas plus de souveraineté qu’il n’y a de beurre en broche, mais bien de captation du pouvoir au détriment du peuple.

Les prochaines élections présidentielles américaines représentent d’ailleurs de ce point de vue un enjeu majeur pour l’ensemble des démocraties occidentales, ce qui prouve bien qu’il ne s’agit pas principalement d’une question d’éventuelle ingérence étrangère. L’enjeu véritable de ces élections est bel et bien celui de la préservation des libertés fondamentales (expression, opinion, etc.) et c’est seulement en amputant massivement celles-ci au détriment du peuple américain que le Parti de la Guerre pourra poursuivre ses activités aux quatre coins du globe: au regard de ce qui se produit et des appels à la censure émanant du camp progressiste/démocrate (désormais greffé de centaines de conservateurs pro-guerre), on peut raisonnablement penser qu’une victoire de ce dernier représentera le cas échéant le moment de bascule générale des démocraties occidentales (avec adhésion obligatoire au narratif progressiste) vers un autoritarisme plus ou moins dictatorial selon les colorations locales. L’extension mais aussi la panique existentielle qui s'est emparée des régimes progressistes et mondialistes entraîne ainsi, en retour, en quelque sorte dans une boucle de rétroaction et d’amplification, une mondialisation inédite et remarquable des mécanismes de censure et c’est à cela que l’on est en train de commencer à assister d’où le sentiment oppressant de faire face à un monstre systémique auquel il va être difficile d’échapper.

Mais peut-être faut-il que les peuples soient complètement plongés dans le noir pour qu’enfin ils réalisent pleinement ce à quoi ils font face, peut-être faudra-t-il donc en passer par cette bascule pour que s’engage ensuite la reconquête des souverainetés.

PHYSIOGNOMONIE D'UN RÉGIME AGONISANT

Gabriel Nerciat

Cela fait un demi-siècle, depuis la mort de Georges Pompidou et l'élection de VGE, que tous les sept ou cinq ans un énarque, ou à défaut un notable, maire d'une grande ville de province (voire un simple prof d'économie agréé par Bruxelles comme Raymond Barre ou DSK), vient briguer les suffrages de la prochaine élection présidentielle avec comme seul et unique programme de faire perdurer encore quelque temps le régime social-libéral, européiste, technocratique, atlantiste et usé jusqu'au trognon qui a ravalé la France, naguère première puissance stratégique et nucléaire du continent et quatrième économie exportatrice du monde, au niveau d'un vulgaire vassal des États-Unis, endetté jusqu'au cou, ruiné comme un aristocrate déchu sous la Monarchie de Juillet, et astreint telle une ancienne colonie d'Afrique à verser chaque année un tribut de plusieurs dizaines de milliards d'euros à la Commission de Bruxelles et aux oligarchies bancaires apatrides détentrices des titres du Trésor de l'État.
Apparemment, les Français, surtout les plus âgés et les mieux lotis, adorent ce type de personnages et de projet.
Seule source d'espoir : au fur et à mesure que se succèdent les candidats, leur avachissement physique de plus en plus dégradé laisse transparaître presque charnellement le niveau de délabrement intellectuel et de corruption interne que cinquante ans de pouvoir sans alternance ont suscité en eux.
Et surtout, qu'on ne vienne pas me dire qu'il ne faut pas se moquer du physique des gens ou de leurs champignons épidermiques.
Comme disait Léonard, passé quarante ans tout homme est responsable de son visage, et la laideur ou la beauté ne sont jamais, dans le domaine politique, que l'expression irréfutable d'une souveraine ordalie.

3 septembre 2024

La question tragique de l’institution présidentielle

Maxime Tandonnet

2/9/2024 - Un personnage public est rémunéré par prélèvement sur les finances du pays pour œuvrer au bien public. Quand il devient nuisible se pose forcément la question de sa pérennité. La personnalité de l’actuel occupant de l’Élysée n’est pas seule en cause, je suis désolé de le dire, mais ce serait trop facile. S’en tenir à l’allergie personnalisée envers l’actuel occupant de l’Élysée est absurde et de courte vue. La gauche extrémisée demande sa destitution. Mais pour mettre qui à la place ? Je regrette de devoir dire cela mais ceux qui pensent qu’un Mélenchon ou une Le Pen ou tout autre à l’Élysée feraient moins mal, moins atrocement mal, sont des imbéciles. Le processus de l’effondrement est désormais connu. Un personnage assez médiocre, intellectuellement et moralement mais d’une vanité hors norme, se voit promu roitelet par un matraquage médiatique indécent. Alors il est élu par défaut, parce que les médias l’ont promu à ce moment et qu’il n’y en a pas d’autre, sur la base de gesticulations, d’une belle gueule de grimaces et de belles promesses. Le passage de l’extrême médiocrité intellectuelle et morale au statut de roitelet élyséen lui fait perdre complètement la tête – je le répète, au-delà de la personnalité de l’actuel. Dès lors, il se prend pour une sorte de phénix national, gourou suprême ou quasi dieu. Il perd tous les repères du bon sens comme une girouette devenue folle. Plus rien ne l’arrête, aucune limite ou conscience du bien et du mal. Une vanité paroxystique est son seul guide. Et son comportement exubérant plonge le pays dans le chaos et la calamité – ou aggrave le chaos et la calamité. Comment sortir de cette tragédie ? C’est très difficile car personne n’en a vraiment conscience et les politiques sont béats d’admiration devant un modèle qu’ils rêvent de conquérir à leur profit. Alors, on pourrait imaginer une république pure, sur le modèle de 1793, sans président de la république – autre que le peuple souverain, le référendum, des représentants du peuple destituables ; ou bien une monarchie constitutionnelle sur le modèle britannique, hollandais ou espagnol – loin de la perfection mais qui nous épargne au moins le grotesque des gesticulations élyséennes et le chaos qui s’ajoute au chaos ; ou encore une république avec un président constitutionnel et arbitre discret sur le modèle français de la IIIe République quand elle fonctionnait à peu près (jusqu’à 1920), en l’améliorant pour limiter l’instabilité. Un président de Ve République ne convient qu’à des hommes d’État exceptionnels qui placent le destin de la France avant le leur et qui démissionnent quand ils ont perdu la confiance. Ce temps est révolu. Le système était fait pour de Gaulle, non pour quiconque d’autre. En finir avec la comédie actuelle qui plonge la France dans l’ignominie, le ridicule, le chaos et la destruction.

1 septembre 2024

Régis de Castelnau

Rubrique : usurpation

LFI a donc mis sa terrible menace à exécution et lancé la procédure de destitution d’Emmanuel Macron en application de l’article 68 de la Constitution. Cela n’ira nulle part, il y avait pourtant des motifs pour virer ce type.
Débarrasser la France, d’un irresponsable de ce calibre est désormais une urgence.

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ESPRIT CRITIQUE ET COMPLOTISME : NE VOUS LAISSEZ PAS MANIPULER

Marc Amblard

1/9/2024 - L’esprit critique est une posture intellectuelle que nous impose la sagesse. Tenter de la faire passer pour une déviance (le complotisme) est une manipulation profondément perverse.
C’est en réalité tout le contraire. L’esprit critique implique devant toute information une phase de validation préalable : le message qu’on m’adresse est-il correct ? Est-il conforme aux faits réels ? Se peut-il qu’il soit biaisé ?
Je dois faire mienne l’idée qu’il y a potentiellement un risque de déformation en raison même de la nature de chacun des transmetteurs qui l’ont véhiculé jusqu’à moi.
S’impose alors l’impérieux devoir de confronter le message à d’autres sources d’information pour en vérifier la cohérence et la compatibilité.
Attention, le doute que l’esprit critique engendre ne revient pas à imaginer des scénarios délirants ou des conspirations démoniaques. Non, il consiste simplement à soumettre l’information à un test de cohérence avant de l’accepter et de la ranger dans un tiroir de sa conscience.
Cette capacité à remettre en question toute forme d’information n’est finalement qu’une manifestation de notre intelligence. Sur ce point, soyons clairs : prendre systématiquement pour acquis ce qu’on nous transmet, fut-ce par l’école, le gouvernement ou les médias, ce n’est pas de l’intelligence mais de l’obéissance.

LE FUTUR PREMIER MINISTRE N'EXISTE PAS

Gabriel Nerciat

31/8/2024 - Je n'arrive pas à comprendre pourquoi tout le monde fait de Cazeneuve le favori pour Matignon.
Non seulement il ne dispose pas plus que les autres prétendants d'une majorité relative de parlementaires susceptible de le laisser gouverner (la moitié au moins des députés PS reste fidèle au NFP, et à droite on voit mal pourquoi Wauquiez et Retailleau accepteraient d'aider Macron à sortir de l'impasse où il s'est mis en négociant un improbable pacte de gouvernement avec l'ancien ministre de l'Intérieur) ; mais en plus, proche collaborateur de François Hollande, il incarnerait mieux encore que Xavier Bertrand ou Jean-Louis Borloo le retour de l'ancien monde "UMPS", que Macron en 2017 prétendait balayer à son profit.
Si le Banquier Président était déjà suffisamment orgueilleux, du temps de sa superbe, pour ne pas supporter à ses côtés la présence d'un Manuel Valls ou d'une Ségolène Royal, a fortiori une cohabitation avec Bernard Cazeneuve constituerait pour lui, chaque mercredi, une humiliation intolérable.
Sans compter que les Français en juin-juillet dernier n'ont absolument pas voté dans le sens d'un retour de la vieille social-démocratie sépia et faisandée de papa Delors ou de grand-papa Auriol.
La vérité, on la connaît en fait depuis deux mois : personne ne peut être nommé Premier ministre par le président actuel.
Le macronisme ayant été clairement par deux fois désavoué dans les urnes, alors même que la dissolution surprise posait une question de confiance à un seul tranchant, aucun membre du bloc d'extrême centre (y compris Bayrou) ne peut décemment être envoyé à Matignon - ce dont le perfide Gabriel Attal s'est empressé de se dire persuadé.
Un Premier ministre LR, comme le réclame Sarkozy, est tout aussi impensable : le parti de Jacques Chirac et d'Alain Juppé est de tous celui qui a obtenu le score le plus minable (sans l'aide de Mélenchon, d'Attal et du pseudo-Front républicain, il y aurait aujourd'hui moins d'une vingtaine de députés LR au Palais-Bourbon).
La folle de Lucie Castets, n'en parlons même pas : elle serait décapitée par une motion de censure avant même d'avoir fait ouf.
Reste la seule hypothèse viable sur le papier, mais sur le papier seulement : le gouvernement technocratique à l'italienne, avec par exemple Michel Barnier à sa tête.
Mais outre que cet expédient anti-démocratique est totalement contraire à l'esprit des institutions de 1958, il dépendrait pour son succès de l'approbation au moins provisoire de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon.
Et on voit mal comment un technocrate du genre Castex ou Migaud réussirait à tirer son épingle du jeu face à une Chambre massivement hostile, dans le cadre d'une politique d'austérité ruineuse qui exigerait d'être incarnée par un homme politique au plein sens du mot.
Bref, Macron ne peut nommer personne à l'Hôtel Matignon, sinon des fantoches bureaucratiques (voire des notables de province comme Estrosi ou Delga) qui seront très vite balayés par le vent.
Et comme il est seul responsable de l'échec désormais consommé de ses deux mandats, c'est lui et lui seul qui devra en payer le prix.
Ce qu'exige déjà, selon les sondages, un Français sur deux.
Tout le reste est (mauvaise) littérature.

31 août 2024

Transgression et anomie dans la politique française

Maxime Tandonnet


31/8/2024 - Transgression : viol d’une loi ou d’une règle d’un principe de la vie en société. Anomie : perte des repères intellectuels ou moraux. Les deux vont de pair. En ce moment, la politique nationale est rongée par l’impuissance, l’incapacité chronique à améliorer la vie des Français et à préparer l’avenir. De mandat en mandat, depuis une quarantaine d’années elle ne fait que cumuler les échecs et les déceptions. Les raisons en sont bien connues : le pouvoir s’est dépossédé de ses leviers d’action, par la judiciarisation de la vie publique, les transferts de compétences à Bruxelles ou ailleurs…

Et puis, ayant intériorisé cette incapacité à faire bouger les lignes, le pire de tout est qu’il y a renoncé au fond, il a démissionné. D’où la fuite dans la communication : paraître, faire semblant d’agir. Tout ceci est bien connu.

Mais en ce moment, une nouvelle tendance se dessine. La communication, le bavardage intempestif ou les gesticulations ne suffisent plus pour faire illusion. C’est comme l’accoutumance à l’héroïne ou la cocaïne : il en faut toujours davantage. Alors, au-delà de la com’, l’heure est à la transgression : violer la règle ou le principe pour créer un effet de sidération. Rien ne les arrête, aucune limite morale ou intellectuelle. Trois exemples :

M. Ciotti, président de LR, qui accomplit l’impensable : passer à l’adversaire lepéniste tout en restant président d’une formation qui lui a fait confiance, en emportant avec lui la marque du parti, ses finances, son identité… Bien sûr la trahison est à la mode en ce moment, mais là nous avons eu la trahison suprême, la trahison des trahisons…

Autre transgression incroyable : le NFP, autrement dit la gauche radicalisée, qui tente d’imposer par la menace de la rue une première ministre pure techno associée à la catastrophe de la gestion de Paris, jamais élue, n’ayant jamais rien prouvé de positif, uniquement connue pour la radicalité de ses positions. Pour des prétendus démocrates de gauche, cette pirouette ou coup du magicien sans le moindre égard envers la volonté populaire - techno jamais élue - relève du mépris le plus caractérisé du suffrage universel. La mode aussi…

Enfin, depuis 45 jours, la France n’est pas gouvernée, elle n’a pas de gouvernement. C’est du jamais vu ni pour la Vème ni pour la IIIème ni pour la IVème. Cela signifie : ma splendeur jupitérienne vous suffit, braves gens, vous vous passerez d’un gouvernement aussi longtemps que je le voudrai, et rien à faire des articles 20 et 21 de la Constitution. Anomie et transgression sont devenues les deux mamelles de la politique française. En politique nationale, elles ne valent pas mieux que l’ensauvagement dans la rue. Exemplarité, exemplarité… C’est exactement de la même nature.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/08/31/transgression-et-anomie-dans-la-politique-francaise/

30 août 2024

Julie d'Aiglemont

Chronique du vingt-huitième d'août en l'an vingt-quatre de la Grande Dissolution

La Startupnéchionne était fille ainée de l'Église du Saint-Capital et de la Sainte-Phynance réunies, il était bon que les gueux et les gueuses s'en souvinssent. C'était en substance ce que Notre Fanatique Disciple venait de faire savoir en écartant d'un revers de main la candidature de madame Fin-du-Castetus au poste de Premier Grand Chambellan. Le baron d'Ilyapludun-Analafoir, qui avait succédé à monsieur d'Avou de Baissélézieux à la tête de la Guilde des Maitres des Forges, en était fort satisfait. Il félicita le Roy et fit savoir aux gazetiers et gazetières en pâmoison que les Riens et les Riennes n'avaient en rien désavoué la politique économique du Monarc, laquelle avait permis aux Très-Riches de s'enrichir inconsidéremment. Sa Sélective Générosité les gavait des deniers publics sans leur demander le moindre liard en contrepartie. La Dissolution était intervenue pour maintenir cet ordre de la Nature. Les Haineux, que certains et certaines avaient craint de voir arriver aux affaires, étaient des zélotes de l'Église du Saint-Capital, quoiqu'ils eussent prétendu le contraire afin de s'attirer les suffrages de celles et ceux qui s'entêtaient encore et contre tout à voir dans le pauvre étranger leur ennemi mortel.
Le bon duc de la Béarnaise avait déjeuné avec le Roy. N'était-il point le candidat idéal pour être tout en même temps Premier Grand Chambellan, et Premier Chanoine de l'Église du Saint-Capital, celui que le baron d'Ilyapludun-Analafoir appelait de tous ses vœux ? Le duc avait toujours eu de ces manières onctueuses, qu'on voyait ordinairement chez les prélats de l'Église de Rome. Madame la baronne de la Datte alla se moquer de la Faction de la Plèbe qu'elle accusait d'avoir fomenté un coup d'État. Elle usait de tout son entregent pour convaincre le baron du Veauquié et le baron de Taiaut-Taiaut de se ranger derrière le Roy.
Notre Turpide Foutriquet avait d'autres chats à fouetter que de nommer un Premier Grand Chambellan. Il lui fallait encore inaugurer les Olympiades des Paralytiques, recevoir quelques cousins couronnés et enfin s'envoler dans les airs dans son aéroplane afin de gagner un royaume des Balkans, d'où il ne manquerait point de s'adresser à ses vils sujets afin de les morigéner sévèrement.
Les Chambellans qui ne l'étaient plus l'étaient encore. Ainsi la bonne baronne d'Otetoidla-Castoidla, qui déclara ingénument - comme elle en avait de coutume - être "à fond" pour les Olympiades des Paralytiques. "Je ne ressens pas un statut de démissionnaire." Nul ne songea à lui demander si elle avait eu à soigner quelques embarras après son plongeon dans la Seyne le mois précédent. La Gazette de monsieur Plenus Mustachus avait révélé que l'eau du fleuve était à ce moment précis fort peu convenable pour y barboter.

Jean-Dominique Michel

La place des escrocs de la science comme Mathieu Molimard, Gilbert Deray, Antoine Flahault, Karine Lacombe (etc.) est en taule !
Alors que c'est France-Soir, le seul titre historique de la presse française à avoir diligemment et honnêtement informé la population, qui est attaqué par la dictature macronienne et ses sbires des médias prostitués...
Émission du 27 août 2024

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Gastel Etzwane

Philippe Katerine, chanteur de sinistre mémoire depuis la cérémonie des J.O., dont on a découvert qu’il collectionnait ses propres excréments dans des boîtes Tupperware, devient chroniqueur régulier sur France Inter. Pour sa première, il était entièrement nu dans les studios.
On n’est plus à ça près sur cette radio, hélas, financée par notre argent.
Tous ces gens peuvent faire ce qu’ils veulent de leur corps, raconter tout ce qu’ils veulent, mais qu’ils le fassent avec de l’argent privé dans des lieux privés.
Je ne suis pas choqué, je lisais hara-kiri à la grande époque du professeur Choron. J’en ai seulement ras-le-bol que tous ces imbéciles nous soient imposés et qu’on doive considérer cela comme la nouvelle normalité. En plus, il n’y a pas l’ombre de talent dans tout ça ; c’est médiocre.