H16
4/10/2024 - C’est un véritable spectacle d’équilibrisme que nous offre actuellement le gouvernement Barnier dont l’absence de colonne vertébrale autorise des cabrioles assez spectaculaires, reconnaissons-le.
D’un côté, le brave Michel sent – de moins en moins confusément – qu’on l’a placé dans un traquenard en lui présentant une situation économique bien plus rose qu’elle ne l’est réellement et qu’il découvre, chaque jour, un peu plus sombre que la veille.
De l’autre, le même Michel doit faire assaut de calme et de pondération
même lorsqu’il explique à tous qu’il a hérité d’un déficit phénoménal : la première chose que nos politiciens redoutent actuellement, c’est de voir les marchés s’agiter. Les frémissements des bons d’État français montrent une passable fébrilité des acheteurs puisque ces derniers les classent au même niveau de risque que ceux de la Grèce ou de l’Espagne, de plus en plus loin de l’Allemagne ou des autres pays du Nord de l’Europe ; ce serait vraiment dommage que, subitement, ces marchés estiment la situation budgétaire française trop délicate et renoncent donc à prêter au gouvernement les sommes de plus en plus colossales qu’il crame actuellement avec gourmandise.
Bref, Michel fait dans un funambulisme délicat partagé entre la nécessité de donner quelques informations essentielles aux Français, histoire de préserver ses miches si tout doit partir en cacahuètes sur l’air du “Je ne vous ai rien caché”, et l’exigence de garder tout le monde calme même si le gouffre apparaît maintenant à tous pour ce qu’il est vraiment.
Dès lors, on se demande comment ses ministres vont continuer à piloter les administrations de ce pays à mesure que les nouvelles vont s’empiler sans qu’aucune possibilité d’adoucir le tableau ne se présente plus.
Ainsi, la presse en profite actuellement pour faire savoir que si le marché du travail français a pour le moment conservé ses joues roses, c’est essentiellement parce que
les trois quarts des emplois qui y ont été créés récemment sont le fait… du public. Autrement dit, une part de plus en plus conséquente du déficit abyssal doit son existence à l’ouverture des robinets à pognons pour camoufler l’effondrement de l’emploi en France.
Ici, on peut réellement parler d’effondrement même si la presse fait l’impasse complète sur cette idée : en réalité, les défaillances d’entreprises battent actuellement des records et certains articles
parlent d’une vague qui n’en finit pas de croître.
Avec des procédures de sauvegarde en hausse de 56% par rapport à 2019 et de 35% pour les redressements judiciaires, on ne peut pas dire que le tissu économique de petites et moyennes entreprises française se porte de mieux en mieux.
ETI et grosses PME subissent actuellement un choc particulièrement violent.
Certains jouent l’optimisme, en expliquant essentiellement qu’il ne s’agit que d’
un rattrapage des faillites qui auraient dû intervenir pendant les années pandémiques. On peut s’interroger sur la pertinence de ce calcul, sachant que ces faillites semblent intervenir au moment même où l’État enregistre un de ses plus beaux dérapages budgétaires : le “quoi qu’il en coûte” doit être payé, d’une façon ou d’une autre et il semble que le moment de la facture soit arrivé.
Autrement dit, entre les faillites à gogo et la fin de l’argent magique des autres et donc des créations d’emploi dans le public pour camoufler la déroute, le chemin pris par le pays ces prochains mois pourrait tourner au rocailleux.
On pourra se rassurer en se rappelant que lorsque le bâtiment va, tout va.
Manque de bol, le bâtiment ne va pas.
Un récent
rapport parlementaire a épluché les conditions locatives de différentes grandes villes françaises pour arriver à la conclusion que ce marché n’est plus réellement rentable : actuellement, devenir propriétaire pour louer se traduit essentiellement
par une perte financière (soit une perte sèche, soit une perte comparé aux rendements qu’on peut obtenir ailleurs avec moins de soucis).
Ceci intervient alors que le pays connaît déjà une crise assez importante du logement, notamment engendrée par les lois délirantes asymétriquement ultra-favorables aux locataires et les décisions assez constamment débiles de certains maires croyant aider les pauvres petits locataires mais provoquant en grande partie les pénuries observées actuellement.
Ce souci dans le locatif se double d’un autre problème, dans l’immobilier en général et dans la construction en particulier : l’année 2024 continue décidément sur la lancée précédente, déjà peu brillante, où l’on constate une baisse des mises en chantier (de plus de 20%), des offres d’achat d’immobilier en chute de 15% par rapport à la fin 2023. Quant aux ventes aux particuliers, elles ont particulièrement dégringolé avec une baisse de plus de 30% (40% pour
la région parisienne).
Quelques jolies infographies illustrent assez bien ce constat.
Les professionels du milieu se rassurent comme ils peuvent et rappellent, à tout hasard, que les besoins en logement sont très importants, et que les hausses de taux, provoquant mécaniquement une baisse du pouvoir d’achat, ont forcé les vendeurs à baisser leurs prix. Logiquement, la crise ne perdurera pas, n’est-ce pas ?
En fait, avec la fin de la génération Baby Boom, le nombre de logements disponibles ne va cesser de croître. Parallèlement, le pouvoir d’achat des Français n’est pas prêt de s’améliorer, et avec Barnier qui, patelin, nous prépare gentiment à
une sodomie fiscale exceptionnelle, on peut même raisonnablement tabler sur une dégradation rapide et sensibles dans les mois qui viennent.
En pratique, les baisses qu’on observe actuellement ne sont qu’un timide début. La bulle immobilière qui a propulsé le prix des logements à des niveaux stratosphériques notamment dans les grandes villes, Paris en tête, va inéluctablement rencontrer l’aiguille pointue de la réalité économique désastreuse du pays. Or, quand l’immobilier ne va pas du tout, rien ne va.
Dans ce contexte, les gesticulations de Barnier risquent de tourner court très vite. Eh oui, ce pays est foutu.
https://h16free.com/2024/10/04/78807-quand-limmobilier-va-tout-va