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10 septembre 2024

Jean Mizrahi

9/9/2024 - Emmaüs annonce aujourd'hui vouloir effacer son nom de son organisation. Je trouve cette méthode détestable. En dépit de tous ses défauts, l'abbé Pierre a joué un rôle essentiel dans la prise de conscience de la grande pauvreté dans notre pays. Personne n'est parfait, il aura eu ses très mauvais côtés, mais il aura aussi démontré un courage estimable. On ne peut pas effacer ainsi le rôle joué par cet homme qui par certains aspects reste un exemple. Le manichéisme qui caractérise notre société est dangereux car il interdit toute nuance, c'est la meilleure recette pour arriver au totalitarisme. Il ne faut pas dissimuler les problèmes, mais ne pas oblitérer non plus les mérites.

Tiephaine Soter

10/9/2024 - Mon séjour à Rome se poursuit, intensément. Je pense que j'ai dépassé le stade du syndrome de Stendhal de l'historien, parce que je n'ai plus vraiment la migraine et je dors mieux.
Cela étant dit, je ne pensais pas, en me plongeant dans l'histoire ancienne, voir des débats aussi contemporains. Malgré toute notre technologie, nous en sommes au même point qu'il y a 2000 ans. J'avais déjà abordé le sujet quand je voyageais à Athènes et que je vous parlais des philosophes platoniciens et aristotéliciens, en vous expliquant comment les idées anciennes étaient toujours là, sans cesse recyclées, eh bien c'est la même chose en économie sociale.
Toute la république romaine, à partir du IIIe siècle av. J.C., est traversée par la question agraire, en réalité la question de la redistribution des richesses. Les conquêtes romaines dans la péninsule italique avaient généré d'énormes revenus, ainsi qu'un énorme butin, dont l'essentiel était accaparé par les classes oligarchiques de Rome. Le phénomène s'était aggravé, puisque comme on dit "l'argent attire l'argent" (il est plus facile de créer des gros revenus quand on a déjà beaucoup d'argent, c'est à peu près impossible sous un certain seuil, qui définit une pauvreté perpétuelle dont on ne peut plus s'extraire), si bien que la classe moyenne avait pour ainsi dire disparu au moment de la destruction de Carthage, en -146. D'un côté, il y avait quelques immenses fortunes, de l'autre, une immense majorité de citoyens réduits à la pauvreté, qui n'avait plus d'autre choix que de s'exiler dans les villes où étaient établis certains dispositifs de soulagement de la misère (on est avant le système "panem & circenses", qui sera de facto mis en place quelques décennies plus tard).
Le système tenait tant bien que mal, jusqu'à ce que des démagogues décident d'accaparer le pouvoir pour eux-mêmes et multiplièrent les atteintes à l'ordre "constitutionnel" de séparation des pouvoirs. Pour soutenir leurs entreprises qui violaient les lois, ils faisaient appel au soutien populaire, en jouant sur des distributions de terres (la plupart du temps annulées) et des subventions sur les prix du blé (elles aussi souvent temporaires, en tout cas assez limitées). Le tout foutait un bordel monstrueux dans l'économie romaine, et causait des conflits entre classes de citoyens qui jusque-là avaient des intérêts communs (malgré la pauvreté rampante, il n'y avait que peu de misère, le niveau de vie des citoyens pauvres à Rome était nettement plus favorable que celui de certains citoyens de classe moyenne dans les villes de provinces).
Les conséquences ? Très simples : une déliquescence sans précédent des mœurs, sur fond de violences politiques qui dégénéraient en guerres civiles et en massacres à faire pâlir la Saint Barthélémy, combinées à des révoltes spontanées et localisées, et qui s'étalèrent sur 50 ans avant que la république ne soit abolie et que le régime impérial prenne le relais.
Mais n'allez pas croire que le régime impérial a fait mieux : ça a été la même chose. L'Empire n'a fait qu'un "reset" du système économique républicain, et s'est effondré encore plus rapidement, en raison des invasions barbares, de la chute vertigineuse de la démographie, et de la défiance citoyenne envers un système politique qui ne leur donnait aucun pouvoir d'influence réel. Il était devenu plus sûr pour assurer son avenir de devenir fonctionnaire que de travailler, et l'oisiveté, pauvre ou rentière, était plus simple que le travail productif sur lequel pesait l'essentiel des taxes qui asphyxiaient l'économie.
L'Histoire est un cercle.
C'est désespérant.
« Il y a une forme de tristesse qui naît du fait de trop savoir, de voir le monde tel qu’il est vraiment. C’est la tristesse de comprendre que la vie n’est pas une grande aventure, mais une succession de petits moments insignifiants, que l’amour n’est pas un conte de fées, mais une émotion fragile et passagère, que le bonheur n’est pas un état permanent, mais un aperçu rare et fugace de quelque chose auquel on ne peut jamais s’accrocher. Et dans cette compréhension, il y a une profonde solitude, un sentiment d’être coupé du monde, des autres, de soi-même. »

Virginia Woolf

9 septembre 2024

Tatiana Ventôse

Michel Barnier n'est pas "juste un vieux random des Républicains"

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Réflexion sur le fondement démocratique de l’expérience Michel Barnier à Matignon

Maxime Tandonnet


9/9/2024 - Samedi 7 septembre ont eu lieu des manifestations de gauche contestant le fondement démocratique de la nomination de M. Barnier à Matignon qualifié de « coup de force ». Elles auraient réuni 300 000 manifestants selon les organisateurs. Que faut-il en penser?

Le principal argument des manifestants tient au résultat des législatives des 30 juin et 7 juillet 2024. Avec 183 députés, la coalition de gauche dite NFP dispose du plus grand nombre de parlementaires, devant Ensemble 168 et RN 143. Même bien loin de la majorité absolue (289 députés), la gauche unie, en tête par le nombre de députés, aurait ainsi vocation à désigner un premier ministre issu de ses rangs.

Or, ce raisonnement n’est pas conforme à la tradition républicaine. En démocratie, dans la tradition française, la majorité relative n’est pas un critère de choix du gouvernement. Si une coalition dispose de 50%+1 une voix, évidemment le premier ministre doit être issu de ses rangs. Mais le fait de revendiquer le plus grand nombre de députés minoritaires, dans un contexte fragmenté, ne crée pas un droit à exercer le pouvoir.

Dans l’hypothèse d’une Chambre émiettée, sans majorité nette, le choix du chef de gouvernement et du gouvernement est toujours fondé sur la recherche du moins mauvais équilibre possible pour lui permettre de n’être pas mis en minorité et de durer aussi longtemps que possible en évitant la censure. Il est parfaitement normal de choisir le premier ministre ayant le moins de chance d’être censuré et donc de puiser un gouvernement dans une logique de quête d’un équilibre central par-delà les coalitions et les partis.

Ainsi, lors des élections du 10 novembre 1946, le parti communiste et ses alliés obtenaient 182 députés, le MRP (centriste) 162 et la SFIO (socialiste) 102. Le chef de gouvernement désigné fut pourtant Léon Blum de la SFIO (Léon Blum, icône de la gauche historique, n’a pas refusé la présidence du Conseil !).

D’ailleurs, si le RN, par un basculement de quelques sièges, l’avait emporté en nombre de députés en 2024, obtenant une prétendue majorité relative, tout en étant à cent lieues de la majorité absolue, les mêmes manifestants auraient-ils réclamé pour lui le droit à gouverner ?

La nomination de Michel Barnier est donc irréprochable sur le plan de la logique du fonctionnement parlementaire. En revanche, elle soulève évidemment une question de fond au regard de la perception de la démocratie par l’opinion.

Le Premier ministre est issue d’une formation qui a obtenu environ 7% des voix lors des deux tours des législatives, contre 33% au RN, 28% au NFP et 22% à Ensemble (macronistes). Si cette nomination est parfaitement légale et conforme aux principes républicains, nonobstant les protestations du 7 septembre, la question de sa légitimité populaire se pose en effet.

Disons que le fondement de l’accession au pouvoir de Michel Barnier relève de la légitimité historique plutôt que démocratique. Elle résulte des circonstances, des événements – l’effondrement d’un chef de l’État, un profond chaos politique, un pays en perdition – et non d’un choix populaire. (Le 30 juin 1958, de Gaulle n’est pas revenu au pouvoir à la suite d’une élection mais d’une profonde crise de régime.)

L’enjeu, pour Michel Barnier, est de transformer cette légitimité historique, de l’ordre de l’événementiel, en légitimité populaire – ou popularité qui compenserait le manque d’assise démocratique à la base.

La clé du succès tient à sa capacité à tenir tête à l’Élysée, à rassurer par sa personnalité, à donner un visage radicalement différent de l’autorité politique, à engager les réformes attendues des Français sur la sécurité, l’immigration, l’école, les finances et les services publics. Surtout, à bannir la folie de la communication narcissique pour recentrer la vie publique sur l’intérêt général.

À ce niveau, je me répète : les chances de succès sont évidemment réduites dans un contexte aussi difficile et piégé mais le coup mérite d’être tenté et d’ailleurs, quel autre choix que de tenter d’y croire, pour le pays ?

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/09/09/reflexion-sur-le-fondement-democratique-de-lexperience-michel-barnier-a-matignon/
Vincent Verschoore

9/9/2024 - L'EuroSoviet veut imposer le véhicule électrique aux Européens à travers une propagande "écolo" et, surtout, la menace d'importantes amendes envers les constructeurs de véhicules s'ils n'atteignent pas la cible imposée pour 2030, en gros un véhicule thermique pour quatre EV.
Côté consommateur, il devait y avoir d'importantes primes à la casse thermique et à l'achat d'EV, aujourd'hui sévèrement rabotées du fait de la réalité économique catastrophique.
Dans les faits :
"Toute l'industrie automobile européenne est dans une situation très sérieuse" a prévenu Oliver Blume, le PDG du groupe Volkswagen. Chef de file du premier constructeur automobile européen, et deuxième mondial, Blume a annoncé la possible fermeture d'usines dans son berceau allemand.
Deux jours plus tard, le suédois Volvo fait marche arrière et renonce à son objectif de passer au tout électrique d'ici 2030. La marque prolonge le développement de ses modèles hybrides face à un marché de l'électrique qui reste à plat.
Hier, c'était Toyota qui a confirmé réduire d'un tiers ses objectifs de production mondiale de véhicules électriques pour 2026.
C'est incontestable : en cette rentrée, le marché automobile ralentit et les véhicules électriques perdent considérablement de leur attractivité."
La disparition des aides étatiques, la hausse des prix de l'électricité, le prix des véhicules, le manque flagrant d'infrastructure, et sans doute la réalisation par une partie du public du très faible degré "écologique" réel des EV, alimentent une diminution importante de la part de marché EV en véhicules neufs.
Selon Lucas de Meo, PDG de Renault, récemment sur France Inter :
"On est en train de préparer 2025 maintenant parce qu'on prend les commandes pour les voitures qu'on va livrer. Et là, selon nos calculs, si l'électrique reste au niveau d'aujourd'hui, l'industrie européenne va peut-être devoir payer 15 milliards d'euros d'amende ou renoncer à la production de plus de 2,5 millions" d'unités, a-t-il expliqué.
"Il faut qu'on nous donne un peu de flexibilité", a-t-il plaidé. "Mettre simplement des échéances et des amendes sans avoir la possibilité de flexibiliser ça, c'est très dangereux."
En août, l'électrique ne représentait que 12,5% du marché automobile européen, avec une baisse de 10,8% des ventes sur un an.
Le dirigeant de Renault a aussi souligné l'importance du marché électrique pour les projets industriels européens de fabrication des batteries.
"Si les voitures électriques ne se vendent pas, ces projets là ont des difficultés", a-t-il mis en garde.
De fait, les immenses usines de fabrication de batteries ont bien du mal à sortir de terre, alors que certains commencent à comprendre que l'intensification de l'extraction minière requise pour alimenter ce marché est quand même très difficile à réconcilier avec une quelconque "écologie" : c'est juste une nouvelle opportunité pour le grand capital, celui-là même qui dicte aux von der Leyen, Macron et Cie leurs feuilles de route.


Jak Umbdenstock

Michel Barnier : l’effervescente mollesse de l’extrême centre antilibéral

H16

9/9/2024 - Voilà, c’est fait : après deux mois d’atermoiements et de “consultations” aussi théâtrales qu’inutiles, Macron a fini par désigner Michel Barnier comme nouveau premier ministre en remplacement du stagiaire Gabriel Attal qui venait pourtant tout juste de maîtriser la photocopieuse au rez-de-chaussée.

Comme on pouvait le prévoir depuis la dissolution et les résultats en demi-teinte des élections législatives de Juin, la nomination de ce vieux cacique de la droite centriste a provoqué une cataracte de larmes de gauchistes : instantanément, les castors cocos se sont transformés en castors cocus, les poussant à alimenter tous les réseaux sociaux de leur amertume devant une issue qui était pourtant aussi prévisible qu’amusante.


Eh non, l’opération de communication artificielle et tonitruante de la gauche pour propulser une comptable de la Ville de Paris comme candidate au poste de Premier ministre n’a pas fonctionné. Lucie Castets va pouvoir retrouver les locaux douillets de la Mairie et ses conversations à la machine à café dont on se doute qu’elles vont être un temps plus animées, avant de se fondre à nouveau dans l’anonymat qu’elle n’aurait probablement jamais dû quitter. Gageons cependant que les petits marquis du NFP sauront faire durer le plaisir et qu’on n’a pas fini de voir revenir son nom tant l’énarque grisonnante colle bien au politiquement correct du moment.


Pour beaucoup, Barnier semble avoir été choisi après de longues tractations entre les différents partis politiques et le chef de l’État.

En pratique, il n’en est rien et il est même à parier que sa nomination était dans les tuyaux dès les résultats du second tour consolidés. Les deux mois qui ont suivi ont été essentiels pour Macron afin de garantir que l’arrivée de Barnier à Matignon se passe dans des conditions favorables avec le moins de grincements de dents possibles.

Ainsi, l’étape Cazeneuve est assez typique d’une manœuvre politique classique destinée, ici, à diviser les rangs du NFP (ce qui a assez bien fonctionné, reconnaissons-le). Le pauvre Bernard n’avait en réalité aucune chance d’être nommé, tant par le fait qu’il hérissait une partie de la gauche que par le fait que Macron ne veut pas toucher à la dernière réforme des retraites. Tout comme le théâtre Castets a fait miroiter aux militants de gauche une chimérique capacité du NFP a imposer quelqu’un et les a distrait comiquement pendant deux mois, le théâtre Cazeneuve a permis de garantir un Premier ministre hors du bloc de gauche et notamment des excités de LFI rapidement devenus encore plus infréquentables que le RN (belle performance au passage).

De ce point de vue, difficile de ne pas comprendre que Mélenchon a ici agi dans le meilleur intérêt de Macron, d’autant plus facilement que nos deux compères s’entendent très bien en coulisse. Si l’on y ajoute les efforts d’Alexis Kohler (le secrétaire de l’Élysée) pour pousser le nom de Barnier depuis plusieurs mois (en pratique, ce nom circulait déjà en 2022), on comprend que placer l’ex-commissaire européen à Matignon n’avait rien d’une surprise.

Quant à la politique qu’il mènera, il n’y a aucune chance qu’elle surprenne : il a été pris précisément pour sa capacité à continuer à plumer les oies françaises en limitant leurs cris, et c’est d’ailleurs ce qu’il a clairement exprimé dans ses premières prises de paroles publiques.

Ainsi, les cris d’orfraie de toute la gauche qui éructe sur l’ultralibéralisme de Barnier donnent une bonne indication de la direction générale que prendra le gouvernement : étatiste standard pétri du socialisme mou dont tous les politiciens français font usage dès lors qu’ils sont au pouvoir, il a déjà amplement montré sa volonté de ne surtout pas s’approcher, même de loin, de quelque libéralisme que ce soit tant en matière politique qu’en matière économique ou même sociale.

En réalité, ses petites phrases sur une volonté de faire revenir la sécurité en France, d’y contrôler l’immigration ou de vouloir corriger les problèmes économiques liés à la dette doivent se comprendre dans le cadre mental d’un fonctionnaire français hyper-consensuel, à l’extrême centre et politiquement correct au point de frôler le suicide, c’est-à-dire qu’absolument rien ne sera fait concernant ces domaines et qu’il fera absolument tout son possible pour maintenir le statu quo.

Il suffit pour le comprendre d’écouter ses déclarations sur la situation économique, qu’il juge (à raison) très grave, mais qu’il embourbe immédiatement dans une notion de “dette écologique” ridicule qui permettra absolument toutes les pirouettes budgétaires, y compris les plus néfastes et délirantes.


Le seul avantage de Barnier – que ce dernier a d’ailleurs poussé sans difficulté lors de la passation sur le perron de Matignon – est son expérience et une meilleure connaissance des us et coutumes politiques françaises, ce qui permet de remettre un blanc-bec à sa place sans que ce dernier ne puisse moufter. Au-delà de cet aspect, Barnier sera essentiellement à la tête d’un gouvernement technique, gérant les affaires courantes et ne pouvant, de fait, se lancer dans aucune réforme un tant soit peu couillue sans risquer une censure rapide des deux tiers de l’Assemblée.

Eh oui : les marges de manœuvre gouvernementales sont nulles et l’auraient été tout autant avec le clown Cazeneuve, la potiche Castets ou n’importe quel autre dessert lacté que Macron aurait eu la fantaisie de nommer ; les caisses de l’État sont vides, les dettes abyssales et la situation économique catastrophique.

Aucune réforme possible d’un côté et un budget auquel il manquera (au bas mot) 60 milliards d’euros de l’autre ? Il n’y aura donc – si l’on écarte le défaut de paiement, toujours possible – qu’une pluie d’impôts et de taxes qui permettra de résoudre l’équation. Cela tombe bien, c’est ce qu’explique Barnier lorsqu’il explique envisager une “plus grande justice fiscale” : cette dernière étant une chimère socialiste qui n’a jamais été utilisée que pour tabasser fiscalement les classes moyennes, on sait d’ores et déjà que le nouveau Premier ministre va… tabasser fiscalement les classes moyennes.


Parallèlement, comme la gauche – et surtout l’extrême-gauche – ne voudra absolument rien laisser passer, le pays peut déjà se préparer à une période de manifestations plus ou moins violentes inclusives, des grèves paralysantes éco-responsables et des blocages divers et variés.

Même si la participation microscopique aux dernières gesticulations du week-end donnent une bonne idée de la force réelle de cette extrême-gauche effervescente, même si une partie de la gauche serait sans doute prête à des compromis pour faire avancer les choses, il est garanti que les excités de LFI et de cette partie de la population qui bénéficie de l’État providence (médias, syndicats, étudiants, lycéens et artistes, notamment) ont tout intérêt à continuer à s’agiter et à réclamer une destitution voire un changement de régime : après tout, Macron a durablement fusillé toute crédibilité des institutions, et les gauchistes ont toujours été réputés pour leur capacité à s’emparer du pouvoir par la force lorsque celle-ci abandonne les autorités en place.

Dans ce contexte, Macron pourrait avoir du mal à tenir encore dix mois avant la prochaine fenêtre possible pour une nouvelle dissolution : entre les problèmes budgétaires, sociaux et politiques, le locataire de l’Élysée apparaît de plus en plus coincé, et de toute façon, vu la direction prise, quoi qu’il fasse maintenant, ce pays est foutu.


https://h16free.com/2024/09/09/78590-michel-barnier-leffervescente-mollesse-de-lextreme-centre-antiliberal

8 septembre 2024

Alexis HAUPT

Orwell, Huxley, et nous

"Discours de la servitude intellectuelle - De la soumission intellectuelle au déni de tyrannie" - Ed. de l'Alchimiste

4ème de couverture :
« Intégré dans un groupe à l’idéologie commune et prenant aveuglément pour argent comptant le récit de l’autorité, l’individu soumis intellectuellement délègue son esprit critique à ladite autorité. Il n’existe plus en tant que sujet pensant, mais en tant que cellule d’un corps qui le dépasse. Il ne pense plus, ne doute plus, n’ose plus savoir, il est emporté par une force supérieure, il suit le mouvement du corps. Ce transfert d’identité intellectuelle à l’autorité le rassure. D’abord parce qu’il se sent appartenir à un groupe, ensuite parce qu’il se met dans le camp de l’autorité, et enfin parce qu’il ne se sent pas responsable de la mauvaise gestion de l’autorité : il n’est qu’un rouage bien huilé au sein de la machine. »

Julie d'Aiglemont

Une brève d'un dimanche pluvieux...

Le baron de la Barre-Niaise, après les salons de la Première Lucarne Magique, choisit la Gazette du Jour du Saigneur, propriété du baron de la Bolhorrhée, pour s'y exprimer abondamment. On avait fait faire un carottage express de cervelle auprès d'un échantillon de Riens (les Riennes ne comptaient plus comme citoyennes puisqu'on ne les citait plus). Il en ressortait que plus de la moitié d'entre eux se déclaraient satisfaits de l'action du nouveau Premier Grand Chambellan. Il n'avait cependant point encore commencé d'œuvrer.
La ChatelHaine de Montretout et son factotum le jeune baron de Bartoidella firent savoir que le Premier Grand Chambellan était à leur merci. On l'observait et on attendait de lui qu'il s'emparât sans coup férir des "sujets" chers à leur Faction.
Monsieur de la Barre-Niaise, qui ne cessait de se réclamer du peuple "d'en bas" n'avait en vérité jamais fait partie des laborieux. Il était né dans une famille qui possédait quelques biens. Il avait étudié à la haute eschole du Négoce puis il avait rejoint la caste des politiciens de métier. Il était doncques tout désigné pour venir donner des leçons aux gueux et aux gueuses, tout particulièrement à la jeunesse qui avait la veille battu le pavé, bravant ici la pluie, là la chaleur, afin de se faire entendre du Roy, lequel n'en avait désormais cure. C'était monseigneur le cardinal du Kholair qui traitait avec le nouveau Premier Chambellan. On lui nomma comme chef de cabinet monsieur du Fournil, sur qui les Gazettes de la Cour répandirent moult louanges. Aucun, aucune parmi ces larbins ne s'avisa que ce grand laquais, ce conseiller de l'ombre, avait œuvré de concert avec le duc du Dard-Malin afin d'éviter aux Princes du Quatre-Quart - lesquels possédaient chez nous le Club de balle au pied de Lutèce Saint Germain - de s'acquitter d'un impôt dans l'affaire de monsieur Naimarre, un des jouteurs de ce club, qu'on s'en était allé acquérir à prix d'or chez nos voisins catalans.