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11 octobre 2024

Les enquêtes sur la destruction des gazoducs Nord Stream

Natalia Routkevitch

Faute d'enquêtes d'État qui pourraient informer le public des tenants et aboutissants de cette affaire intrigante, qui n'est ni plus ni moins que l'attentat industriel le plus retentissant de l’histoire européenne avec des conséquences économiques et environnementales extrêmement importantes, on se contente des initiatives privées et des investigations de la presse, dont les résultats sont bien exposés dans cet article.

Trois scénarios pour un attentat

Fabian Scheidler
Le Monde Diplomatique octobre 2024

Érigée depuis le 11 septembre 2001 en priorité absolue des pays occidentaux, la lutte contre le terrorisme a trouvé son point aveugle : la destruction en septembre 2022 des gazoducs Nord Stream. Manifestement embarrassées, les autorités politiques et judiciaires louvoient. Et pour cause. Deux ans après, les pistes conduisent non pas au pied du Kremlin mais à Kiev, Washington et Varsovie…

Le 26 septembre 2022, quatre explosions ébranlaient le plancher de la mer Baltique à proximité de l’île danoise de Bornholm. Des jours durant, d’énormes quantités de méthane se sont échappées de trois tronçons détruits des gazoducs Nord Stream 1 et 2, qui transportaient du gaz de la Russie vers l’Allemagne. Les conséquences de l’attentat allaient vite peser sur les populations du Vieux Continent, avec une augmentation brutale des prix de l’énergie, tout particulièrement en Allemagne. En outre, cette infrastructure dont la construction avait coûté plus de 10 milliards d’euros ne comptait pas que le russe Gazprom comme actionnaire, mais également deux énergéticiens allemands (E.ON et Wintershall), un néerlandais (Gasunie) et un français (Engie), tous fondés à réclamer des indemnités.

À n’en pas douter, le plus grand acte de sabotage de l’histoire européenne récente, conjugué à un drame environnemental, allait déchaîner la fureur investigatrice et la sévérité des autorités. Las, deux ans plus tard, les enquêtes officielles se distinguent par une absence d’empressement doublée d’un embarras remarquable. À l’heure où nous mettons sous presse, il n’y a eu ni arrestation, ni interrogatoire, ni inculpation des auteurs présumés.

Début juin, un mandat d’arrêt européen a été émis par le procureur général contre un citoyen ukrainien résidant en Pologne du nom de Volodymyr Jouravlov, mais Varsovie a refusé de fournir une assistance administrative comme la loi l’y oblige, et le suspect a pu s’échapper sans être inquiété. Avec une désinvolture inhabituelle en matière de lutte contre le terrorisme, le premier ministre Donald Tusk, idole des libéraux européens, a tancé les autorités allemandes le 17 août sur X : « À tous les initiateurs et mécènes de Nord Stream : la seule chose que vous avez à faire est de vous excuser et de vous taire. »

Peu après les explosions, les autorités judiciaires suédoises et danoises ont expliqué que seul un acteur étatique pouvait avoir mené une telle opération. Puis elles ont inopinément clos leurs enquêtes, sans publier de résultats. Sitôt l’attentat commis, les États-Unis ont annoncé le lancement d’investigations d’autant plus prometteuses que leurs services de renseignement quadrillent intégralement la mer Baltique ; ils n’ont rien communiqué. Parallèlement, les Occidentaux ont systématiquement décliné l’offre réitérée par Moscou de participer à l’enquête. Les autorités allemandes, elles, poursuivent leurs recherches, mais lors de questions parlementaires, le gouvernement répond que toute divulgation d’information menacerait le « bien de l’État » (Staatswohl) — en clair, que des pays ou des services secrets amis seraient compromis.

Journalistes d’investigation et députés du Bundestag l’affirment en chœur : leurs requêtes heurtent un mur de silence. Holger Stark, de l’hebdomadaire Die Zeit, a évoqué une « pression brutale sur toutes les autorités pour qu’elles ne parlent à aucun journaliste ». Interrogé par Le Monde diplomatique, le député social-démocrate Ralf Stegner juge « très étonnant » qu’un crime aussi grave, commis dans l’une des mers les plus surveillées de la planète, ait donné lieu à si peu d’informations deux ans après les faits. Son collègue Andrej Hunko, de l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW), évoque pour sa part un « désintérêt provocateur pour l’élucidation » de ce forfait.

Le suspect habituel

Trois hypothèses circulent sur l’identité des saboteurs. D’abord, les Russes eux-mêmes. Dans les mois qui ont suivi les attentats, certains représentants gouvernementaux et les principaux médias occidentaux ont en effet pointé du doigt la Russie. « Elle est la seule à être en capacité et avec une bonne raison de le faire », a pontifié Pierre Haski, le chroniqueur géopolitique de France Inter, la station la plus écoutée de France (28 septembre 2022). Depuis, les autorités judiciaires allemandes et suédoises ont précisé à plusieurs reprises n’avoir aucune indication d’une implication russe. Le directeur de l’Agence centrale de renseignement américaine (CIA), M. William Burns, peu suspect de ménager Moscou, l’a également affirmé, tout comme le Washington Post au terme d’une longue enquête. Au nombre des motifs mystérieux qui auraient poussé la Russie à détruire une coûteuse infrastructure qu’elle détient à 51 %, l’argument selon lequel Moscou aurait ainsi voulu éviter des pénalités en cas d’arrêt des livraisons ne convainc guère : au vu des sanctions et des actifs russes confisqués, il aurait probablement refusé de payer.

La deuxième théorie a été lancée le 8 février 2023, quand le journaliste Seymour Hersh, célèbre pour ses révélations sur les crimes de guerre américains au Vietnam et en Irak, publie sur son blog un article détaillé incriminant les États-Unis et la Norvège. À en croire la source unique sur laquelle s’appuie Hersh, l’administration Biden aurait commandité l’attentat.

Un mois plus tard, le 7 mars, le New York Times, dont Hersh fut un reporter-vedette, avançait une troisième hypothèse en s’appuyant sur les témoignages anonymes « de fonctionnaires américains qui ont évalué des informations des services de renseignement » : le sabotage n’aurait pas pour auteurs les services américains mais un « groupe pro-ukrainien ». Peu après, un consortium de médias allemands emmenés par Die Zeit approfondissait, sur la base d’informations provenant notamment du procureur général fédéral : les articles identifiaient un voilier loué par les saboteurs. Depuis, les publications des grands médias occidentaux se concentrent presque exclusivement sur cette version : long de quinze mètres, l’Andromeda aurait appareillé du port allemand de Rostock en septembre 2022 avec cinq hommes et une femme à bord pour atteindre la zone de l’île de Bornholm. Là, les plaisanciers-plongeurs auraient miné les tubes à quatre-vingts mètres de profondeur. Les enquêteurs allemands indiquent avoir détecté en janvier 2023 des traces de l’explosif HMX sur la table du navire, que l’équipage avait omis de nettoyer ; selon les enquêteurs, ce produit a justement été retrouvé sur place.

Les premières publications de cette version ont rapidement soulevé des interrogations : un si petit bateau pouvait-il abriter une opération d’une telle envergure et transporter les tonnes d’explosifs nécessaires, selon les premières estimations des experts ? Des plongées aussi profondes ne nécessitent-elles pas une chambre de décompression – trop grande pour ce bateau ? Depuis, une expédition privée menée sur les lieux de l’attentat par l’ingénieur suédois Erik Andersson en collaboration avec le journaliste Jeffrey Brodsky a levé certains doutes. D’abord, l’analyse des photographies sous-marines détaillées révèle que moins de cinquante kilogrammes d’explosif suffiraient à détruire un pipeline. Ensuite, des professionnels très bien formés pourraient effectuer ces plongées sans chambre de décompression – moyennant une option plus risquée et plus longue. Mais pourquoi, se demande Brodsky, des malfaiteurs sans chambre de décompression auraient-ils choisi de miner les tubes à quatre-vingts mètres de profondeur alors qu’à proximité immédiate une portion de Nord Stream se trouve à moins de quarante mètres de fond ? Et pourquoi l’un des engins explosifs a-t-il été placé à soixante-quinze kilomètres des trois autres ? Malgré de nombreuses questions en suspens, l’Andromeda aurait théoriquement pu mener l’opération.

Signe du génie diabolique des organisateurs ou d’une volonté européenne de ne pas savoir, les traces des auteurs présumés se perdent dans le brouillard. De faux passeports utilisés pour louer le bateau mènent à un soldat ukrainien et à une société-écran polonaise financée par un entrepreneur ukrainien du nom de Rustem A. D’autres pistes conduisent au moniteur de plongée ukrainien Volodymyr Jouravlov, et à d’autres suspects. Mais aucun n’a été interrogé, et les enquêteurs allemands n’ont pas formulé de demande de coopération judiciaire à l’Ukraine. Mieux : les autorités allemandes auraient même indirectement facilité l’évasion du suspect en omettant d’inscrire son nom sur le registre Schengen, qui liste les personnes faisant l’objet d’un mandat d’arrêt européen. « Les gardes-frontières polonais n’avaient ni les informations ni le motif pour l’arrêter puisqu’il n’était pas répertorié comme recherché », a déclaré la porte-parole du parquet général polonais. Selon un rapport de la CIA cité par le Washington Post (11 novembre 2023), les commanditaires de l’attentat seraient l’agent ukrainien Roman Chervinsky et l’ancien commandant en chef des forces armées ukrainiennes, M. Valeri Zaloujny, aujourd’hui ambassadeur à Londres. Ce document soulignait que le président Volodymyr Zelensky n’avait pas connaissance du projet. Mais, en août dernier, le Wall Street Journal a rapporté sur la foi de sources ukrainiennes anonymes que M. Zelensky avait donné son accord, avant d’essayer – sans succès – d’interrompre les opérations sous la pression américaine. La nonchalance occidentale face à la perspective qu’un pays allié, armé et financé par les États-Unis et l’Europe se révèle un État terroriste interroge : des forces politiques freinent-elles les enquêtes de peur qu’elles aboutissent à des conclusions géopolitiquement incorrectes et susceptibles d’ébranler le soutien à l’Ukraine ?

James Bamford, journaliste d’investigation américain de renom, spécialiste du renseignement, pousse le raisonnement un cran plus loin. Il juge pratiquement impossible qu’une opération aussi complexe ait pu s’accomplir à l’insu des services secrets américains. D’abord parce que ces derniers entretiennent des liens très étroits avec les services et les militaires ukrainiens. D’autre part, les États-Unis assurent en mer Baltique une surveillance tous azimuts grâce au dispositif Integrated Undersea Surveillance System (IUSS), mis en place avec l’aide de la Suède. Le système de renseignement sur les signaux de l’Agence nationale de sécurité (Sigint) surveille minutieusement les télécommunications de l’armée et du gouvernement ukrainiens. Malgré l’annonce de sa propre enquête, Washington n’a jusqu’à présent fourni aucune donnée.

D’après le quotidien Die Welt (14 décembre 2023), des citoyens américains – collaborateurs présumés des services secrets – auraient participé à l’inspection de l’Andromeda par les gardes-frontières locaux lors d’une escale du voilier à Kolberg en Pologne le 19 septembre 2022. Les autorités polonaises refusent d’en dire plus et affirment que les images issues des caméras de surveillance du port n’existent plus. La non-coopération de Varsovie, opposant farouche à Nord Stream, questionne sur la possibilité qu’il couvre activement les auteurs du crime, ou même sur son implication dans la planification des opérations.

Feu vert américain ?

Selon le Washington Post du 6 juin 2023, la CIA avait connaissance dès juin 2022 d’un plan ukrainien visant à faire sauter les pipelines ; l’agence en avait informé certains pays européens, dont l’Allemagne. Si l’on croit ces sources, les gouvernements occidentaux auraient sciemment dissimulé au public que leur allié ukrainien occupait la première place sur la liste des suspects du plus grand sabotage industriel de l’histoire contemporaine. Le Wall Street Journal (14 juin 2023) cite des fonctionnaires américains anonymes affirmant que la CIA a tenté à l’époque de dissuader l’Ukraine. Aucune source indépendante n’étaie cette affirmation. Andersson y voit une manœuvre de Washington pour établir ce que l’on appelle en diplomatie un « déni plausible ». Lui et Brodsky estiment que, si le navire a effectivement été un des éléments du crime, les États-Unis ont au minimum donné leur feu vert à l’opération, faute de quoi les saboteurs ukrainiens auraient couru un risque trop élevé d’apparaître sur les écrans de la surveillance américaine – avec des conséquences potentiellement fatales pour les relations avec les Occidentaux. L’ingénieur et le journaliste n’excluent pas une participation active des États-Unis dans la planification. L’existence de projets antérieurs visant à dynamiter les tubes, auxquels auraient participé des « experts occidentaux », selon le Wall Street Journal (14 août 2024), semble appuyer leur appréciation.

La question du rôle des États-Unis nous ramène à la deuxième hypothèse, celle de Hersh. En décembre 2021, affirme le journaliste, le président américain Joseph Biden aurait chargé la CIA d’élaborer un plan pour détruire les pipelines en cas d’invasion de l’Ukraine par les Russes. Des plongeurs spécialisés de l’US Navy l’auraient mis à exécution en juin 2022 en plaçant des explosifs activables à distance par signal acoustique. Les manœuvres annuelles de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) en mer Baltique auraient servi de camouflage. En septembre, M. Biden aurait donné l’ordre de faire exploser l’engin.

Après sa publication en février 2023, l’article de Hersh a été tantôt ignoré, tantôt disqualifié comme relevant d’une théorie du complot par la presse occidentale. La principale critique formulée par les rares journalistes qui daignèrent examiner son texte tient au fait qu’il repose sur une seule source anonyme — comme d’ailleurs la plupart de ses révélations importantes. Hersh observe que les États-Unis n’ont jamais dissimulé leur intention de détruire Nord Stream : le président américain Biden avait lui-même annoncé le 7 février 2022 lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, aux côtés du chancelier allemand Olaf Scholz, que son pays « mettrait fin aux pipelines si la Russie envahissait l’Ukraine ». « Vous verrez : nous sommes en mesure de le faire », avait-il ajouté en souriant. Après les attentats, la sous-secrétaire d’État américaine Victoria Nuland s’était réjouie lors d’une audition au Sénat : « Le gouvernement américain est très satisfait que Nord Stream 2 ne soit plus qu’un tas de métal au fond de l’océan. » D’un point de vue géopolitique autant qu’économique, il ne fait aucun doute que Washington avait intérêt à mettre ces tubes hors service. Les États-Unis désapprouvaient le rapprochement entre l’Allemagne et la Russie. En outre, selon Hersh, Washington entendait priver la Russie du levier gazier qui lui aurait permis d’inciter Berlin à limiter son soutien à l’Ukraine. Mais existe-t-il des indices ou des preuves à l’appui de la version de Hersh ? C’est précisément pour répondre à cette question qu’Andersson a entrepris son expédition. Son examen des lieux du crime a révélé qu’il n’y avait pas eu deux engins explosifs par pipeline, comme Hersh l’avait initialement affirmé, mais très probablement un seul. Initialement partisan de la thèse de Hersh, l’ingénieur tient désormais celle de l’Andromeda pour probable, sans pour autant exclure que Hersh, malgré ses erreurs de détail, puisse avoir finalement raison. Par exemple, l’analyse détaillée par Andersson des renseignements d’origine sources ouvertes (« open source intelligence », OSINT) conclut que les positions des navires de guerre et des avions américains sont compatibles avec la description de Hersh, contrairement à ce qu’affirmaient des analyses OSINT antérieures.

Même si les thèses de Hersh n’ont pas été réfutées, Stark, le responsable du département investigation de l’hebdomadaire Die Zeit, pense que son collègue s’est cette fois-ci trompé, car ses affirmations n’ont jusqu’à présent été corroborées par aucun résultat d’enquête. Le journaliste d’investigation Jeremy Scahill, cofondateur de la plate-forme d’information The Intercept, a pour sa part évoqué deux possibilités qui permettraient d’établir un lien entre la version de Hersh et celle de l’Andromeda. D’abord, la source de Hersh aurait eu connaissance d’un plan finalement abandonné et remplacé par une autre opération — une hypothèse qu’Andersson considère lui aussi comme plausible. Autre possibilité : le périple du yacht faisait partie d’une manœuvre de diversion complexe. Steven Aftergood, qui a dirigé le programme de recherche sur les opérations secrètes du gouvernement américain à la Federation of American Scientists de 1991 à 2021, considère la diffusion de faux récits dans le but de dissimuler une opération comme « une pratique courante dans les opérations militaires et les activités de renseignement », souvent qualifiée de « camouflage et tromperie ». Scahill indique à cet égard que laisser des traces d’explosif sur la table « est soit la preuve d’un manque total de professionnalisme, soit une “trace” délibérément laissée dans l’intention de tromper ». Que les auteurs de l’attentat « n’aient pas eu suffisamment de temps pour effacer leurs traces » à bord du yacht, comme l’a supposé Stark, semble peu plausible au vu des semaines de voyage du bateau. L’Andromeda a d’ailleurs passé quatre mois d’inactivité avant son examen par les enquêteurs, un délai largement suffisant pour effacer des traces — ou en créer. Mais à ce stade, aucune preuve tangible n’étaie cette hypothèse de la diversion, également défendue par Hersh.

L’attentat contre Nord Stream demeure ainsi une affaire non résolue. Face à cette situation, de nombreux parlementaires réclament une commission d’enquête indépendante, par exemple sous l’égide du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU). Mais une résolution en ce sens, présentée par la Russie et soutenue par la Chine et le Brésil, n’a pas obtenu l’aval des États-Unis et de leurs partenaires. L’Allemagne et la Suède ont toujours rejeté le principe d’une telle commission afin — officiellement — de ne pas perturber les enquêtes en cours. La volonté de ne pas faire savoir se comprend aisément : si les traces devaient établir une responsabilité du gouvernement ukrainien ou même américain, les conséquences géopolitiques seraient imprévisibles et potentiellement fatales. Le jeu de cache-cache autour de l’histoire criminelle la plus explosive de notre époque se poursuit donc.

Fabian Scheidler

Qu'est-ce qu'une société décente ?

Denis Collin


George Orwell a popularisé ce concept de « décence commune » (common decency). Néanmoins ce concept peut se comprendre par lui-même et on peut en cerner assez aisément les contours, sans rester prisonnier des définitions lexicales traditionnelles qui cantonnent la décence au respect des conventions communément admises et à une certaine retenue dans les comportements sociaux.

La décence commune renvoie d’abord à l’idée du « sens commun », autrement dit à l’idée qu’il existe une faculté de juger en matière morale qui est générale dans toute l’humanité, un bon sens qui permet de reconnaitre le bien et le mal, le juste et l’injuste dans la grande majorité des cas. La casuistique se délecte de tous ces cas de figure si difficiles à décider et qui forment la trame de l’argumentation morale en philosophie. Mais l’essentiel est l’accord entre tous les hommes de bonne volonté qui font confiance à leur bon sens – la chose au monde la mieux partagée selon Descartes. Qu’il faille tenir ses engagements, ne pas dérober le bien d’autrui, respecter les personnes humaines, donner – recevoir – rendre, voilà des règles morales que tous acceptent avec des dérogations plus ou moins larges suivant les situations. Les idéaux de liberté, égalité, fraternité, sont tous ancrés dans cette morale commune, avec cette innovation majeure qu’ils sont réputés universels et non limités aux membres du clan, de la tribu, de la caste ou de la nation.

Il va presque de soi qu’une société dans laquelle le faux témoignage, la violence envers autrui ou la trahison des serments sont monnaie courante n’est pas, à l’évidence une société décente. De même, il est impossible de dire décente une société où règne la débauche, où la démesure est devenue une marque de gloriole et où chacun prétend que son bon plaisir est la seule loi qui vaille. On convient qu’il y a beaucoup d’indécence chez ceux qui vivent dans le luxe tapageur pendant que la grande majorité souffre et manque du nécessaire. Au demeurant, quand les puissants cachent leurs richesses, ce n’est pas par décence – car l’accumulation de richesses est en elle-même un manque de mesure – mais seulement un hommage que le vice rend à la vertu.

Cette manière d’envisager la décence au point de vue moral recoupe l’essentiel des morales généralement admises, qu’il s’agisse des morales antiques (stoïciennes ou épicuriennes), des morales issues du christianisme originel ou encore de la philosophie moderne. La décence hégélienne s’appelle Sittlichkeit, ou encore « éthicité » ou « bonnes mœurs » selon les traducteurs. Inversement la pensée libérale, le plus souvent, a légitimé voire loué l’accumulation illimitée de richesses (de Locke à Ayn Rand…).

Peut-on passer de ces idées morales à une conception politique ? Le libéralisme politique exige que l’on sépare nettement les principes juridiques d’organisation de la société des doctrines morales « englobantes » (voir John Rawls, Théorie de la justice). Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet. La séparation entre politique et morale, quel que soit son intérêt, est impossible à tenir rigoureusement et Rawls lui-même n’y parvient pas (voir notre Morale et justice sociale, Seuil, 2001). D’un point de vue républicaniste, il y a nécessairement un certain nombre de principes moraux qui sont partagés dans une république, faute de quoi la république se corrompt et va à sa perte. Ce qui fait tenir ensemble les citoyens d’une république, c’est qu’ils partagent une « certaine conception substantielle du bien », une certaine idée des « bonnes mœurs » qui doivent assurer une vie aussi heureuse que possible pour tous. Il y a donc bien, incluse dans la conception républicaine une morale, réduite à ce qui gouverne la vie commune, une conception commune de ce qui est décent.

Cette décence commune peut se décliner en quelques principes qui sont largement partagés.

(1) Une société décente est une société dans laquelle les écarts de richesse sont limités – personne ne doit être assez riche pour acheter quelqu’un et personne ne doit être si pauvre qu’il soit contraint de se vendre, disait Jean-Jacques Rousseau. Ce n’est pas, loin de là, une société parfaitement égalitaire. Des différences de revenu et de position sociale sont inévitables et peut-être même nécessaires dans une certaine mesure. Mais on doit pouvoir trouver une mesure, un peu grossière sans doute, des écarts admissibles – il fut un temps où les syndicats soutenaient que les écarts de salaires dans l’entreprise devaient rester inférieurs à 1 à 10. De même on devrait, décemment, trouver des moyens pour éviter les trop grandes concentrations de patrimoine.

(2) Une société décente est une société dans laquelle chacun peut vivre décemment de son travail. Du même coup d’ailleurs, si on met à part ceux qui sont trop jeunes, trop vieux ou trop malades pour travailler, tout le monde a une obligation de travailler. On réconcilie la morale chrétienne (« qui ne travaille pas ne mange pas ») et les paroles de L’Internationale, « l’oisif ira loger ailleurs ». Le « droit au travail » est le droit le plus sérieux que l’on puisse revendiquer. Il figurait en tête des revendications des ouvriers de juin 1848 et constituait l’article 1 de la république sociale.

(3) Vivre décemment de son travail, cela implique que le travail ne soit pas un esclavage et que la place qu’il prend dans notre vie soit légitimée par les besoins sociaux et qu’il permette de se loger, de se nourrir, d’élever ses enfants, de renforcer l’estime de soi des individus. Il s’agit aussi d’être protégé contre la maladie et les autres aléas de la vie et de pouvoir, le moment venu, jouir d’une retraite honorable. Ce qui suppose qu’un fonds social alimenté par le produit du travail soit constitué pour gérer collectivement toutes les nécessités de la protection sociale.

(4) Dans une société décente, chacun peut mener la vie qui lui convient sous réserve qu’il accomplisse ses devoirs sociaux et respecte la même liberté pour chacun. Ce qui n’est possible que si on sépare la vie privée et la vie publique, mais aussi la vie commune de la vie intime. Certaines orientations, certains comportements appartiennent non seulement à la vie privée, mais aussi à la vie intime. C’et singulièrement le cas de la sexualité qui précisément doit rester dans l’intimité ou dans la fiction et non devenir un enjeu de batailles politiques publiques. Personne ne peut être empêché d’avoir des relations homosexuelles ou des relations de groupe, mais en aucun cas on ne mélangera ces questions intimes qui ne peuvent avoir de transcription légale avec le droit civil. Dans ce domaine, n’existent que les lois qui tentent (avec plus ou moins de succès) de régler les questions de la filiation, des devoirs des parents (père et mère) envers les enfants et des devoirs des enfants envers les parents, les parents étant entendus comme le père et la mère ou leur substitut éventuel en cas de disparition des parents, d’abandon ou de maltraitance.

(5) Dans une société décente, les personnes publiques ont le devoir de montrer l’exemple de la probité, du respect des convenances langagières et d’autres comportements attendus de qui détient un office public. Les citoyens doivent pouvoir s’assurer que ceux qui exercent ces fonctions pour lesquelles ils ont été élus n’ont pas profité de l’occasion pour s’enrichir au détriment du bien public.

Une société décente n’est pas une société parfaite. Elle admet que des rapports salariaux puissent perdurer – les salariés étant protégés par un droit du travail robuste, seul à même de limiter les effets pervers possibles de ce contrat de soumission qu’est le contrat salarial. C’est une société qui contient des éléments de socialisme, mais ce n’est pas une société socialiste. Les socialistes peuvent espérer que l’évolution ultérieure se poursuivra vers une société complètement socialiste, les républicains non socialistes y voient un point d’équilibre suffisant pour garantir l’adhésion de la majorité du peuple aux principes du républicanisme.

Il n’est pas certain que ces idées de société décente, de décence commune ou ordinaire offrent un idéal attirant au moment où les thèses les plus extravagantes occupent les esprits des faiseurs d’opinions. Trop raisonnable, trop conservatrice, faisant trop peu de cas de la multiplicité des désirs des individus, la société décente apparaîtra insupportable à ceux qui se pensent les « héritiers du futur ». Quant aux libéraux, ils la trouveront évidemment bien trop socialiste. Mais qu’importe ! La revendication d’une vie décente avec toutes ses implications est susceptible de rassembler une large part de ceux d’en bas, des ouvriers qu’on n’écoute plus, des paysans que capitalistes et végans condamnent à l’unisson, des travailleurs indépendants qui ont beaucoup de mal à « joindre les deux bouts ». Enfin ce qui a été évoqué ici de manière très générale pourrait facilement trouver une traduction en programme politique électoral.

Denis Collin, le 15 août 2020.

L'extrémisme pour les Nuls

Alexis Haupt
Philosophie

L'extrémisme, c'est quand les juges ne condamnent pas les violeurs et les assassins, étant ainsi complices de leurs prochains crimes.
L'extrémisme, c'est quand on tue des personnes âgées dans les Ehpad.
L’extrémisme, c'est quand on suspend des soignants sans salaire, en les laissant crever de faim avec leurs enfants.
L'extrémisme, c'est quand on oblige une population à s'injecter un produit expérimental et nocif dans le sang.
L'extrémisme, c'est quand on ne met pas en prison les pédophiles.
L'extrémisme, c'est quand on retire les droits fondamentaux à ceux qui refusent un chantage sur leur corps.
L’extrémisme, c'est quand on parle de fellation et de sodomie à des enfants à l'école.
L'extrémisme, c'est quand on éborgne des Gilets jaunes qui manifestent pacifiquement parce qu'ils sont à bout.
L'extrémisme, c'est quand on laisse les agriculteurs se suicider tous les jours.
L’extrémisme, c'est quand on a voulu faire passer une loi pour mettre en prison quiconque remettait en question la "science de l'État".
L'extrémisme, c'est quand on ne condamne pas un magistrat qui propose qu'on viole sa fille de 13 ans sur un site libertin.
L'extrémisme, c'est quand on masque des enfants toute la journée parce qu'un psychopathe (Fauci) l'a décidé, et ce en leur expliquant qu'ils tueraient "papi et mamie" s'ils refusaient ces règles folles.
L'extrémisme, c'est quand il y a une augmentation du nombre de suicides chez les enfants à cause du terrorisme d'État comme celui dont on vient de parler.
L'extrémisme, c'est quand on laisse des personnes âgées mourir seules à l’hôpital en interdisant à leurs proches de venir les voir.
L'extrémisme, c'est le totalitarisme, la pédocriminalité, l'hypersexualisation des enfants, la répression policière, la censure, le terrorisme d'État et les crimes contre l'humanité. En d'autres termes, chers amis, l'extrémisme nous l'avons vécu. Un des pires extrémismes de notre histoire.

Méthode pour détruire un pays

Romain Vignest

Étape 1 : rendre la situation financière du pays catastrophique par tous les moyens et autant que possible au profit des maîtres et amis (obligations indexées sur l’inflation, «quoi qu’il en coûte», sommes astronomiques offertes à l’Ukraine, aides versées par milliards aux entreprises et à la presse des oligarques etc.).
Étape 2 : créer une situation parlementaire précaire empêchant l’émergence d’un pouvoir fort (avec la participation enthousiaste des castors de gauche et de droite et des politiciens vénaux) et confier la primature à un eurocrate, ancien membre du groupe d’Amato et de la Commission, pour que le pays soit gouverné de l’extérieur.
Étape 3 : prétexter de cette situation catastrophique pour mettre en œuvre sous son contrôle la politique néo-fasciste exigée par l’UE au profit des détenteurs de la dette (et éprouvée en Grèce) : austérité drastique et annulation des droits sociaux associées à la surveillance étroite des masses et des personnes, dilapidation du patrimoine national au profit des détenteurs de la dette (si les ministères sont déplacés en province, soyez sûr que leurs sièges parisiens trouveront preneurs à vil prix).
Remarque : il va de soi qu’aucune autre politique n’est possible, que le libéralisme c’est la liberté et que la France ne serait rien sans l’UE.

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Ce que révèle l’ouragan Helene de l’administration Biden-Harris

H16

11/10/2024 - Le 27 septembre dernier, un véritable déluge s’abattait sur plusieurs comtés de Caroline du Nord et du Tennessee aux États-Unis : Helene, ouragan alors passé en tempête tropicale, déversait des trombes d’eau sur les Appalaches entraînant la formation de fleuves de boue massifs qui ont tout emporté. Et comme nous sommes aux États-Unis, le chaos se transforme rapidement en spectaculaire.

Il faut admettre que l’ouragan Helene n’y est pas allé avec le dos de la cuillère et la comparaison avec Katrina, l’ouragan qui avait dévasté la Nouvelle-Orlean en 2005, permet de bien se rendre compte de l’ampleur de la catastrophe ; en effet, cette dernière tempête, qui était passée en catégorie 3 une fois parvenue sur les côtes de Louisiane, avait enregistré des vents à 200 km/h et disposait d’un diamètre conséquent de 345 km.

Helene quant à lui est arrivé encore en catégorie 4 sur les côte de Floride avec des vents de 225 km/h et un diamètre de 670 km, ce qui lui a permis d’atteindre l’intérieur des terres et déverser des torrents de pluie sur les Appalaches. Même à plus de 2h de route des côtes, la tempête était encore en catégorie 2 avec des vents à 150 km/h ce qui y est rare. Les habitants, peu habitués à cette violence et ces pluies diluviennes, ont été surpris par son ampleur.

Les zones dévastées sont importantes et l’intensité pluvieuse a battu des records.



Sans grande surprise, les médias ont fait assaut de répétitions oiseuses pour faire comprendre que ce phénomène pouvait être directement lié à l’activité humaine, au méchant carbone rejeté par les 4×4 polluants de vilains Américains et aux bornés qui ne comprennent pas pourquoi il faut encourager la déforestation massive pour planter des panneaux solaires. Pas de doute, il y aurait augmentation de ces phénomènes et apparemment, les événements météos sont aussi des événements climatiques quand ils vont dans le sens de la doxa officielle.

Hélas, les statistiques sérieuses, cependant, montrent une absence têtue de tendance haussière et, si on se contente vraiment d’observer les données, indiquent plutôt une décrue de ces événements exceptionnels :


Et pendant que la presse de grand chemin fait ses choux gras de l’influence des pets de vache sur la force des ouragans, les témoignages de victimes ou de personnes sur place s’accumulent : l’ampleur de la catastrophe est très supérieure à ce que les médias semblent vouloir en dire. Les premiers décomptes macabres (qui s’établissent officiellement autour de 250 morts au moment où ces lignes sont écrites) paraissent bien faibles face aux rapports de ces témoins qui évoquent des morgues débordées.

Ce nombre de victime, malheureusement appelé à évoluer à la hausse, n’a pas défrisé la presse qui n’a pas du tout offert la même couverture à cet ouragan que, jadis, pour Katrina. Ainsi, la différence de traitement saute aux yeux pour peu qu’on se donne la peine de comparer un même organe, comme ci-dessous avec le New-York Times (cliquez pour agrandir) :


Se pourrait-il que les médias, très majoritairement démocrates, soient quelque peu biaisés dans le traitement de cette catastrophe qui intervient sous une administration démocrate et alors que Kamala Harris patauge de plus en plus fort dans une campagne désastreuse, au contraire de Katrina qui embarrassait alors l’administration Bush, républicaine ?

Hypothèse pas si ambitieuse lorsqu’on regarde de ce côté-ci de l’Atlantique et qu’on se rend compte que la presse francophone est particulièrement évasive sur la façon dont cette administration gère la catastrophe.

Tant ici qu’aux États-Unis, la presse semble extrêmement mesurée à rapporter les difficultés des habitants de Caroline du Nord et du Tennessee à retrouver un lien avec la civilisation, à être secourus autrement que par leurs propres efforts notamment.

Il apparaît en effet que si les autorités locales font souvent preuve d’autonomie et le maximum pour aider leurs concitoyens, il en va franchement différemment des organismes fédéraux et de l’administration Biden en général qui montrent une capacité assez stupéfiante à surtout mettre des bâtons dans les roues de ceux qui se sauvent sans leur “aide”.

Les témoignages abondent de l’inanité de la FEMA qui, dans le meilleur des cas, paraît complètement empotée, et dans le pire, semble faire assaut d’inventivité pour gêner les sauveteurs locaux, prétextant notamment n’avoir plus un rond de côté et être entièrement mobilisée à la frontière mexicaine, à tel point que la Représentante Nancy Mace a récemment introduit une proposition de loi pour que l’ensemble des fonds disponibles de cette agence ne soient plus utilisés pour les immigrants mais pour aider les rescapés d’Helene.

Il serait presque comique (si la situation n’était pas si désastreuse et des vies en jeux) d’observer d’ailleurs les chicanes entre les médias officiels, qui essayent de prouver que non, les fonds de la FEMA n’ont pas été dilapidés pour loger les immigrants illégaux, alors même que Karine Jean-Pierre, la porte-parole de la Maison Blanche, affirmait sensiblement le contraire en septembre 2022 avec un aplomb que les événements récents rendent grotesque.

Ces chicanes prennent d’ailleurs une tournure consternante lorsqu’Elon Musk a pris le parti d’aider les victimes, notamment en leur fournissant des boîtiers Starlink permettant une connectivité à internet par satellite, et en essayant d’obtenir que la FEMA cesse de multiplier les paperasseries bureaucratiques afin de clouer les vols d’hélicoptères entrepris par les pilotes locaux, volontaires pour aider leurs concitoyens coincés dans les Appalaches.

L’échange assez agacé qu’il a publié sur son réseau social X.com aura poussé Buttigieg, un incompétent notoire Secrétaire des transports, à s’agiter un peu afin d’assouplir la bureaucratie paralysante que l’agence semblait décidée à imposer, sans que ce dernier n’ait pu s’empêcher de nier les témoignages de personnes sur place.

Bien évidemment, ni la presse américaine, ni le reste de la presse occidentale ne font beaucoup de cas de ces dysfonctionnements pourtant graves dans l’administration Biden-Harris. Du reste, le fait que le président Biden ait pris plus de 6 jours pour déployer 1000 soldats de la Garde nationale (le 2 octobre) et ait attendu encore quatre jours supplémentaires pour y adjoindre 500 nouveaux soldats montre une assez stupéfiante mollesse.

Le temps de réaction de Kamala Harris – dont on rappelle qu’elle est en campagne électorale et devrait donc être au taquet sur ces aspects – a laissé perplexe jusqu’aux rédactions européennes, pourtant peu suspectes de rouler pour le candidat adverse.

Le fait est qu’au moment où le président américain envoyait quelques troupes aider les victimes d’Helene, Harris trouvait électoralement malin de médiatiser les 157 millions de dollars envoyés au Liban (qui n’est pas un village en Caroline du Nord)…


De façon particulièrement saillante, les critiques acides, les témoignages directs qui viennent frontalement contredire l’administration, qui exposent les jeux troubles auxquels jouent politiciens et agents fédéraux dans certains lieux de pouvoirs, et les vagues assez vocales de réprimandes du public américain ne sont pas du tout du goût ni des politiciens ni des médias de l’establishment.

C’est d’ailleurs si irritant pour ces derniers qu’ils envisagent ouvertement, une fois réélus dans un prochain mandat Harris-Walz, une remise à plat du Premier amendement américain (autorisant la plus grande des libertés d’expression). Hillary Clinton a ainsi publiquement expliqué que laisser les réseaux sociaux sans modération revenait à perdre le contrôle et qu’une révision de la liberté d’expression devenait de plus en plus indispensable dans le pays…

Au-delà du bilan humain qui va probablement s’alourdir et qui rappelle que la nature a encore le dernier mot, le fait est que ces événements ont pris très rapidement une dimension politique à un mois des élections américaines les plus tendues de l’histoire des États-Unis.

Le pays est véritablement scindé en deux parties distinctes, qu’il devient de plus en plus difficile de réconcilier avec d’un côté les médias, les politiciens installés (Démocrates et ceux qui se prétendent encore Républicains mais adulent les politiques démocrates) et une partie de plus en plus minoritaire de la population, et de l’autre le peuple dont une part croissante se rend compte qu’elle est baratinée sans arrêt par les premiers pour accepter le système actuel sans broncher.

Dans ce contexte, les catastrophes naturelles jouent (et joueront) ici un rôle de catalyseur de ces différences, et on comprend qu’il y a fort peu de chances que le scrutin du 5 novembre prochain se déroule dans des conditions idoines de pondération et de sérénité.

En somme, attendez-vous à tout. Rien ne devrait se dérouler comme prévu.


https://h16free.com/2024/10/11/78887-ce-que-revele-louragan-helene-de-ladministration-biden-harris

9 octobre 2024

Vincent Verschoore

9/10/2024 - Les covidistes estiment que questionner les relations incestueuses entre Pfizer et la Commission européenne relève du complotisme "antivax", cela n'a pas empêché le New York Times de déposer plainte contre von der Leyen pour non-divulgation des SMS échangés avec Bourla dans le cadre des mirifiques contrats vaccinaux Covid :
"Les SMS échangés entre Albert Bourla et Ursula von der Leyen seront-ils dévoilés un jour ? Le New York Times l'espère. Le quotidien américain a demandé à avoir accès aux messages entre le patron de Pfizer et la présidente de la Commission européenne, au titre de la liberté d'informer. N'ayant jamais eu gain de cause, il a saisi la justice de l'Union Européenne. Cette dernière a indiqué lundi que l'affaire sera étudiée le 15 novembre."
Il y aura ensuite des mois avant l'annonce d'un verdict, des mois au cours desquels les pressions politiques et mafieuses pour un non-lieu seront énormes, donc ne pas se faire d'illusions.
Reste le symbole lui-même, l'énormité de l'affaire baignant dans la corruption et le pillage de l'argent public.
Si, par miracle, le tribunal devait se prononcer contre VDL, cela pourrait ouvrir la porte à d'autres actions contre les covidistes, aujourd'hui encore parfaitement protégés par l'establishment, du moins en France.


8 octobre 2024

Jean-Pierre Luminet

Depuis quelques années je fais partie du Haut Conseil international de la Langue française et de la Francophonie (HCILFF), qui rassemble 198 personnalités et 38 associations culturelles. Nous ne cessons de dénoncer le désastre croissant concernant l'usage de notre langue, que ce soit à l'étranger dans des pays jadis francophones ou en métropole. Toutes les lettres d'avertissement que nous adressons, tant à l'actuel (plus pour longtemps j'espère) président de la République Macron qu'à la dame Leyen qui tient l'Europe sous sa démente férule, restent sans réponse. Sera-t-on surpris? Ce ne sont que les valets des intérêts américains.
Le 19ème Sommet de la Francophonie va pourtant se tenir les 4 et 5 octobre à Villers-Cotterêts sous l'hypocrite férule du pouvoir. Le Haut Conseil s'est vu interdire d'y intervenir pour y présenter le lamentable état des lieux. Il a donc décidé de tenir une conférence de presse qui se tiendra le 5 à Paris, au 1er étage du restaurant historique Le Ragueneau, hanté par Molière et le Cyrano d’Edmond Rostand. Ne pouvant être présent, on m'a demandé de rédiger un texte qui sera lu par un des responsables du Conseil. J'y aborde notamment le secteur très important des sciences, particulièrement touché.
Voici l'intégralité de mon texte. Certains pourront penser que le combat est perdu d'avance, voire aussi ridicule que celui de Don Quichotte face aux moulins à vent. À vous de juger.

Si la francophonie a toujours revêtu pour moi une importance particulière, c’est parce que j’exerce une double activité de chercheur et d’écrivain. En tant qu’écrivain, je suis amoureux des beautés du français, de sa musique, de ses subtilités mais aussi de ses complications, que nombre d’idéologues du jour et pédagogues auto-proclamés voudraient supprimer. L’expression littéraire me permet également de combler le déficit d’expression qui est attaché à mon activité scientifique. Déficit car en tant que chercheur, ma langue de travail au quotidien est celle de l’empire anglo-américain, tant au niveau de la lecture des travaux de mes collègues, de l’écriture pour la rédaction de mes propres articles spécialisés, que de l’expression orale lors des colloques nationaux et internationaux.
Il est certes commode qu’il existe une langue favorisant les échanges scientifiques entre chercheurs de différentes nationalités, comme ce fut longtemps le cas pour le latin, et plus tard pour le français au siècle des Lumières lorsque, tous domaines confondus, notre pays tenait le premier rang dans le monde. Mais on ne dira jamais combien le scientifique dont l’anglais n’est pas la langue maternelle se trouve aujourd’hui pénalisé dans la compétition internationale. Plus important, combien chaque langue développe une spécificité de pensée. Le langage de la science ne se réduit pas à des équations et des formules. Pour universel qu’il soit, il n’en est pas moins le reflet d’une culture, d’une langue, d’une histoire. Réduire l’expression scientifique à une langue unique fait prendre le risque d’un singulier appauvrissement de la créativité scientifique, découlant inéluctablement d’une uniformisation et d’un nivellement par le bas de l’expression écrite et orale de la pensée.
En l’an 2000, invité au Forum Economique de Davos à un dîner sur l’avenir de la Francophonie, présidé par Mr Raymond Barre, j’avais déjà eu l’occasion de prendre la parole pour insister sur le devoir des chercheurs, des écrivains et des artistes de notre pays de se faire les ambassadeurs de la culture francophone à l'étranger.
Autant dire qu’il s’agissait d’un vœu pieux. Un quart de siècle plus tard, je constate avec consternation que la langue française est plus que jamais malmenée, méprisée par la caste, méthodiquement remplacée par le globish anglo-américain, avec la traîtresse et servile complicité de la quasi-totalité des instances politiques, médiatiques, scientifiques et artistiques, y compris dans les institutions françaises et européennes où notre langue est censée être d’usage.
Celle-ci est piétinée dans notre pays même, parfois en dehors de toute légalité. Dans les laboratoires de recherche français, qu’ils soient affiliés au CNRS, aux Universités, au CEA, à l’INSERM, etc., les séminaires sont systématiquement donnés en langue anglaise, sous prétexte qu’il y a ne serait-ce qu’un seul auditeur non francophone dans la salle. Ce dernier, accueilli par notre pays, ne peut-il donc faire l’effort – et avoir la politesse - d’apprendre a minima les rudiments de notre langue ? Que penser aussi de la démission de nos institutions devant l’omnipotence de la langue de l’empire anglo-saxon, qu’il s’agisse des universités et des grands organismes de recherche financés par l’État, donc le contribuable ? Et je constate avec effarement que lorsque ces derniers, dans leur communication interne à l’usage des chercheurs et des enseignants qui y travaillent, consentent à utiliser le français, c’est de plus en plus souvent en écriture inclusive, cet abâtardissement idéologique qui gangrène peu à peu notre langue et notre culture.
Une politique d’État digne de ce nom se devrait de réaffirmer la prééminence de notre langue dans la communication scientifique au sein des universités et des laboratoires du pays. Concernant les colloques internationaux, elle devrait encourager les chercheurs français désireux de s’exprimer dans leur langue natale, quitte à donner les moyens techniques et financiers aux organisateurs de mettre en place des dispositifs de traduction simultanée. Nous en sommes hélas très loin : nos gouvernants actuels sont complices de l’inféodation de la France et de l’Europe à l’hégémonie étatsunienne.
J.P. Luminet, août 2024

7 octobre 2024

Christian Rol

7 OCTOBRE

Natalia Routkevitch


« Nous gagnons chaque bataille contre le terrorisme, mais nous perdons la guerre. »

Peu de temps après le tremblement du 7 octobre 2023, cherchant à mieux comprendre le fonctionnement des services israéliens, je suis tombée sur le documentaire franco-israélien « The Gatekeepers », qui avait fait sensation en 2013. Dix ans plus tard, il résonnait comme une inquiétante prophétie et donnait les clés pour prévoir la suite du 7 octobre.
Dans ce film, cinq anciens directeurs du Shin Bet, le service de sécurité intérieure israélien – Avraham Shalom, Yaakov Peri, Carmi Gillon, Ami Ayalon et Avi Dichter – ainsi que le directeur en poste à l’époque, Yuval Diskin, confient au réalisateur Dror Moreh les rouages de leur institution depuis la victoire d'Israël lors de la guerre des Six Jours. Il est rare d'entendre des témoignages aussi directs, marqués par une autocritique aussi profonde, de la part des dirigeants des services de renseignement.
Ainsi, Avraham Shalom admet que les services israéliens n’ont jamais eu de véritable stratégie, se contentant de mesures tactiques. « Nous n'avons pas su anticiper les événements majeurs, remarque Yuval Diskin. - Nous avons été pris de court par la première Intifada, la deuxième Intifada, et même l’assassinat de Rabin… »
Les assassinats ciblés de terroristes, souvent accompagnés de « dommages collatéraux » (la mort de civils innocents), les arrestations de milliers de suspects, les perquisitions, les interrogatoires et les tortures – les anciens chefs du Shin Bet relatent, presque avec détachement, des décennies de guerre contre le terrorisme. Mais leurs récits révèlent également à quel point les actions de leur service, loin d’apaiser les tensions, ont contribué à l’escalade de la haine et de la méfiance réciproques.
« Nous sommes devenus très cruels, » reconnaissent-ils. « Nous avions tant de travail pendant toutes ces années que nous n’avons jamais pris le temps de réfléchir à ce que voulaient réellement les Palestiniens ni à comment la paix pourrait être possible. »
Leurs confessions semblent confirmer les sombres prédictions du philosophe israélien Yeshayahu Leibowitz, qui avait averti dès la fin de la guerre des Six Jours que, si Israël tentait de maintenir sa domination sur un autre peuple sur les territoires occupés, il en paierait un lourd tribut moral et politique. « Un pays qui gouverne une population hostile d’un million d’étrangers se transformera inévitablement en un État du Shin Bet, avec toutes les conséquences que cela implique en termes de liberté d’expression, de pensée et de démocratie », écrivait Leibowitz en 1967.
Lorsque Dror Moreh rappelle cette prédiction à Yuval Diskin, celui-ci répond qu’il est d’accord avec chaque mot. Depuis 1967, dit-il, Israël mène une politique vouée à l’échec, qui s’avère être autodestructrice.
Les mots les plus terrifiants sont peut-être ceux d’Avraham Shalom, considéré comme l’un des faucons les plus durs du Shin Bet : « Nous sommes devenus comme les nazis. Bien sûr, nous ne traitons pas les Palestiniens comme les Allemands ont traité les Juifs. Mais nous agissons envers les Palestiniens comme les nazis l’ont fait envers d’autres peuples occupés – les Belges, les Polonais, les Tchèques… »
« Nous gagnons chaque bataille contre le terrorisme, mais nous perdons la guerre, » admet Ami Ayalon à la fin du film, lui qui a aidé Moreh à obtenir ces entretiens exclusifs.
Ayalon cite des mots prononcés par un médecin palestinien qu’il connaissait, lors de la deuxième Intifada. À l’époque, ces paroles l’avaient étonné, mais aujourd’hui elles prennent tout leur sens. « Nous avons gagné, » lui avait annoncé le Palestinien, alors que la répression violente faisait rage et que l’espoir d’un État palestinien s’évanouissait. « Nous avons gagné, parce que notre victoire, c’est de voir vos souffrances. » 6/10/2024

Mais où part le pognon ?

H16

7/10/2024 - En France, le salarié ne le sait pas, mais il vaut beaucoup plus que ce qu’il est payé. Beaucoup, beaucoup plus. Mais voilà, il n’est pas seul sur son salaire…

En réalité, quand le salarié français gagne de l’argent, il en gagne un peu pour lui et surtout beaucoup pour les autres. C’est important, les autres, d’autant qu’ils sont tous les jours plus nombreux.

Et combien part pour les autres ? Sur 100 euros qu’un salarié moyen gagne par son travail, 54 euros (oui, oui, plus de la moitié) repartent dans les caisses de l’État et des administrations diverses. Et ce n’est qu’en première approximation.


En effet, une fois le salaire sur le compte bancaire, le Français doit s’acquitter d’autres taxes : il devra donc en retirer les taxes sur l’énergie, le carburant ou le carbone, les malus divers et variés, qui s’insinuent un peu partout dans ses achats quotidiens. Bien sûr, il y a aussi les grosses ponctions occasionnelles : les taxes dodues sur l’immobilier, sur les plus-values boursières, les livrets ou l’assurance-vie, ainsi que les taxes sur l’héritage, …

Ceux qui voudront découvrir une liste (incomplète) des taxes et impôts actuellement en cours en France pourront se rendre ici.

Cependant, avec tout ce pognon (“de dingue”), l’État devrait péter la forme. Or, en réalité, c’est la déroute.

Ainsi, le régalien affiche des sous-performances alarmantes. L’armée montre des signes de fatigue assez consternants, la police est débordée, la justice est de plus en plus lente et ses échecs de plus en plus catastrophiques sont maintenant visibles de façon quasi-quotidienne dans la presse. Est-il besoin de revenir sur la hausse régulière de l’insécurité, avec des coups et blessures volontaires multipliés par 5 depuis 1996 ?


Et hors régalien, c’est pas franchement mieux…

Ainsi, l’école “♩ Laïque & ♪ Républicaine” forme de moins en moins bien. Le nombre d’élèves qui ne savent pas lire, écrire et compter lorsqu’ils arrivent en sixième grimpe tous les ans, ce qu’attestent des scores PISA de plus en plus médiocres. Les copies incompréhensibles au collège puis au lycée ne sont plus rares.


Si l’on regarde du côté des hôpitaux, ces derniers affichent un déficit croissant (1,3 milliards d’euros en 2022). Le temps moyen pour un rendez-vous chez un spécialiste est aussi passé de 4 jours en 2019 à 10 jours en 2024. Quant au nombre d’équipements d’imagerie médicale (scanners et autres) par habitant, la France se situe confortablement entre… le Chili et l’Estonie. Pour comparaison, la Suisse en a plus du double et le Japon plus du quadruple (chiffres OCDE).


On pourrait passer d’autres domaines où l’État intervient plus ou moins massivement, les résultats seraient aussi peu glorieux. Et pire que tout, chaque année, même s’il gagne 293 milliards, l’État en dépense 455 (chiffres 2023) et ajoute un gros paquet de dettes aux plus de 3000 milliards d’euros déjà entassés.


Cependant, à un moment donné, il va bien falloir se poser cette question qui fâche : mais alors, où diable passe tout ce pognon de dingue ?

Eh bien, dans plein de joyeux ruisseaux qui irriguent des poches très bien réparties mais pas toujours bien identifiées sur tout le territoire.

Par exemple, l’argent de dingue, il part dans des milliers de petits salaires, ceux des fonctionnaires notamment (de la fonction publique d’État un peu, mais surtout hospitalière ou territoriale). Oh, bien sûr, il ne s’agit pas de dire ici qu’on les surpaye ! Ce n’est pas le cas : chacun n’est pas très cher, mais il y en a beaucoup. Et surtout, il y en a de plus en plus. Leur nombre croît beaucoup plus vite que la population. Près de deux fois plus vite, même.

Ainsi, en 1997, pour une population de 59.97 millions d’individus, on comptait 4,65 millions de fonctionnaires. Alors qu’en 2021, la population a cru de 13% à 67.76 millions, celle des fonctionnaires a explosé à 5,674 millions (soit 22% d’augmentation).


Par exemple, l’argent de dingue, il part dans les centaines d’aides instaurées pour compenser (un peu) les taxes et impôts délirants : les chèques bidules (énergie, réparation, chaudière, …), les allocations machins, les primes trucs s’entassent pour des montants toujours plus élevés.

Le pire est que les Français sous-utilisent ces aides car il y en a trop et qu’elles sont trop compliquées à obtenir. Ainsi, 10 milliards ne sont donc pas attribués tous les ans, et heureusement ! Si ces sommes étaient effectivement réclamées, le déficit serait encore plus profond.

Par exemple, l’argent de dingue, il part dans le choix de certaines protections sociales, comme les retraites du public dont une partie est abondée directement par le budget de l’État afin d’éviter une faillite gênante. Comme l’indique le COR, “dans le régime de la fonction publique de l’État, les ressources du système dépendent, en plus des cotisations des salariés, de subventions d’équilibre.”

Par exemple, l’argent de dingue, il part dans des énormes subventions aux associations lucratives sans but. On parle ici de 23 milliards qui sont distribués tous les ans… quasiment sans contrôle. Ces associations devraient vivre des dons de mécènes et des versements des adhérents. En pratique, certaines associations sont devenues de véritables entreprises (comme par exemple le groupe SOS, très lié – hasard commode – à la Macronie et qui emploie plus de 20.000 personnes).

Ici, comme avec les chèques énergie qui essayent de compenser les impôts vexatoires, ces subventions d’associations essayent de compenser le faible dynamisme entrepreneurial français : comme on tabasse les entreprises et qu’on arrose les associations, les premières périclitent et les secondes se multiplient.

Celles qui ont une utilité sociale n’ont pas besoin de subventions : des Français moins perclus d’impôts pourront donner. Les autres sont juste un habillage sur du détournement de fonds publics.


Par exemple, l’argent de dingue, il part dans toutes ces dépenses qu’on n’a pas les moyens de payer mais que les accointances, les copains et les coquins parviennent toujours à faire financer. Cela va de l’art subventionné (l’explosion des giratoires en France n’y est pas étrangère) jusqu’aux “recherches” sur les sujets les plus farfelus…


Par exemple, l’argent de dingue, il part dans des dépenses diverses en petits fours et représentation alors qu’on n’en a plus les moyens non plus. On pourrait prendre exemple (parmi des douzaines) de l’explosion des aides internationales : on est passé de 10.3 milliards d’euros en 2018 à 15.1 milliards en 2022 (soit une augmentation de 46% en 4 ans) alors que les recettes de l’État passaient de 242 milliards à 244 milliards dans le même temps (0.8%)

En 2013, Agnès Verdier-Molinié montrait qu’on pouvait faire 60 milliards d’économie tous les ans. Maintenant, on pourrait sans problème grimper à 90 milliards.

En fait, à la question “où part le pognon”, il faut répondre un peu tout ce qui précède : des milliers de petits et de gros ruisseaux qui font d’énormes fleuves de gaspillages et de détournements.

Sous l’Ancien-Régime, le peuple était aussi perclus d’impôts et de taxes, mais ces dernières ne se montaient pas à 70 ou 80% des salaires perçu, loin s’en faut. En réalité, il faut comprendre que le capitalisme et la liberté d’entreprendre ont permis des gains de productivités si extraordinaires que l’État a pu faire grossir toujours plus sa part, au point d’être maintenant de très loin le principal bénéficiaire de ces gains.

Dans les pays occidentaux, et en France en particulier, le citoyen n’a que les miettes de sa productivité.

Et contrairement à ce que les gauchistes – incultes en économie – braillent sans cesse, le plus gros bénéficiaire n’est pas le patron, mais l’État, de loin.

C’est ce qui explique que le PIB/habitant en Suisse (93.000 USD) est 23% supérieur à l’américain (76.000 USD) qui est presque le double du français (40.000 USD). Pour rappel, en 1980, le PIB/habitant suisse était de 19.300 USD, le français de 12.700 et supérieur à l’américain (12.600 USD alors).

La France a choisi le socialisme et de faire grossir son État. Elle est maintenant endettée, pauvre et en faillite.

Ce pays est foutu.


https://h16free.com/2024/10/07/78847-mais-ou-part-le-pognon