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14 octobre 2024

La crise de la dette est à l'horizon

Jean Mizrahi

12/10/2024 - Dans toutes les discussions sur la dette de l'État de notre pays, ce que beaucoup de gens – dont les politiciens – ont du mal à comprendre, c'est que, dans les dix prochaines années, la charge des intérêts de la dette publique va croître de manière inexorable : l'effort qui devra être fait sera croissant, sauf à mettre un grand coup de collier à très court terme et pendant plusieurs années pour desserrer la pression. L’État finance actuellement ses dépenses avec des instruments financiers dont la durée est de dix ans, ce qui signifie que chaque année, un dixième (pour faire simple) de la dette doit être refinancé. Environ 10% d'une dette, pour l'essentiel contractée à des taux très bas à une époque où les banques centrales ont adopté des politiques monétaires trop accommodantes, doivent désormais être refinancés à des taux plus élevés, avoisinant actuellement les 3%, et susceptibles d’augmenter encore si une crise de confiance survenait.
Sur une décennie, cet effet cumulatif devrait aisément conduire à un doublement de la charge de la dette, la portant à des niveaux de plus de 100 milliards d’euros par an, si les taux se maintiennent à 3%, voire plus en cas de tensions économiques ou géopolitiques.
Ce type de scénario s’est déjà produit à de très nombreuses reprises dans l’histoire avec des conséquences dramatiques. L’Espagne de Philippe II au XVIe siècle est un exemple typique. Philippe II a emprunté massivement pour financer ses guerres impériales, mais cette dette colossale a conduit à plusieurs banqueroutes successives, notamment en 1557, 1575 et 1596, malgré les richesses colossales venues des Amériques. L'accumulation de dettes était telle que le royaume a fini par perdre sa puissance économique et son hégémonie mondiale. Autre exemple : celui de la France sous Louis XVI, au 18ème siècle. Le poids croissant de la dette, en grande partie héritée de ses prédécesseurs, a asphyxié les finances du royaume. Incapable de réformer son système fiscal ou de réduire ses dépenses, la monarchie s’est retrouvée piégée dans une spirale d’endettement qui a précipité la crise financière de 1788 et a contribué à l’effondrement de l'Ancien Régime, ouvrant la voie à la Révolution française et à la guillotine. Plus récemment, des événements tels que la crise de la dette en Amérique latine dans les années 1980 ou la crise de la dette grecque et consécutivement de la zone euro en 2010-2012 rappellent que la dépendance excessive à une dette extérieure, combinée à des chocs externes, peut conduire à des crises de solvabilité massives.
Voilà très exactement ce qui nous menace : des difficultés financières insurmontables, et alors, de façon probable dans un pays qui n'a plus confiance dans ses élites, un ressentiment généralisé de la population conduisant à des crises sociales et politiques majeures, voire de la violence (heureusement tempérée par l'important vieillissement de la population par rapport aux siècles passés).
Beaucoup de nos politiciens devraient écouter Jacques De Larosière, un serviteur de l'État dans les matières financières qui, à 94 ans, a plus de bon sens que beaucoup de bavards de notre classe politique. Je pense qu'il se trompe sur la dépense sociale dont il sous-estime les effets négatifs, mais au moins tient-il le discours que les "responsables" politiques devraient tenir.

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Marc Amblard

USA - Le ministère de la Justice se bat pour que les millions d'illégaux sans papiers puissent voter.

La France Potemkine

H16

14/10/2024 - Ah enfin ! Devant la situation du pays de plus en plus tendue, le Chef de l’État s’empare à bras le corps des vraies questions qui taraudent les Français et intervient directement dans la discussion pour peser de tout son poids : non, vraiment non, il ne faut pas que la série “Emily In Paris” se déporte à Rome !

Emmanuel Macron est formel et, dans le fond, il n’a pas tort : une série “Emily In Paris” qui verrait ses épisodes se dérouler dans la ville italienne, ça n’aurait pas de sens, et il est donc parfaitement logique que l’actuel locataire de l’Élysée ait directement abordé la question, dans un entretien accordé au magazine américain Variety, auprès des producteurs pour bien faire réfléchir le réalisateur de la série Netflix sur la suite qu’il entend lui donner. Le fait que Brigitte Macron ait donné une réplique dans l’un des épisode joue probablement un peu en faveur des efforts déployés par le Président français pour que la série reste dans la capitale…


En tout cas, le peuple pourra se rassurer de voir ainsi l’image du pays continuer d’être défendue avec autant de ferveur par Emmanuel Macron. Au moment où les finances de l’État traversent des difficultés croissantes, que les tensions sociales et politiques s’accumulent, au moins pourra-t-on se rassurer en constatant que le Chef de l’État ne se laisse pas distraire des combats importants : la série Netflix constituant une vraie réussite d’audience, elle permet, à sa mesure, de diffuser une image enthousiasmante du pays et de la capitale et son art de vivre à la française.

En somme, Macron se bat ici vigoureusement pour que les dépliants touristiques, les réalisations marketing et la communication sur papier glacé soient les meilleurs possibles et que la France soit présentée sous son meilleur jour.

Comme c’est mignon !


Cependant, les efforts du politicien pour conserver une jolie façade devant des coulisses qui sont de plus en plus détériorées ne sont pas uniques : ils s’inscrivent dans une tendance générale où tous les domaines “bénéficient” des mêmes gesticulations de la classe jacassante, cette tranche maintenant très minoritaire mais très bruyante de la population composée des politiciens, des médias et d’une frange de l’élite intellectuelle qui s’emploie, chaque jour, à dresser un portrait économique, social, politique, sécuritaire du pays de plus en plus détaché de la réalité.

Ainsi, en économie, la France qui jacasse nous annonce un quasi-plein emploi, une inflation et un budget maîtrisés, des entreprises qui innovent et qui grandissent, des secteurs d’activités qui s’épanouissent, et tout un gouvernement qui s’ingénie à améliorer chaque jour la situation des Français. La façade est décidément jolie.


Cependant, ceux qui regardent derrière le décor proposé voient des statistiques économiques si bidouillées que leur exercice de lecture tient plus de la cryptanalyse que de la simple interprétation. Le déficit budgétaire est si monstrueux que personne ne veut plus en affronter la réalité directement, et que se multiplient à présent les annonces grotesques du gouvernement pour tenter de convaincre qu’on n’a pas perdu totalement le contrôle des finances du pays. L’immobilier s’effondre, les faillites d’entreprises explosent, les Français s’appauvrissent visiblement, la balance commerciale fouille des déficits toujours plus profonds. Même la gendarmerie cherche de l’argent pour payer ses loyers.

Ainsi, dans le domaine social, les Jacassants nous peignent une façade de bons enseignements et d’un niveau scolaire solide. Ils nous expliquent que non, le niveau général d’enseignement ne baisse pas, ni du côté des élèves, ni du côté des enseignants.

Peu importent les rapports alarmants montrant les scores en chute ininterrompue des tests PISA, peu importe le constat dramatique que les élèves ne savent même plus écrire dans un français tout juste lisible, il suffira de camoufler cette dégringolade en baissant le niveau exigé pour les diplômes délivrés (d’où un bac de plus en plus distribué) puis, de fil en aiguille, en baissant à son tour le niveau exigé pour les enseignants eux-mêmes, comme au CAPES par exemple.

Il en va de même pour la santé, pour laquelle la classe jacassante nous rebat les oreilles avec l’argument que la France dispose d’un système de protection inégalé dans le monde. Les statistiques, déjà produites dans ces colonnes, imposeraient l’humilité mais malheureusement, le mythe est si fermement ancré que tout discours critique à ce sujet est pris pour une subversion insupportable.


Ainsi, dans le domaine de la sécurité, la classe jacassante aura tôt fait de rappeler que, jadis, en France, les périodes passées étaient au moins aussi criminogènes et dangereuses, que les gangs qui surinent pour un oui ou pour un non ont toujours existé, que la tendance actuelle est en définitive plutôt orientée comme il le faut, et qu’il y a surtout une sur-représentation de l’insécurité par des médias qui ont, c’est évident, un méchant agenda politique. Là encore, la façade de sécurité semble de moellons compacts et solides.

Pour cette classe jacassante, il n’y a pas d’insécurité mais seulement “un sentiment”, dont on arrivera à bout quitte à déployer moults gadgets électroniques et en augmentant sans cesse la surveillance des citoyens. La façade sera sans problème couverte de caméras, aux algorithmes de plus en plus pointus. L’arrière-cour, elle, continuera d’être le témoin de violences gratuites, de couteaux fous ou déséquilibrés, de viols parfois suivis de meurtres (que la morale – mais pas trop la justice – réprouve, hein).

Le décor est là, planté, serein et les trompe-l’œil sont convaincants : bien évidemment non, la justice n’est pas laxiste, l’immigration est toujours une chance pour la France et si les OQTF ne sont que très partiellement appliquées, c’est parce qu’on en distribue trop (précisément car la justice n’est pas laxiste, c’est logique, m’voyez).


Bref, sur chaque sujet, la classe jacassante a tôt fait de nous présenter une magnifique image pieuse, un décor, une façade joliment décorée. Mais à chaque fois qu’on regarde derrière, on découvre qu’il n’y a que cela : une image, une façade, un décor. Les gesticulations de Macron pour conserver une série Netflix à Paris rentrent parfaitement dans ce cadre : il faut sauver l’image, l’apparence, le décor.

Comme les villages Potemkine, la France n’est plus qu’une suite de façade et de décors en carton bouilli, une France Potemkine. Et puisqu’on parle Potemkine, difficile de ne pas évoquer le Cuirassé du même nom qui relate la répression sanglante du peuple par une garde prétorienne impitoyable.

La question qui s’impose alors : de la France Potemkine à la France Cuirassé Potemkine, combien de temps s’écoulera ?


https://h16free.com/2024/10/14/78915-la-france-potemkine-2

13 octobre 2024

Vincent Verschoore

L'hystérie nihiliste des euro-atlantistes voulant la guerre totale avec la Russie semble buter sur une opposition inattendue : celle du Pentagone, qui ne s'estime visiblement pas en mesure de se battre simultanément contre les Russes, contre le Liban et l'Iran (et le reste) aux côtés d'Israël, et maintenir la pression sur la Chine.
Extrait de ce très intéressant article dans dedefensa.org :
"Selon certaines sources, l’avertissement de Poutine a été renforcé par des communications en coulisses entre les dirigeants militaires russes et leurs homologues américains qui ont compris qu’ils étaient poussés au bord de la guerre totale. En réponse, il semble que les dirigeants militaires américains aient pris en charge la conduite de la politique étrangère des États-Unis, tant sur le plan militaire que diplomatique. Le secrétaire d’État Blinken et sa joyeuse bande de néoconservateurs semblent avoir été mis à l’écart. C’est pourquoi l’accord américano-britannique sur l’escalade contre la Russie n’a pas obtenu la signature attendue.
Le changement de direction pourrait également se faire sentir au Moyen-Orient. Le général Michael E. Kurilla, chef du commandement central américain, s’est rendu en Israël la semaine dernière (la deuxième fois en une semaine d’intervalle), apparemment aussi pour annoncer une nouvelle politique. Il aurait informé les Israéliens que s’ils provoquaient une guerre contre le Hezbollah ou contre l’Iran, les États-Unis ne viendraient pas à leur secours : ils sont livrés à eux-mêmes."
Les débiles ineptes qui en appellent à des frappes profondes en Russie (Français, Anglais et quelques autres), pensant toujours qu'il s'agit d'un jeu vidéo, devront apparemment se passer de l'aide US (et allemande) et gérer seuls les possibles représailles russes. Idem pour Netanyahou et sa clique judéo-fasciste face au monde arabo-persan.
Cela dit, tout peur changer à tout moment, et surtout si la nouvelle administration américaine décide de couper les têtes gênantes début 2025.

Finances : c’est plus grave que prévu…

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire


13/10/2024 - Les révélations se succèdent concernant la fraude budgétaire qui nous est imposée depuis des années. On apprend que des notes alarmantes ont régulièrement été émises par Bercy et ignorées sur ordre de l’Élysée. Bruno Le Maire lui-même, en fait état. Pourquoi sa conscience et son honnêteté ne l’ont pas poussé à se manifester avant ? À dénoncer ces injonctions et même à démissionner pour ne pas se faire le complice du plus grand vol commis contre les Français ? Il s’est contenté de continuer à mentir et à nous enliser dans une dette insupportable, propice à déclencher des réactions de plus en plus violentes de la part de ceux qui en ont ras-le-bol de cette gabegie et de l’impunité assurée pour leurs auteurs. Car si tout cela est avéré, il s’agit bien d’une volonté délibérée de nous enfoncer dans la ruine. À qui profite le crime ? Les Français ont le droit de savoir, pour cela, encore faut-il que les coupables soient traduits en justice. Qui pour s’atteler à cette tâche ? Nos parlementaires ? Eux qui ont refusé de discuter de la destitution de Macron ? Le sujet n’était pas assez sérieux paraît-il. S’il est avéré que l’Élysée est bien à l’origine de ces dérives successives et désirées, peut-on espérer que cette fois ils osent débattre du bien-fondé de garder un président qui orchestre la ruine des finances publiques pour détourner l’épargne des Français au profit d’intérêts privés, où n’est-ce à leurs yeux pas suffisamment grave ?

Que dire d’ailleurs de ces députés qui ont laissé ces budgets passer, sans jamais censurer les gouvernements de Macron ? Ignoraient-ils les dérapages ? C’est peu probable tout de même, mais ils peuvent toujours prétendre le contraire, il n’y a plus personne pour les croire. Macron et ses gouvernements ont été sauvés par les LR, c’est à présent au RN de prendre le relais. Il s’est excusé en affirmant attendre des actes, eh bien le voilà l’acte… le budget. Mais au fait qu’espéraient-ils d’extraordinaire de la part de l’homme qui est à l’origine du traité de Lisbonne, de celui qui depuis 50 ans, est l’artisan de la perte de la souveraineté nationale ? Le budget proposé n’est pas destiné à revenir à 3% du PIB mais à 5%, ce qui veut dire que l’an prochain il faudra remettre ça ! Mais jusqu’où veulent-ils aller ? Il n’y a plus de richesses à ponctionner et le pire c’est qu’on ne sait parler que de taxes, d’impôts, de coupes budgétaires, jamais une mesure pour créer de la valeur. On ne trouve de solution que dans la ponction de la richesse créée. En laissant Barnier aux commandes, on s’apprête à cautionner une fois de plus l’absurdité d’un système qui ne se maintient que grâce au pillage systématique de l’économie et du peu de production qui est encore réalisé en France. Il n’y a plus rien à prendre, si ce n’est l’épargne des Français : l’ultime but.

Il est trop facile pour Barnier d’affirmer que c’est de la responsabilité des citoyens de renflouer les caisses de l’État, que nos politiciens se sont évertués à vider sans que le peuple n’ait son mot à dire. Macron fait des chèques à tout le monde, personne ne lui donne l’autorisation. Ursula von der Leyen distribue des milliards à l’Ukraine, mais c’est dans notre poche qu’il va falloir fouiller pour les trouver. Pendant que Barnier réclame des sacrifices, que fait Macron ? Il augmente le budget de l’Élysée de trois millions. Que fait le Premier ministre, il augmente l’AME de 9%. Peut-on moins se moquer du monde que ça ? Non. Trop c’est trop, il est impossible de continuer à demander des efforts au peuple et de voir nos maîtres se vautrer dans le luxe et les dépenses somptuaires ou totalement absurdes et inutiles. Il n’y a plus à attendre des faits, il faut le virer, ah mais c’est vrai, il y a Retailleau. Lui tient le discours qui plaît. Il a été placé là pour cette mission. Ce n’est qu’un écran de fumée. Pendant ce temps Barnier fait du Macron puissance 10 et le RN se tait, obnubilé par le sujet de l’immigration, pendant que la ruine de la France entame son ultime tournant. Ce gouvernement doit tomber, Macron doit être forcé à démissionner et jugé pour cette forfaiture programmée. Il n’y a plus à attendre. Les signaux sont suffisamment forts pour nous montrer qu’il faut les stopper dès maintenant. Nous n’avons plus de marge de manœuvre. Il faut un audit des finances, et supprimer tout ce qui ne sert à rien, ou travaille contre l’intérêt de la nation.

12 octobre 2024

KAMALA HARRIS N’A JAMAIS FAIT PARTIE DU PLAN - LES DÉMOCRATES SE SONT FAIT PIÉGER PAR JOE

Marc Amblard

12/10/2024 - L’état de sénilité avancée de l’actuel président a contraint en juillet dernier quelques personnalités du parti démocrate à provoquer son éviction. Maintenir Biden dans la course, c’était l’échec assuré en novembre prochain.
Barack Obama, Chuck Schumer et Nancy Pelosi ont alors pesé de tout leur poids pour le forcer au retrait avec pour projet de désigner un successeur par le biais de négociations au sein de l’establishment.
Mais le vieux Joe Biden, quelque peu caractériel a très peu apprécié ce qu’il prît pour un acte de haute trahison. Il a alors réagi en dégoupillant et en balançant dans les pieds du parti une grenade redoutable à laquelle personne ne s’attendait : le dimanche 21 juillet, il prit la décision d’annoncer outre le retrait de sa candidature, son soutien à Kamala Harris pour le remplacer.
Bien sûr, l’équipe de campagne du vieux Biden s’est bien gardé d'en d’informer préalablement le triumvirat précité.
Pris au dépourvu, aucun des trois ne s’est précipité pour offrir son appui à la nouvelle égérie Kamala. Ils ont attendu pas moins d’une semaine avant de se joindre, contraints et forcés au concert de louanges abondamment relayé par les grands médias.
Il faut dire qu’avec son brushing, son tailleur, sa peau coloré et son attachement au transgenrisme, la candidate Harris procurait une certaine satisfaction au mouvement progressiste toujours prompt à dézinguer les codes traditionnels.
Aussi, s’opposer après coup au bulldozer en marche, c’était prendre le risque de déclencher les foudres des groupes féministes et anti-racistes. Barak, Schuck et Nancy durent faire bon gré contre mauvaise fortune. Pas le choix.
Le problème, c’est que Kamala est sotte et totalement incapable d’assumer la fonction suprême. Faut-il rappeler qu’en 2019, elle fut classée comme la sénatrice la plus gauchiste (100ème sur 100 selon l’organisme non partisan GovTrack). Donc encore plus que le sénateur outrancier Bernie Sanders, c’est dire.
Au demeurant, les démocrates du pays n’ont jamais été dupes puisqu’en décembre de cette même année, Madame Harris dut abandonner les primaires démocrates, un sondage la situant à seulement 3% parmi les autres candidats. Cela nous donne une idée de sa cote d’amour au sein de son propre parti…
Même l’actuel président ne l’a jamais vraiment apprécié. S’il la nomma à la vice-présidence en 2020, c’est uniquement pour répondre aux exigences de quelques très influents représentants noirs lors des primaires dans les États clés.
Aussi, que Joe l’ait officiellement soutenue ce 21 juillet ne doit pas être vu autrement qu’un acte de vengeance contre les conspirateurs de son parti qui l’ont mis (à juste titre) sur la touche.
Il est donc peu surprenant que les derniers sondages accordent à l’ancien président Trump une confortable avance. Sera-t-elle suffisante ? On peut en douter. Le système électoral américain étant aussi sûr et transparent que celui d'’une république bananière de Centrafrique, on doit s’attendre à tout. On sait déjà que ce sera pire qu’en 2020.
Rendez-vous dans 24 jours.

11 octobre 2024

Gilles Casanova


C'est pour des raisons idéologiques qu'en 1973 a été votée une loi qui interdit à la France de faire tourner la planche à billets, comme le rappelait Michel Rocard à la fin de sa vie, notre dette serait de l'ordre de 16 à 17% si nous avions pu faire tourner la planche à billets comme nous le faisions avant 1973 et comme le font les nations souveraines ! Mais nous sommes devenus le bienfaiteur des marchés financiers avec un marché de la dette souveraine qui enrichit les financiers et que financent les populations, c'est-à-dire nous.

Les enquêtes sur la destruction des gazoducs Nord Stream

Natalia Routkevitch

Faute d'enquêtes d'État qui pourraient informer le public des tenants et aboutissants de cette affaire intrigante, qui n'est ni plus ni moins que l'attentat industriel le plus retentissant de l’histoire européenne avec des conséquences économiques et environnementales extrêmement importantes, on se contente des initiatives privées et des investigations de la presse, dont les résultats sont bien exposés dans cet article.

Trois scénarios pour un attentat

Fabian Scheidler
Le Monde Diplomatique octobre 2024

Érigée depuis le 11 septembre 2001 en priorité absolue des pays occidentaux, la lutte contre le terrorisme a trouvé son point aveugle : la destruction en septembre 2022 des gazoducs Nord Stream. Manifestement embarrassées, les autorités politiques et judiciaires louvoient. Et pour cause. Deux ans après, les pistes conduisent non pas au pied du Kremlin mais à Kiev, Washington et Varsovie…

Le 26 septembre 2022, quatre explosions ébranlaient le plancher de la mer Baltique à proximité de l’île danoise de Bornholm. Des jours durant, d’énormes quantités de méthane se sont échappées de trois tronçons détruits des gazoducs Nord Stream 1 et 2, qui transportaient du gaz de la Russie vers l’Allemagne. Les conséquences de l’attentat allaient vite peser sur les populations du Vieux Continent, avec une augmentation brutale des prix de l’énergie, tout particulièrement en Allemagne. En outre, cette infrastructure dont la construction avait coûté plus de 10 milliards d’euros ne comptait pas que le russe Gazprom comme actionnaire, mais également deux énergéticiens allemands (E.ON et Wintershall), un néerlandais (Gasunie) et un français (Engie), tous fondés à réclamer des indemnités.

À n’en pas douter, le plus grand acte de sabotage de l’histoire européenne récente, conjugué à un drame environnemental, allait déchaîner la fureur investigatrice et la sévérité des autorités. Las, deux ans plus tard, les enquêtes officielles se distinguent par une absence d’empressement doublée d’un embarras remarquable. À l’heure où nous mettons sous presse, il n’y a eu ni arrestation, ni interrogatoire, ni inculpation des auteurs présumés.

Début juin, un mandat d’arrêt européen a été émis par le procureur général contre un citoyen ukrainien résidant en Pologne du nom de Volodymyr Jouravlov, mais Varsovie a refusé de fournir une assistance administrative comme la loi l’y oblige, et le suspect a pu s’échapper sans être inquiété. Avec une désinvolture inhabituelle en matière de lutte contre le terrorisme, le premier ministre Donald Tusk, idole des libéraux européens, a tancé les autorités allemandes le 17 août sur X : « À tous les initiateurs et mécènes de Nord Stream : la seule chose que vous avez à faire est de vous excuser et de vous taire. »

Peu après les explosions, les autorités judiciaires suédoises et danoises ont expliqué que seul un acteur étatique pouvait avoir mené une telle opération. Puis elles ont inopinément clos leurs enquêtes, sans publier de résultats. Sitôt l’attentat commis, les États-Unis ont annoncé le lancement d’investigations d’autant plus prometteuses que leurs services de renseignement quadrillent intégralement la mer Baltique ; ils n’ont rien communiqué. Parallèlement, les Occidentaux ont systématiquement décliné l’offre réitérée par Moscou de participer à l’enquête. Les autorités allemandes, elles, poursuivent leurs recherches, mais lors de questions parlementaires, le gouvernement répond que toute divulgation d’information menacerait le « bien de l’État » (Staatswohl) — en clair, que des pays ou des services secrets amis seraient compromis.

Journalistes d’investigation et députés du Bundestag l’affirment en chœur : leurs requêtes heurtent un mur de silence. Holger Stark, de l’hebdomadaire Die Zeit, a évoqué une « pression brutale sur toutes les autorités pour qu’elles ne parlent à aucun journaliste ». Interrogé par Le Monde diplomatique, le député social-démocrate Ralf Stegner juge « très étonnant » qu’un crime aussi grave, commis dans l’une des mers les plus surveillées de la planète, ait donné lieu à si peu d’informations deux ans après les faits. Son collègue Andrej Hunko, de l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW), évoque pour sa part un « désintérêt provocateur pour l’élucidation » de ce forfait.

Le suspect habituel

Trois hypothèses circulent sur l’identité des saboteurs. D’abord, les Russes eux-mêmes. Dans les mois qui ont suivi les attentats, certains représentants gouvernementaux et les principaux médias occidentaux ont en effet pointé du doigt la Russie. « Elle est la seule à être en capacité et avec une bonne raison de le faire », a pontifié Pierre Haski, le chroniqueur géopolitique de France Inter, la station la plus écoutée de France (28 septembre 2022). Depuis, les autorités judiciaires allemandes et suédoises ont précisé à plusieurs reprises n’avoir aucune indication d’une implication russe. Le directeur de l’Agence centrale de renseignement américaine (CIA), M. William Burns, peu suspect de ménager Moscou, l’a également affirmé, tout comme le Washington Post au terme d’une longue enquête. Au nombre des motifs mystérieux qui auraient poussé la Russie à détruire une coûteuse infrastructure qu’elle détient à 51 %, l’argument selon lequel Moscou aurait ainsi voulu éviter des pénalités en cas d’arrêt des livraisons ne convainc guère : au vu des sanctions et des actifs russes confisqués, il aurait probablement refusé de payer.

La deuxième théorie a été lancée le 8 février 2023, quand le journaliste Seymour Hersh, célèbre pour ses révélations sur les crimes de guerre américains au Vietnam et en Irak, publie sur son blog un article détaillé incriminant les États-Unis et la Norvège. À en croire la source unique sur laquelle s’appuie Hersh, l’administration Biden aurait commandité l’attentat.

Un mois plus tard, le 7 mars, le New York Times, dont Hersh fut un reporter-vedette, avançait une troisième hypothèse en s’appuyant sur les témoignages anonymes « de fonctionnaires américains qui ont évalué des informations des services de renseignement » : le sabotage n’aurait pas pour auteurs les services américains mais un « groupe pro-ukrainien ». Peu après, un consortium de médias allemands emmenés par Die Zeit approfondissait, sur la base d’informations provenant notamment du procureur général fédéral : les articles identifiaient un voilier loué par les saboteurs. Depuis, les publications des grands médias occidentaux se concentrent presque exclusivement sur cette version : long de quinze mètres, l’Andromeda aurait appareillé du port allemand de Rostock en septembre 2022 avec cinq hommes et une femme à bord pour atteindre la zone de l’île de Bornholm. Là, les plaisanciers-plongeurs auraient miné les tubes à quatre-vingts mètres de profondeur. Les enquêteurs allemands indiquent avoir détecté en janvier 2023 des traces de l’explosif HMX sur la table du navire, que l’équipage avait omis de nettoyer ; selon les enquêteurs, ce produit a justement été retrouvé sur place.

Les premières publications de cette version ont rapidement soulevé des interrogations : un si petit bateau pouvait-il abriter une opération d’une telle envergure et transporter les tonnes d’explosifs nécessaires, selon les premières estimations des experts ? Des plongées aussi profondes ne nécessitent-elles pas une chambre de décompression – trop grande pour ce bateau ? Depuis, une expédition privée menée sur les lieux de l’attentat par l’ingénieur suédois Erik Andersson en collaboration avec le journaliste Jeffrey Brodsky a levé certains doutes. D’abord, l’analyse des photographies sous-marines détaillées révèle que moins de cinquante kilogrammes d’explosif suffiraient à détruire un pipeline. Ensuite, des professionnels très bien formés pourraient effectuer ces plongées sans chambre de décompression – moyennant une option plus risquée et plus longue. Mais pourquoi, se demande Brodsky, des malfaiteurs sans chambre de décompression auraient-ils choisi de miner les tubes à quatre-vingts mètres de profondeur alors qu’à proximité immédiate une portion de Nord Stream se trouve à moins de quarante mètres de fond ? Et pourquoi l’un des engins explosifs a-t-il été placé à soixante-quinze kilomètres des trois autres ? Malgré de nombreuses questions en suspens, l’Andromeda aurait théoriquement pu mener l’opération.

Signe du génie diabolique des organisateurs ou d’une volonté européenne de ne pas savoir, les traces des auteurs présumés se perdent dans le brouillard. De faux passeports utilisés pour louer le bateau mènent à un soldat ukrainien et à une société-écran polonaise financée par un entrepreneur ukrainien du nom de Rustem A. D’autres pistes conduisent au moniteur de plongée ukrainien Volodymyr Jouravlov, et à d’autres suspects. Mais aucun n’a été interrogé, et les enquêteurs allemands n’ont pas formulé de demande de coopération judiciaire à l’Ukraine. Mieux : les autorités allemandes auraient même indirectement facilité l’évasion du suspect en omettant d’inscrire son nom sur le registre Schengen, qui liste les personnes faisant l’objet d’un mandat d’arrêt européen. « Les gardes-frontières polonais n’avaient ni les informations ni le motif pour l’arrêter puisqu’il n’était pas répertorié comme recherché », a déclaré la porte-parole du parquet général polonais. Selon un rapport de la CIA cité par le Washington Post (11 novembre 2023), les commanditaires de l’attentat seraient l’agent ukrainien Roman Chervinsky et l’ancien commandant en chef des forces armées ukrainiennes, M. Valeri Zaloujny, aujourd’hui ambassadeur à Londres. Ce document soulignait que le président Volodymyr Zelensky n’avait pas connaissance du projet. Mais, en août dernier, le Wall Street Journal a rapporté sur la foi de sources ukrainiennes anonymes que M. Zelensky avait donné son accord, avant d’essayer – sans succès – d’interrompre les opérations sous la pression américaine. La nonchalance occidentale face à la perspective qu’un pays allié, armé et financé par les États-Unis et l’Europe se révèle un État terroriste interroge : des forces politiques freinent-elles les enquêtes de peur qu’elles aboutissent à des conclusions géopolitiquement incorrectes et susceptibles d’ébranler le soutien à l’Ukraine ?

James Bamford, journaliste d’investigation américain de renom, spécialiste du renseignement, pousse le raisonnement un cran plus loin. Il juge pratiquement impossible qu’une opération aussi complexe ait pu s’accomplir à l’insu des services secrets américains. D’abord parce que ces derniers entretiennent des liens très étroits avec les services et les militaires ukrainiens. D’autre part, les États-Unis assurent en mer Baltique une surveillance tous azimuts grâce au dispositif Integrated Undersea Surveillance System (IUSS), mis en place avec l’aide de la Suède. Le système de renseignement sur les signaux de l’Agence nationale de sécurité (Sigint) surveille minutieusement les télécommunications de l’armée et du gouvernement ukrainiens. Malgré l’annonce de sa propre enquête, Washington n’a jusqu’à présent fourni aucune donnée.

D’après le quotidien Die Welt (14 décembre 2023), des citoyens américains – collaborateurs présumés des services secrets – auraient participé à l’inspection de l’Andromeda par les gardes-frontières locaux lors d’une escale du voilier à Kolberg en Pologne le 19 septembre 2022. Les autorités polonaises refusent d’en dire plus et affirment que les images issues des caméras de surveillance du port n’existent plus. La non-coopération de Varsovie, opposant farouche à Nord Stream, questionne sur la possibilité qu’il couvre activement les auteurs du crime, ou même sur son implication dans la planification des opérations.

Feu vert américain ?

Selon le Washington Post du 6 juin 2023, la CIA avait connaissance dès juin 2022 d’un plan ukrainien visant à faire sauter les pipelines ; l’agence en avait informé certains pays européens, dont l’Allemagne. Si l’on croit ces sources, les gouvernements occidentaux auraient sciemment dissimulé au public que leur allié ukrainien occupait la première place sur la liste des suspects du plus grand sabotage industriel de l’histoire contemporaine. Le Wall Street Journal (14 juin 2023) cite des fonctionnaires américains anonymes affirmant que la CIA a tenté à l’époque de dissuader l’Ukraine. Aucune source indépendante n’étaie cette affirmation. Andersson y voit une manœuvre de Washington pour établir ce que l’on appelle en diplomatie un « déni plausible ». Lui et Brodsky estiment que, si le navire a effectivement été un des éléments du crime, les États-Unis ont au minimum donné leur feu vert à l’opération, faute de quoi les saboteurs ukrainiens auraient couru un risque trop élevé d’apparaître sur les écrans de la surveillance américaine – avec des conséquences potentiellement fatales pour les relations avec les Occidentaux. L’ingénieur et le journaliste n’excluent pas une participation active des États-Unis dans la planification. L’existence de projets antérieurs visant à dynamiter les tubes, auxquels auraient participé des « experts occidentaux », selon le Wall Street Journal (14 août 2024), semble appuyer leur appréciation.

La question du rôle des États-Unis nous ramène à la deuxième hypothèse, celle de Hersh. En décembre 2021, affirme le journaliste, le président américain Joseph Biden aurait chargé la CIA d’élaborer un plan pour détruire les pipelines en cas d’invasion de l’Ukraine par les Russes. Des plongeurs spécialisés de l’US Navy l’auraient mis à exécution en juin 2022 en plaçant des explosifs activables à distance par signal acoustique. Les manœuvres annuelles de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) en mer Baltique auraient servi de camouflage. En septembre, M. Biden aurait donné l’ordre de faire exploser l’engin.

Après sa publication en février 2023, l’article de Hersh a été tantôt ignoré, tantôt disqualifié comme relevant d’une théorie du complot par la presse occidentale. La principale critique formulée par les rares journalistes qui daignèrent examiner son texte tient au fait qu’il repose sur une seule source anonyme — comme d’ailleurs la plupart de ses révélations importantes. Hersh observe que les États-Unis n’ont jamais dissimulé leur intention de détruire Nord Stream : le président américain Biden avait lui-même annoncé le 7 février 2022 lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, aux côtés du chancelier allemand Olaf Scholz, que son pays « mettrait fin aux pipelines si la Russie envahissait l’Ukraine ». « Vous verrez : nous sommes en mesure de le faire », avait-il ajouté en souriant. Après les attentats, la sous-secrétaire d’État américaine Victoria Nuland s’était réjouie lors d’une audition au Sénat : « Le gouvernement américain est très satisfait que Nord Stream 2 ne soit plus qu’un tas de métal au fond de l’océan. » D’un point de vue géopolitique autant qu’économique, il ne fait aucun doute que Washington avait intérêt à mettre ces tubes hors service. Les États-Unis désapprouvaient le rapprochement entre l’Allemagne et la Russie. En outre, selon Hersh, Washington entendait priver la Russie du levier gazier qui lui aurait permis d’inciter Berlin à limiter son soutien à l’Ukraine. Mais existe-t-il des indices ou des preuves à l’appui de la version de Hersh ? C’est précisément pour répondre à cette question qu’Andersson a entrepris son expédition. Son examen des lieux du crime a révélé qu’il n’y avait pas eu deux engins explosifs par pipeline, comme Hersh l’avait initialement affirmé, mais très probablement un seul. Initialement partisan de la thèse de Hersh, l’ingénieur tient désormais celle de l’Andromeda pour probable, sans pour autant exclure que Hersh, malgré ses erreurs de détail, puisse avoir finalement raison. Par exemple, l’analyse détaillée par Andersson des renseignements d’origine sources ouvertes (« open source intelligence », OSINT) conclut que les positions des navires de guerre et des avions américains sont compatibles avec la description de Hersh, contrairement à ce qu’affirmaient des analyses OSINT antérieures.

Même si les thèses de Hersh n’ont pas été réfutées, Stark, le responsable du département investigation de l’hebdomadaire Die Zeit, pense que son collègue s’est cette fois-ci trompé, car ses affirmations n’ont jusqu’à présent été corroborées par aucun résultat d’enquête. Le journaliste d’investigation Jeremy Scahill, cofondateur de la plate-forme d’information The Intercept, a pour sa part évoqué deux possibilités qui permettraient d’établir un lien entre la version de Hersh et celle de l’Andromeda. D’abord, la source de Hersh aurait eu connaissance d’un plan finalement abandonné et remplacé par une autre opération — une hypothèse qu’Andersson considère lui aussi comme plausible. Autre possibilité : le périple du yacht faisait partie d’une manœuvre de diversion complexe. Steven Aftergood, qui a dirigé le programme de recherche sur les opérations secrètes du gouvernement américain à la Federation of American Scientists de 1991 à 2021, considère la diffusion de faux récits dans le but de dissimuler une opération comme « une pratique courante dans les opérations militaires et les activités de renseignement », souvent qualifiée de « camouflage et tromperie ». Scahill indique à cet égard que laisser des traces d’explosif sur la table « est soit la preuve d’un manque total de professionnalisme, soit une “trace” délibérément laissée dans l’intention de tromper ». Que les auteurs de l’attentat « n’aient pas eu suffisamment de temps pour effacer leurs traces » à bord du yacht, comme l’a supposé Stark, semble peu plausible au vu des semaines de voyage du bateau. L’Andromeda a d’ailleurs passé quatre mois d’inactivité avant son examen par les enquêteurs, un délai largement suffisant pour effacer des traces — ou en créer. Mais à ce stade, aucune preuve tangible n’étaie cette hypothèse de la diversion, également défendue par Hersh.

L’attentat contre Nord Stream demeure ainsi une affaire non résolue. Face à cette situation, de nombreux parlementaires réclament une commission d’enquête indépendante, par exemple sous l’égide du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU). Mais une résolution en ce sens, présentée par la Russie et soutenue par la Chine et le Brésil, n’a pas obtenu l’aval des États-Unis et de leurs partenaires. L’Allemagne et la Suède ont toujours rejeté le principe d’une telle commission afin — officiellement — de ne pas perturber les enquêtes en cours. La volonté de ne pas faire savoir se comprend aisément : si les traces devaient établir une responsabilité du gouvernement ukrainien ou même américain, les conséquences géopolitiques seraient imprévisibles et potentiellement fatales. Le jeu de cache-cache autour de l’histoire criminelle la plus explosive de notre époque se poursuit donc.

Fabian Scheidler

Qu'est-ce qu'une société décente ?

Denis Collin


George Orwell a popularisé ce concept de « décence commune » (common decency). Néanmoins ce concept peut se comprendre par lui-même et on peut en cerner assez aisément les contours, sans rester prisonnier des définitions lexicales traditionnelles qui cantonnent la décence au respect des conventions communément admises et à une certaine retenue dans les comportements sociaux.

La décence commune renvoie d’abord à l’idée du « sens commun », autrement dit à l’idée qu’il existe une faculté de juger en matière morale qui est générale dans toute l’humanité, un bon sens qui permet de reconnaitre le bien et le mal, le juste et l’injuste dans la grande majorité des cas. La casuistique se délecte de tous ces cas de figure si difficiles à décider et qui forment la trame de l’argumentation morale en philosophie. Mais l’essentiel est l’accord entre tous les hommes de bonne volonté qui font confiance à leur bon sens – la chose au monde la mieux partagée selon Descartes. Qu’il faille tenir ses engagements, ne pas dérober le bien d’autrui, respecter les personnes humaines, donner – recevoir – rendre, voilà des règles morales que tous acceptent avec des dérogations plus ou moins larges suivant les situations. Les idéaux de liberté, égalité, fraternité, sont tous ancrés dans cette morale commune, avec cette innovation majeure qu’ils sont réputés universels et non limités aux membres du clan, de la tribu, de la caste ou de la nation.

Il va presque de soi qu’une société dans laquelle le faux témoignage, la violence envers autrui ou la trahison des serments sont monnaie courante n’est pas, à l’évidence une société décente. De même, il est impossible de dire décente une société où règne la débauche, où la démesure est devenue une marque de gloriole et où chacun prétend que son bon plaisir est la seule loi qui vaille. On convient qu’il y a beaucoup d’indécence chez ceux qui vivent dans le luxe tapageur pendant que la grande majorité souffre et manque du nécessaire. Au demeurant, quand les puissants cachent leurs richesses, ce n’est pas par décence – car l’accumulation de richesses est en elle-même un manque de mesure – mais seulement un hommage que le vice rend à la vertu.

Cette manière d’envisager la décence au point de vue moral recoupe l’essentiel des morales généralement admises, qu’il s’agisse des morales antiques (stoïciennes ou épicuriennes), des morales issues du christianisme originel ou encore de la philosophie moderne. La décence hégélienne s’appelle Sittlichkeit, ou encore « éthicité » ou « bonnes mœurs » selon les traducteurs. Inversement la pensée libérale, le plus souvent, a légitimé voire loué l’accumulation illimitée de richesses (de Locke à Ayn Rand…).

Peut-on passer de ces idées morales à une conception politique ? Le libéralisme politique exige que l’on sépare nettement les principes juridiques d’organisation de la société des doctrines morales « englobantes » (voir John Rawls, Théorie de la justice). Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet. La séparation entre politique et morale, quel que soit son intérêt, est impossible à tenir rigoureusement et Rawls lui-même n’y parvient pas (voir notre Morale et justice sociale, Seuil, 2001). D’un point de vue républicaniste, il y a nécessairement un certain nombre de principes moraux qui sont partagés dans une république, faute de quoi la république se corrompt et va à sa perte. Ce qui fait tenir ensemble les citoyens d’une république, c’est qu’ils partagent une « certaine conception substantielle du bien », une certaine idée des « bonnes mœurs » qui doivent assurer une vie aussi heureuse que possible pour tous. Il y a donc bien, incluse dans la conception républicaine une morale, réduite à ce qui gouverne la vie commune, une conception commune de ce qui est décent.

Cette décence commune peut se décliner en quelques principes qui sont largement partagés.

(1) Une société décente est une société dans laquelle les écarts de richesse sont limités – personne ne doit être assez riche pour acheter quelqu’un et personne ne doit être si pauvre qu’il soit contraint de se vendre, disait Jean-Jacques Rousseau. Ce n’est pas, loin de là, une société parfaitement égalitaire. Des différences de revenu et de position sociale sont inévitables et peut-être même nécessaires dans une certaine mesure. Mais on doit pouvoir trouver une mesure, un peu grossière sans doute, des écarts admissibles – il fut un temps où les syndicats soutenaient que les écarts de salaires dans l’entreprise devaient rester inférieurs à 1 à 10. De même on devrait, décemment, trouver des moyens pour éviter les trop grandes concentrations de patrimoine.

(2) Une société décente est une société dans laquelle chacun peut vivre décemment de son travail. Du même coup d’ailleurs, si on met à part ceux qui sont trop jeunes, trop vieux ou trop malades pour travailler, tout le monde a une obligation de travailler. On réconcilie la morale chrétienne (« qui ne travaille pas ne mange pas ») et les paroles de L’Internationale, « l’oisif ira loger ailleurs ». Le « droit au travail » est le droit le plus sérieux que l’on puisse revendiquer. Il figurait en tête des revendications des ouvriers de juin 1848 et constituait l’article 1 de la république sociale.

(3) Vivre décemment de son travail, cela implique que le travail ne soit pas un esclavage et que la place qu’il prend dans notre vie soit légitimée par les besoins sociaux et qu’il permette de se loger, de se nourrir, d’élever ses enfants, de renforcer l’estime de soi des individus. Il s’agit aussi d’être protégé contre la maladie et les autres aléas de la vie et de pouvoir, le moment venu, jouir d’une retraite honorable. Ce qui suppose qu’un fonds social alimenté par le produit du travail soit constitué pour gérer collectivement toutes les nécessités de la protection sociale.

(4) Dans une société décente, chacun peut mener la vie qui lui convient sous réserve qu’il accomplisse ses devoirs sociaux et respecte la même liberté pour chacun. Ce qui n’est possible que si on sépare la vie privée et la vie publique, mais aussi la vie commune de la vie intime. Certaines orientations, certains comportements appartiennent non seulement à la vie privée, mais aussi à la vie intime. C’et singulièrement le cas de la sexualité qui précisément doit rester dans l’intimité ou dans la fiction et non devenir un enjeu de batailles politiques publiques. Personne ne peut être empêché d’avoir des relations homosexuelles ou des relations de groupe, mais en aucun cas on ne mélangera ces questions intimes qui ne peuvent avoir de transcription légale avec le droit civil. Dans ce domaine, n’existent que les lois qui tentent (avec plus ou moins de succès) de régler les questions de la filiation, des devoirs des parents (père et mère) envers les enfants et des devoirs des enfants envers les parents, les parents étant entendus comme le père et la mère ou leur substitut éventuel en cas de disparition des parents, d’abandon ou de maltraitance.

(5) Dans une société décente, les personnes publiques ont le devoir de montrer l’exemple de la probité, du respect des convenances langagières et d’autres comportements attendus de qui détient un office public. Les citoyens doivent pouvoir s’assurer que ceux qui exercent ces fonctions pour lesquelles ils ont été élus n’ont pas profité de l’occasion pour s’enrichir au détriment du bien public.

Une société décente n’est pas une société parfaite. Elle admet que des rapports salariaux puissent perdurer – les salariés étant protégés par un droit du travail robuste, seul à même de limiter les effets pervers possibles de ce contrat de soumission qu’est le contrat salarial. C’est une société qui contient des éléments de socialisme, mais ce n’est pas une société socialiste. Les socialistes peuvent espérer que l’évolution ultérieure se poursuivra vers une société complètement socialiste, les républicains non socialistes y voient un point d’équilibre suffisant pour garantir l’adhésion de la majorité du peuple aux principes du républicanisme.

Il n’est pas certain que ces idées de société décente, de décence commune ou ordinaire offrent un idéal attirant au moment où les thèses les plus extravagantes occupent les esprits des faiseurs d’opinions. Trop raisonnable, trop conservatrice, faisant trop peu de cas de la multiplicité des désirs des individus, la société décente apparaîtra insupportable à ceux qui se pensent les « héritiers du futur ». Quant aux libéraux, ils la trouveront évidemment bien trop socialiste. Mais qu’importe ! La revendication d’une vie décente avec toutes ses implications est susceptible de rassembler une large part de ceux d’en bas, des ouvriers qu’on n’écoute plus, des paysans que capitalistes et végans condamnent à l’unisson, des travailleurs indépendants qui ont beaucoup de mal à « joindre les deux bouts ». Enfin ce qui a été évoqué ici de manière très générale pourrait facilement trouver une traduction en programme politique électoral.

Denis Collin, le 15 août 2020.

L'extrémisme pour les Nuls

Alexis Haupt
Philosophie

L'extrémisme, c'est quand les juges ne condamnent pas les violeurs et les assassins, étant ainsi complices de leurs prochains crimes.
L'extrémisme, c'est quand on tue des personnes âgées dans les Ehpad.
L’extrémisme, c'est quand on suspend des soignants sans salaire, en les laissant crever de faim avec leurs enfants.
L'extrémisme, c'est quand on oblige une population à s'injecter un produit expérimental et nocif dans le sang.
L'extrémisme, c'est quand on ne met pas en prison les pédophiles.
L'extrémisme, c'est quand on retire les droits fondamentaux à ceux qui refusent un chantage sur leur corps.
L’extrémisme, c'est quand on parle de fellation et de sodomie à des enfants à l'école.
L'extrémisme, c'est quand on éborgne des Gilets jaunes qui manifestent pacifiquement parce qu'ils sont à bout.
L'extrémisme, c'est quand on laisse les agriculteurs se suicider tous les jours.
L’extrémisme, c'est quand on a voulu faire passer une loi pour mettre en prison quiconque remettait en question la "science de l'État".
L'extrémisme, c'est quand on ne condamne pas un magistrat qui propose qu'on viole sa fille de 13 ans sur un site libertin.
L'extrémisme, c'est quand on masque des enfants toute la journée parce qu'un psychopathe (Fauci) l'a décidé, et ce en leur expliquant qu'ils tueraient "papi et mamie" s'ils refusaient ces règles folles.
L'extrémisme, c'est quand il y a une augmentation du nombre de suicides chez les enfants à cause du terrorisme d'État comme celui dont on vient de parler.
L'extrémisme, c'est quand on laisse des personnes âgées mourir seules à l’hôpital en interdisant à leurs proches de venir les voir.
L'extrémisme, c'est le totalitarisme, la pédocriminalité, l'hypersexualisation des enfants, la répression policière, la censure, le terrorisme d'État et les crimes contre l'humanité. En d'autres termes, chers amis, l'extrémisme nous l'avons vécu. Un des pires extrémismes de notre histoire.