Avec cette image d'autosatisfaction, de BFM TV, agence de communication de l'exécutif, je publie l'éditorial du Figaro de ce jour. Il dit tout le contraire, en quelques mots seulement, sur Emmanuel Macron et le Gouvernement.
La France s'en moque. Le fait majeur de ce dernier épisode politique, ce n'est pas le maintien d'Élisabeth Borne à Matignon ou l'hégémonie contenue de Gérald Darmanin à l'intérieur du gouvernement, c'est l'indifférence totale de l'opinion pour ce jeu de pouvoir. La hausse de 10 % des tarifs de l'électricité le 1er août l'emporte déja dans les conversations. Signe supplémentaire de la dévitalisation de la décision politique. Illustration spectaculaire de la faiblesse, même symbolique, de ce second quinquennat. Le maître des horloges perd son temps : du haut de son nuage, Jupiter procrastine, tergiverse, hésite à faire tomber la foudre, et finalement décide de ne rien décider.
Quant à la parole publique, épuisée de considérations sur à peu près tous les sujets, elle rechigne à s'emparer d'un événement essentiel, des émeutes violentissimes, qui pose à notre nation une question existentielle. Emmanuel Macron finira, paraît-il, par l'évoquer dans la semaine, mais, pour justifier cette latence, il lui faudra accompagner son propos de décisions fortes.
Non, l'ordre n'est pas revenu quand, malgré la mobilisation du Raid, du GIGN et de dizaines de milliers de policiers et de gendarmes, des voitures brûlent par centaines le week-end du 14 Juillet. Non, cet embrasement spectaculaire, et peut-être prémonitoire, n'est pas éteint. Chaque semaine, forces de l'ordre, pompiers, médecins, simples citoyens subissent physiquement les coups de la violence gratuite. Les émeutes furent la forme extrême d'un phénomène de basse intensité qui traverse le pays tous les jours de l'année et qui étend sa menace sur les moindres détails de la vie quotidienne. Elles sont la conséquence d'une immigration hors de contrôle, d'une intégration en lambeaux, d'une autorité introuvable, d'une école en ruine. Las ! Pour le gouvernement, l'immigration n'a rien à voir avec tout cela. Quant au ministre de l'Éducation, il semble plus occupé, dans un élan mélenchonien, à trier le bon grain de l'ivraie d' « extrême droite » dans les rédactions des radios et des télévisions qu'à restaurer les savoirs fondamentaux ou à panser les plaies des dizaines d'écoles détruites...
Face à l'ampleur de ce défi, ce minuscule jeu de chaises musicales au sommet du pouvoir a quelque chose de dérisoire, sinon d'indécent.
Le maître des horloges perd son temps.
LE FIGARO