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22 février 2024

Bruno Le Maire tente de faire des zéconomies

H16

21/2/2024 – Allons bon, zut, flûte, saperlipopette ! Voilà que les choses prennent une tournure embarrassante : alors qu’avec une crânerie que certains n’imaginaient possible que pour les cuistres les plus inconscients, le gouvernement français tablait sur une croissance tournant autour de 1,4% pour l’année 2024, Bruno Le Maire s’est dernièrement retrouvé dans un quelconque journal télévisé pour expliquer que “ahem bon finalement non, ce sera seulement 1%”.

Keuwâh ?! Comment diable ?!


Alors que tout semblait sourire à la fine équipe en place et que la France s’était fièrement mise En Marche vers des vallées de miel et de lait, la croissance n’est pas au rendez-vous ? Pire, voilà que Bruno doit même mettre “l’État à la diète” en trouvant 10 milliards (sur 491 milliards, soit 2%, une diète vraiment violente !)…

Ne reste plus qu’à espérer que cette baisse de croissance ne se transforme pas (inopinément, hein) en stagnation complète voire (surprise totale) en récession, ce qui obligerait le Bruno de Bercy à quelque aggiornamento qu’il n’est pour le moment pas prêt à faire.

Pendant ce temps et selon les petits chiffres tout ce qu’il y a de plus officiels des institutions occidentales, c’est plutôt pétillant en Russie pour laquelle le FMI revoit la croissance, la faisant passer de 1,1% à 2,6% en expliquant que tout ceci semble dû à l’économie de guerre dans laquelle le pays s’est placé.

Eh oui, tout se déroule comme prévu et les précédents billets de ces colonnes consacrés à la question se sont révélés exacts : non seulement, les sanctions n’ont pas fonctionné, mais elles se sont retournées contre l’Occident et lui coûtent à présent très cher.

En tout cas, cette belle vigueur économique russe explique assez bien pourquoi plusieurs personnalités européennes veulent que l’économie se tourne aussi vers la guerre (et pourquoi cette position aussi belliqueuse que dangereuse pour tout le monde est si lourdement relayée par les médias de grand chemin).

Cependant et même si l’on peut comprendre ce dangereux raisonnement, on ne peut s’empêcher d’en noter aussi l’indigence, compte tenu du contexte européen.

En effet, l’Europe n’est pas exactement dans la même position que la Russie, notamment parce que cette dernière dispose de ressources minérales que la première s’est consciencieusement interdit d’exploiter.

Ainsi, les 300 milliards d’euros de gaz de schiste que le sous-sol français contient nous sont très officiellement interdits. Les 3800 milliards de mètres-cube (soit un peu plus de 70 ans de consommation française) resteront sagement dans notre sol. Nous mourrons pauvres, sales, dans le froid, mais dignes d’avoir laissé notre pays propre à notre absence de descendance.

En attendant et parce que ce ne sont pas ces âneries qui nous chauffent, nous préférons très judicieusement importer comme jamais le fort coûteux gaz américain. Ce n’est absolument pas plus propre, c’est nettement moins économique et ça laisse totalement froid Bruno Le Maire qui, de toute façon, n’y comprend rien.

De la même façon, le nucléaire aurait pu constituer une ressource particulièrement efficace et bon marché. Si on avait eu la présence d’esprit de laisser se développer la filière des surgénérateurs (actuellement à l’étude en Chine, aux États-Unis et… en Russie) au lieu de l’arrêter discrètement, on disposerait à présent de la capacité de brûler les réserves d’uranium disponibles en France, soit… plusieurs millénaires d’énergie bon marché.

Comble de l’ironie : pour le moment, ces déchets (pourtant valorisables) sont simplement fourgués à… la Russie. Gageons qu’ils sauront, eux, s’en servir. Ils nous revendront sans doute l’électricité produite avec (ou l’hydrogène ou les engrais, peu importe), dans un nouveau tour de passe-passe que nos élites s’empresseront de camoufler.


Ce ne sont que quelques exemples, mais ils abondent et montrent tous que gérées comme elles le sont, la France et l’Europe peuvent bien se tourner vers une “économie de guerre” tant qu’elles veulent, le résultat ne pourra pas suivre : pendant que Bruno le Rigolo tente de bricoler 10 milliards d’euros économies, l’Europe fait le mariole avec l’énergie dont dispose la Russie, refuse d’exploiter ses propres ressources, tente une transition de genre énergétique avec une facture kolossale (et comme avec beaucoup d’opérations de transition, avec une forte probabilité de suicide quelques années après) pour se jeter dans les bras de pays tiers, États-Unis en tête.

Est-ce bien raisonnable ? Vu le résultat, clairement, non.

Mais baste, passons, la décision est prise : nous allons faire des économies ! Youpi !


Pour cela, on va donc arrêter d’envoyer de l’argent en direction de ce qui ne marche pas du tout (l’écologie punitive, Kiev, les États-Unis)… Ah tiens, non, on va continuer de plus belle.

Flûte alors !


Où seront donc trouvées les “économies” de Bruno ?

Il ne sera bien sûr pas question d’alléger le personnel pléthorique de fonction publique, quant à couper dans des dépenses débiles pourtant nombreuses mais électoralement indispensables, n’y pensez même pas. La lecture d’articles consacrés au sujet ne donne que quelques maigres pistes : mis à part quelques bricolages à la marge et autres petites modifications de certaines dépenses, quitte à réduire l’une et l’autre distributions pas encore en place et électoralement peu difficiles à faire oublier, on va avoir du mal à trouver des milliards (encore moins des douzaines).

Pour la moitié de ces efforts, soit cinq milliards d’euros, Bruno espère la raboter sur le budget de fonctionnement de tous les ministères, déjà passablement écornés les années précédentes. On sait déjà que ce sera un échec cuisant.

En pratique, pour vraiment “boucler” le budget (i.e. assumer un déficit simplement énorme et pas abyssal, comme les années passées), il ne restera qu’une solution réelle pour retrouver une marge de manœuvre à hauteur de ces 10 milliards.

Les lecteurs les plus perspicaces de ces colonnes l’ont déjà deviné : il s’agira bien sûr d’une hausse surprise des taxes et des impôts, d’autant plus probable que le pornographe dilaté de Bercy s’est clairement engagé à ne surtout pas choisir cette option : “nous n’augmenterons pas les impôts”, a ainsi promis le ministre de l’Économie. Tout le monde sait que les promesses de Bruno sont solides comme un ours à genoux.

Cela va tout de même poser problème : question impôts, la France est au maximum.


Vraiment, cela ne va pas être simple.

Devra-t-on recourir à un impôt sur le loyer fictif, comme on en entend régulièrement parler ? Quelle nouvelle taxe sur une assiette improbable et d’un montant obscène va voir prochainement le jour ? Quelle décision complètement stupide va venir s’ajouter aux précédentes actions que cette brochette de clowns a enquillées avec frénésie ces derniers mois ?

Le suspense est total mais soyez-en sûr : même si ce sera inattendu, au moins ce sera systématiquement débile.


https://h16free.com/2024/02/21/76894-bruno-le-maire-tente-de-faire-des-zeconomies

Des couilles dans le potage Pfizer

Lola-Jane Brooks

Chers amis, l'heure est graaave.
 
D'après ce cent millième article sur le sujet, les vaccins contre le Covid seraient à l'origine de "sérieux problèmes de santé", à savoir :
-péricardites,
-myocardites,
-syndrome de Guillain-Barré,
-paralysie de Bell,
-convulsions,
-risque accru de développement de caillots sanguins dans le cerveau,
en sus des troubles menstruels, voire des turbo-cancers.
 
Ce papier comme les milliers d'autres parus dès décembre 2021, est une infamie, une monstrueuse hérésie ! C'est pourquoi j'en appelle à l'application immédiate de la nouvelle loi contre les dérives sectaires car il s'agit purement et simplement d'une « provocation à l’abandon d’un traitement médical », derrière laquelle se cachent certainement de vilains antivax, qui n'ont toujours pas été emportés par la 136ème vague.
 
Sachez méchants antivax d'extrême droite-gauche que peu importe vos tentatives de déstabilisation, nous continuerons à tendre nos bras et à nous piquer tous les mois pour enrichir les actionnaires, nous protéger et protéger les zôtres vaccinés, car Pfizer est notre sauveur et que notre gouvernement ne veut que notre bien.
 
Ceux qui osent penser autrement ne sont que des irresponsables illettrés, des ennemis de notre Sainte Ursula et de notre Être de lumière.

21 février 2024

Le Pèlerin Bienheureux

Natalia Routkevitch

Le 16 février, on a perdu un très grand peintre de la vie russe, le photographe Dmitry Markov, mort à l’âge de 42 ans.
Un artiste dostoïevskien, dont le monde artistique révèle la misère, la solitude, l’injustice subie, la souffrance transcendante et l’intuition christique de petites gens – tous les thèmes chers à l’auteur des « Humiliés et offensés ».
L’homme au destin et au visage de l’un des personnages du grand Dostoïevski, Dmitry Markov a passé une bonne partie de sa vie dans des orphelinats, apportant particulièrement son aide aux adolescents aux conduites addictives. Le réalisateur Kirill Serebrennikov l’a appelé notre Cartier-Bresson national qui a réussi à attraper, avec son smartphone, l’âme russe, difficilement saisissable, cachée derrière une façade de maussaderie ostentatoire, d’indifférence feinte, de tristesse infinie…
Quelques jours avant son décès, Markov, réagissant à une salve d’insultes qui lui avaient été adressées, a écrit : "Contrairement à ceux qui sont partis, moi, qui reste ici, je ne peux pas déshumaniser les êtres qui m’ont toujours été chers, me mettre à les haïr subitement, arrêter d’avoir de la compassion pour eux. Je comprends que cela me rend haïssable pour certains. Je ne sais pas comment me conduire correctement dans cette situation, comment être bon pour tout le monde, et est-ce seulement possible ?"
Plus que la Russie éternelle, il a réussi à saisir et à transmettre la miséricorde éternelle qui luit dans le regard qu’il porte sur sa contrée et ses protagonistes. Puisse-t-elle demeurer avec nous, en nous.


















Notre époque n’aime pas beaucoup la liberté

Maxime Tandonnet

16/2/2024 - Autrefois, le mot liberté était au centre de tous les discours politiques. La France se présentait comme le pays de la liberté – contre la dictature. La liberté comptait plus que la vie, ou plutôt, la vie n’avait pas de sens sans la liberté. Et les guerres se faisaient pour la liberté et en son nom. Curieusement, cette valeur suprême de notre pays est tombée en désuétude. Il ne faut jamais oublier l’invraisemblable Absurdistan qui pendant la crise sanitaire, au prétexte de lutter contre l’épidémie, a balayé d’un revers de main les libertés publiques et individuelles, dans un climat de soumission collective sidérant. Sous l’emprise de la peur, les médias, les institutions, y compris théoriquement en charge de la défense des libertés (CE, CC), l’Etat, le pouvoir politique, les partis, tous les courants de l’opinion, l’air du temps ont fait allégeance à l’abolition des libertés dont le laisser-passer (ci-joint) fut l’incroyable symbole. N’oublions jamais. Mais aujourd’hui, sous d’autres formes, le renoncement à la liberté se poursuit dans la société française. Le Conseil d’Etat (billet d’hier), ouvre la voie au contrôle de l’opinion des intervenants à la télévision. L’article 4 du projet de loi sur la lutte contre les dérives sectaires engendre un risque d’une pénalisation des contestations du bienfondé des traitements médicaux. La réforme de la loi de 1881 sur la liberté de presse porte à 12 mois (et non plus 3) la période de recevabilité des plaintes pour diffamation et insultes publiques envers les élus (et eux seuls, curieusement)… Une brèche pourrait ainsi s’ouvrir dans ce monument de la liberté d’expression. La liberté prend l’eau de toute part et dans la quasi indifférence. On a envie de dire, pour parodier Churchill: « Vous avez renoncé à la liberté pour avoir la sécurité ! Vous perdrez la liberté et la sécurité » ! Il serait temps de réagir.


https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/02/16/notre-epoque-naime-pas-beaucoup-la-liberte/

20 février 2024


C’était un de ces hommes qui n’ont rien de vibrant ni d’élastique, qui sont composés de molécules inertes, qui ne résonnent au choc d’aucune idée, au contact d’aucun sentiment, qui ont des colères glacées, des haines mornes, des emportements sans émotion, qui prennent feu sans s’échauffer, dont la capacité calorique est nulle, et qu’on dirait souvent faits de bois ;
ils flambent par un bout et sont froids par l’autre.
La ligne principale, la ligne diagonale du caractère de cet homme, c’était la ténacité. Il était fier d’être tenace, et se comparait à Napoléon.
Ceci n’est qu’une illusion d’optique.
Il y a nombre de gens qui en sont dupes et qui, à certaine distance, prennent la ténacité pour de la volonté, et une chandelle pour une étoile.
Quand cet homme donc avait une fois ajusté ce qu’il appelait sa volonté à une chose absurde, il allait tête haute et à travers toute broussaille jusqu’au bout de la chose absurde.
L'entêtement sans l'intelligence, c'est la sottise soudée au bout de la bêtise et lui servant de rallonge.
Cela va loin. En général, quand une catastrophe privée ou publique s'est écroulée sur nous, si nous examinons, d'après les décombres qui en gisent à terre, de quelle façon elle s'est échafaudée, nous trouvons presque toujours qu'elle a été aveuglément construite par un homme médiocre et obstiné qui avait foi en lui et qui s'admirait.
Il y a part le monde beaucoup de ces petites fatalités têtues qui se croient des providences.
Victor Hugo, Claude Gueux, 1834

Le complexe militaro-industriel de la censure

H16

Billet initialement paru le 17/2/2024 sur X.com

20/2/2024 - Pour les anglophones, il faut écouter cet entretien crucial pour comprendre ce qui se passe actuellement sur internet et la véritable guerre que l’establishment mène contre les peuples au travers de la censure et du contrôle fin de l’information.

EP 75 : Le principe de “sécurité nationale” est le principal moteur de la censure et de l’ingérence électorale aux États-Unis. “Ce que je décris, c’est un régime militaire”, déclare Mike Benz, “c’est l’inversion de la démocratie” :


Benz, le directeur exécutif de la Foundation For Freedom Online, y décrit de façon claire comment, historiquement, étape par étape, l’internet a d’abord été utilisé pour faire tomber des gouvernements non démocratiques, puis comment, à partir du milieu des années 2010-2020, les autorités non élues ont commencé à se retourner contre les peuples occidentaux dont les buts ne s’alignaient plus avec les leurs.

Il montre aussi comment [autour de 11′] les agences à trois lettres américaines, les ONG stipendiées par diverses organisations et gouvernements sont passées, autour de 2014 – 2016, d’une lutte contre l’influence extérieure de certains acteurs hors de l’Occident vers une lutte contre les opinions dissidentes en Occident même, et d’autant plus que les réseaux sociaux sur internet et les “citoyens journalistes” commençaient à dépasser en notoriété et en influence les médias traditionnels, bien contrôlés par ces entités non-élues.

Ce qui se passe, actuellement, avec la montée des tensions dans le Moyen-Orient et bien sûr en Europe avec le conflit russo-ukrainien est la conséquence directe d’une guerre informationnelle entre la classe au pouvoir (élue et non élue) avec ses instruments de contrôle de l’information – les médias traditionnels contrôlables car pilotés du haut vers le bas – et le reste des peuples dont les opinions ne s’alignent plus avec les plans généraux que les dirigeants ont prévu pour eux.

Benz décrit aussi [autour de 26′] comment l’Atlantic Council a été utilisé pour faire pression sur les autorités européennes et les dirigeants des pays européens afin de mettre en place les mêmes outils de censure plus ou moins discrète que ceux qui ont été déployés aux États-Unis depuis le début des années 2000, sous couvert de lutte contre la “désinformation” et les “discours de haine”. À présent, même l’intelligence artificielle est utilisée pour fabriquer des outils de “d’effaçage en masse” (“weapons of mass deletion”) afin de faire disparaître les discours (unilatéralement et non démocratiquement) jugés comme haineux/séditieux et surtout “dangereux pour la démocratie” : ces outils ont été notamment utilisés contre les opinions dissidentes sur les masques, les vaccins, les contre-arguments sur Fauci, etc. (voir le Virality Project, par exemple, ou l’Integrity initiative au Royaume-Uni) ainsi que tout ce qui concernait l’élection présidentielle américaine, que Benz considère comme les événements les plus censurés de l’histoire américaine.

De fil en aiguille, le complexe militaro-industriel de la censure s’est mis en place aux États-Unis et a été fidèlement reproduit en Europe, en tenant compte des particularités locales, au point qu’à présent, émettre des doutes sur l’un ou l’autre aspect d’un scrutin ou d’une information en général peut être assimilé à un acte cybercriminel ou de propagande.

Benz explique ensuite [vers 39′] comment, aux États-Unis, fut mise en place une organisation pour censurer préventivement toute dissidence pendant la campagne et l’élection présidentielle de 2020, et comment le bras armé de l’État américain fut explicitement utilisé pour bannir les discours dissidents des réseaux sociaux (il évoque ainsi plusieurs dizaines de millions de tweets effacés).

Au final [vers 47′], tout ceci aboutit à redéfinir la notion même de démocratie, anciennement “la volonté des électeurs”, vers quelque chose comme “le caractère sacré des institutions démocratiques” qui sont – ça tombe bien – les agences non élues, les ONG, les administrations de contrôle et les médias officiels. Pratique : la démocratie devient le résultat du consensus – très coûteux à établir – entre ces parties intéressées, desquelles le peuple a été commodément évacué d’autant plus qu’il a généralement tort et que son avis peut foutre en l’air ce coûteux “consensus” établi en coulisse - et parfois à ses dépens - n’est-ce pas…

Benz mentionne enfin [1:00′] que dans ce contexte, il n’est pas étonnant que X.com et Musk soient sous une très forte (et croissante) pression des acteurs étatiques. Cependant, les tactiques précédentes (qui ont notamment poussés les pays européens à s’autosanctionner et s’auto-censurer) commencent à s’essouffler et oblige le complexe militaro-industriel de la censure à faire passer des lois au niveau des États eux-mêmes (le Digital Service Act européen n’est qu’un avatar de ce côté-ci de l’Atlantique de ces nouvelles tactiques). Pour Benz, le risque existentiel pour X.com se trouve de ce côté puisque les Européens représentent plus de 500 millions de personnes (contre 300 millions aux USA) ; encore une preuve, au passage, que l’Union européenne n’est plus qu’une marionnette dans les mains américaines.


Version doublée en français :


https://h16free.com/2024/02/20/76927-le-complexe-militaro-industriel-de-la-censure

Brutes, racailles et sauvageons : le quotidien des enseignants

Jean-Paul Brighelli / Causeur
12 février 2024

L'enseignante et essayiste Mara Goyet, 2017 © BALTEL/SIPA

Les élèves ne sont pas les mêmes, disent les pédagos. À élèves différents, pratiques diverses, ajoutent-ils. Oui — mais ils ne disent pas ce que tous les enseignants constatent : les « apprenants » sont désormais incontrôlables.

Ma consœur Mara Goyet, qui enseigne l’Histoire-Géographie, s’est fait connaître au fil des années 2000 par des ouvrages pertinents sur le collège — et écrits avec moins de hargne que les miens, ce qui la rendit plus fréquentable. Entre autres : Collèges de France, Fayard, 2003 ; Tombeau pour le collège, Flammarion, collection Café Voltaire, 2008 ; Collège brutal, Flammarion, collection Café Voltaire, 2012 ; Finir prof. Peut-on se réconcilier avec le collège ?, Robert Laffont, 2023.

Et voici que cette dame, qui sait tenir une classe, confiait à Facebook il y a quelques jours :

« C’est une réflexion un peu étrange que je me suis faite hier soir après une heure de cours un peu éprouvante. Je me suis dit que j’allais y repenser après une « bonne nuit de sommeil ».
« Depuis deux ou trois ans, j’ai le sentiment qu’un verrou a sauté. Une partie des élèves nous parle de plus en plus mal. Comme on ne parle ni à un professeur, ni à un adulte. Comme on peut sans doute parler à ses parents en pleine crise d’ado. Et encore.
« C’est un mélange de mépris, de contestation, de plainte et de dénonciation de grave injustice. Dans ces moments-là, l’enseignant est à la fois rien et un bourreau. Ce qui est le plus étrange c’est que cela peut venir d’élèves que l’on a aidés, que l’on aime bien, avec lesquels on peut tout à fait avoir un lien. J’ai vécu l’an dernier ce retournement de manière spectaculaire avec une élève que j’aimais et soutenais beaucoup.
« J’enseigne depuis 27 ans dont 11 ans en ZEP, je ne découvre donc pas la potentielle violence de certains élèves. Mais là, j’ai le sentiment que c’est un peu différent. Il ne s’agit pas d’altercations ni de confrontations. Cela peut se dérouler dans un contexte serein et cela ne prend pas forcément l’aspect d’une crise. »

Et de s’enquérir : « Vous avez des idées ? »

Déconfiture

Ses pistes personnelles ne sont pas à négliger : « L’idée qui m’est venue hier c’est qu’il y a un lien avec l’assassinat de Samuel Paty. Si la majorité de l’opinion voit désormais le courage, la solitude et l’investissement des enseignants, une autre a pris toute la mesure de leur vulnérabilité. Certains élèves n’aiment pas les victimes. Le terme est une insulte. Une faute. Une faiblesse. Une victime se doit donc d’être victimisée ou méprisée (elle est responsable de son état ; prof est un métier de lâche ; d’ailleurs, lors des minutes de silence pour Samuel Paty, les élèves sont en général polis mais beaucoup ne semblent pas spécialement concernés). Quand on ne se laisse pas faire, il y a un retournement immédiat qui consiste à se victimiser soi-même (« pourquoi moi », « qu’est-ce que j’ai fait », « pourquoi c’est toujours moi », « ça se fait pas »). »

A lire aussi, Lisa Kamen-Hirsig : L’école contre le réel

J’ai fait ma petite enquête auprès des collègues en exercice dans des zones difficiles — mais qui ne sont pas forcément labellisées ainsi.
L’une met en cause le confinement : en deux ans d’école supprimée ou bancale, les élèves ont perdu l’habitude d’écouter, voire tout simplement d’être assis. Ils s’étonnent encore de ne pas pouvoir se lever pour aller chercher un Coca dans le frigo.
Une autre pense à l’extrême féminisation du corps enseignant. Et de préciser — pour mettre les points sur les i : « Quand j’étais en collège en banlieue parisienne, il y a une bonne quinzaine d’années, les collègues femmes et moi avions déjà nettement plus de problèmes de discipline (ou même de statut) que les « collègues hommes ». Et oui, c’est certainement lié aussi (pas seulement mais aussi) à un certain type de public qui a une relation particulière aux femmes, et carrément compliquée aux « femmes de savoir ». »
Une autre, qui enseigne en CPGE, note : « Il y a certainement aussi une perte de limites, d’autorité, que mes collègues de prépas scientifiques constatent désormais y compris avec les élèves de ces prépas en cours de maths ou physique. En français ou philo, c’était habituel depuis que j’y suis (14 ans), et cela s’est aggravé. Mais je l’imputais au fait de ne les voir que peu, d’être une matière à faible coefficient — comme la musique ou le dessin en collège…
Mais donc les élèves qui n’écoutent pas, ne bossent pas et de surcroît contestent (et s’imaginent qu’ils sont brillants), il y en a désormais en prépas… »
Enfin, telle enseignante en IUT se trouve en butte à l’hostilité pas même camouflée des Musulmans locaux, qui ne tolèrent pas qu’une femme leur enseigne quoi que ce soit. Quand de surcroît elle a les cheveux courts, on l’identifie immédiatement comme « gouine », ces adorables bambins adultes n’étant jamais à court d’un cliché.
J’ajouterai la prépondérance éducative, à la maison, des théories (et pratiques) de l’enfant-roi, qu’il soit considéré comme HPI (forcément puisqu’il est intenable) ou tout simplement comme le petit mâle auquel ses sœurs et sa mère doivent obéir. La gifle se fait rare, la fessée est proscrite. Il en est à la maison comme à l’école : désormais, on écoute ce que le petit morveux croit avoir à dire : les femmes sont impures et la terre est plate.

Les raisons d’une déconfiture ne sont jamais uniques. Elles sont multi-factorielles. Mais il y a un axe de lecture qui n’a pas été pris en compte dans cette recherche des causes d’ensauvagement : c’est le facteur-temps. L’évolution vers la sauvagerie et la bestialité n’a pas été régulière. Elle s’est singulièrement accentuée depuis quelques mois.
Certes, la situation s’est lentement dégradée depuis une dizaine d’années. Le confinement a donné un coup d’accélérateur — mais au fur et à mesure que l’on reprend en main les élèves laissés en jachère pendant deux ans, cela devrait se tasser. Or, la situation s’est brutalement aggravée à la rentrée de septembre, plus encore à celle de janvier.

Nanterre (92), une islamiste marche dans la ville après le désordre suite aux violences et affrontements entre police et manifestants, 29 juin 2023 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

L’après-Nahel

Début septembre, certains élèves étaient encore dans l’exaltation de leur joli coup de pseudo-émeute et de vrais pillages de début juillet. Ils avaient fait entendre leur puissance collective, face à des forces de l’ordre qui n’osent plus réagir — et ont d’ailleurs l’ordre de rester passive.
Depuis début janvier, c’est bien pire. En cause, le parti-pris pro-Gaza de nombre d’élèves musulmans. Déjà qu’il fallait gérer ceux qui niaient la Shoah (une invention des Juifs, comme chacun sait), il faut désormais faire avec ceux qui affirment que les bébés jetés dans les fours sont un pur mensonge israélien. Encouragés par des leaders politiques qui ne savent plus où ils ont rangé leur gauche, ils arrachent les photos placardées d’otages israéliens, et se lancent dans des campagnes de manifestations systématiques — tous les samedis. Et je passe sur les déferlantes de graffitis et autres bombages.
Spontanées, ces manifestations hurlantes ? Je n’en crois rien. Celles qui se déroulent dans la rue, avec haut-parleurs, banderoles et musique, sont soigneusement préparées. Aucune improvisation. Un orchestre clandestin s’est saisi de cette opportunité pour lancer à l’assaut de notre civilisation en général et de l’Ecole en particulier des hordes à intellect minimal et pulsions chauffées à blanc. Le moindre incident, la moindre mauvaise note, la moindre contestation de leur pouvoir de brutes sont autant de prétextes à protestations violentes, qui infailliblement amènent les parents à faire chorus avec leurs chers bambins si malmenés par le Système. Les agressions contre les surveillants, l’administration et les enseignants ne se comptent plus — sinon, chaque semaine, sur les cinq doigts de chaque main. On n’enseignait plus, depuis longtemps, qu’en atmosphère tendue. On ne bosse plus désormais qu’en atmosphère survoltée. En fait, on ne travaille plus du tout.

A lire aussi, du même auteur : Génération connards

Il en est des élèves comme des supporters de foot (ce sont d’ailleurs souvent les mêmes) : ils s’alignent sur le comportement et les vociférations des plus bêtes — et le terme de « bête » n’est pas gratuit : ils ont renoncé au langage, ils sont passés à l’étape du cri inarticulé, et désormais l’étape suivante est le coup porté avec une spontanéité touchante… Après « À mort l’arbitre ! », on est passé à « À mort le prof » — et Samuel Paty ou Dominique Bernard portent témoignage du fait que ce ne sont pas des métaphores.
Alors, je pose une question très simple : jusqu’à quand les autorités tolèreront-elles que l’on assassine des enseignants — et continueront à s’étonner que l’on ait des problèmes de recrutement ?

Gabriel Attal, alors ministre de l’Education nationale, visite une école primaire à Saint-Germain-sur-Ille (35) © Gabrielle CEZARD/SIPA

Dernier point. Les cours d’« empathie », dans ces circonstances, risquent fort d’avoir un effet négatif. Les proies, désignées à la collectivité, ne connaîtront aucun apaisement — et les enseignants, qui ne sont pas partie prenante de l’empathie universelle, paieront les pots cassés des hormones réfrénées : le harcèlement vis-à-vis des profs, qui sont le fait des élèves et des parents, qui via Pronote envoient des messages insultants aux enseignants et à leur hiérarchie, parfois en pleine nuit, est en expansion lourde. On sait comment cela peut finir.

Quant aux groupes de niveau que devrait générer la fin du collège unique, ils risquent, s’ils ne sont pas gérés d’une main légère et avec beaucoup d’intelligence, avec des passerelles d’un groupe à l’autre tout au long de l’année, d’enfoncer les élèves les plus turbulents — qui sont neuf fois sur dix les plus faibles — dans une spirale descendante. Ils commenceront par dire « Je suis parmi les nuls parce que je suis noir / maghrébin / manouche. Et ils se vengeront. Ils savent qu’ils peuvent compter sur leurs parents, et sur leurs « grands frères ».

Interrogations abyssales. C’est peut-être la raison pour laquelle Mara Goyet, après avoir émis des questionnements fondés, a supprimé de sa page tout ce que j’ai reproduit ici — et que j’avais sauvegardé immédiatement après parution.

https://www.causeur.fr/brutes-racailles-et-sauvageons-le-quotidien-des-enseignants-276076?fbclid=IwAR2KVPl1rs5YghWpAkQLZPfbk8bsiFCI2dV1xm4HNVfzwEyq9LkxwbrYfMo

DU BON USAGE DES NÉGATIONS

Gabriel Nerciat

Evidemment, je ne dis pas que la propagation de plus en plus massive de l'islam en terre de France rend à terme inévitables, comme ce fut déjà le cas au VIIIe siècle entre Narbonne et Avignon, l'affrontement physique et la guerre civile intérieure entre des parts croissantes des populations indigènes et allogènes du pays - car ce serait scandaleusement contraire aux valeurs de la communauté FB.
Je ne dis pas non plus que la laïcité, au lieu d'être une solution à cette évolution fatale, s'en montre au contraire l'un des meilleurs auxiliaires, puisqu'elle empêche l'État de mettre son nez ou d'imposer son autorité dans l'organisation et la diffusion des cultes étrangers à l'histoire de la nation - car ce serait scandaleusement contraire aux valeurs de la communauté républicaine.
Enfin, je ne dis surtout pas que le droit faussement universel qui garantit l'impunité à n'importe quel fanatique ou brigand né à l'extérieur de la France doit être considéré comme une menace encore plus grave pour la sécurité des Français et l'indivisibilité de la nation que le fanatisme islamiste lui-même - car ce serait scandaleusement contraire aux valeurs de ma Tatie (qui est adhérente à la Ligue des Droits de l'Homme).
Non, non, je ne le dis pas, Monsieur le robot, mais je le pense un peu quand même.

Gilles Casanova

Même des personnes qui ne peuvent pas être soupçonnées d'être hostiles au Président s'inquiètent de la tournure des événements :