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30 octobre 2024

Des Français de plus en plus pauvres (et ce n’est pas fini)

H16
30/10/2024 – C’est probablement l’effet des Jeux Olympiques, ou de l’arrivée de Michel Barnier comme premier ministre, ou les mesures prises contre la sécheresse qui frappe le pays (allez savoir) mais en tout cas, c’est une bonne nouvelle : le niveau de vie médian français est stable !


C’est en tout cas la conclusion à laquelle arrive l’INSEE dans son récent rapport sur le « Revenus et patrimoine des ménages », édition 2024, qui analyse les données jusqu’à la fin de l’année 2022 et qui montre de façon claire qu’avec 2028 euros et plus par mois, on est dans la moitié la plus riche des Français.

Au passage, en travaillant par déciles, l’INSEE calcule même que l’écart entre les plus riches et les plus modestes a très légèrement reculé sur un an : en 2022, les Français qui entraient dans la tranche des 10% les plus aisés gagnaient 3,39 fois plus que ceux situés dans la limite haute des 10% les plus modestes (contre 3,41 fois plus en 2021).

Mais avec ce nouveau montant, l’INSEE peut calculer un nouveau seuil de pauvreté, fixé à 1216 euros par mois et qui représente tout de même 9,1 millions de personnes, soit 14,4% des Français. Au passage, la belle stabilité du niveau de vie médian cache mal que la proportion de pauvres a, elle, sensiblement augmenté puisqu’elle n’était que de 12,4% des Français en 2004.

Constat cruel que n’a pas manqué de relever le Sénat qui arrive à la conclusion – partagée par la grosse majorité des Français, du reste – qu’Emmanuel Macron n’a pas vraiment arrangé les choses pour les classes modestes.

Lorsqu’on se rappelle en effet que près d’un tiers des Français vit avec moins de 100 euros dès le 10 du mois, on se dit que la France en Marche ressemble de plus en plus à ces étudiants qui, eux aussi, marchent en file pour obtenir des dons de nourriture.


Cet état des lieux assez moyennement frétillant de l’INSEE peine à faire passer un message pourtant simple : alors qu’une part maintenant croissante du monde s’enrichit, et le fait de façon visible, l’Europe en général et la France en particulier semblent patiner mollement, pédaler dans une mélasse de plus en plus épaisse.

Ce n’est pas une impression : à mesure que les décennies s’empilent en France, la croissance montre des signes de plus en plus clairs d’effondrement. Et cet effondrement a des conséquences très concrètes : là où, dans les années 70, un Français moyen pouvait espérer doubler son patrimoine en 17 ans, il lui faut maintenant plus de 50 ans…


Devant cet appauvrissement, le gouvernement et les parlementaires agissent : quoi de mieux qu’une pluie drue d’impôts et de taxes bien grasses pour donner une bouffée d’oxygène aux Français ?

En effet, il apparaît aux premières discussions à l’Assemblée du projet de budget 2025 que nos élus et les dirigeants du pays ont décidé qu’il était encore un peu trop tôt pour baisser les dépenses mais pas trop tard pour augmenter, très substantiellement, les recettes. Et le débat s’installe donc pour savoir où le marteau taxatoire devra s’abattre et où la faucille fiscale devra passer. Les députés et les ministres montent à la bataille pour désigner les plus dodus contribuables, les plus juteux revenus qu’il conviendra de ponctionner. D’économie, il semble si peu question que certains éditorialistes s’en inquiètent jusqu’au Monde, pourtant pas réputé pour son ultralibéralisme débordant.

L’inquiétude et l’étonnement ne devraient pourtant pas être de mise : tout se déroule exactement comme prévu.

Ainsi, comme prévu, la gauche grogne sur toute réduction des dépenses qui se traduit immédiatement (et exclusivement, à les croire) en une réduction du nombre d’infirmières, d’enseignants et de places de crèches (mais jamais des tamponneurs de cerfas, des vérificateurs de parcmètres, des inspecteurs de travaux finis et autres tâcherons dont l’administration déborde pourtant). Elle éructe sur les superprofits, les superdividendes, les ultrariches ou les expatriés, autant de cibles des ponctions qu’ils ont déjà planifiées.

Comme prévu, Michel Barnier bricole son projet, tente de naviguer en faisant remuer le moins possible la barque gouvernementale et se cantonne de faire de la politique au lieu d’économie, seule matière à même de sauver le pays actuellement. On se dirige droit vers une récession carabinée, mais Barnier ajuste les taux, les impôts et les taxes en fonction de paramètres purement politiques alors que des coupes claires et massives s’imposeraient pour sauver ce qu’on peut avant que les créanciers, lassés, ne sifflent la fin de la récréation. Soit il ne comprend rien de ce qui se passe, et son incompétence va coûter très cher au pays. Soit, et c’est pire, il comprend effectivement les enjeux mais ne change rien, auquel cas son cynisme s’ajoutera aux autres fautes commises.


Et comme prévu, la presse ajoute au déni de réalité qui s’est manifestement emparé des dirigeants et des parlementaires en alimentant les débats les plus consternants, comme celui qui l’agite actuellement au sujet du Doliprane, dont la vieille molécule (paracétamol) existe en générique depuis des lustres fabriqué en Chine, et dont l’exploitation n’a vraiment rien d’un enjeu national. Grâce à quelques papiers enfiévrés et les gesticulations de certains élus ou syndicalistes, la vente de la marque à un fonds d’investissement américain est devenue une affaire d’État grotesque. Au point de pousser les poulets sans têtes qui nous gouvernent à envisager une prise de participation bloquante de l’État dans l’actuel propriétaire.

Au moment où la dette et les déficits explosent, c’est vraiment très bien calculé.

Bref, comme prévu, le problème français ne sera pas résolu, mais amplifié.

Cinquante années de dérives socialistes, d’acquis sociaux indéboulonnables, de subventions à gogo ont permis aux « Bolivariens à la française » de s’exprimer sans contrainte dans des gouvernements qui ont poussé le pays à la ruine actuelle en enfilant des mesures toujours plus rouges (puis vertes) tout en hurlant au massacre causé par l’ultralibéralisme et les tendances fascistes des oppositions.

Les Français sont donc inévitablement sur le point d’expérimenter ce qui se passe lorsqu’on arrive au bout de l’argent gratuit des autres. Comme prévu, ils vont donc s’appauvrir encore, et de plus en plus vite.


https://h16free.com/2024/10/30/79030-des-francais-de-plus-en-plus-pauvres-et-ce-nest-pas-fini

29 octobre 2024

LA FRAUDE ÉLECTORALE POUR SAUVER LA DÉMOCRATIE…

Marc Amblard

28/10/2024 - Fin 2020, peu avant les élections présidentielles américaines, Joe Biden avait reconnu, non sans fierté, avoir mis en place avec Barak Obama, le système de fraude le plus vaste et le plus inclusif de l’histoire des Etats-Unis (voir vidéo).
J’avais cru à un canular avant de découvrir durant la nuit du 3 au 4 novembre 2020 qu’il avait parfaitement raison. De même, Nancy Pelosi, alors présidente du Congrès, interrogée par un journaliste, avait avoué avec une assurance confondante qu’il était impossible que Donald Trump soit réélu. Je l’avais prise pour une folle. Les faits ont hélas prouvé qu’il n’en était rien.
Ces puissants ont-ils la conscience de commettre des crimes gravissimes et de se comporter en tyrans ?
Pas le moins du monde et c’est là un fait très intéressant. Il y a quelques années, un journaliste avait interrogé des démocrates dans la rue pour savoir s’ils estimaient acceptable de recourir à la fraude pour assurer l’élection de leur candidat favori. Une forte majorité avait répondu par l’affirmative.
Alors pourquoi accepter l’inacceptable ? Parce qu’au fond, ces personnes sont convaincues qu’une fraude est légitime si elle orchestrée « dans l’intérêt du peuple ». Persuadées d’appartenir au camp du bien du fait de leur supériorité intellectuelle et morale, elles estiment qu’on ne peut pas faire confiance au public pour élire le « bon » dirigeant. Il n’est pas suffisamment éduqué et instruit pour savoir ce qui est bon pour lui. Souvenons-nous d’Hilary Clinton qui, après sa défaite, avait traité de « déplorables » les électeurs de Trump. Dans ces conditions, il est alors parfois souhaitable de sortir du cadre légal pour garantir un résultat optimal. C’est ainsi que les fraudeurs justifient leurs exactions.
Pour ce qui concerne les élections du 5 novembre prochain, l’élite mondiale estime que la politique de Kamala Harris est absolument nécessaire pour l’avenir de l’Amérique et du monde. La laisser perdre ferait reculer son agenda mondialiste et ralentirait la mise en œuvre de réformes progressistes, qu’elle juge essentielles pour résoudre des problèmes tels que le changement climatique, les inégalités et la justice sociale. À leurs yeux, manipuler les élections est un petit prix à payer pour le bien commun.
Le problème, c’est que cette approche délétère prive les citoyens de leur droit le plus fondamental : choisir librement leurs dirigeants.
Or, souvenons-nous que le fascisme prend naissance dans la croyance que quelques hommes, prétendument meilleurs, sont autorisés à faire le bien de l’humanité contre sa volonté.

28 octobre 2024

Ces collisions d’actualité qui montrent ce que les médias veulent cacher

H16

28/10/2024 - L’actualité est pleine de faits divers d’intérêt très variable. Cependant, en rapprocher certains permet de fournir, en creux, des informations que les médias se gardent bien de trouver et pire encore, d’analyser.

Ainsi, par exemple, on découvre dans l’abominable presse populiste de droite qui grignote du chaton qu’en Essonne, les urgences médicales concernent parfois les médecins urgentistes eux-mêmes : certains patients, mécontents des prestations fournies – pourtant à vil prix – finissent par en venir aux mains. Reconnaissons l’aspect pratique : les sutures peuvent être pratiquées directement sur place et font gagner un temps précieux aux pompiers et ambulanciers qui n’ont pas besoin de se déplacer.


Ceux qui voudront lire l’histoire complète le pourront ici sur X.com, le point important étant qu’en fin de compte, l’agresseur de médecin ne fera pas une minute de prison pour des actes ayant entraîné 15 jours d’arrêt de travail.

Parallèlement, on apprend dans la presse propre sur elle que Nicolas Bedos, le comédien-réalisateur, vient d’être condamné à de la prison, ferme cette fois, pour des actes que la morale réprouve (on parle de bisous dans le cou et de tripotages furtifs).

Dans ce dernier cas, on pourrait raisonnablement imaginer que la célébrité du condamné, sa qualité d’homme blanc cis de plus de 40 ans et son patrimoine personnel probablement pas ridicule n’ont pas complètement joué en sa faveur. La Justice française est passée et elle a montré ici une solide fermeté, bien en ligne avec ce qu’on attend d’elle dans notre ère post-MeToo-BalanceTonPorc.

Cependant, le contraste avec le précédent fait divers, où le coupable repart libre une fois la (modeste) amende payée (en lieu et place d’une amende qui, pour ces faits, pourrait monter à 45.000 €) amène a croire que la Justice, dans le cas Bedos, semble faire beaucoup plus de signalement de vertu que le nécessaire signalement de justice qu’on attendrait d’elle.

Or, plus on regarde les faits divers, et plus s’impose cette impression de signalement de vertu en lieu et place d’une justice réellement équitable. Or, pour les justiciables que nous sommes tous, c’est fort dommageable : la justice est en effet comme la Sainte Vierge, il faut la voir de temps en temps pour continuer à y croire. Cela manque cruellement de nos jours :


En pratique, on ne peut s’empêcher de noter la différence de traitement de l’information entre la presse et certains réseaux sociaux.

La première fait un tri, arbitraire, sur l’information qu’il convient de montrer ou pas et choisit ou non de mettre en avant telle ou telle actualité. Le cas récent du doliprane est parlant : sans l’appui gourmand de la presse, le changement de propriétaire serait passé inaperçu mais le battage médiatique, délibérément choisi par cette presse, a transformé l’opération en grotesquerie et une surenchère politique rapidement coûteuse pour le contribuable français.

On ne remerciera jamais assez politiciens et journalistes dans cette opération.

Inversement, la même presse peut choisir de taire complètement certains événements et elle s’y emploie avec application dès lors que les sujets sont jugés inadaptés aux lignes éditoriales officielles. Est-il utile de revenir sur les nombreux cas d’affaires immondes que seule l’audience des réseaux sociaux aura permis de monter en exergue puis d’imposer comme sujet dans la presse ?

Et ici, c’est bien cet aspect qui prime : la presse choisit une vision de la société et le lecteur doit s’en accommoder. Qu’il ait choisi de payer pour cette presse ou non, cela importe peu : les subventions publiques gomment complètement cet aspect. La presse choisit une histoire, une tendance, des angles de vue, fait preuve de myopie pour certains sujets, utilise un microscope pour d’autres et les consommateurs (forcés ou non) de cette information doivent subir sans broncher.

Du côté des réseaux sociaux, cette sauce ne prend pas. Soit le discours dissident est ouvertement banni (et cela se voit, s’entend, se mesure même), soit il est admis et immédiatement, les collisions d’actualité se produisent quotidiennement, comme les exemples fournis plus haut.

Et alors, le « Deux Poids, Deux Mesures » des pouvoirs publics, de la presse elle-même, apparaît alors, flagrant, partout où l’on regarde.


Dans ce microcosme informationnel, chacun peut choisir sa myopie, son microscope, mais personne ne peut ignorer les sujets des autres puisqu’ils sont aussi exposés que les siens. Certes, sur ces réseaux, il y a des biais partout, mais ils ne sont, par nature, pas tous dans le même sens et, de biais en biais, ils finissent par s’équilibrer ou au moins ne pas cacher des tendances qui sont, elles, systématiquement « oubliées » par la presse.

Et dans les biais, les aberrations, les choses qui sautent aux yeux, ce sont les affaires de justice et de police qui se voient le plus actuellement.

C’est probablement pour cela que jamais la presse ne fait le rapprochement entre les condamnations des uns à des peines ridicules, alors que d’autres, pour des faits similaires ou beaucoup moins graves, écopent d’une sévérité patente. Or, c’est la juxtaposition de faits divers, que seuls permettent les médias libres (à commencer par les réseaux sociaux, même s’ils sont plus ou moins censurés), qui permet de mesurer l’un des paramètres les plus importants d’une société, à savoir la précision et l’équité de sa Justice.

Et lorsqu’on fait ce travail en France, on se rend compte que cette équité n’existe plus, que la précision de la Justice n’est plus utilisée pour permettre une application raisonnable de cette dernière à tous les cas particuliers, mais bien qu’elle est pratiquée pour l’orienter dans un sens arbitraire, désiré par certains en fonction d’impératifs politique et, pire, idéologiques, dans lesquels ceux qui ne font pas partie du Camp du Bien seront lourdement sanctionnés lorsque les militants et les prêtres de ce très Saint Camp seront, eux, épargnés par les charges les plus dures et bénéficient de toute la clémence qui sied à leur Ordre.

De façon ironique, plus les observateurs rassemblent et diffusent ce genre de collisions d’actualité, plus le système traditionnel (les médias, les politiciens et ici la Justice puisqu’elle est concernée) se cabre et veut absolument les censurer, leur interdire la parole et empêcher ces comparaisons de se produire ou ces informations de filtrer.

À mesure que les individus conversent entre eux, échangent des informations qui renvoient à la face du système toute son iniquité, ce dernier devient de plus en plus violent et… de plus en plus injuste, l’enfermant dans un cercle vicieux.


Natalia Routkevitch

Chaque époque a ses fétiches. Les fétiches de la nôtre sont les droits de l'homme, la société civile, les minorités, l'Europe, l'État de droit et, bien sûr, la démocratie, disait Régis Debray.
On en trouve l'illustration quasiment dans chaque article sur l'actualité politique européenne. Dans ces publications censées nous informer, des combinaisons arbitraires de ces mots magiques - qui ont perdu leur sens originel et sont répétés comme des incantations rituelles - sont destinées à créer un certain fond émotionnel plutôt qu'à expliquer quoi que ce soit. Elles sont utilisées pour décrire pratiquement n'importe quel pays du continent, remplaçant ainsi la perspective historique, des analyses comparatives et d'autres informations ayant un rapport à la réalité.

27 octobre 2024

René Chiche

26/10/2024 - Il ne se passe plus un jour sans qu’on apprenne qu’un élève ici ou là ait giflé, frappé ou menacé l’un de ses professeurs. Une source bien informée m’a confié récemment que le nombre annuel de signalements (« faits établissement » dans le jargon de l’éducation nationale) dépassait les... trois millions. Chut ! Pas de vagues ! D’ailleurs à quoi bon feindre de s’indigner ? La société ne fait que récolter ce qu’elle a semé. Quand on s’est réjoui de transformer l’école en un « lieu de vie » dans lequel la transmission du savoir était devenue improbable, pour ne pas dire impossible, et quand on s’est employé à priver les élèves et leur famille de tout repère en leur présentant « la réussite » comme un dû, il ne faut pas s’étonner que le reste suive.
Jadis, dans l’emploi du temps d’un collégien ou d’un lycéen, il y avait les mathématiques, le français, l’histoire et la géographie, la physique, la chimie, telle ou telle langue vivante, la musique, le latin, le grec, la philosophie, chacune de ces disciplines (terme qu’il faut entendre en tous ses sens pour le comprendre parfaitement) étant dotée d’un horaire conséquent tant il va de soi que c’est une condition essentielle pour tout apprentissage.
Aujourd’hui, cet emploi du temps a non seulement été réduit comme peau de chagrin mais une grande partie des heures d’enseignement disciplinaire a été remplacée par des heures de rien au cours desquelles on prétend éduquer aux médias, aux valeurs de la République, à la vie affective et sexuelle, aux gestes pour préserver la planète et sauver les anémones de mer, à la lutte contre les stéréotypes de genre, de taille, de race et j’en passe, sans oublier les inénarrables heures de vie de classe, d’accompagnement personnalisé, d’aide à l’orientation. Oui, des heures de rien qui occupent sans instruire et n'élèvent que le niveau de la désinstruction nationale !
En moins d’un demi-siècle en effet, les gouvernements qui se sont succédés, de droite aussi bien que de gauche (bien que la gauche se soit particulièrement illustrée en la matière), sont parvenus à faire presque table rase de ce qui instruit tout en mettant « la réussite des élèves » au début de chacune de leur phrase. La seule chose qu’ils ont vraiment réussie, c’est d’avoir mis la plus belle institution de la République dans le plus déplorable état, ce qui ne les empêchera pas de proclamer leur admiration pour les professeurs devant le cercueil d’un Samuel Paty, d’un Dominique Bernard et de quelques autres. Ceux qui étaient à la tête de l’éducation nationale ont laissé l’institution se déliter, quand ils n’y ont pas œuvré eux-mêmes avec ardeur. Les leçons ont été remplacées par des activités, les estrades ont été mises à la déchetterie du coin, les tables dans les classes ont été disposées en « ilots » pour ne pas exposer les jeunes gens à une autorité supposée traumatisante, mais sans autre effet en réalité que celui de favoriser un bavardage permanent qui est presque partout devenu la norme, les chefs d’établissement, chefs de service et jusqu’aux recteurs ont cessé d’être des pairs (primus inter pares) pour devenir des « managers », et les professeurs qui osent encore enseigner leur discipline sans faire d’histoires se voient reprocher leur manque d’esprit d’équipe et sont mal notés par leur hiérarchie tandis que sont promus ceux qui savent se vendre à grand renfort de projets d’une vacuité à faire pleurer. Il en résulte que ceux qui sont passionnés par leur discipline trouvent de moins en moins leur place dans l’institution qui était pourtant faite pour eux - d’où soit dit en passant la baisse effrayante du nombre de candidats de valeur aux concours de recrutement de l’éducation nationale, et la baisse du niveau du recrutement qui en résulte mécaniquement, avec des conséquences forcément catastrophiques pour la nation tout entière à terme.
Si l’on veut reconstruire l’école, et il le faut, commençons par revaloriser sans attendre ce qui est parfois qualifié de « plus beau métier du monde » avec une totale hypocrisie. L’école ne repose que sur la qualité de son corps enseignant : recrutez d’excellents maîtres et fichez-leur la paix, le reste suivra ! On est bien capable de se battre pour sauver des espèces en voie de disparition dont personne n’a jamais entendu parler : va-t-on laisser les professeurs disparaître sans mot dire et accepter qu’ils soient remplacés par des animateurs ou de simples assistants de l’intelligence artificielle, comme on en prend le chemin ? Hait-on à ce point la jeunesse pour ne pas lui donner les meilleurs professeurs, et ce quoi qu’il en coûte ?
Marc Amblard

26 octobre 2024

Anne-Sophie Chazaud

Fabrice Moracchini :
La violente mélancolie de la classe populaire anglaise


Southport. Cette petite station balnéaire de la banlieue nord de Liverpool, en Grande-Bretagne, restera peut-être, dans la longue mémoire des meurtrissures et des révoltes fatales qui ont balayé l’histoire moderne de l’Occident, comme un nom aussi éloquent que Frankenhausen, Wassy, Bastille ou Gettysburg.

Car la fièvre spasmodique particulièrement violente qui durant l’été dernier a parcouru le Royaume-Uni à l’énoncé de ce nom, alors que la France sortait rageuse et abasourdie d’une élection législative anticipée aux conséquences paralysantes, était absolument tout sauf la suite d’un drame occasionnel aux causes aussi contingentes qu’on a voulu le faire croire dans les médias autorisés des deux rives de la Manche.

A la différence de la séquence insurrectionnelle des Gilets jaunes ou des émeutes qui ont suivi le décès du jeune délinquant Nahel Merzouk à Nanterre un an plus tôt, la réalité sauvage qui s’est emparée de villes et de provinces entières des nations européennes depuis plusieurs décennies cette fois n’a pas pu être dissimulée – ou miraculeusement métamorphosée en autre chose qu’elle-même.

Et c’est l’impossibilité de dissoudre ou de maquiller le réel qui est assez vite apparue comme l’émergence d’un second scandale loti à l’intérieur du premier. En moins d’une semaine, chacun, de Belfast à Plymouth, a compris qui était qui et qui cherchait à faire quoi ; dès lors la clarté des mobiles est venue renforcer ou démultiplier la violence des actes.

C’est donc très vite qu’un seuil de crise inédit a insensiblement commencé à être franchi : l’impuissance du pouvoir médiatique à contrôler ou formater les flux de l’information, non seulement au Royaume-Uni mais – via X – dans toute la sphère numérique anglophone, a autorisé sans le dire ou même en le disant le déferlement d’une répression d’État à laquelle les démocraties libérales, surtout dans la patrie de John Locke et de Lord Acton, n’étaient ni habituées ni préparées.

A peu près tout le monde aujourd’hui connaît les faits tragiques qui furent à l’origine de l’embrasement du royaume de Sa Gracieuse Majesté.

Le 29 juillet dernier, le fils encore mineur, né en Écosse, de deux immigrés rwandais installés en Grande-Bretagne depuis vingt ans, un certain Axel Muganwa Rudakubana, a perpétré un carnage soigneusement prémédité en poignardant avec un couteau de cuisine douze fillettes de six à douze ans et deux femmes adultes, qui participaient à un cours de danse et un atelier de fabrication de bracelets à l’effigie de Taylor Swift.

Deux des petites filles sont tuées sur le coup, une troisième décèdera quelques heures plus tard, tandis que les neuf autres sont hospitalisées en urgence dans un état critique. Seuls le courage physique et l’esprit d’initiative des animatrices du stage, restés vivaces malgré les blessures des jeunes femmes, ont empêché que plus de fillettes soient atteintes par le couteau du tueur, puisqu’elles sont parvenues à enfermer seize des enfants présents sur les lieux dans les toilettes du local.

C’est également le courage de plusieurs passants, dont un homme d’affaires et un laveur de carreaux, qui a permis la neutralisation relativement rapide de l’agresseur, avant l’arrivée de la police sur le site du carnage.

Le lendemain, alors que l’émotion est à son comble dans tout le Royaume-Uni et que la police ne communique pas officiellement sur l’identité et les motivations de l’assassin, un tweet qui attribue faussement la tuerie à un demandeur d’asile musulman surveillé par le MI5 se répand comme une traînée de poudre sur la Toile, avec plus d’un million et demi de vues. Même si la « fèque niouse » sera très rapidement démentie par les médias officiels, elle provoque un tsunami de réactions vengeresses et violentes qui vont très rapidement, mais graduellement, dégénérer en émeutes populaires réparties sur l’ensemble du royaume – y compris à Londres même, où pendant plusieurs heures des manifestants vont dangereusement essayer de s’approcher de la résidence du Premier ministre au 10 Downing Street.

Comme on pouvait s’y attendre, l’essentiel de ces émeutes se concentre surtout dans les villes pauvres, grandes ou moyennes, qui ont subi depuis un demi-siècle les effets dévastateurs cumulés de la désindustrialisation (commencée dès les années 1980, sous Margaret Thatcher, bien avant la France ou la Belgique) et de l’immigration de masse extra-européenne (ou tout aussi bien, avant le Brexit, polonaise et balte) : Manchester, Liverpool, Birmingham, Belfast, Hartlepool, Rotherham, Nottingham, Bristol, Blackpool, Middlesbrough, Hull, Sunderland (où un commissariat de police sera presque entièrement détruit par un incendie).

Le mot d’ordre des émeutiers est extrêmement simple, et sans ambiguïté : « Nous voulons récupérer notre pays » (we want recover our country).

A Southport même, pendant la nuit qui suit le lendemain de l’attentat, la mosquée de la ville subit les assauts, à coups de briques, de plusieurs émeutiers ivres de colère, et les vitres d’une épicerie sri-lankaise sont brisées. Les dégâts sont limités et il n’y a heureusement pas de blessés, mais, dans le pays-phare du multiculturalisme où les communautés allogènes ont pignon sur rue et surtout bénéficient d’une visibilité institutionnelle que la loi de 1905 leur interdit encore plus ou moins en France, plusieurs autorités religieuses et communautaires musulmanes de la nation et de la région exigent publiquement, la plupart du temps sur les réseaux sociaux, la constitution de milices d’auto-défense en vue de protéger l’intégrité des minorités ethniques qui se jugent menacées (en Angleterre, on dit BAME, pour « Black Asian Minority Ethnics »).

En réalité, il s’agit moins d’auto-défense que d’un commencement de guerre civile communautaire à base ethnique et religieuse, puisque personne n’ignore qu’aux yeux de la plupart des chefs de milices, tous très bien connus des autorités et de la police, dont les troupes comme à Bristol montent au combat au cri de « Allah Akbar », c’est la volonté d’en découdre avec les émeutiers anti-migrants, quels que soient les motifs revendiqués, qui prévaut sur toute autre considération.

Il est vrai que dans les affrontements urbains à connotations identitaires ou ethniques, stratégies défensives et offensives sont souvent assez difficiles à départager (qu’on se souvienne de ce qui s’est passé en France, dans le quartier de la Monnaie à Romans-sur-Isère, après le meurtre du jeune Thomas à Crépol, petit village rural du Dauphiné). Pour se défendre efficacement, il faut parfois aller frapper subrepticement l’ennemi de façon discrète, anticipée et discontinue.

En moins d’une semaine, donc, la situation s’est considérablement dégradée et envenimée dans plus d’une dizaines de villes significatives du pays, pour deux raisons qui auraient pu ou dû rester indépendantes l’une de l’autre : 1) le discours, au mieux dissimulateur au pire mensonger, des grands médias assermentés publics et privés du royaume, qui se focalisent sur la responsabilité de la fèque niouse initiale diffusée sur X – et donc aussi sur celle d’Elon Musk, le nouveau propriétaire de l’application numérique – puis attribuent sans aucune preuve probante l’organisation préméditée des émeutes à une figure célèbre de l’ultra-droite identitaire britannique, Tommy Robinson, le fondateur de l’English Defense League (lequel se trouvait pourtant en vacances à l’étranger à la fin du mois de juillet) ainsi qu’aux dirigeants du nouveau mouvement national-conservateur de Nigel Farage, Reform UK ; 2) la révélation, toujours sur le réseau social d’Elon Musk, de la complicité de plusieurs officiers de police avec les membres ou les chefs des milices islamiques : dans une vidéo qui sera authentifiée par le journal Telegraph et aura un immense retentissement sur le Net, on voit et entend un policier autoriser le transport et la dissimulation d’armes à feu à l’intérieur d’une mosquée.

A partir de ce moment-charnière, le 5 août dernier, le nouveau Premier ministre britannique, le travailliste Keir Starmer, qui vient juste d’arriver au pouvoir après quinze ans de majorités conservatrices, entre dans la danse au moyen d’un discours martial et télévisé, d’une brutalité dont les sujets de Charles III avaient perdu l’habitude depuis le départ de Margaret Thatcher en 1990.

Les temps ont changé : dorénavant, c’est à gauche qu’on prétend être de fer et se montrer implacable pour mater le peuple rebelle et le contraindre à quitter la rue.

Non seulement le chef du gouvernement viole implicitement la séparation des pouvoirs en ordonnant aux juges de punir de peines de prison ferme (jusqu’à trois ans d’incarcération) aussi bien les émeutiers coupables de violences physiques sur les biens et les personnes que les simples citoyens anonymes qui ont commis l’imprudence de soutenir les émeutes par des statuts diversement vindicatifs publiés sur les réseaux sociaux (X, encore, la plupart du temps), mais de plus il autorise et recommande la libération anticipée de détenus de droit commun – dealers et cambrioleurs inclus – afin de pouvoir enfermer séance tenante le plus d’émeutiers possibles.

Comme l’a très bien analysé le sociologue Mathieu Bock-Côté, c’est peut-être la première fois en Europe qu’un gouvernement démocratique et libéral, massivement soutenu par une partie conséquente de la société civile et des intellectuels universitaires (comme la France, la Grande-Bretagne a ses associations et officines pro-immigration grassement subventionnées par le contribuable et des fondations américaines, elles aussi présentes en nombre dans les rues face aux émeutiers) pactise ouvertement avec la pègre, à l’image de ce qui se pratiquait en Union soviétique à l’époque de Soljenitsyne, en vue de réprimer radicalement une source de dissidence idéologique jugée néfaste pour la survie du régime politique en vigueur.

Même en France, au moment des Gilets jaunes, en dépit des yeux éborgnés et des mains coupées, le pouvoir exécutif n’a pas osé aller jusque-là.

Elon Musk ayant donc été lui aussi mis en cause par la presse et le gouvernement pour suspicion de complicité avec les émeutiers, le milliardaire – dont l’interdiction du réseau social a provoqué des manifestations monstres au Brésil au mois de juin – décide de répliquer. Au Premier ministre qui dit vouloir user du monopole de la violence légitime pour protéger la communauté musulmane et ses mosquées, le patron de Tesla se contente de demander, dans un tweet aussi cinglant que ceux de Donald Trump, ce qu’il entend faire exactement pour protéger les autres communautés du Royaume-Uni.

Starmer du coup, sur X et dans les pubs, se retrouve bientôt affublé du surnom ravageur de « Two Tier Kier » (« two-tier » signifie à deux vitesses). Car tandis que le discours officiel, jamais démenti par l’essentiel des médias, continue à taire ou à minimiser le nombre et l’intensité des affrontements ethniques qui se multiplient autour des points chauds de la révolte (avec, répétons-le, la complicité tacite ou directe des responsables de la police qui, sur ordre, n’interpellent que les seuls émeutiers anti-migrants à l’exclusion des autres propagateurs de la violence communautaire) y compris lorsque des journalistes se retrouvent eux-mêmes agressés par des milices musulmanes comme ce sera le cas d’un reporter de la chaîne LBC News à Birmingham, chacun grâce à Elon Musk peut tous les matins, au terme d’une nouvelle nuit d’émeutes, visionner, sans aucune censure préalable, l’ampleur des agressions dont les sicaires des milices islamiques et/ou militants antifas se sont rendus coupables, parfois à quelques mètres des pandores casqués et surarmés qui laissent pleuvoir les coups sans broncher.

Toutes choses que le citoyen britannique de base n’aurait pas pu connaître ou même soupçonner s’il n’y avait pas eu X et la Toile numérique.

Dès le 10 août, la BBC et les journaux de gauche assermentés proches de l’État ripostent en publiant les noms et les photos de certains des émeutiers condamnés en comparution immédiate. Ce qui revient à les livrer, eux ou leurs proches, à la vindicte musulmane ou gauchiste qui là encore semble bien plus encouragée que dissuadée par les autorités.

C’est ainsi que certaines figures vont devenir célèbres, comme celles de Connor Whiteley, père de 3 enfants de 26 ans qui sera condamné à trois ans de prison, ou de Jordan Parlour, jeune militant identitaire qui avait sur le Net exigé vengeance pour les viols de masse commis par des gangs pakistanais sur des milliers de très jeunes femmes anglaises de souche entre les années 1980 et 2020 (le fameux scandale des « grooming gangs », où la responsabilité criante de la police avait déjà là aussi été impliquée) et qui écopera de neuf mois d’incarcération sans aucun sursis.

Ces vies brisées, par centaines, rappellent ce qu’avait indiqué Emmanuel Todd dans son dernier ouvrage, La Défaite de l’Occident, à propos de l’évolution du Royaume-Uni depuis trente ans. A savoir que les élites britanniques, parmi lesquelles figurent de très nombreux parlementaires, journalistes, juristes, cinéastes et cadres dirigeants issus des BAME (on se rappelle que le précédent chef du gouvernement, Rishi Sunak, était un multi-millionnaire hindou qui a prêté serment sur la Baghavad-Gîta lors de sa prise de fonction), manifestent beaucoup plus d’hostilité et de mépris viscéral envers les travailleurs pauvres et les chômeurs d’origine britannique qu’envers leurs compatriotes d’origine allogène, souvent indo-pakistanaise ou caribéenne, qu’ils soient en situation régulière ou non.

Depuis la victoire du Brexit, surtout, remportée de peu grâce au vote massif des prolétaires anglais du nord et de l’est du pays en faveur de la rupture avec l’UE, ce mépris a pu virer parfois à la haine ou la phobie, comme on dit dans les milieux progressistes, parfaitement décomplexées et assumées. Lors des grandes manifestations que les partisans européistes du Remain ont organisées à Londres pendant plusieurs mois avant que Boris Johnson ne parvînt à clore le processus de sécession du Royaume-Uni, les injures comparant les Brexiters déclassés des anciens sites industriels et miniers d’Angleterre à des animaux plus proches des hyènes que des bovins n’étaient pas rares et nullement dissimulées.

En Grande-Bretagne, à l’islamo-gauchisme des milieux décoloniaux et anarchistes que nous aussi sur le continent connaissons assez bien (le dernier film, très remarqué à Cannes, de Ken Loach, The Old Oak, l’illustre encore mieux que tous les brulots mélenchonistes ou crypto-fréristes de France et de Navarre), répond, de façon très singulière typiquement anglo-saxonne, une sorte d’anglophobie cosmopolite hyper-capitaliste et post-impériale mêlée de mépris de classe à base ethno-culturelle. Au pays de George Orwell et de sa « common decency », l’individualisme citadin des héritiers de John Stuart Mill s’est mué, dans les classes moyennes et supérieures diplômées, en une détestation rabique et radicale, presque pavlovienne, de toutes les organisations séculaires et collectives susceptibles de garantir la dignité et le niveau de vie des classes populaires indigènes.

L’ouvrier déclassé de Manchester, le salarié licencié de Liverpool concurrencé par le migrant clandestin pakistanais, afghan ou rwandais ou bien le petit paysan ruiné du Devon qui ne pourra pas s’adapter aux importations de viande bovine canadienne et brésilienne ne sont pas seulement méprisés parce qu’ils sont pauvres et incapables d’assurer seuls leur survie au sein du marché global des capitaux, des biens, des hommes et des services ; ils le sont aussi et surtout parce qu’ils voudraient que l’ancienneté de leur présence sur l’île des Tudor et des Stuart leur garantisse à la fois une certaine fixité des mœurs et un certain niveau de sécurité matérielle et morale que les représentants allogènes ou métis des nouvelles classes compétitives et mercenaires venues du Commonwealth jugent incompatibles avec la présente marche du monde à l’origine de leur propre réussite sociale.

Lorsque deux classes sociales aux intérêts aussi clairement antagonistes ont le sentiment, pleinement déployé au niveau des consciences individuelles, que leurs membres appartiennent de surcroît à deux peuples ethniquement et historiquement parfaitement différenciés, alors les conditions de possibilité du maintien de la paix sociale et du pacte civique ne sont plus garanties.

Comme Starmer et les tenants de l’orthodoxie progressiste l’ont bien compris, seule la répression policière et judiciaire la plus implacable peut être capable de maintenir encore quelque temps l’illusion que le punk ou l’artisan brexiter, même athée, et l’ingénieur informatique européiste ou libéral-démocrate – qu’il soit anglican, musulman, sikh ou hindou – appartiennent encore à la même nation et sont susceptibles d’échanger des idées et des projets dans la même langue.

Ceux qui en France incriminent le Brexit et les regrets que ce dernier aurait engendrés chez ses partisans déçus ne comprennent pas que ce que les Brexiters regrettent, ce n’est pas leur ancienne appartenance à l’organisation technocratique et supranationale fondée par l’anglophile Jean Monnet, mais le fait que ses promoteurs conservateurs n’aient pas été à la hauteur de la mission historique qui leur incombait.

Même s’il n’est évidemment pas question ici de justifier ou d’excuser des agressions délibérées contre des représentants des forces de l’ordre, des ressortissants étrangers ou des lieux de culte, qu’un gouvernement garant du respect des lois se doit légitimement de réprimer, il peut être pertinent malgré tout de s’interroger sur le danger évident que constitue pour l’avenir d’un régime qui se veut démocratique et libéral la propension à criminaliser sans retenue la protestation de populations délaissées et précarisées qui entendent préserver l’exercice de leur souveraineté sur la terre où eux et leurs ancêtres sont nés, ainsi que les médias privés qui entendent porter leur voix.

Nous terminerons donc sur cette question, en nous demandant aussi par la même occasion si l’absence au Royaume-Uni d’un parti patriote/populiste de masse anciennement implanté dans le pays constitue bien la chance insigne qu’y voyaient jusqu’à présent la plupart des commentateurs libéraux du continent.

Ancien chargé de mission auprès de plusieurs ministres de l’Intérieur et de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Fabrice Moracchini est professeur de géopolitique, d’économie et de management interculturel dans diverses écoles de commerce.

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