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2 octobre 2024

UNE DERNIERE TASSE DE THÉ AVANT L'AGONIE

Gabriel Nerciat

Le problème, avec Michel Barnier, je crois, ce n'est pas la banalité de ses propos ; c'est son flegme, son calme et sa diction.
Quand un notable centriste arrive à Matignon (le dernier en date, c'était Jean-Pierre Raffarin, avec ses aimables lieux communs de représentant de commerce poitevin et son accent anglais si ridiculement attachant), on sait qu'il ne dira rien de très marquant et que ses moindres mots, lestés de tout contact avec le réel et plus encore avec le futur (surtout lorsque le bonhomme, faute de mieux et pour combler le vide, se prétend d'abord proche des soucis concrets du peuple), s'effaceront de la mémoire de ses auditeurs aussitôt qu'ils auront été proférés par sa bouche.
Sauf que nous ne sommes plus dans les mièvres années 1990 ou 2000 : lorsque le régime républicain créé en 1958 vit ses tourments les plus graves depuis l'époque maintenant lointaine de la guerre d'Algérie et de Mai 68, dans un contexte parlementaire aussi inédit qu'inextricable et des tensions européennes de plus en plus stridentes, ce ton incolore et égal, à peine perturbé par le brouhaha exaspérant des vociférations mélenchonistes, n'est pas seulement inopportun ou inadéquat.
À force de retenue et de délicatesse, même vacharde, il frôle l'incorrection voire la provocation punk pure et simple.
L'air de dire : "Je n'ai pas de majorité et comme vous je ne sais pas exactement pourquoi je suis là, mais je m'en moque complètement. L'avenir est une question pour moi devenue très secondaire. Si vous ne voulez pas de moi, je retournerai vaquer à mes affaires en Savoie, et je n'abuserai pas de votre patience. En attendant, je compte bien augmenter les impôts, donner de vagues gages budgétaires à mon amie Ursula et promulguer quelques mesurettes qui ne diminueront en rien les crimes et les ravages suscités par l'immigration de masse extra-européenne, mais amadoueront peut-être pendant quelques mois le parti national-populiste que vous ne parvenez plus à endiguer. C'est à prendre ou à laisser, voyez-vous. Je ne m'en préoccupe pas plus que cela ; ne suis-je pas déjà d'une autre patrie plus lointaine que celle-ci ?"
D'habitude, en pareille circonstance, on attendrait un discours énergique, enflammé, alarmiste, lyrique, dans le genre churchillien qu'affectionne tellement le petit bourgeois centre-droit, atlantiste et pro-européen, qui ne veut rien tant qu'on lui promette du sang et des larmes mais pour d'autres que lui.
J'aurais bien vu, moi, un crétin menteur et amphigourique comme Manuel Valls ou Claude Malhuret : "Non, nous ne laisserons pas mourir la République, dépérir l'UE et agoniser nos créanciers. Debout les morts ! À la schlague je vais vous réveiller !".
À la place, le nouveau et sans doute éphémère Premier ministre propose à ses amis de disparaître sans geindre ou faire trop de bruit, comme le loup d'Alfred de Vigny ou le pauvre Martin de Georges Brassens.
C'est peut-être ça, en fait, la vraie légalisation de l'euthanasie.

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Une France qui se droitise ?

H16

2/10/2024 - À la suite de l’abominable viol puis meurtre de Philippine Le Noir de Carlan, les réseaux sociaux ont été utilisés pour organiser, dans plusieurs endroits en France, des minutes de silence en hommage à la jeune femme.

Ils ont aussi été utilisés par certains militants d’extrême-gauche pour se coordonner afin d’aller directement perturber ces hommages : après tout, il semble évident qu’observer une minute de silence est un acte d’extrême-droite, comme à Vienne où un groupuscule d’excités a cru intelligent d’intervenir, en braillant quelques slogans antifascistes en italiens. En effet, dans le dogme actuel des gauchistes, rendre hommage à une victime serait fasciste, et ce d’autant plus lorsqu’on souhaite faire appliquer la loi et respecter les ordres d’expulsions de criminels étrangers.


Par la suite, ce sont aussi les mêmes réseaux sociaux qui ont largement rendue visible les perturbations de ces militants et ainsi exposé l’implacable logique de leurs arguments (“vouloir que la loi soit enfin appliquée est fasciste”). Dans la foulée, ces mêmes réseaux sociaux ont participé à découvrir l’intéressant pédigrée des militants brailleurs. La surprise est modérée : tous actifs dans les franges les plus à gauche de la politique (PCF et LFI essentiellement), ils émargent tous au service de l’État d’une façon ou d’une autre (enseignants, fonctionnaires, politiciens).

Le déroulement de cette intéressante séquence permet d’illustrer une réalité qui semble échapper assez largement aux médias de grand chemin, ainsi qu’aux politiciens du pays : tout indique que la France s’est “droitisée” de façon claire.

Oh, bien sûr, certains seront prompts (à raison) à pointer les résultats des dernières élections où le Rassemblement national a obtenu un gain évident de suffrages. Mais cela va au-delà de ces aspects politiques bien visibles : les événements qui s’accumulent depuis quelques années et la façon dont l’opinion publique réagit montrent une perméabilité de plus en plus forte à certaines idées traditionnellement portées par la droite (fermeté des institutions dans l’application de la loi, importance de l’ordre).

Ainsi, au contraire de ce que le temps d’antenne consacré aux associations gauchistes et autres militants LFI ou apparentés pourrait faire croire, une très grande majorité de Français est favorable à l’emprisonnement systématique et sans limite des étrangers frappés d’OQTF, et, plus intéressant encore, 64% des électeurs qui se disent de gauche partagent la même opinion.


De la même façon, même lorsque les reportages larmoyants sur les migrants se multiplient dans la plupart des médias officiels, le discours qui prêche un frein ou un arrêt de l’immigration marque clairement des points (en 2023, 64% des Français indiquaient être favorable à l’arrêt de l’immigration extra-européenne et il est assez probable que la proportion n’a pas du tout diminué depuis).

Quant aux idées mondialistes et la volonté d’un retour à une vision plus locale ou nationale des intérêts citoyens, elles semblent marquer des points et pas seulement en France : c’est une tendance générale dans le monde occidental ; à mesure que la vision interventionniste occidentale perd du terrain, la vision patriotique semble clairement en gagner.

On pourra prendre exemple sur les suffrages exprimés il y a quelques années en Hongrie, en Pologne, et plus récemment en Italie (avec l’arrivée de Meloni), les gains électoraux de l’AfD en Allemagne ainsi que ceux du Parti Populaire et du Parti de la Liberté en Autriche.

On observe les mêmes tendances au Canada et la façon dont se déroule la campagne de Trump aux États-Unis illustre là encore le même gain d’une vision résolument moins interventionniste, aux frontières fermées, tournée d’abord vers les proches plutôt que l’extérieur ; en somme, la politique occidentale est en train de basculer de la vision progressiste vers la vision conservatrice.


Ce phénomène n’est pas un hasard et provient en bonne partie d’une conséquence de la crise pandémique que nous avons traversée il y a quatre ans : cette dernière a en effet montré le pire de ce que produit cette vision “globo-mondialiste” à savoir un suivisme aveugle. Dans ce contexte, les peuples ont senti le besoin de marquer leurs différences, et le décalage croissant entre la classe politique encore en poste et ce besoin populaire n’en est que plus marqué.

Plus spécifiquement, les jeunes qui ont été les plus touchés par cette crise et en ont le plus souffert sont actuellement ceux qui se rebiffent le plus : comme le notait un récent article de Politico, la tendance est palpable et ne touche pas seulement les générations X ou plus anciennes, mais bien les plus jeunes aussi.

En effet, la gauche ne parvient plus à s’en faire entendre : dans la plupart des pays, elle a perdu ou elle perd actuellement les soutiens de la classe populaire qu’elle n’arrive plus à représenter, en choisissant de se concentrer sur certaines communautés spécifiques très visibles (d’où la sur-représentation dans leurs rangs des minorités wokes, des musulmans ou des migrants notamment). Dans ce contexte, les “écolos” sont l’exemple de ces formations politiques qui capitalisaient jadis sur les jeunes mais qui peinent à trouver la même audience à présent.

Cependant, en réalité, tout ceci n’est pas vraiment une “droitisation”.


Il suffit d’éplucher les programmes politiques (notamment économiques) des partis concernés pour comprendre qu’on est loin de la mise en avant volontariste de l’entrepreneuriat, ou d’une recherche de minimalisme dans l’intervention de l’État. En fait, il s’agit simplement d’un déplacement tellement marqué vers les côtés les plus extrêmes de la gauche dans les médias et les politiciens que tout le spectre politique s’en trouve décalé.

Les prochains mois seront donc particulièrement déterminants avec la réalisation – possiblement trop tard – par les dirigeants occidentaux, Français y compris, que non seulement ils n’ont plus l’assentiment du peuple ni même d’une courte majorité de celui-ci, mais que ce dernier leur est de plus en plus ouvertement hostile.

Alors que ceci va s’ajouter à une situation économique catastrophique en France, il n’est pas invraisemblable d’imaginer que ce véritable gouffre entre les dirigeants et le peuple se traduise par un peu plus que quelques manifestations dans les rues.


https://h16free.com/2024/10/02/78811-une-france-qui-se-droitise

1 octobre 2024

Vincent Verschoore

Julian Assange s'exprime devant l'Assemblée parlementaire du conseil de l'Europe (46 pays, 750 000 millions d'habitants). L'an dernier à cette date, Assange était toujours enfermé à la prison de haute sécurité de Belmarsh sur ordre américain, sans raison légale vu que les accusations bidons (viols) s'étaient évaporées, et ne restait que l'accusation d'espionnage brandie en vengeance des fuites organisées par Wikileaks sur les crimes de guerre US.
Comme le dit Assange, il n'est pas libre car, pour vivre, il a dû signer un accord avec ses bourreaux lui interdisant de porter plainte contre eux, obligé de reconnaître qu'il était coupable de journalisme.
Il espère au moins que son témoignage pourra aider d'autres, moins connus que lui, dans des situations similaires. Néanmoins, il reconnaît que la situation ne fait qu'empirer, les puissants continuant à rogner la liberté d'expression et à intimider les journalistes courageux.
Il rappelle que Wikileaks avait dénoncé, dès 2017, l'espionnage par la CIA des régimes et des industries françaises et allemandes. Il décrit comment la CIA menait des enquêtes illégales sur le sol européen. Mike Pompeo, nommé par Trump à la tête de la CIA, le traqua sans pitié, lui, sa famille et ses collègues.
Julian Assange symbolise la lutte contre l'avancée du techno-totalitarisme, contre le recul de la liberté d'expression, contre la corruption politique, judiciaire et médiatique, toutes choses se nourrissant entre elles.
Il rappelle que son cas peut servir de précédent, et que rien n'empêche la Russie, par exemple, d'exiger l'extradition de journalistes européens faisant état de ses propres crimes. D'où son appel à la protection sans conditions de l'activité journalistique.

vidéo (en anglais) ↴

30 septembre 2024

Dessin d'Alex / Courrier Picard

Vincent Verschoore

Toutes les démocraties de façade (dont l'UE, la Russie, la Chine, la France...) justifient la censure et le renoncement à la liberté d'expression au nom de "la lutte contre la désinformation".
Les USA sont encore un peu protégés par leur Premier Amendement, mais peut-être plus pour très longtemps : son establishment, ici représenté par John Kerry lors du dernier conclave du WEF (Davos) sur le climat, se plaint de l'absence de l'arbitre traditionnel de ce qui constitue "le vrai", et la possibilité pour chacun d'aller puiser aux sources d'infos "alternatives" alimentant ainsi, selon lui, un cercle vicieux de désinformation rendant l'exercice du pouvoir particulièrement difficile.
Toujours selon Kerry, les démocraties "n'avancent pas assez vite" pour contrer ce phénomène, d'où la conclusion logique : il faut réduire la liberté d'expression et donc, par définition, la démocratie (ça, évidemment, il ne le précise pas, mais tout le monde aura compris) afin de sauver la démocratie.
Jeu de dupes s'il en est car plus personne, aujourd'hui, dans les hautes sphères de la gouvernance mondiale, ne veut de démocratie. Ces "élites" la ridiculisent en se vautrant dans la corruption et un entre-soi hors-sol dont le WEF est un bel exemple, et la sabotent en étant elles-mêmes les premières sources de désinformation, de censure et de propagande via leurs médias subventionnés, comme on le constate très directement depuis quelques années avec le Covid puis la guerre en Ukraine.
Ce qui ne veut pas dire que les sources alternatives font nécessairement œuvre de vérité, mais elles permettent au moins d'élargir les sources et de confronter des analyses sortant du cadre politiquement correct, de la pensée unique et, in fine, du tropisme totalitaire qui reste en réalité l'idéal de la gouvernance mondialisée.
Une info difficile à trouver sur les médias mainstream, d'où cette référence à un média alternatif.
On se souviendra par ailleurs qu'en 2015, au sujet des attentats contre Charlie Hebdo, ce même John Kerry disait ceci :
“Je suis d’accord avec l’imam de France qui a dit aujourd’hui que les journalistes assassinés sont des martyrs de la liberté. Les assassins ont proclamé aujourd’hui que Charlie Hebdo est mort. Soyez sûrs d’une chose : ils ont tort ! Aujourd’hui, demain, à Paris, en France et à travers le monde, le pouvoir de la liberté d’expression vaincra dans la lutte contre l’obscurantisme.”
On notera le chemin parcouru, alors que les mêmes sont, en majorité, toujours au pouvoir.

Pierre Duriot

On le plaint...

Pauvre petit chou traverserait une phase de « décompression ». Sans rire. Il a raté sa dissolution, raté ses élections, est en train de rater son nouveau gouvernement, se retrouve assis face à Retailleau, qui le considère comme un accident de l'histoire, se fait huer au Canada, siffler à chaque déplacement en France, à chaque match, est inaudible sur la scène internationale, ne pèse plus rien en Ukraine, plus rien en Israël, voit ses finances pointées du doigt, se fait faire la dictée par von der Leyen, aurait même dit en privé, de guerre lasse, à propos de Barnier et de ses sbires : « Qu'ils se démerdent entre eux ! ». Le pauvre jouit d’une impopularité record avec 75 % de Français mécontents de son action, selon une enquête Odoxa-Mascaret, qui doit avoir limité le chiffre pour ne pas achever Jupiter, qui nous trouve trop ingrats en regard de ses 10 à 12 heures de travail quotidien. Il pourra à nouveau dissoudre dans moins d’un an : pour quoi faire ? Si Barnier tombe, il pourra nommer un nouveau Premier ministre : pour quoi faire ? À moins… à moins… qu’il n’arrive à comprendre, dans un éclair de lucidité, qu’il est le caillou dans la chaussure de Marianne qui sans lui, ne s’en porterait que mieux et qu’il prenne la meilleure de ses décisions : partir. 30/9/2024

En France, la prochaine sodomie fiscale sera temporaire mais surtout exceptionnelle !

H16

30/9/2024 - En matière d’économie, en France, tout va bien et, à l’analyse, tout va même mieux que bien ! Le pays est sauvé et c’est grâce à Bruno Le Maire qui l’a d’ailleurs expliqué avec cette fulgurance qui vaudra certainement à son auteur une trace indélébile dans l’Histoire : « Si aujourd’hui notre niveau de dette est élevé, c’est parce que j’ai sauvé l’économie française. »

Pour le reste des Français à commencer par les plus lucides, et une fois passés les spasmes d’hilarité nerveuse que peuvent encore provoquer les saillies de l’ex-ministre de l’Économie, le constat est plus nuancé : il semble bien, à lire les dernières déclarations quasiment martiales de Michel Barnier, le blob mou désigné récemment Premier ministre, qu’il va falloir prendre des mesures “responsables”, et ce même si elles ne seront “pas toujours populaires”.


Dans ces mesures, Barnier évoque une simplification qu’il veut appliquer aux administrations et aux tâches des agents publics notamment. On s’étonnera en l’occurrence de la qualification de “pas toujours populaires” tant une telle simplification ne pourrait obtenir que le vibrant accord de l’écrasante majorité des Français, y compris des agents de l’État eux-mêmes confrontés tous les jours à l’inflation bureaucratique sans frein.

Maintenant, il faudrait être le dernier des naïfs pour imaginer que cette simplification dont se gargarise Barnier se traduira par quoi que ce soit de concret. On se rappellera à toutes fins utiles qu’en 2014 (il y a 10 ans, déjà !), des gesticulations à ce sujet avaient été lancées à grand bruit par un petit foutriquet ministre, un certain Macron, pour aboutir à… un accroissement de la brasse coulée dans les torrents de merde législativo-bureaucratique que nous pondent députés et administrations avec un rythme devenu hystérique.

Barnier précise aussi qu’en parallèle de cette simplification parfaitement cosmétique, il envisage une contribution “exceptionnelle et temporaire” face à la situation financière qu’il qualifie, le sourcil tremblant et l’œil humide, de “très grave”.

Là encore, seuls les plus naïfs croiront au caractère exceptionnel et temporaire de ce qui va picoter sévère. Ce sera très probablement aussi exceptionnel, temporaire, ciblé et indolore que le furent CSG et vignette auto pour ne proposer que ces exemples.

Eh oui : exactement comme prévu depuis des mois, les finances de l’État étant sur le point de s’effondrer (et ce n’est pas une exagération), il devient impossible d’imaginer autre chose… qu’augmenter les impôts et les ponctions diverses.


Pourtant, la grogne à certains endroits de la République monte déjà fort au point qu’on supprime certaines taxes, comme actuellement en Martinique : il semble que, lorsque les dirigeants sont très prêts de ceux qui payent l’impôt et qui commencent à trouver la ponction trop piquante, leur vision des solutions à appliquer pour améliorer la situation s’ouvre à d’autres possibilités.

Oh, certes, on n’en est pas encore à la réalisation qu’il va falloir trancher dans certaines dépenses, mais à certains endroits, l’idée commence à faire son chemin. Rassurez-vous, cette idée reste pour le moment âprement combattue en Métropole où certains continuent de se convaincre qu’en fait, il serait plutôt judicieux de multiplier les mesures impopulaires et d’accroître les taxes, par exemple sur les voyages.

Eh oui, on voit encore poindre des idées de taxes, des idées pour emmerder les Français, au moment précis où la tempête d’emmerdes va devenir un véritable ouragan.

Ici, on appréciera le sens du timing redoutable de ces associations de gaïatollahs semi-habiles, qui démontre une fois encore cet état d’esprit si spécifique, si profondément ancré dans le mode opératoire d’une partie des Français et – bien malheureusement – de cette partie qui dispose de l’oreille des médias et des politiciens.

C’est à ce point fermement ancré qu’il en devient impossible pour ces derniers d’écouter la voix de la raison, celle qui intime l’évidence : il faut couper dans les dépenses somptuaires, dans les prébendes, dans les fromages républicains. Il faut raboter comme jamais dans les distributions sociales qui gangrènent le pays. Et si l’effort doit porter à hauteur de la capacité de contribution financière, il est assez peu probable que ce soit la classe moyenne des actifs qui puisse encaisser le choc dont l’ampleur massive semble échapper à beaucoup de Français, politiciens en premier.

Dans ce cadre, la petite musique sur un rabotage des retraites (à commencer par celles des fonctionnaires, qui est directement issue du budget courant de l’État) n’est donc pas anodine ; et pour qu’on en soit à envisager cette voie, c’est que la situation financière est encore pire que ce que les petits prouts aigus de Barnier laissent comprendre.

Comme le notait un certain François Fillon en 2007, la France était un État en faillite, et le camouflage qui a eu lieu depuis n’a été en réalité qu’une fuite en avant, une gabegie décontractée sans regarder en arrière, dont l’accélération depuis 2020 à la faveur d’une crise largement artificielle a propulsé la dette française à des niveaux véritablement catastrophiques.

Cette fuite arrive maintenant à son terme.

Il faut se rendre à l’évidence : si la ponction que veut opérer Barnier est effectivement temporaire, ce ne sera pas parce que le premier ministre en décide ainsi, mais tout simplement parce qu’il n’aura pas l’occasion de renouveler la forfaiture plusieurs fois. Ces prochaines ponctions seront à l’évidence douloureuses mais pourraient fort bien être la goutte qui fait déborder un vase qui n’a jamais été aussi plein, dans l’Histoire française, et dans le monde entier.


La suite est évidente : comme il va devenir assez clair assez vite que le Ponctionnistan ne peut plus fonctionner, et comme à chaque fois qu’on arrive au bout de l’argent des autres, le socialisme va devenir soudainement plus brutal.

La musique va s’arrêter et il n’y aura vraiment pas assez de chaises pour tout le monde.


https://h16free.com/2024/09/30/78790-en-france-la-prochaine-sodomie-fiscale-sera-temporaire-mais-surtout-exceptionnelle

29 septembre 2024

DÉFICIT : C'EST PIRE QUE VOUS NE LE PENSEZ

Le Fil d'Actu - Officiel
29/9/2024

00:06 Introduction : Un désastre depuis longtemps annoncé
01:07 Une réalité pire encore ?
02:28 La folle découverte de Michel Barnier
03:22 Finances publiques, dette et déficit : un peu de théorie
05:49 Quand l'État perd le contrôle
09:41 Le mensonge comme méthode de gouvernement
12:22 Déficit public : l'arbre qui cache la forêt
14:09 La réalité : inflation, chômage, désindustrialisation
18:47 Le déficit, ce qui empêche la France de sombrer ?
20:58 Bonus : comment soutenir le Fil d'Actu ?

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René Chiche

28/9/2024 - Le Conseil d'État vient de rejeter la requête déposée par SUD Éducation (et d'autres associations, parmi lesquelles La voix lycéenne et Le poing levé [sic]...) pour faire annuler la circulaire interdisant le port de l'abaya prise par Gabriel Attal en 2023.
Dans sa décision, le Conseil d’État rappelle que « les signalements d’atteinte à la laïcité dans les établissements d’enseignement publics adressés au ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse ont connu une forte augmentation au cours de l’année scolaire 2022-2023, 4 710 signalements ayant été recensés, contre respectivement 2 167 et 2 226 les deux années scolaires précédentes. Parmi ces 4 710 signalements, 1 984 étaient relatifs au port, dans les établissements d’enseignement publics, de signes ou tenues méconnaissant les dispositions de l’article L. 141-5-1 du code de l’éducation, citées au point 2, contre 617 l’année scolaire précédente et 148 lors de l’année scolaire 2020-2021. »
La circulaire interdisant l’abaya avait été le grand sujet de la rentrée 2023, y compris au Conseil supérieur de l’éducation. Je me souviens de la séance du 12 octobre dernier en présence de Gabriel Attal où toutes les organisations étaient montées au créneau contre le ministre à ce sujet pendant leurs déclarations préalables, sauf nous à Action & Démocratie. SUD Éducation (qui dit à peu près n'importe quoi sur à peu près tout) n'était pourtant pas alors le plus véhément. Le plus véhément sur le sujet était le représentant de l'UNSA. Quand vint le tour pour le ministre de répondre aux différentes déclarations, il interpela le représentant de l'UNSA pour lui demander de préciser de quel « sujet à caractère médiatique » il s'était emparé selon lui pour ne pas aborder « les vrais sujets ». Le représentant de l'UNSA lui répondit : ben, l'abaya.... Gabriel Attal se mit alors à sourire puis, se tournant l'air goguenard vers le représentant du SNPDEN (qui fait également partie de l’UNSA), lui lança : « mais, c'est bien vous-même, n'est-ce pas, qui m'avez supplié de prendre cette circulaire ? ».
C'est effectivement le SNPDEN, syndicat majoritaire chez les chefs d'établissement, qui avait réclamé quelques mois auparavant du ministère une clarification et avait exigé un texte leur permettant d'intervenir dans un cadre réglementaire...
L'UNSA n'avait cependant pas totalement tort. Ce type de sujet qui fait la Une des médias et qui a mis Gabriel Attal sur orbite dès qu’il est arrivé à l’éducation nationale, même s'il est aussi un vrai sujet, est cependant bien commode pour faire oublier les autres. Je considère pour ma part que la question des tenues vestimentaires et celle des signes d’appartenance religieuse, qui sont deux choses distinctes d’ailleurs, sont effectivement de vrais sujets quoique sans rapport avec la laïcité, qui est ici invoquée, une fois de plus et même par le Conseil d’État, totalement à tort. En aucune façon en effet le port, même ostentatoire, d’un signe d’appartenance ou de croyance religieuse ne constitue une atteinte à la laïcité, laquelle est un principe visant à protéger la liberté de penser, comme je l’ai déjà abondamment expliqué dans un commentaire de Spinoza. Il faut appeler un chat un chat et dire les choses de façon précise : le port de certaines tenues telles que l’abaya, qui en soi ne porte pas atteinte au principe de laïcité, est surtout une manifestation de nature politique et un aspect de ce que l’on appelle l’entrisme islamique, et c’est ce mouvement politique, qui se dissimule sous les habits de la religion, qui conteste en effet le principe de la laïcité et le combat parce qu’il prétend fixer, au nom de la religion, une limite à la liberté de penser et soustraire à l’examen des dogmes présentées comme des vérités indiscutables, ce qui montre au passage que toute mouvance, qu’elle soit religieuse ou politique, qui prétend limiter la liberté de penser, d’examiner, de douter, de discuter et de chercher la vérité est ennemie de la laïcité.
C’est donc bien en tant que manifestations politiques déplacées que les tenues telles que l’abaya doivent être proscrites des établissements d’enseignement, et non parce qu’elles constitueraient en elles-mêmes une atteinte à la laïcité, ce qui n’a aucun sens. Aucune tenue religieuse en général n’est, en soi, une contestation de la laïcité. D’autant plus qu’à l’école, l’application du principe de laïcité concerne l’enseignement et non les convictions personnelles. C’est l’enseignement qui est laïc. De même, la République est laïque non au sens où elle serait athée ou en guerre contre la religion, mais au sens où elle garantit à chacun la liberté en matière de pensées et de croyances.
Le Conseil d’État a donc tort d’évoquer la laïcité dans sa décision, mais il ne fait que rappeler la loi, et c’est en réalité le législateur lui-même qui manque de rigueur et de courage en la matière, en s’abritant à tort derrière la notion de laïcité qu’il contribue ainsi à dévoyer au lieu d’assumer le fait que c’est au nom de la paix civile et de la sécurité qu’il faut préserver les établissements scolaires et la formation intellectuelle des jeunes gens de l’entrisme et du prosélytisme islamique comme naguère catholique.
Que des syndicats d’enseignants comme ceux que j’ai cités et quelques autres mènent une croisade contre tous ceux qui rappellent ces évidences, et se mobilisent pour défendre le port de l’abaya par des élèves dans les établissements scolaires, cela est en revanche navrant et très inquiétant. Si les éducateurs n’ont eux-mêmes plus de repères, on est mal…
Jak Umbdenstock / DNA