H16
15/3/2024 - Au moins les choses sont claires tant elles sont expliquées partout, aux tribunes de nos parlements, sur nos plateaux télés et aux gros micros mous de nos plus belles radios : la République est menacée de toute part et par nuls autres que les Russes.
Les offices de renseignement français ont travaillé d’arrache-pied et sont d’ailleurs arrivés à la même conclusion qu’on soupçonnait tous depuis plusieurs semaines : l’influence des réseaux russes, russophiles ou carrément poutinistes n’est plus à démontrer.
Les exemples s’accumulent : la véritable psychose qui s’était emparée du pays en fin d’année dernière devant une véritable invasion de punaises de lit – selon les mots précis de l’inénarrable Jean-Noël Barrot –
aurait été amplifiée par les réseaux sociaux par des comptes
“d’inspiration ou d’origine russe”, poussant ainsi à faire croire aux Français que ces parasites auraient été apportés par les Ukrainiens et non par l’inexistante déferlante migratoire qui est, elle, totalement maîtrisée par les autorités.
On l’apprend ensuite : ces punaises bien réelles sont de plus doublées de punaises numériques ! Après une enquête menée de haute lutte, fouillant les interstices les plus fins des internets les plus interlopes, nos valeureux services de renseignements numériques français ont découvert – avec un timing qui frôle la perfection cinématographique hollywoodienne – qu’
un vaste réseau russe de sites de désinformation avait été mis en place pour influencer tout le pays !
Et même si “leur audience semble toutefois limitée” (notamment parce que ces sites semblent bien désaffectés, un peu pourris et pas franchement pertinents), nul doute que cette belle prise par nos fines agences de contre-espionnage permettra de lutter efficacement contre les immenses efforts actuellement menés par toute la Russie poutiniste pour saper l’image de la France.
Car oui, à l’évidence, sans ces sites, sans ces punaises, sans ces influences occultes et ces réseaux propagandistes, la France pourrait à nouveau briller de mille feux : il semble clair que de trop nombreux agents étrangers sapent l’image du pays et
il est plus que temps que s’y attelle notre fière Assemblée, elle qui a si fort défendu nos droits, nos libertés et notre prestige jusqu’à présent !
Tout cela est fort revigorant, mais cependant, un doute s’installe : dans quelle mesure tout ceci est-il crédible ?
S’il semble en effet évident que oui, des réseaux d’influence existent dans le pays (russes et
autres, ça ne manque pas), peut-on réellement croire dans les dernières affirmations tonitruantes du gouvernement et des parlementaires alors qu’objectivement, ces derniers n’ont pas arrêté de mentir de façon toujours plus éhontée, les dernières années marquant même une sorte d’apothéose en matière de turbo-pipotron ?
Cette fois-ci, ce serait la bonne, celle où tout est exact, vrai, factuel, vérifié ?
Sacrés débrouillards et quelque peu paradoxaux : capables de tout et évidemment du pire, ils sont à la fois démunis et ridicules, et à la fois diaboliquement ingénieux et audacieux.
Ou alors – hypothèse un peu hardie mais qui, au regard des années passées, n’est pas totalement à écarter – peut-être se fait-on généreusement baratiner ?
Bien sûr, on comprend que ces institutions ne fabriquent aucune arme biologique : c’est marqué dessus, pardi et supposer qu’il puisse y avoir des dérapages est non seulement complotiste mais serait faire preuve d’une imagination débordante. Ce serait comme imaginer que Justin Trudeau, l’actuel premier ministre canadien, aurait fait financer des laboratoires de bricolages biologiques ultra-dangereux sans que les règles élémentaires de sécurité y soient respectés et aurait même facilité les fuites de tels laboratoire. C’est
impossible, voyons.
Tout ceci serait ennuyeux, puisque cela reviendrait à constater, éléments sourcés à l’appui, que les historiettes amusantes fournies par nos journaux, par les médias en général et nos autorités en particulier, sont trop régulièrement entamées par les faits quelques semaines, quelques mois ou quelques années plus tard. Avec un côté systématique qui devient un peu douloureux, ce qui tient pour rumeur honteuse à un instant T finit par se retrouver validé quelques semaines plus tard, donnant toujours plus de crédit aux sales “complotistes” (généralement d’extrême-droite, antivax, bien évidemment pro-Poutine et anti-tout fort méprisables) et dégradant toujours plus la confiance qu’on peut avoir dans nos autorités pourtant toujours dignes de confiance.
Dès lors, on s’interroge : les méchants Russes ont-ils vraiment besoin de forcer la dose, d’infiltrer, de propagandiser à tout va pour que la confiance des Français envers leur gouvernement et leurs médias s’effrite ? Ne suffirait-il pas de laisser s’exprimer les Mickeys effervescents comme Attal ou Séjourné pour que le doute s’immisce inexorablement ?
Oh bien sûr, on trouvera toujours un internaute joliment diplômé ou un pisse-copie solidement subventionné dans les médias de grand chemin pour venir distribuer son fact-checking comme d’autres les aboiements qui cornaquent le troupeau vers la bergerie. Mais à mesure que leur historique général révèle l’ampleur de leurs erreurs, de leurs mensonges ou de leur niaiserie, leurs aboiements se font plus lointains, plus risibles.
Eh oui, le réel est brutal.
De là à imaginer ensuite que les gesticulations gouvernementales et les explications fournies actuellement ne sont qu’un cache misère pour l’effondrement de tout l’appareil d’État français, de son réseau de renseignement et de contre-espionnage, de sa
dimoplassie diplaumassie dyplomatie diplomatie, de tout son régalien, il n’y a qu’un petit pas que seuls les plus parfaits conformistes, ces diplômés, ces adoubés du fact-checking et ceux qu’on appelle parfois
“normies”, refuseront d’envisager.
https://h16free.com/2024/03/15/77123-faites-attention-les-russes-et-les-supporters-anglais-sont-partout