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24 avril 2023

Anniversaire et gueule de bois

Jonathan Sturel

Il y a un an exactement, l'électorat français largement conditionné et mis sous pression par un appareil médiatique acquis au candidat Macron rendait possible la victoire de celui qui devait éviter à la France la plupart des maux qu'elle connaît pourtant aujourd'hui.

Un an après avoir sauvé la République, Emmanuel Macron a : frôlé la guerre contre la Russie, multiplié les scandales divers et variés, ridiculisé la France plusieurs fois sur la scène internationale, provoqué un important épisode de grogne sociale, recouru plusieurs fois au 49.3, prononcé l'interdiction de plusieurs médias et associations, contribué à l'explosion des prix de l'énergie (sabotage du parc nucléaire), permis l'inflation générale et notamment des produits alimentaires, réprimé des manifestations lorsqu'il ne les interdisait pas, maintenu dans leurs fonctions des collaborateurs et des ministres mis en examen, etc.

Bravo Monsieur le président, excellent bilan. Ça valait vraiment le coup de sauver la République !

23 avril 2023

Segundo Cimbron

Manifestations à chaque déplacement ministériel ou présidentiel, coupures ciblées d'électricité, occupations temporaires de gares, concerts de casseroles, blocages de périphériques ou péages d'autoroutes ouverts, grèves perlées...
Et j'en passe et des meilleures...
Ça n'arrête pas.
Même les médias ont dû mal à en rendre compte.
Les conditions de vie rendant difficile la grève générale qui coûte si cher à ceux qui la pratiquent, c'est une forme de "grévilla" permanente que ces indécrottables gaulois réfractaires sont en train de réinventer, moins coûteuse, moins spectaculaire mais pas moins efficace.
Ce n'est certes pas le "guérillero" que je suis qui s'en plaindra.
J'adore l'imagination et la gouaille de ce peuple de Gavroches que rien n'arrête.

Être payé en temps ou en argent

Alexis Haupt

À un moment de ma vie, je fis un choix. Un choix difficile. Je me posai la question de savoir en quoi je voulais être payé. En temps ou en argent ? Je me dis que je préférais de loin être payé en temps. Avoir du temps pour moi ! Du temps pour faire la plus importante des choses qui soit : penser. Du temps aussi pour voyager, pour dormir, pour discuter, pour aimer, pour lire, pour écrire, pour regarder les fourmis, pour me promener, pour observer le monde et ses habitants. Je me dis alors que je travaillerais uniquement sur de courtes périodes, en dégotant des petits CDD, des vacations, de façon à gagner de l’argent pendant quelques mois et avoir du temps libre les deux ou trois mois suivants. Puis petit à petit, je me rendis compte que même le travail que je faisais pendant quelques semaines pour pouvoir avoir du temps ne m’était pas obligatoire. Je me rendis compte que je n’avais pas besoin de beaucoup d’argent pour mener la vie qui me rendait heureux. Je me rendis compte que je n’avais plus besoin de travailler. Je fis vœu de pauvreté sans le savoir. Ce qui ne signifie pas que j’ai choisi de vivre dans la misère, mais seulement de vivre simplement. Et puisque pour moi le luxe était d’avoir du temps pour faire toutes les choses que j’ai énumérées plus haut, je me sentis vite comme un véritable pacha, un homme chanceux et plaignais les autres qui gagnaient de l’argent mais qui n’avaient pas le temps. Si moi j’avais fait vœu de pauvreté, eux vivaient misérablement. La misère, ce sont ceux qui manquent de temps, qui la vivent et non ceux qui sont heureux ! Je suis heureux d’avoir le temps et d’être libre. Je suis riche, le plus riche de tous les hommes. Mon but n’est pas d’augmenter toujours plus mon pouvoir d’achat pour pouvoir assouvir toujours plus mes besoins et mes envies mais de diminuer mes besoins et mes envies car c’est quand on ne connaît plus l’envie de courir derrière ce que l’on ne possède pas que l’on devient libre et véritablement riche, et non pas quand on finit par posséder ce que l’on voulait. En effet quand on sait ce qu’est un être humain, on sait que ses désirs de posséder sont infinis et ne s’essoufflent jamais !

RÉFLEXIONS INTEMPESTIVES SUR LES DIX ANS DU MARIAGE GAY

Gabriel Nerciat

Si j'en crois ce que j'entends ou vois depuis ce matin dans tous les médias progressistes assermentés, qui célèbrent les dix ans du mariage gay un peu comme les bonapartistes fêtaient - solitairement - en 2005 les deux-cents ans de la bataille d'Austerlitz, le droit pour les personnes de même sexe de convoler et d'adopter des enfants est désormais considéré par l'élite éclairée de ce pays comme beaucoup plus précieux et décisif que le droit des salariés et des employés d'obtenir à 62 ans une retraite décente garantie par l'Etat après plus de quarante ans de labeur.
Je m'étonne que personne ne fasse le rapprochement entre la grande réforme des retraites de François Mitterrand en 1981 et celle de la loi Taubira sur le mariage des personnes de même sexe en 2013 : la comparaison serait, je crois, beaucoup plus éclairante qu'avec l'abolition de la peine de mort ou la loi Veil, et elle nous apprendrait pas mal de choses sur la rupture désormais consommée entre progressisme et socialisme (à ma connaissance, seul Jean-Claude Michéa jusqu'à aujourd'hui en a parlé un peu sérieusement).
Les clercs en tout cas sont ravis de voir que pratiquement tous les anciens députés et sénateurs UMP-LR qui avaient combattu la loi Taubira en 2013 aujourd'hui font amende honorable, et demandent pardon à genoux de leur ignominie passée.
Même le peu glorieux Eric Zemmour, le héros malheureux de l'union des droites, l'iconoclaste qui n'a peur de rien, nous fait savoir qu'il n'envisagerait pas de revenir sur la loi si par miracle il parvenait un jour aux affaires (parce que, n'est-ce pas, son truc à lui, c'est uniquement le Grand Remplacement, peuchère ; il n'a pas le temps de penser à autre chose).
Visiblement, il ne vient à l'idée de personne de remarquer que c'est parce que nous célébrons comme un tournant historique victorieux et indépassable le démantèlement de ce que le philosophe du droit Pierre Legendre appelait le montage normatif (et sexué) de la Raison que le reste du monde non-occidental (russe, islamique, bouddhiste, chinois, japonais, coréen, hindou) nous voue aux gémonies et nous contemple avec un mélange indiscernable de répulsion, de mépris et de dégoût.
Raison pour laquelle la question du mariage gay est en effet tout sauf anecdotique et va bien plus loin que la reconnaissance accordée par l'Etat à une minorité sexuelle parfois ou longtemps persécutée : elle engage, bien plus que la Déclaration des Droits de l'Homme ou les conceptions libérales du contrat social et de la propriété privée, la validité présente et future de l'universalisme éthique et politico-juridique dont l'Occident depuis trois siècles au moins se fait fort d'être le champion (sans rival depuis la fin de l'URSS).
C'est là où, à mon sens, les progressistes se trompent : leur victoire idéologique, au regard de ce qu'ils considèrent comme les fondements rationnels et civilisationnels du progrès, est peut-être bien en réalité une catastrophique victoire à la Pyrrhus.
C'est parce que nous avons inscrit dans le droit la rupture assumée entre la division sexuelle et l'institution du mariage ou le montage symbolique de la parenté que nous ne pourrons sans doute jamais plus nous revendiquer comme universels.
Le député LR, aujourd'hui voué aux gémonies, qui avait comparé il y a dix ans au Palais-Bourbon le mariage gay à la légalisation de l'inceste, de ce point de vue avait parfaitement touché juste : au regard des mondes culturels non occidentaux, la reconnaissance du mariage homosexuel aura exactement le même effet et comportera les mêmes conséquences qu'en aurait la levée juridique et symbolique sur le tabou suprême du mariage entre membres d'une même parenté (même si, bien sûr, au niveau des moeurs et des pratiques concrètes, homosexualité et inceste n'ont rien à voir entre eux ; qu'on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas et qu'on m'épargne les gros mots en "obe" en usage à L'Obs ou à Libé).
Un Renaud Camus (par exemple) pourrait à la rigueur s'en féliciter, comme sans doute avant lui Oscar Wilde, Colette ou Jean Cocteau ; mais un André Gide, un Cambacérès, un Luchino Visconti, même un Guy Hocquenghem ?
Je sais bien qu'on ne peut pas faire parler les morts, mais la question malgré tout se pose et me semble même on ne peut plus pertinente (je le dis d'autant plus librement que je n'ai pas participé il y a dix ans aux manifestations de la Manif pour tous - contrairement à certains qui s'en repentent aujourd'hui, et vont même peut-être se permettre de venir ici pour me gronder).
D'ores et déjà, la question du mariage gay et de ce qui en découle perturbe la galaxie wokiste et intersectionnelle, parce que islamo-gauchisme et hubris des minorités libertaires (déjà en rivalité entre elles) ne riment pas vraiment bien ensemble.
C'est un peu comme l'histoire du beurre et de l'argent du beurre : au bout d'un moment, il faut choisir l'un ou l'autre - et s'y tenir.
Sinon, on perd les deux en même temps.
Ganymède peut bien devenir un dieu, mais à condition de ne pas prendre la place d'Héra dans l'Olympe : Zeus, divinité volage mais conservateur prudent, était le premier à le savoir.


22 avril 2023

Qu'est-ce que ce tintamarre...

Julie d'Aiglemont

Une brève... (Désolée je suis en plein déménagement...)
- Qu'est-ce que ce tintamarre qui nous échauffe les oreilles ?
- Sire, Votre Sublime Surdité, ce sont les Riens et les Riennes qui protestent contre Votre Férule en tapant sur des casseroles.
- Que l'on interdise les casseroles !
- Vos désirs sont des ordres, Votre Capricieuse Vanité...
- Qu'ouïe-je encore ?
- Sire, ce sont sur des cocottes que vos vils sujets frappent...
- Que l'on donne l'ordre à la maréchaussée de mettre sous séquestre tout ustensile de cuisine. Que crèvent ces gueux qui ne me méritent point.
- Que Votre Navrante Malveillance se rassure, Dame Bireguitte s'en est allée porter la bonne parole, de même que le bon Chevalier d’Alanver. Il a fait remplacer au frontispice des bâtiments publics la devise de la vieille République par la maxime favorite de Votre Arrogante Altitude "Travail Ordre Progrès".
- Que l'on fasse mander le Grand Ensoutané afin qu'il nous sacre Empereur. Nous jouerons de la lyre.
Au Royaume du Grand-Cul-par-dessus-Tête en ce mois d'avril de l'an vingt-trois...

La fin de leur monde

Jonathan Sturel

Avant l'arrivée de Musk, la petite coche bleue à côté du nom n'était délivrée qu'après demande et acceptation des équipes Twitter dont nous connaissions la direction politique. Plusieurs fois cette certification a été refusée à des gens de nos milieux, de façon arbitraire et discriminatoire car ils répondaient à tous les critères.
Cette petite coche bleue permettait donc à Twitter, écosystème contrôlé par la gauche woke, de créer une aristocratie, une sorte de caste qui jouissait seule du prestige d'être "singularisée" au milieu de la foule. Cela rendait leur parole plus visible, plus acceptable, plus officielle, plus institutionnelle, c'est-à-dire que cela rendait leurs idées politiques de gauche plus officielles, plus institutionnelles, etc.
En abolissant ce système, Musk a défait cette aristocratie gauchiste arrogante. Nous voyons aujourd'hui ses membres déchus se plaindre d'être ramenés à la condition d'un simple utilisateur, ce qui revient à se plaindre d'avoir été délogés du piédestal sur lequel l'ancienne administration de Twitter les mettait artificiellement et arbitrairement, sur des critères essentiellement de conformité idéologique avec l'époque.
La petite révolution muskienne sur Twitter est encourageante pour l'avenir car elle nous démontre que le camp d'en face n'est plus rien dès lors qu'on lui retire les apparats et les artifices qui lui servent à consolider une position dominante qui, sans ça, s'écroule comme un château de cartes. La grande leçon qu'il faut en tirer est qu'ils ne sont rien et qu'il ne faut surtout pas se laisser impressionner par eux.

Yann Bizien

Honnêtement, je ne me souviens pas avoir vu le pays dans cet état de détérioration politique et de désaccord permanent. Pour mettre les Alsaciens en colère, il faut aller très loin.
Emmanuel Macron ne connaît pas l'empathie. Pour lui, les Français "ne sont rien". En roue libre, il se nourrit de division, d'exaspération et savoure le chaos. Il se refuse à admettre qu'il est lui-même majoritairement détesté et rejeté un an seulement après sa réélection.
Cette situation est d'autant plus inquiétante qu'il ne semble pas du tout en prendre la mesure dans un contexte inflationniste, de flambée des prix et de pénurie. Un slogan de cabinet de conseil (travail, ordre, progrès - travail, famille, patrie étant démodé) ne résoudra pas cette crise. Et sa pseudo relance politique est déjà discréditée.
Nous sommes bien loin en effet de réussir "l'apaisement". Le niveau de frustration, de colère, de ressentiment et de déni d'un pouvoir qui communique toujours en dehors du réel est bien trop élevé et durable pour espérer un retour en grâce du président.
Pire, l'Élysée est sur une stratégie de l'évitement : Emmanuel Macron déporte son problème personnel avec le peuple sur les autres pour refuser le changement. Dans toutes les crises, c'est la stratégie qui conduit de façon certaine à l'échec parce qu'elle est celle du refus des évidences.
Emmanuel Macron est mauvais, comme ses conseillers. Il paie durement les conséquences de son style, de sa méthode et de son inexpérience du pouvoir et de sa mauvaise relation au peuple qui cristallise l'essentiel de sa colère sur lui.
« Monsieur le Président, chez Cristel France nous fabriquons des casseroles qui font avancer la France ! », a répondu l’entreprise française à Emmanuel Macron, qui a affirmé hier que « ce ne sont pas des casseroles qui vont faire avancer la France ».

Le monde écologique : un monde de quotas et de contraintes

H16

La France n’a pas de pétrole, mais elle a des écolos qui ont des idées. Ils ont tellement d’idées (sur tout, et surtout des idées) qu’il ne se passe plus une semaine sans que l’un ou l’autre groupe de ces frétillants militants de l’Ascétisme Pour Autrui ne ponde une vibrante tribune en faveur de nouveaux quotas ou de nouvelles restrictions qui garantiront enfin une avancée décisive de l’Humanité vers un futur aussi riant que – forcément – sobre.

C’est ainsi qu’on retrouve des chroniques, régulières maintenant, s’étalant avec délice dans le catastrophisme médiatique dans lequel notre avenir ne tient plus qu’à un fil, ce dernier, condition de notre survie, se résumant essentiellement à expier nos fautes par différents moyens, bizarrement mais systématiquement tous coercitifs.

De façon répétitive donc, on retrouve dans les médias, avec une entêtante constance, un appel à nous serrer toujours plus la ceinture. Dans ces appels, il est difficile de ne pas noter les trépignements de certains à vouloir imposer de fermes limitations énergétiques, rebaptisés pudiquement “quotas carbone” pour faire croire à un quelconque lien avec le dioxyde de carbone.

Une fois débarrassés de leur gangue de novlangue écolo, ces appels sont tous calibrés de la même façon : quel que soit le problème réel ou imaginaire qu’on soulève, il existe un coupable évident, pratique et systématique, à savoir l’Humanité qui, une fois soigneusement taxée, contrainte et limitée afin d’expier sa faute, pourra échapper à l’apocalypse si et seulement si elle se laisse diriger par une élite éclairée.


“Permis carbone”, “pass énergétique”, “quota carbone”, les appellations changent, les titrailles s’enchaînent et chaque semaine, de nouvelles propositions sont publiées, rappelant que, déjà, quelques députés sont favorables à cette nouvelle bordée de restrictions sévères qui consistent essentiellement à imposer une limitation énergétique à chaque individu : grâce à ce procédé, chaque citoyen peut être contraint jusque dans son intimité à limiter toutes ses activités, à ne faire que ce qui est approuvé et ne plus avoir ni le droit, ni le temps, ni l’énergie pour faire ce qui lui plaît.

Dans ce monde réjouissant, fini les vols aériens (quatre pour toute une vie suffisent), haro sur la voiture individuelle (à plus forte raison lorsqu’elle roule au pétrole !), la consommation électrique devient millimétrée et on impose bien sûr une interdiction totale de tout gaspillage (sauf lorsque c’est l’État). Moyennant beaucoup de verdure, le goulag éco-conscient sera plus joli.

Du reste, ne comptez pas non plus compenser ces restrictions par quelques douceurs gustatives : l’écologisme militant d’écrabouillement des dissidences climato-catastrogènes entend bien s’immiscer aussi dans votre nourriture, du petit-déjeûner au souper en passant par le quatre-heure à moteur (électrique et encore).

La transition écologique passera par la bouffe, vous n’y couperez pas et il suffit pour s’en convaincre d’éplucher les propositions de groupes de lobbies actuels (finement renommés “Instituts” pour mieux vendre leur soupe) : pour l’un de ceux-là, l’IDDRI, il est même encore laissé trop de latitude à l’individu lorsqu’il va faire ses courses et l’imbécile continue donc d’acheter ce dont il a envie (l’insupportable égoïste) sans trop se soucier du climat, de l’environnement, de la pollution et des ours polaires.

Pour l’IDDRI, il est manifeste que la transition écologique repose encore trop sur l’individu, ce petit mammifère pénible qui, jusqu’à présent, se passait pourtant trop bien d’eux. Il faut mettre un terme à toute cette belle liberté de reprendre deux fois des pâtes.

Car fondamentalement, cette liberté est inégalitaire : devant les incitations (ou le tabassage fiscal) propulsant des buts écolos jusque dans la nourriture, les riches vont faire attention et devenir de bons petits “consom’acteurs”, manger bio et sain, alors que ces sommateurs de pauvres vont continuer à manger des trucs mauvais pour la santé au motif ridicule qu’ils ne sont pas chers, les cons imbéciles.

Las : comme il y a plus de pauvres que de riches, tout ceci va ruiner les efforts de la transition écologique bien visible, en plus d’accroître les méchantes inégalités que ces comportements différents entraînent inévitablement.


La conclusion est sans appel : il faut dilapider l’argent public pour médiatiser et propagandiser, puis contraindre, interdire et empêcher, limiter par la loi, réguler de tous les côtés et tailler en pièce la liberté individuelle, le tout en utilisant des mots inventés de toute pièce comme “surmarge” (qui ne ressemble pas à surprofit ou hyperprofit pour rien, bien sûr). Pour cela, on enchaînera des propositions d’une originalité folle, comme notamment des “chèques alimentations” (en plus des éco-chèques, des chèques carburant et autres chèques repas de mon cul sur la commode que les Français collectionnent à présent comme autant de petits tickets de rationnement).

Bien évidemment, il faudrait, comme l’IDDRI le préconise, mettre en place un “délégué interministériel à l’alimentation” car, c’est bien, connu, rien de tel qu’un Théodule de plus dans les couloirs feutrés de notre République : il va tout changer, tant il est vrai que les milliers de Théodules précédents ont tout changé.

On déplore néanmoins l’absence de proposition d’un Grenelle de la bouffe l’alimentation ou d’un numéro vert qui manque à cette Panoplie du Petit-Étatiste “made in China” … Gageons que c’est un simple oubli qui masque évidemment une vraie volonté de mettre en route ces deux colifichets obligatoires de la réponse politique française à tous les problèmes modernes.


Notons aussi l’absence encore louable de toute proposition de passer à l’entomophagie. L’IDDRI comprend probablement que le grignotage de grillons et de vers de farine ne fait pas encore recette auprès des Français et qu’il faudra patiemment attendre encore un peu (les premières famines ?) avant ce genre de solutions. En attendant, rassurez-vous, l’élimination de la viande et son remplacement par des feuilles de salades flexitariennes reste à l’ordre du jour.

Quotas carbone, pistage de votre alimentation jusqu’au moindre petit pois… Les signaux sont encore discrets, mais ils sont persistants, répétés et de moins en moins faibles : il faut absolument imposer l’ascétisme, les contraintes de la limitation et du jeûne alimentaire et énergétique, à tous, tout le temps.

En réalité, on cache mal le fait que la France s’appauvrit. On cache mal que l’hystérie écologique est maintenant permanente. On cache aussi fort mal qu’il faut maintenant pousser les gens à s’habituer à des pénuries de ce qui nourrit vraiment (de la vraie viande par exemple) ou de ce qui fait vraiment chauffer son foyer.

À force de quotas, de mesures de coercition plus ou moins feutrées, on impose aux individus de se départir de plus en plus rapidement de tout ce qui fait le sel de la vie, à commencer par la liberté de choisir ce qu’on va mettre dans son assiette ou de prendre des douches chaudes plutôt que froides.

Cela va très bien se passer.